Depuis jeudi dernier, l’attention du microcosme rossonero est centré sur les états d’âme du numéro 99 milanais et son refus de prolonger son contrat se terminant au 30 juin 2018. L’agent du joueur en question et la direction du Milan se livrent actuellement une passe d’arme par presse interposée : hier, après le directeur sportif Massimiliano Mirabelli la veille, l’agent du 99 milanais a convoqué – le mot n’est pas exagéré – certains journalistes italiens (favorables à son action) pour un entretien tenu hier à Monte-Carlo (entretien que nous n’avons pas l’intention de relayer en vertu de la ligne habituelle de notre site).
Aujourd’hui, c’est au tour de l’administrateur délégué Marco Fassone d’exposer sa version dans une interview accordée au Corriere della Sera.
Marco Fassone, commençons par la fin. Gigio menacé de mort qui craint pour sa sécurité personnelle : le Milan en a-t-il fait assez pour le protéger ?
« Nous sommes peinés par ces extrêmes que le football génère. Nous sommes déçus si son choix, ou celui de son agent, a provoqué des réactions semblables. En tant que représentant du club, je ne sais pas ce que nous aurions pu faire de plus pour faire ressentir à Gigio et à sa famille le désir, le plaisir qu’il reste. Nous le lui avons fait ressentir à chaque fois que nous avons parlé. Et même plus. »
Je vous en prie.
« Si par hasard, il y repensait, il ne serait pas seulement accueilli à bras ouverts par le Milan en tant que club, mais je pense aussi par les tifosi du Milan. Les sentiments changent rapidement. »
Un message conciliant. Et la menace de l’envoyer en tribune ?
« Il n’y a eu aucune menace. Notre position est claire : Donnarumma, pour la propriété du club, est intransférable, c’est pour cela qu’il fera la saison au Milan. L’entraîneur Montella décidera semaine après semaine. Pour moi, il peut jouer tous les matches. Toutefois, nous ne pouvons pas tout risquer, nous sommes contraints de chercher un nouveau gardien. Nous ne pouvons pas conserver un joueur en fin de contrat, qui pense peut-être au Real, pour un poste aussi délicat. Je dois m’assurer d’avoir un gardien prêt, serein, dans de bonnes conditions physiques et mentales. »
Si San Siro le contestait, il se trouverait dans une situation difficile à gérer.
« Cela pourrait lui enlever de la sérénité, par exemple. D’après ce que dit Raiola, le garçon semble très inquiet maintenant. »
Cependant, son choix a été légitime.
« Personne ne remet en doute la légitimité du choix. Il est parfaitement dans les normes. Mais la légitimité est une chose, l’éthique des affaires en est une autre. L’amertume provient de la façon dont les choses ont été conduites. Cela pouvait se faire sans dommage pour le club : en s’en allant ainsi, il a causé un dommage de 100 millions d’euros au Milan.
Si Donnarumma vaut autant à 18 ans, il le doit aussi au club, aux investissements qui ont été faits, au courage de celui qui l’a lancé en équipe première. Il suffisait qu’il nous dise qu’il ne voulait pas rester, nous aurions prolonger son contrat avec une clause libératoire raisonnable. Et si le club le plus important du monde était venu nous voir, y compris cet été, il aurait du payer ce chiffre au Milan. Maintenant, ce que le Real ne paye pas au club ira dans les poches de l’agent. Moi, je l’aurais réinvesti dans le football italien. »
Gigio ne vous a jamais dit qu’il voulait s’en aller ? Raiola dit qu’il a changé d’idée il y a 15 jours.
« Jamais. A chaque fois que nous lui avons parlé, entre quatre yeux ou au téléphone, il nous a toujours dit vouloir rester, jusqu’à il y a deux jours juste avant la dernière rencontre avec Raiola. Ce dernier, à l’inverse, je dois dire qu’il nous a toujours dit qu’il n’était pas disponible pour discuter selon notre agenda. Deux versions différentes, donc. »
A ce sujet : vous ne pouviez vraiment pas attendre ?
« Non. Gigio est en fin de contrat. Moi, je dois pouvoir intervenir à temps sur le mercato. La rassemblement de début de saison est fixé au 3 juillet, deux semaines sont le minimum. S’il m’avait dit mi-août qu’il ne voulait pas prolonger, qu’aurais-je pu faire ? C’est de la prudence, ce qui fait partie de la planification normale d’un bon dirigeant. Et puis, ils ont eu deux mois pour y penser. »
Raiola fait porter le chapeau au directeur sportif Mirabelli.
« Mirabelli et Fassone n’existent pas mais il existe un club, le Milan. Chaque mouvement, chaque proposition, chaque appel a été coordonné. Que personne ne s’amuse à semer la zizanie entre nous. »