Enfermé dans ses certitudes, muré dans son bunker « mental », bien campé dans ses bottes : des représentations visuelles qui paraissent bien correspondre au personnage d’Adriano Galliani, dont la gestion est plus que jamais remise en cause par le microcosme rossonero. Pourtant confirmé en décembre dernier au terme d’un mélodrame pour le moins risible – à base de départ avorté afin de titiller la sensibilité de Silvio Berlusconi, qu’il sait particulièrement attaché à lui, le numéro deux milanais voit une nouvelle fois ses choix remis en cause par des supporters, excédés de sa gestion à l’emporte pièce et incohérente de ces dernières saisons.
Mais ce qui semble davantage susciter la colère générale, outre une gestion discutable de l’institution rossonera sur le plan sportif, c’est bien le caractère borné du principal intéressé. Fort de ses vingt-huit années de gestion ininterrompue du club en tant qu’administrateur délégué, Galliani use jusqu’à la corde cet argument afin de légitimer ses récents choix, et ainsi ne pas avoir à remettre en cause son mode de pensée, qui n’est désormais plus en adéquation avec les réalités actuelles. Comme en témoignent ses récentes déclarations à l’endroit de la Curva Sud, qui a manifesté son mécontentement en marge de la réception de Parme le week-end dernier, symptomatiques de l’étroitesse d’esprit de l’homme à la cravate jaune.
Car le passé est bien la chose à laquelle l’a-d rossonero peut se rattacher à l’heure actuelle. Quitte à paraître égoïste en associant constamment les succès passés à sa gestion « exemplaire » du club lombard. Mais il est à noter que le passé, certes nécessaire pour la compréhension de l’avenir, ne saurait constituer les bases d’un retour du Milan au premier plan sur la scène nationale et européenne. Car le Milan, qui fut un temps le club le plus titré du monde, grâce en partie à Galliani et Berlusconi, ne l’est désormais plus : également en partie grâce à l’action inefficace de ces derniers au cours de ces dernières saisons.
Soit un état de fait impossible à admettre pour Galliani, incapable de remettre en cause sa doctrine qui n’est plus au gout du jour. Cette sclérose touchant la dirigeance milanaise, illustrée par l’autisme de Galliani et l’inaction de Berlusconi (davantage préoccupé par ses affaires personnelles et amoureuses) est subie de plein fouet par un peuple milanista qui n’en a désormais que faire du fameux « siamo il club piu titolato d’Europa ».
Ce ne sont pas les vaines tentatives, louables, de la part de Barbara Berlusconi pour bouger les lignes au sein de la dirigeance qui ont concrètement changé quelque chose. Casée dans l’organigramme, Lady B a été priée de ne se mêler qu’à l’aspect extra-sportif pour laisser le commandant Galliani piloter le lourd aéronef rossonero en dépit d’un jusqu’au boutisme qui pourrait bien mettre en perdition ledit aéronef.
A ce titre, les récentes sorties des Maldini père et fils font figure de « mayday », prononcés par des passagers excédés par les turbulences subies par leur moyen de transport chéri. Des alertes qui résonnent comme un espoir pour les tifosi milanisti (qui n’ont semble t-il guère autant d’intérêt que de la marchandise en soute pour Galliani au regard de sa récente sortie !), qui ont trouvé dans les déclarations des deux légendes rossonere le condensé de ce qu’ils dénoncent pour la plupart depuis plusieurs saisons.
Néanmoins, il est fort à craindre que ces alertes soient lettre morte en raison de l’omnipotence du commandant Galliani, qui ne pourrait pour rien au monde se voir dicter son mode de pensée. Jusqu’au crash ? Souhaitons tout le contraire, un éclair de lucidité pouvant être espéré du principal intéressé, qui sera contraint de réagir lorsque l’aéronef rossonero sera proche de lui filer entre les mains…