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Le calvaire rossonero de Redondo

L’histoire plus que centenaire de l’AC Milan est faite de victoires et de trophées éblouissants acquis avec la contribution majeure de légendes et gloires du football. La liste est longue, presque interminable : nombreux sont les plus grands ambassadeurs de ce jeu à avoir porté avec succès la mythique tenue rossonera, leur permettant d’acquérir ou d’asseoir leur domination internationale à leur poste respectif. Toutefois, passer par le club lombard ne rime pas forcément avec succès : on peut être un des meilleurs joueurs en circulation et ne pas réussir à être à la hauteur de sa réputation en arrivant au Milan du fait de la pression inhérente à cet environnement, d’un défaut d’adaptation ou même d’un coup du sort. A l’aube du XXIème siècle, c’est ce qu’a connu Fernando Redondo, dont le passage au Milan de 2000 à 2004 a été un long calvaire, au point d’enterrer définitivement la carrière d’un des meilleurs numéros 6 de l’histoire du football.

Il faut dire que la relation entre Redondo et le Milan ne commençait pas sous les meilleurs auspices. A l’été 2000, alors âgé de 31 ans, le gaucher argentin est au sommet de son art. Ses quatre premières saisons européennes disputées sous le maillot du CD Tenerife avaient convaincu le Real Madrid d’en faire un de ses maillons essentiels et la suite avait prouvé que les dirigeants merengues ne s’étaient pas trompés : en six exercices sous le légendaire maillot blanc, Redondo avait remporté deux championnats et une Supercoupe d’Espagne, plus deux Champions League et une Coupe Intercontinentale, des trophées tous acquis en tant que protagoniste. Le numéro 6 argentin à la classe incomparable était ainsi entré dans le cœur des supporters madrilènes réputés pour leur niveau d’exigence particulièrement élevé. Pourtant, à la fin de la saison 1999-2000, marquée par une deuxième victoire en Champions League et le titre de joueur de l’année de l’UEFA, la carrière de Redondo prit un tournant inattendu.

A cette période, la course à l’élection du prochain président du Real battait son plein. Le président sortant, Lorenzo Sanz, surfait sur son bon bilan de deux Champions League remportées en trois ans pour être réélu mais affrontait notamment un certain Florentino Perez, magnat du bâtiment promettant recrutement de stars tous les ans. A l’issue des élections, Sanz fut battu par le challenger Perez qui négociait depuis plusieurs mois pour recruter Luis Figo alors au FC Barcelone. Pour réaliser un transfert aussi clinquant, Perez dut faire de la place dans l’effectif du Real et trouver quelques fonds pour financer le transfert du Portugais (qui se réalisera pour la somme record à l’époque de 65 millions d’euros).

Ainsi, El Principe Redondo, 31 ans, se retrouva mis sur le marché sans véritablement en avoir été mis au courant, comme il l’expliquait en 2018 à La Gazzetta dello Sport : « Les seules fois où j’avais entendu parler de mon transfert, c’était lorsque je lisais le journal. Personne au Real Madrid ne m’avait contacté à ce sujet. […] Ça m’avait blessé que le Real ait essayé de duper les supporters en disant que j’avais exprimé mon désir de partir. C’était faux et je refusais que mon honneur soit ainsi mis en doute. »

A Milan, où le club venait de fêter ses 100 ans d’existence, il alla sans dire que Silvio Berlusconi et Adriano Galliani ne pouvaient manquer l’occasion de réaliser un tel coup sur le marché des transferts, permettant de renforcer un effectif pourtant déjà très bien douté. Fabio Capello disait de Redondo qu’il était « tactiquement parfait » : il conjuguait à merveille les qualités d’un véritable numéro 10 créateur avec les dispositions physiques et de lecture du jeu d’un volante central comme on disait en Argentine. Autant d’arguments en faveur du recrutement du numéro 6 madrilène, malgré ses 31 ans. Les négociations entre dirigeants du Milan et du Real ne durèrent pas très longtemps : quelques déplacements en Espagne d’Ariedo Braida et Adriano Galliani – reconnu une fois par des supporters madrilènes qui se mirent à poursuivre la voiture dans laquelle il venait de monter – et une ultime rencontre rocambolesque en Suisse où le Real jouait un match de préparation permirent de conclure rapidement ce transfert, moyennant 18M€ pour le club madrilène et un contrat de 3 ans pour Redondo.

Homme d’honneur et de convictions, celui qui avait – dit-on – manqué la Coupe du Monde 1998 car il refusait de se couper les cheveux selon les consignes du sélectionneur argentin Daniel Passarella accepta difficilement de quitter le club qui était devenu sa seconde maison : « J’ai besoin de temps, je dois parler de tout ça avec mon agent mais en temps voulu, je raconterai tout ce qui s’est passé et je dirai la vérité. » Comme Alessandro Nesta avec la Lazio deux ans plus tard, le divorce de Redondo avec le Real ne fut pas simple mais une fois les signatures faites, il ne vint pas pour autant au Milan à reculons. Revenant sur son transfert lors d’une interview avec le quotidien argentin La Nación il y a un an, Redondo expliquait que « Le Milan, ce n’est pas n’importe quel club. Ils voulaient vraiment que je vienne, Berlusconi m’appelait presque tous les jours sur mon portable pour me convaincre. Au Real Madrid, j’avais tout donné […] et je savais que j’étais titulaire indiscutable. Ainsi, aller au Milan, c’était une forme de défi que je voulais relever. » Finalement, Adriano Galliani tenait son « grand coup tant attendu » en ce début de siècle.

Redondo dans son jardin de Bernabéu… avec le maillot du Milan

Malheureusement, tout le monde déchanta bien rapidement. Au mois d’août, une fois la traditionnelle conférence de presse de présentation passée, le nouveau numéro 5 du Milan – le numéro 6 étant pour toujours la propriété exclusive de Franco Baresi – se blessa à l’entraînement sous les ordres d’Alberto Zaccheroni.

Le verdict fut sans appel : « J’étais arrivé au Milan après avoir fait toute la préparation estivale avec le Real Madrid. Au Milan, l’entraînement était très différent : il y avait beaucoup de travail physique et d’endurance. Je ne disais rien parce que j’avais ma fierté mais mes muscles étaient morts, j’étais tout le temps fatigué. J’aurais dû prendre mon temps pour m’adapter à ce nouvel environnement mais je m’en étais rendu compte trop tard. C’était dans ces conditions que je commençais mes premiers entraînements avec le ballon et sur un appui, crac, je me déchirais les ligaments croisés du genou droit. » A peine arrivé, celui qui devait devenir le nouveau maître à jouer du Milan se retrouva sur le flanc pour de longs mois, passant par la case opération dans une clinique de Varèse en octobre.

Alors que la saison 2000-2001 battait son plein, Redondo ne fut pas épargné par le sort. Cette opération ne fut pas un succès, tant la douleur accablait de manière permanente le genou du joueur malgré la rééducation et les soins apportés par les meilleurs médecins que le Milan pouvait offrir à sa nouvelle star, sous la pression d’un Silvio Berlusconi pressé de constater un certain retour sur investissement.

Décision fut prise de prévoir une deuxième opération en juin 2001, à Madrid, alors que Redondo vivait très mal cette situation : « Si cette blessure avait eu lieu quand j’étais au Real, ça aurait été très différent car j’avais déjà beaucoup donné pour le club. Mais là, au Milan, je n’avais même pas pu jouer la moindre minute ! C’était une situation terrible. » Une situation qui le conduisit à un geste de grande classe : constatant qu’il allait encore être absent pour une certaine durée, Redondo demanda à Galliani de ne plus lui verser son salaire – environ 2,5M€ annuels – jusqu’à son retour sur le terrain et voulut rendre le logement et la voiture que le club lui mettait à disposition. « C’est quelque chose que je n’avais jamais vu dans ma carrière, Fernando est un homme incroyable », selon les dires de l’administrateur-délégué rossonero.

Cette deuxième opération ne suffit pas, une nouvelle fois. Redondo prit l’avion pour son pays natal en janvier 2002 et fut opéré du genou pour la troisième fois, à Buenos Aires, afin de consolider les interventions précédentes, avant d’aller entreprendre sa rééducation dans la station balnéaire belge de Knokke-Heist. Pouvant désormais « passer outre la douleur grâce à différents traitements », l’Argentin reprit progressivement le chemin de l’entraînement, alors que Carlo Ancelotti avait pris la suite du sanguin Fatih Terim sur le banc du Milan au mois de novembre précédent. Cette année-là, le Milan en profita d’ailleurs pour lancer le MilanLab, sa structure de soins révolutionnaire dirigée par le controversé médecin belge Jean-Pierre Meersseman, sous l’impulsion d’un Silvio Berlusconi qui ne voulait plus jamais d’un scénario à la Redondo dans son club.

Fernando Redondo et Diego Simeone célébrant la Copa America remportée en juin 1993 avec l’Argentine

D’une certaine façon, l’Argentin fut donc le premier bénéficiaire de ce laboratoire dont le créateur estimait à la mi-2002 que le joueur serait apte à jouer en match officiel en novembre. Finalement, Redondo connut ses premières minutes en rossonero lors du jubilé de Zvonimir Boban au stade Maksimir de Zagreb qui vit le Milan affronter le Dinamo et la Croatie demi-finaliste du Mondial 1998 une sélection du ‘reste du monde’.

Agé de 33 ans, Redondo fit officiellement ses débuts en match officiel avec le Milan le 3 décembre 2002 lors de huitième de finale aller de Coppa Italia face à Ancona. Le numéro 5 rossonero, remplacé à la mi-temps par le jeune Andrea Pirlo, fit donc son retour sur un terrain deux ans et demi après son dernier match, qui n’était autre que la finale de la Champions League 2000 remporté 3-0 par le Real contre Valence. Quatre jours plus tard, il foula pour la première fois la pelouse de San Siro en entrant sous les acclamations des tifosi pour les dernières minutes d’une victoire face à la Roma, au relais d’Andriy Shevchenko. Il reçut une ovation encore plus importante trois mois plus tard, lors de l’avant-dernière journée de la seconde phase de la Champions League.

Le Milan, déjà qualifié pour les quarts de finale, se déplaça sur la pelouse du Real Madrid et Ancelotti offrit à El Principe une titularisation importante pour lui, dans son jardin. Même si cette rencontre fut « [son] plus mauvais match, un désastre », l’ovation des madrilènes lors de son remplacement par Pirlo à la 79ème minute fut un moment très particulier : « C’était une reconnaissance que je n’attendais pas, c’était très touchant. Le public du Bernabéu me rendait hommage comme si j’étais toujours un joueur du Real. » En cette saison 2002-2003, Redondo eut beau retrouver les terrains, son niveau fut bien loin de celui qui avait fait de lui une référence mondiale à son poste. Le Mister Ancelotti ne lui offrit que quelques minutes en fin de rencontre et de rares titularisations dans des matches moins importants, comme en Coppa Italia où le Milan souleva tout de même le trophée avec un Redondo aligné dans le onze de départ notamment lors des deux manches de la finale disputée face à la Roma.

En outre, il put ajouter une troisième Champions League à son palmarès, après la formidable finale de Manchester remportée aux tirs au but contre la Juventus. Devant son implication et son investissement sans faille à l’égard du Milan, la direction du club lui offrit une prolongation d’un an au printemps 2003, décision saluée alors par Ancelotti : « Je suis sincèrement heureux qu’il bénéficie d’un nouveau contrat. Redondo mérite de jouer au Milan et le Milan mérite d’avoir dans ses rangs un joueur fantastique comme Redondo. » L’exercice suivant fut sensiblement du même acabit pour El Principe, qui peinait à trouver ses marques et qui souffrait de la concurrence dans un des Milan les plus compétitifs de l’histoire du club.

Dernier tour d’honneur à San Siro en mai 2004

Fernando Redondo tira sa révérence le 16 mai 2004, lors de la réception de Brescia à l’occasion de l’ultime journée de l’édition 2003-2004 de la Serie A. Le Milan s’imposa 4-2 pour fêter son dix-septième scudetto, alors que l’Argentin avait remplacé Jon Dahl Tomasson à une demi-heure de la fin du match. Ce furent ainsi les dernières minutes de la carrière professionnelle du merveilleux Fernando Redondo. Les 33 matches officiels qu’il disputa en quatre saisons sous le maillot du Milan n’auront certainement pas laissé un souvenir impérissable aux tifosi mais plutôt un arrière-goût de regret. Élégant, humble, intelligent, celui qui avait « des aimants dans les pieds » selon Sir Alex Ferguson fut un des grands esthètes du football, qui ne connut pas une fin à la hauteur de la première partie de sa carrière.

Cette forte personnalité tant sur le terrain qu’en dehors avait réussi à se mettre toute la tifoseria du Milan dans la poche sans même jouer, après avoir éclaboussé de son immense talent toutes les pelouses d’Europe sous la prestigieuse tunique du Real Madrid. Les socios merengues ne s’y étaient d’ailleurs pas trompés en l’élisant dans l’équipe-type des 110 ans du club madrilène en 2012, au côté de Raúl, Ferenc Puskás et Fernando Hierro notamment. Outre l’incontestable talent dont il faisait preuve, la dramaturgie de sa carrière a nourri le mythe discret d’El Principe.

Finalement, quand on aime le football, on aime Fernando Redondo.

  • oliwkaj

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  • Ded

    MONSIEUR REDONDO !
    Un Seigneur, un vrai. Un « fuoriclasse »!
    Un grand joueur et un homme de valeurs.
    L’hommage du Bernabeu lors de son retour sous nos couleurs me donne encore des frissons! La même émotion et le même hommage que quand Desailly est revenu à San Siro avec Chelsea! C’était juste magnifique!
    Et que dire lorsqu’il refuse son salaire le temps qu’il était blessé…
    Respect!
    Même si son passage chez nous ne fut pas la meilleure période de sa carrière, j’adorais ce joueur!

    GRANDE REDONDO !!!
    GRANDE MILAN !!!

  • Je suis confiner, et je cherches à me distraire de combler le vid avec vous chers supporteurs milanais et j’espère tous le monde va bien côté santé inchallah.
    J’ai eu cette idée fouillée dans le passé du big Milan.
    La 1ere question que j’ai eu à la tête.
    Quel sont pour vous les 10 joueurs légendaires qui ont bcp apporté au Milan cité les noms par ordres de mérite??

  • Il fut le meilleur 6 de la planète, au Milan malgré ses blessures il a eu 3 triomphes dont une ligue des champions

    • BillalSportsFan

      merci Aziz

  • rzaigui haikel

    Qu est ce qui me manque ce milan la on etait au top du top on demontais tous le monde , un effectif avec lequelle tu pouvais faire 2 grosses equipes , nostalgie quand tu nous tiens.

    • BillalSportsFan

      Merci c’est bien vrai.

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