L’entraînement a repris depuis une dizaine de jours maintenant mais les contours de l’effectif pour la saison 2018-2019 demeurent flous et le Milan ne sait toujours pas s’il pourra disputer l’Europa League. En ce qui concerne ce second point, la situation va s’arranger rapidement puisque la direction du club est attendue demain à Lausanne pour défendre son cas devant la Tribunal Arbitral du Sport (TAS).
Le club lombard a donc choisi de jouer sa dernière carte en se portant devant cette instance de médiation. Pour mémoire, l’UEFA avait refusé au Milan sa demande de settlement agreement et l’avait sanctionné d’une exclusion d’un an de Coupe d’Europe, suite à ses pertes importantes sur les exercices de 2014 à 2017 (soit avant le rachat par Yonghong Li) et plus globalement pour le manque de clarté financière autour de son ex propriétaire. Ceci a changé depuis puisque le Milan est définitivement passé aux mains du fonds Elliott, qui n’entend pas voir son nouvel actif se déprécier.
Ainsi, au relais de Marco Fassone, du directeur financier Valentina Montanari et de l’avocat Roberto Cappelli, le Milan devrait se présenter devant le TAS avec un des cadres du fonds Elliott, en la personne de Franck Tuil. Le Français, diplômé de Polytechnique et ancien de Morgan Stanley, est depuis plus de 15 ans gestionnaire de portefeuille chez Elliott, pour lequel il travaille à Londres en relation direct avec Gordon Singer, fils du créateur du fonds. Son rôle sera évidemment de représenter le nouveau propriétaire du club lors de l’audience et de garantir ainsi la viabilité du projet du club.
En outre, Il Sole 24 Ore annonce aussi que l’avocat Antonio Rigozzi devrait être de la partie. Celui-ci travaille pour un cabinet d’avocats basé à Genève et connaît très bien les mécanismes du TAS puisqu’il a déjà aidé la Juventus en 2015 lorsque celle-ci y avait eu affaire dans le cadre d’un transfert litigieux. Le Milan va donc tenter de sortir de cette ornière et il va sans dire qu’avec le départ de Yonghong Li, qui était la principale cible de l’UEFA, les choses pourraient potentiellement s’améliorer.
En ce sens, La Gazzetta dello Sport a interrogé l’avocat Salvatore Civale pour son site internet, qui se trouve être le président de l’Association italienne des avocats du sport et qui intervient depuis de nombreuses années dans les problématiques liées au droit du sport et à la médiation. Pour lui, tout n’est pas perdu pour le Milan mais il faudra toutefois renouveler l’argumentaire :
« Les capacités du fonds Elliott, ce n’est pas une question de confiance mais de preuves. La déclaration publique de Paul Singer est bienvenue puisqu’elle garantit la continuité des affaires du Milan, mais il faut de nouvelles preuves pour convaincre le TAS et l’UEFA que la sanction est excessive.
Il n’y a qu’un seul précédent en ce sens. L’an passé, le Partizan Belgrade avait été exclu des coupes européennes pour ses dettes antérieures mais devant le TAS, un accord avait été trouvé avec l’UEFA pour suspendre et moduler la sanction.
Si le Milan a subi une différence de traitement ? Pas parce que le settlement agreement avait été accordé à certains clubs, sachant que les violations ne sont pas toutes les mêmes, mais plutôt pour autre chose. En effet, dans beaucoup de cas, l’UEFA a fait confiance aux clubs et leur a accordé le settlement agreement. Ensuite, après une nouvelle violation de l’accord, les clubs ont pu être suspendus. Dans le cas du Milan, on est passé directement de la première et unique violation à la sanction. En ce sens, oui, le Milan peut se plaindre d’avoir été moins bien traités que les autres. »
L’audience se tiendra demain matin et la décision du TAS pourrait être communiquée dès la fin de journée ou vendredi au plus tard.