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Mystère autour du Mister

Du jamais vu à Milan. Cette première phrase lapidaire mais péremptoire dépeint de manière adéquate la situation traversée actuellement par le Milan. Fini les concessions, la clémence et l’indulgence, la sirène est rouge, il faut agir et vite. Le club rossonero est actuellement treizième au classement de la Série A, à cinq points seulement de la dix-huitième place, synonyme de relégation. Le Milan présente ainsi un bilan des plus inquiétants avec six défaites au compteur, deux matchs nuls et seulement quatre victoires, loin derrière les dix victoires de la Juventus de Turin ou encore les neuf victoires du cousin nerazzurri. En Ligue des Champions, le constat est moins alarmant mais tout de même décevant, car le Milan se devait de sortir haut la tête de son groupe accessible et aux adversaires novices. Pourtant, Malaga a déjà assuré sa première place dans ce groupe et le Milan est titillé par Anderlecht et le Zénith Saint-Petersbourg et n’a enregistré qu’une seule et unique victoire en quatre matchs.

Un marasme profond donc mais qui n’a visiblement pas grand effet sur une direction milanaise dans un état morbide et incapable de faire face à cette crise. Patience et malchance sont les maîtres mots employés de manière incessante par les dirigeants pour tenter de berner et apaiser des tifosi qui se sont rendu compte de l’absurdité du discours de la direction milanaise. Les contestations fusent de toutes parts et la fronde n’épargne pas Allegri et ses dirigeants qui lui accordent une confiance bien trop excessive. Equipe moribonde, résultats désastreux, entraîneur serein, la contradiction est vite trouvée dans cette juxtaposition, un coach avec de tels résultats devrait naturellement être remise en cause par la direction, mais au Milan, Allegri est l’homme de la situation (catastrophique).

Le Milan est officiellement au fond du gouffre. L’équipe ne parvient pas à démarrer sa saison et aucune réelle décision importante n’a été prise pour remédier à cette crise extrême. Les dirigeants milanais patientent, attendent, en espérant atteindre la voie de la victoire et du rachat. Attendre mais pour combien de temps encore ? La patience a des limites, et la lisière des limites a été franchie il y a bien longtemps. Le Milan est ainsi en train d’agoniser au fond du classement avec une équipe possédant encore la plus grosse masse salariale d’Italie avec presque 120 millions d’euros par an. Cette masse salariale est inappropriée au statut actuel de l’équipe et pourrait même apparaître aberrante au vu des résultats. Néanmoins, la direction milanaise préfère accorder sa confiance à Allegri.

Massimiliano Allegri, l’actuel coach du Milan, a perdu toute sa notoriété cette saison en multipliant les mauvais choix. Allegri n’est pas parvenu à construire une équipe compétitive et n’apporte pas la plus-value qu’un grand entraîneur apporterait à son équipe. Il est en train de bricoler, de modifier incessamment les dispositifs tactiques, de changer son onze à chaque match. Et si les plus indulgents vis-à-vis d’Allegri jouent la carte de la sagesse, il est tout de même apparent qu’Allegri n’apporte pas grand-chose au Milan. Les matchs se suivent et se ressemblent, face aux adversaires faibles, le Milan n’inquiètent pas et doit s’en remettre à l’inévitable Stephan El Shaarawy pour engranger quelques points.

Face aux adversaires plus solides et compétitifs, le constat est sans appel : trois matchs, trois défaites. Une défaite 1-0 face à l’Inter pourtant réduite à dix durant la seconde période, un revers face à la Lazio sur le score de 3-2, avec un Milan dominé mené 3-0 et qui ne s’est réveillé qu’en fin de match et enfin un cinglant 3-1 face à une séduisante Fiorentina, l’équipe de l’ex-milanais Alberto Aquilani. Ce dernier match, disputé récemment, est édifiant. L’équipe d’Allegri s’est faite dominer de bout en bout par la Fiorentina sans parvenir à inquiéter l’arrière-garde florentine. Pire encore, en fin de match, Allegri a montré toutes ses limites en déséquilibrant le jeu milanais et en laissant de grands espaces aux attaquants de la Fiorentina qui n’ont pas tardé à profiter des faiblesses milanaises en inscrivant un troisième but. Le remaniement tactique d’Allegri qui consistait à rendre son équipe offensive n’a pas été utile puisque les défenseurs de la Fiorentina n’ont guère été inquiétés.

En somme, le Milan d’Allegri est une équipe sans identité, sans fond de jeu qui attend sans réagir la clé de la délivrance et du succès. Allegri est toujours en place, malgré les carences tactiques flagrantes de l’équipe. La direction milanaise ne semble pas disposée à le remettre en cause et ce depuis le début de saison et malgré les résultats catastrophiques de l’équipe. Pourquoi donc toute cette indulgence, cette clémence à l’égard de Massimiliano Allegri ?

La faiblesse de l’effectif peut être avancée par les pro-Allegri. Mais rappelons tout de même que la masse salariale du club est de 120 millions d’euros, soit la masse salariale la plus élevée en Italie. D’autre part, l’émergence d’El Shaarawy, la surprise De Sciglio, l’avènement de Montolivo sont trois véritables valeurs ajoutées à cet effectif par rapport à la saison dernière. Une équipe constituée ainsi de tels joueurs devrait naturellement disputer les premières places du classement. De surcroît, le groupe rossonero a jusque-là été épargné par les blessures cette saison, le groupe étant presque toujours au complet.

C’est donc peut-être le choix des joueurs et leur agencement sur le terrain qui ne sont pas appropriés. Tout bien considéré, Allegri n’apporte pas cette griffe qu’un grand entraîneur pourrait apporter à son équipe. Allegri n’est pas le genre de coach en mesure de transcender un effectif, il n’a pas non plus la carrure de l’entraîneur capable de sortir vainqueur d’un combat tactique face à d’autres entraîneurs. Le novice Stramaccioni de l’Inter de Milan a clairement donné une leçon tactique à son homologue rossonero lors du derby en verrouillant de manière perspicace sa défense.

Par ailleurs, la présence d’Allegri au Milan à ce stade de la saison et avec de tels résultats serait peut-être liée à l’aspect financier. C’est un secret de Polichinelle, le Milan lésine sur les moyens depuis la saison dernière, économie et low-cost sont les directives suivies par la direction milanaise. Ainsi, l’éviction d’Allegri aurait un impact financier non négligeable sur les caisses milanaises. En effet, Allegri a été prolongé la saison dernière par Galliani avec une belle revalorisation salariale à la clé. Il fait donc partie des entraîneurs les mieux rémunérés en Italie. En cas de renvoi, le Milan serait donc contraint de verser à Allegri une indemnité qui risque d’irriter le parcimonieux Galliani. Car en matière de négociation, le Milan n’est pas au point. Le club rossonero est réputé pour offrir à tout va des contrats, et en prolongeant Allegri la saison dernière, Galliani a dû négliger ou oublier le mauvais côté d’Allegri.

Toutefois, aujourd’hui la direction milanaise est en train de négliger un point important et qui pourrait apporter de très fâcheuses conséquences, qui est l’impact financier d’une saison désastreuse. Car on le sait tous, l’euphorie des tifosi et des sponsors aussi est intimement liée aux résultats du club. Une très bonne saison serait synonyme d’explosion des ventes de maillots et autres accessoires du club. De même, le rayonnement du club augmentera également à l’échelle nationale et internationale, et les sponsors seront prêts à récompenser comme il se doit le club. Par contre, une mauvaise saison surtout pour un grand club comme le Milan est un véritable manque à gagner pour le club. Torpeur générale des supporters, stade vide, et aussi une importante baisse des droits TV. En fin de compte, l’impact financier du renvoi d’Allegri qui pourrait éventuellement relancer le club ne constituerait ainsi qu’un sacrifice insignifiant par rapport aux conséquences d’une saison calamiteuse.

Le but de la direction milanaise est-il d’établir des records négatifs, de mécontenter ses tifosi ? Cette éventualité bien qu’illogique et improbable, est à envisager au vu de la tournure des événements récents et de la conjoncture actuelle. La direction milanaise va droit dans le mur avec l’achat incompréhensible de joueurs médiocres, la vente de joueurs importants sans réellement les remplacer. L’administration rossonera se moque clairement des tifosi rossoneri en donnant l’illusion d’une équipe cohérente et compétitive.

« Former nos propres top players » clamait Galliani pour montrer la force du Milan. Aujourd’hui, hormis De Sciglio, tous les joueurs formés au Milan sont exilés dans des petits clubs italiens. La désinformation est apparente et les dirigeants tergiversent depuis trop longtemps pour apaiser les tifosi milanais. La situation au Milan est ainsi devenue si absurde que l’on est en droit de se demander si l’objectif de la direction est d’établir des records négatifs pour l’usage et l’histoire du club. Les tifosi sont ainsi devenus légitimement et logiquement subversifs envers la direction milanaise qui a tendance à les négliger et à les dédaigner.

Outre le problème financier, la presse a parlé d’un problème de succession au Milan. Selon certaines rumeurs, aucun entraîneur ne souhaite pour l’instant prendre les rênes d’une équipe distancée au classement et qui est en difficulté. Les potentiels successeurs sont Mauro Tassotti, actuellement entraîneur adjoint au Milan, mais vraisemblablement loyal envers Allegri. Le nom de l’ancien attaquant milanais Marco Van Basten a également été évoqué mais ce dernier est sous contrat avec le club néerlandais de Heerenveen, de même pour Luciano Spalletti en poste au Zénith Saint-Petersbourg. Le nom d’Alessandro Costacurta, illustre défenseur milanais a aussi circulé, Costacurta toujours attaché au Milan et à ses valeurs n’écarte pas l’idée d’entraîner le Milan.

Hypothèse moins probable, Pep Guardiola. Le coach espagnol est selon les rumeurs en contact avec le Milan mais n’envisage pas d’entraîner cette saison. De plus, ce dernier exige un salaire que le Milan ne pourra certainement pas couvrir. Au vu des différentes rumeurs autour de l’éventuel successeur d’Allegri, le remplacement d’Allegri ne devrait visiblement pas poser de gros problèmes, il suffit d’agir. Tassotti mérite bien le poste d’entraîneur du Milan et ses différentes expériences avec Ancelotti en tant qu’adjoint ou encore avec Sacchi et Capello en tant que joueur lui confèrent un acquis important.

Le Milan a la chance d’avoir un entraîneur adjoint aux multiples expériences. Il devrait peut-être enfin saisir cette chance et tenter cette expérience. Costacurta a quant à lui affirmé vouloir entraîné le Milan, Van Basten attend toujours l’offre d’un grand club à entraîner et Spalletti avait été approché par le Milan en été selon ses dires. En définitive, la succession d’Allegri n’est pas un souci majeur et en soumettant quelques offres, des négociations avec un entraîneur pourraient aboutir.

Le Mister Allegri décrié ces derniers temps par la presse transalpine et les tifosi rossoneri, bénéficie encore et toujours de la confiance de ses dirigeants. Ces deux prochaines semaines pourraient s’avérer décisives et fatales pour lui car les tensions internes sont plus ou moins visibles à travers les réunions exceptionnelles après certains matchs et les résolutions de la direction. De plus le programme du Milan est délicat avec notamment la réception de la Juventus de Turin. Malgré cette confiance aveugle des dirigeants envers Allegri, le natif de Livourne est plus que jamais sur la sellette.

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