Toujours en Chine, le Milan se prépare à affronter demain le Bayern Munich avant de retourner en Italie en vue du troisième tour préliminaire aller d’Europa League prévu jeudi prochain en Roumanie, contre Craiova. L’équipe rossonera sera attendue au tournant pour son retour dans les compétitions européennes après trois ans d’absence. En attendant, la direction du club poursuit son travail de refonte du Milan, autant pour l’effectif – avec la recherche d’un attaquant – que pour le personnel administratif. Dans une longue interview accordée à La Gazzetta dello Sport, Marco Fassone est revenu sur ses premières semaines à la tête du club milanais.
Pouvons-nous considérer que vous avez réussi vos cent premiers jours ?
« Je dirais que oui. L’affaire est lancée, on perçoit un changement important à tous les niveaux. Je prends un exemple plus managérial que sportif : la semaine prochaine, nous nommerons le nouveau directeur financier et avec lui, le premier niveau du management sera complet. Ce n’est pas facile de faire ça en cent jours. En réalité, je me sens un peu fatigué, je travaille vingt heures par jour mais je ne vois pas le temps passer et je suis très satisfait. Nous avons fait ce que nous avions en tête, voire même plus. »
Avant le closing, y a-t-il eu un moment où vous avez craint que cela ne fonctionne pas ?
« Oui, les deux premiers jours après le closing manqué en mars. Ensuite, j’ai tenté de donner moi-même un coup de main et nous y sommes arrivés. »
A propos du fonds d’investissement Elliott : que répondez-vous à ceux qui disent que le Milan est destiné à finir entre ses mains ?
« C’est simple. De leur côté, ils ont prévu des contrôles réguliers des comptes du club, qui commenceront en novembre. Le risque de défaut bancaire existe comme toujours dans ces cas mais je le considère comme un événement hypothétique, notamment car la dette du club peut être refinancée de manière assez facile. »
A ce sujet, le Président Li est-il serein ?
« Evidemment. Dans aucun club où je suis passé je n’ai déjà vu de telles augmentations de capital. Cela signifie que le propriétaire croit beaucoup en sa ‘créature’. Ce sont des choses qui apportent de l’oxygène dans les caisses et qui augmentent le patrimoine. L’assemblée des actionnaires a approuvé l’augmentation de capital à long terme et c’est ce qui tranquillise les dirigeants et les tifosi. »
Quel président est Monsieur Li ?
« Le directeur exécutif Han Li et lui voient la gestion d’un club comme une famille. Ils ne voient pas des salariés mais un groupe de personnes qui épouse un projet solide à long terme. Ils te font sentir comme l’un des leur. »
Dites-nous la vérité : quel budget vous reste-il pour le mercato ?
« Disons que nous ferons encore quelque chose. Cela dépend aussi des départs et de toute façon, nous ne sommes pas pressés. C’est déjà une très bonne équipe, il manque seulement la cerise sur le gâteau. Dans tous les cas, ce sera une excellente arrivée, de très bon niveau. Tous nos achats ont été faits à des prix raisonnables. »
Vous êtes en train de rendre fou les tifosi.
« Je voudrais en profiter pour souligner la nouvelle stratégie de communication. Nous avons fait le choix de parler directement aux gens, à travers les réseaux sociaux, en temps réel. Avant, je sentais du scepticisme et maintenant, de l’euphorie et de la passion. Vous voulez un chiffre ? Au cours des quatre premiers jours de la campagne d’abonnement, nous en avons vendu 5000. »
La billetterie est seulement une partie des revenus. Qu’attendez-vous de la partie commerciale en Chine ?
« En participant à une tournée du genre, nous créons un lien très fort avec les gens et qui perdure toute l’année. Il faut s’intéresser aux pays lointains, où il y a plein de tifosi potentiels. Milan China, notre société sur place, commencera bientôt son travail. »
Mais vous ne nous avez pas donné de chiffres.
« Dans notre plan sur cinq ans, nous comptons passer de 200M€ de chiffre d’affaire actuel à un montant compris entre 400 et 500M€. En dehors du stade, ces chiffres comprennent tout : la Champions League, les droits télé, les revenus commerciaux en Chine. Disons qu’en 2022, il serait bien d’avoir le Milan dans le top 5 mondial. De plus, le sponsoring repart : la semaine prochaine, nous annoncerons un sponsor de premier ordre. Désormais, les entreprises ont plus d’attention pour nous. En 2018-2019, l’entrée dans une bourse orientale est un scénario probable. »
En attendant, le voluntary agreement a été décalé à l’automne.
« Nous remercions l’UEFA. Nous avons prévu un nouveau plan, en garantissant que nous nous présenterons à l’automne avec des choses concrètes et pas seulement des projets. Le voluntary agreement nous donnera de l’air pour une année. »
Vous avez parlé du stade : qu’en est-il ?
« Il faut s’entendre à trois : nous, l’Inter et la Commune de Milan. Début août, nous nous reverrons mais nous ne savons pas encore si nous prendrons le chemin de San Siro ou celui d’un stade de propriété. Pour le moment, nous retenons les deux possibilités. Ce qui est sûr, c’est que nous voulons arriver à la fin de la saison avec un projet approuvé et savoir ce que nous ferons. »
Que voulez-vous obtenir sur le terrain ? Le scudetto ?
« En tant que ‘homme Milan’, je dois y penser, mais en tant que dirigeant, je ne dois pas faire des promesses. La première année, c’est presque impossible. Mais dans le football, tout n’est pas rationnel, donc je laisse les portes ouvertes à tout. »
Pour vous, Montella a-t-il toujours été l’homme de la situation ?
« Il n’est jamais sorti de nos radars. Il a la qualité de toujours transmettre à tous beaucoup de sérénité. Nous avons choisi ensemble une stratégie révolutionnaire pour le mercato. Nous aurions pu être plus prudents sur le nombre de recrues. »
Le directeur sportif Mirabelli et vous avez parcouru beaucoup de kilomètres. Dites-nous quel est le voyage dont vous vous rappelez le plus.
« Pour André Silva, ça a été rapide. Nous sommes arrivés à Porto dans l’après-midi et avant le dîner, nous avions déjà conclu. Nous avons aussi eu des refus, pour des questions de prix et avant le closing. »
Durant cette période, vous étiez une sorte d’ombre du Milan.
« Plusieurs joueurs ne sont pas venus car le closing a été décalé, comme Kolasinac. Parfois, cela a été frustrant mais Mirabelli et moi nous ne sommes jamais arrêtés. Il a vu de très nombreux matches. »
Il a été attaqué par Raiola.
« Si nous avons prolongé Donnarumma, c’est grâce à ses intuitions. Il a su trouver les mots et convaincre Gigio d’épouser notre projet. Avec les agents, il faut savoir donner la bonne rémunération, pas plus. »
Est-il vrai que la Juve a un problème avec vous pour Bonucci ?
« Je ne l’ai pas senti. Les rapports sont bons, une affaire se conclut toujours à deux. Avec Marotta, nous nous sommes rapprochés dès la première rencontre. Le mérite revient à Montella car moi, j’étais sceptique et Mirabelli perplexe. Le Mister a insisté et nous a convaincu. »
Il paraît que le Torino et le Borussia Dortmund ont eu des problèmes avec vous.
« Si c’est vrai, je m’excuse si mes actions ont été interprétées comme une sortie de route. Moi, j’ai parlé plusieurs fois avec les clubs. »
Belotti, Kalinic, peut-être Aubameyang : avons-nous oublié quelqu’un ?
« Il pourrait y avoir un autre nom, un Mister X. »
Soyez sincère : vous amusez-vous ?
« Je crois que c’est la saison la plus plaisante et stimulante de ma vie. C’est un diable qui a pris mon âme, je me sens pleinement rossonero. »
Ajoutons un zéro aux cent jours : mille jours, cela représente deux ans et demi. Où vous voyez-vous ?
« Je me vois avec la petite musique de la Champions League, avec une phase de rodage terminée et donc je me vois soulever quelques trophées et parler de scudetto. En même temps, je me vois avec de la croissance et économiquement en bonne santé. »