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Des nouvelles de l’éminent Paolo Maldini

L’immense et illustre Paolo Maldini se fait rare depuis sa retraite prise en mai 2009, il s’agit donc d’un petit événement chaque fois qu’un micro lui est tendu. Le capitaine éternel n’a pas sa langue dans sa poche : la langue de bois, trop peu pour lui ! Interviewé par La Repubblica, il se livre longuement et n’oublie pas d’égratigner légitimement SON club, l’AC Milan. Verbatim :

Maldini, est-il vrai que vous allez être candidat pour les élections politiques au sein du parti de Berlusconi ?

«Je parle peu, depuis que j’ai arrêté de jouer, et dans ces rares occasions j’espère être clair. Pourtant, de temps en temps, des fausses informations sont publiées. Celle-ci est absolument infondée. Je n’ai jamais reçu la moindre proposition de Berlusconi, de 2009, date de mon dernier match à San Siro, jusqu’à aujourd’hui. Je l’ai simplement vu à la fête de ses 25 ans de présidence à la tête du Milan. Puis, je ne l’ai jamais entendu. En outre, la politique ne fait surtout pas partie de mes aspirations.»

Le foot aux footballeurs, la politique aux politiciens ?

«Pas forcément, les footballeurs sont des hommes comme les autres et peuvent être sensibles à certaines questions. Seulement moi, la politique ne m’intéresse pas.»

Certains de vos ex coéquipiers, comme Kaladze, Shevchenko, Weah sont des hommes politiques de leurs pays respectifs…

«Mais eux sont des symboles, dans des pays à situations particulières. L’Italie est, ou devrait être, une nation avec une démocratie un peu plus solide.»

Vous, cependant, êtes un symbole de l’AC Milan. Est-ce seulement parce que Berlusconi ne vous a pas appelé que vous n’êtes pas encore entré dans le club ?

«Non. C’est parce que le Milan, justement, fait ses propres politiques : décident le président et la dirigeance, et c’est normal que ce soit ainsi.»

Mais trois ans et demi sont déjà passées…

«Oui mais cela ne me fait pas peur. J’ai tant donné pour le football que personne ne me prendra jamais ce que j’ai réalisé pendant 31 ans ; à partir du moment où j’ai intégré les jeunes rossoneri. Le risque de rester hors du monde du football, objectivement, existe. J’ai un passé et un lien tellement fort avec Milan qu’il est difficile de m’imaginer ailleurs, même en Europe : les possibilités s’amenuisent.»

 

Envisagez-vous être un jour entraîneur ?

«Jamais. J’ai vu mon père l’être, et la vie de nomade que cela inclut. Ce n’est pas fait pour moi. Et puis, si quelqu’un décide d’entraîner, il doit s’ouvrir à toutes les portes, comme l’a fait légitimement Leonardo : il n’est pas possible de coacher exclusivement le Milan. Alors, puisque je ne peux pas envisager de travailler dans un autre club que l’AC, les possibilités sont proches de zéro.»

Il reste les postes dans la direction.

«La politique ne me plait pas, je dois alors avoir un lien avec le football au sens strict. J’exclue par exemple la FIGC, la Fifa ou l’UEFA. Je peux apporter ma connaissance de ce sport : évaluer les joueurs et transmettre mon expérience acquise lors de ma longue carrière. Je crois avoir vu toute l’évolution du foot moderne, donc oui, je peux être dirigeant. Mes années en tant que capitaine du Milan, de 1997 à 2009, m’ont beaucoup servies. Je l’ai fait aussi avec l’Italie, entre 1994 et 2002, mais c’était différent : en Nazionale on gère de manière exceptionnelle, en club c’est au quotidien. On apprend beaucoup.»

 

En attendant, vous êtes une ressource inexploitée : est-ce du gâchis ?

«J’ai besoin de savoir si je suis vu comme une ressource ou comme un problème. Voulez-vous savoir la chose qui me trouble vraiment ?»

Allez-y.

«Parlons du Milan, parce que j’ai eu la chance de participer à 25 ans splendides sous ces couleurs. Et bien, quand j’y suis arrivé, existait déjà une grande base pour construire une grande équipe : grands joueurs et grands hommes. Berlusconi est arrivé et il nous a enseigné de penser en grand. Certes, avec des investissements, car il a acheté les meilleurs. Mais il a surtout insufflé une nouvelle mentalité : Sacchi et l’idée que le club doit devenir un modèle dans le style de jeu, et pour les victoires. Il a crée quelque chose de vraiment magique. Puis, petit à petit, tout cela s’est perdu. Le Milan s’est transformé, d’une équipe magique à une équipe absolument normale. Et vous savez pourquoi ? Car, à la différence de beaucoup d’autres Institutions avec un passé similaire, comme le Real, le Barca ou le Bayern, où ceux qui ont écrit l’histoire du club ont perduré pour transmettre aux jeunes ce qu’ils ont assimilé et appris, au Milan on a cessé ceci. A l’intérieur du Milan actuel, personne qui n’a fait l’histoire, a un rôle important à jouer. Les messages et les valeurs ne se transmettent pas.»

Le Milan souffre de la comparaison avec le Bayern ?

«Oui mais pas seulement. Regardez l’histoire du Bayern et du Real et les rôles qu’ont aujourd’hui Beckenbauer, Hoeness, Rummenigge, Butragueno, Gallego, Valdano… Aux nouveaux arrivants, la magie et le bon chemin sont plus faciles à transmettre par ceux qui ont tant prouvé mais aussi crée. Le Milan a toujours été une grande équipe, même au temps de mon papa. Cependant, la grande magie a existé pendant 25 ans, avant de s’évanouir.»

Est-ce un processus irréversible ?

«Evaluer le programme de ce Milan est difficile. Cet été, douze joueurs de grande personnalité s’en sont allés. Sincèrement, je ne vois pas de programme ou de planification. Peut-être me trompé-je mais en tout cas, certains joueurs engagés, même à paramètre zéro, m’apparaissent loin d’être des choix réfléchis et étudiés.»

Berlusconi a parlé d’une nouvelle politique, basée sur les Under 22…

«Les bons jeunes doivent coûter aux alentours des 20 millions et ne doivent pas être beaucoup. Réduire les contrats et rajeunir l’effectif est fondamental, d’accord. Mais les évaluations des joueurs je ne sais de qui cela vient ; Braida fait toujours moins ce travail.»

Cela se repose toujours sur un agent de référence, comme Mino Raiola.

«Telle est la logique des dernières années. Je vais vous raconter une anecdote : Leonardo et Allegri ont cherché à me faire entrer dans le club. Le Brésilien me voulait à Milanello : «Même sans rien faire, me dit-il, seulement ta présence.» Mais je lui ai dit que cela n’avait pas de sens de me présenter à Milanello sans le moindre rôle.»

Et pour être directeur sportif ?

«Galliani, en présence de Leo, m’a dit que DS est un statut qui n’existe plus, et que le Milan n’avait besoin de personne dans ce rôle. A moi, il me semble que là est la carence.»

Et Allegri ?

«Allegri, l’année dernière, m’a dit qu’il avait besoin de quelqu’un, même pour le contrôler lui, il m’a demandé : «Paolo, comment puis-je savoir si quelque chose ne va pas tactiquement ou dans la gestion du vestiaire si tout repose exclusivement sur moi ?». Il souhaitait un homme à la personnalité nécessaire pour parler avec des joueurs comme Ibra ou Boateng, de manière autoritaire. Et lui pensait que moi, je pouvais le faire.»

Pouvez-vous en raconter les détails ?

«Max m’a appelé quand j’étais en vacances aux USA, me disant qu’il voulait me parler car il avait besoin de moi pour gérer son groupe. Nous nous sommes rencontrés et je l’ai avisé que ceci pourrait représenter un problème pour lui. Par la suite, il m’a dit en avoir parlé avec le club et que tout semblait OK. Puis il m’a écrit pas SMS qu’il allait me recontacter ; c’était en octobre 2011. Il ne l’a jamais fait. Mais je le répète : je n’ai jamais cherché à m’offrir à quelqu’un ici, c’est toujours le contraire.»

 

Quel est votre sentiment envers le Milan aujourd’hui ?

«Il m’arrive de repenser au passé. Nous étions toujours conscients de notre rôle : les joueurs jouaient, les dirigeants dirigeaient. Chacun a pris ses responsabilités, sans ingérence aucune. Il y avait tellement de connaissance du football… Seul un garçon stupide ne pouvait pas absorber les notions de travail qui étaient les nôtres. Nous étions une vraie équipe.»

La sensation commune est que Galliani ne veut pas…

«Peut-être. Il est le dirigeant qui a le plus gagné, il est donc légitime dans ses choix et choisi de collaborer avec qui il l’entend. Mais je tiens à dissiper la chimère qui fait croire que je suis quelqu’un de la famille. Ce n’est pas vrai : je suis persona non grata ! En découle un sentiment amère, et pas seulement le mien. Amère parce que tout ce qui a été crée ensemble a été dissout. C’est la sensation de beaucoup de mes ex coéquipiers. Je veux revenir ici, c’est tout. J’ai donné d’avantage que tout autre dans l’Histoire du Milan, j’ai joué le plus de matchs. Mais je pense que ce que j’ai reçu est encore plus fort. Je sens un devoir de gratitude envers ce club.»

Avez-vous déjà discuté avec Berlusconi ?

«Je lui ai parlé peu avant de me retirer. L’aspect économique n’est pas un levier qui peut avoir un effet sur moi. Le travail de chacun doit être payé de la plus juste des manières, mais ce n’est pas le problème. Ce n’est pas non plus une question de reflet médiatique : j’ai eu beaucoup trop d’exposition pour mon caractère timide. Mais plus que tout, ce qui compte, c’est la satisfaction de faire quelque chose d’irrésistible, ma passion, qui n’a pas de prix : surtout envers un club qui m’a tout donné.»

 

Pourtant, de l’extérieur, être un ex champion semble être une belle condition…

«J’ai eu la chance de l’indépendance, et je la garde, je dis ce que je pense. Et je pense que beaucoup de joueurs ont pas mal de choses à dire et à faire. Le footballeur, selon moi, doit avoir plus conscience de son rôle. Il est difficile de changer les choses, il faut d’avantage de courage dans la vie. Je prends, par exemple, la question de la frange violente des tifosi qu’il faut combattre.»

Vous faites allusion à l’incident lors de votre dernier match ?

«Je fus contesté, lors de ma dernière partie à San Siro, car je suis toujours resté indépendant et je ne me suis jamais plié à certaines logiques. Les clubs, dans leurs rapports aux supporters violents, doivent être plus courageux. Des stades vétustes et des pétards : ce n’est pas mon idée du football du futur.»

Vous suivez le football avec la même passion ?

«Je suis éternellement attaché à ce sport. Il s’agit de mon amour. Cela me plaît de venir au stade. Cette année, j’ai vu Juve-Chelsea, aussi pour voir le nouveau stade de la Juve. Et j’ai trouvé une équipe qui joue un football moderne dans un stade moderne. L’Italie lui donne des défauts qu’elle n’a pas. La Juve est de niveau Européen. Parmi les 5-6 meilleurs. Mais pour le reste, l’Italie est triste, notamment avec ses stades : l’écart avec l’Allemagne est humiliant. C’est dangereux pour nous et nocif pour le spectacle. Je suis convaincu que les stades sont une priorité.»

Vous faites allusions aux stades Américains ?

«Je me réfère à l’Allemagne : pour le Mondial 2006, ils ont tout changé. Et dans les autres sports américains : au Basket et au Baseball. Quand je vais à New York voir les Knicks ou les Yankees, je vois un vrai spectacle qui respecte ses spectateurs. Nous sommes le pays du tourisme mais nous sommes en train de le démentir. Après le mondial de 1990, nous sommes revenus en arrière : nous n’avons pas su profiter de l’occasion. Nous sommes vieux, dépassés.»

Même du côté des dirigeants ?

«Lors de la cérémonie du Hall of Fame, j’ai rencontré Albertini, le vice président fédéral. Avec Tommasi, président de l’AIC, il est l’unique nouvelle tête de ces 25 dernières années. Je respecte ceux qui sont là depuis 30 ans, mais les choses changent et il faut les voir différemment. Il me semble que l’on doit ouvrir nos esprits, en regardant aussi les autres sports qui génèrent des bénéfices considérables. Nous ne pouvons nous référer seulement au Dieu Argent. Aucun autre sport ne quémande onze mois de haut niveau en continue, entre les compétitions internationales, les coupes et les championnats. Il faut sauvegarder la santé des athlètes. Par exemple, en NBA, ils ont trois mois de vacances.»

La vidéo dans le foot ?

«Sur la plupart des faits de jeu, impossible, car nous pouvons avoir 3 ou 4 interprétations différentes. Mais pour les buts fantasmés, il me semble absurde de ne pas s’ouvrir à la technologie.»

Que penser de l’évolution du football ?

«Je vois beaucoup d’équipes qui attaquent, mais une notable déliquescence de la défense. Aujourd’hui, la chose plus difficile est de défendre. Les arrières latéraux ne sont plus des défenseurs, les centraux des anciens milieux et l’aspect défense se travaille peu. Il n’y a qu’une seule équipe sur laquelle je ne peux donner cette opinion, car elle est atypique sur tout : le Barca. Elle est unique, les chiffres le démontrent.»

La révolution du Barca marquera l’histoire, comme l’Ajax de Michels et le Milan de Sacchi ?

«Assurément. C’est un plaisir de voir le Barca jouer. C’est une équipe de joueurs éduqués, avec de grandes aptitudes techniques. Et c’est l’éloge de la démocratie du foot : elle est composée de joueurs de 1 mètres 65, mais qui confisquent le ballon à ses adversaires.»

 

Messi vaut Maradona ?

«Il est de la même catégorie. Il joue toujours, avec un rendement toujours plus haut, il est jeune et il a encore le temps de vaincre avec l’Argentine comme Maradona. Pour moi il est plus fort que Cristiano Ronaldo, aussi car je suis habitué à voir l’homme et pas seulement le sportif : Messi, de par son comportement sur le terrain, est un exemple.»

Le niveau de la Serie A, quant à lui, a diminué.

«Le record du Milan, 56 matchs sans défaites, vaut alors plus, car il est survenu dans une période faste : Parme avait remporté l’UEFA, la Lazio la Coupe des Coupes et en Europe toutes les équipes Italiennes étaient craintes. Maintenant la Juve gagne haut la main et est l’unique qui peut faire quelque chose en Ligue des Champions.»

Désormais, les clubs Italiens misent sur les jeunes.

«Selon moi, il s’agit d’un choix occasionnel, imprévu, et non programmé. Mais cela peut être un grand bénéfice : avez-vous vu De Sciglio ? Probablement, il y a quelques années, il n’aurait pas eu sa chance. On le compare à moi, mais il ne faut pas. Quoiqu’il en soit, il doit continuer ainsi : bien faire les choses avec simplicité. Quand il est entré dans le derby, ce n’était pas facile, mais il a impressionné avec la simplicité de son jeu. Il me semble être un garçon équilibré.»

 

La grande école défensive en Italie n’existe plus ?

«Ce n’est pas seulement un problème Italien. Chez les jeunes, il y a peu de spécialistes de ce rôle. Dans le monde, aujourd’hui, seul Thiago Silva est l’unique qui peut changer le cours d’un match. Probablement qu’apprendre à courir derrière l’adversaire est plus dur qu’attaquer, et surtout moins gratifiant…»

Ne plus savoir marquer un joueur n’est pas une limite ?

«Je crois plutôt que, pour arriver au type de jeu en zone parfait du Milan de Sachi il y a indubitablement besoin d’entraînements massacrants et répétitifs, pour étudier toutes les variantes : ce fut une fatigue indescriptible.»

Que donc penser de la Nazionale de Prandelli ?

«La Nazionale lors de l’Euro m’a énormément plu. Celui qui disait que le football Italien est vieux a été servi. Il a montré savoir s’adapter malgré les difficultés, et avoir encore quelque chose en plus, également au niveau des connaissances : voir Italie-Allemagne. Et considérer l’Italie comme la patrie du catenaccio est absurde : Lippi était un catenacciaro ? Et Sachi ? Et mon père ?»

Qui est le meilleur footballeur Italien, aujourd’hui ?

«Pirlo est un joueur unique, Buffon un gardien exceptionnel, Barzagli le meilleur défenseur, De Rossi un grand milieu de terrain. En ce moment, El Shaarawy me plait beaucoup. Cet été, j’ai vu Milan-Chelsea, j’ai discuté de lui avec un ami, perplexe quant à sa pré-saison. J’avais compris son potentiel mais je suis surpris de sa résistance et de sa capacité à marquer. J’espère qu’il demeurera humble : la tête n’est pas un détail, dans le sport.»

Et Balotelli ?

«Il doit trouver la tranquillité personnelle. Sinon, il restera toujours un éternel espoir. Les années passent et il doit maintenant prendre en main sa propre vie avec responsabilités.»

Pato va-t-il se redécouvrir au Bresil ?

«Dans un an, quand nous l’aurons vu évoluer dans une autre équipe, à la fois sur le terrain mais aussi d’un point de vue du caractère, nous pourrons dire si oui ou non il peut devenir un des meilleurs du monde. Aujourd’hui, retenons notre jugement.»

Que penser de la forme actuelle du Milan, de sa politique et de l’éventualité d’une vente ?

«Je pense que l’idée de rajeunir l’équipe est partagée et que les gens sont disposés à attendre quelques années, s’ils voient un vrai projet. Mais il ne peut pas durer que trois mois. Et pour gagner, les jeunes ne suffisent pas, mais doivent être accompagnés d’expérience. Je pense que l’on peut bien travailler avec des fonds budgétaires limités. Beaucoup de joueurs se voient encore à Milan : cette fascination est une force, il ne faut pas la gaspiller. En outre, le Milan cette saison, a aussi su bien jouer, comme contre la Juve. Mais face au Barca en Champions, peu d’équipes peuvent espérer s’en sortir indemnes. Et pour arriver dans les trois premiers en championnat, un miracle est attendu, des matchs retours prodigieux. Je vois d’avantage possible une qualification en Europe League, même si devant il y a aussi beaucoup d’équipes.»

 

Est-il vrai que, durant votre interminable aventure rossonera, vous pouviez rejoindre Chelsea ou la Juve ?

«Récemment, j’ai rencontre Boniperti, il m’a confirmé que la Juve me voulait. Pour Chelsea, Vialli m’a appelé en 1996. Arsenal m’a aussi fait une offre, puis il y a eu une demande de Sir Alex Ferguson de Manchester, et enfin une autre du Real. Très souvent, ces demandes ont coïncidé avec des années mauvaises où j’étais probablement plus enclin à accepter. Mais j’ai préféré rester et prendre mes responsabilités. Ce fut le bon choix.»

Selon la presse française, le PSG d’Ancelotti vous voulait…

«Je fus simplement invité par Leonardo à Paris. Aucune proposition.»

Changer de capitaine toutes les trois rencontres comme le fait le Milan, n’est-ce pas perdre son identité ?

«C’est la faute des blessures et des nombreux changements traumatisants de l’été dernier. Cela donne tout le sens du gros bouleversement en cours. Je me souviens quand Franco Baresi a lâché son brassard, suite à sa retraite. Capello se demandait qui serait le nouveau capitaine. Des joueurs comme Billy Costacurta pouvaient le recevoir mais le vestiaire m’a désigné et je n’ai eu aucun problème à l’assumer.»

 

Le numéro 3 est retiré, personne ne peut l’endosser hormis vos fils…

«Ce n’est pas ma pensée prioritaire, et j’espère que ce n’est pas non plus la leur. Ils mettent beaucoup de passion et là est la seule chose à laquelle ils doivent penser. Je peux m’imaginer le type de pression qu’ils ont, étant moi-même le fils de Cesare ancien capitaine du Milan. Mais pour eux, elle est encore multipliée. Il m’intéresse seulement qu’ils grandissent bien, dans le sport, l’école et dans les rapports aux autres.»

Allier étude et sport de haut niveau n’est pas facile.

«Je suis sûr que beaucoup de garçons sont déracinés et en général l’école n’aide pas. Rappelez-vous que moi, j’ai eu la chance de grandir et étudier à Milan, dans MA ville. J’avais une professeure qui m’appelait «le footballeur». L’on pourrait se calquer sur le modèle Américain, où celui qui a du talent dans le sport est traité comme un génie des mathématiques.»

Au moins, les secteurs jeunes protègent les talents ?

«Même là tout a changé. A chaque match il y a des convoqués et des non convoqués, la concurrence est augmentée. Ce fut plus beau de mon temps. La croissance et les aptitudes ne sont pas identiques chez chaque personne au même âge, et très souvent aujourd’hui, à cause de l’esprit de compétition, on n’attend pas la progression d’un garçon. C’est dommage.»

Qu’est-ce qui importe le plus, outre la technique ?

«Les valeurs. Chacun se forge son propre caractère mais l’éducation donnée par les parents est fondamentale, et plus que tout, la loyauté. Parfois, elle te fait prendre le chemin le plus long, mais à la fin tout le monde te reconnaît. Personnellement, c’est la meilleure chose qui me soit arrivée : la reconnaissance globale.»

Vous avez joué plus de minutes que n’importe quel jouer en Coupe du Monde et avez joué jusqu’à 40 ans. Êtes-vous fier ?

«Je n’ai pas manqué la moindre minute lors des Mondiaux et des Euros, et surtout au Milan j’ai joué plus que quiconque. Mais ce qui me rend fier, c’est l’indépendance intellectuelle. Je ne suis pas parfait, j’ai eu mes expériences, positives comme négatives. J’ai beaucoup observé, et essayé de fauter le moins possible. Mais je n’échangerai mon indépendance contre rien.»

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