Arrivé l’été passé contre un chèque de 20 millions d’euros au bénéfice de la Roma, Andrea Bertolacci était attendu pour enfin stabiliser le milieu de terrain rossonero. Malgré la confiance quasi illimitée de Mihajlovic à son égard, le natif de la Ville éternelle n’aura fait que décevoir (30 matches pour un but et une passe décisive) et entraîner irritation et moqueries. A l’aube d’une nouvelle saison s’annonçant encore plus brumeuse que la dernière, Bertolacci s’est exprimé longuement dans une interview publiée dans la Gazzetta dello Sport, alors que l’équipe se trouve actuellement aux Etats-Unis.
La saison passée a été cauchemardesque. Sur quoi s’appuyer pour aller de l’avant ?
« De la connaissance de l’environnement du club. Moi, quand je découvre quelque chose, je le fais sur la pointe des pieds. Je suis une personne timide et réservée. Désormais, je sais ce que cela veut dire d’être au Milan et cela me sera très utile. Je pense être une personne équilibrée : je cherche à être un exemple pour les autres et dans le même temps, j’essaye de m’inspirer de mes coéquipiers pour m’améliorer. »
Sur le papier, cela ne fait aucun doute. Dans les faits, tout cela s’est très peu vu jusqu’à présent. Vous avez dû vous en rendre compte vous-même.
« Evidemment. Cela a été une saison particulière et le fait est que je n’ai pas et je ne cherche pas d’excuses. Ce n’est pas dans ma nature. Je voudrais quand même dire une chose, car il vaut mieux faire une analyse complète. »
Je vous en prie, racontez-nous.
« A chaque fois que je me remettais en selle et que j’étais prêt à montrer le vrai Andrea, je me faisais mal. Les blessures (trois musculaires, 11 matches manqués, ndlr) m’ont influencé. Voilà, je ne voudrais pas dire que c’est une justification mais plutôt une explication d’un rendement inférieur à mes attentes. Cependant, je ne suis pas une victime, je sais faire une autocritique et j’assume mes responsabilités. »
Racontez-nous quel est le vrai Bertolacci.
« Celui qui sait être bon en phase offensive comme défensive, qui se sacrifie, qui marque et qui fait marquer, comme c’est arrivé lors de ma dernière saison au Genoa : six buts et huit passes décisives, ma meilleur saison. Ce seraient des chiffres intéressants pour en faire un objectif pour le prochain championnat. Je ne suis pas un attaquant mais je le dis sans problème : le but me manque, j’en ai toujours marqué. M’être arrêté à un seul, cela ne convient pas du tout. »
Qu’est-ce qui vous a le plus manqué la saison passée ?
« La continuité, surtout. Et par conséquent, je me sentais moins en confiance. Vous ne m’avez vu que par intermittence, j’ai joué à 50% de mes possibilités et si quelqu’un dit que je n’ai pas de personnalité, je lui réponds que cela ne m’atteint pas et que si je suis au Milan, ce n’est pas par hasard. Je n’ai jamais pensé à partir : c’est trop facile d’abandonner, je ne m’en vais pas en étant vaincu. Je veux faire mieux avec le Milan et retrouver la Nazionale, mon autre grand objectif. Je ne demande rien d’autre que travailler et recommencer à montrer ce que je vaux. »
Le mercato vous avait évalué à 20 millions…
« C’est une étiquette qui m’a accompagné toute la saison et qui m’a sans doute pesé, de manière inconsciente. Mais qu’est-ce que je peux dire ? A Gênes, j’avais démontré ma valeur et le mercato fixe les prix… Je ne peux pas répondre des lois du marché. »
Alors voyons cela différemment : vous seriez-vous acheté pour 20 millions ?
(Rires) « A 20, je ne sais pas. A 16-17, je dirais. »
Si cette année, vous enclenchez la bonne vitesse, comment le Milan en bénéficiera-t-il ?
« Maintenant, je pense être un joueur sur lequel le Milan peut s’appuyer pour se relancer, pour reconstruire. Et puis il y a Montella. »
C’est-à-dire ?
« Avec lui, j’ai le sentiment de faire partie d’une philosophie tactique qui me ressemble et qui peut me permettre d’évoluer à mon maximum. Je ne parle pas ainsi parce qu’il est mon entraîneur mais il a les bonnes caractéristiques pour me faire m’améliorer. Il aime jouer au ballon, la possession, le dribble. C’est un football qui me ressemble. Ses remontrances quand nous manquons une passe à l’entraînement sont les bienvenues : lorsque nous avons le ballon, il ne nous pardonne rien car il veut nous habituer à être lucides y compris quand nous sommes fatigués. Quoiqu’il en soit, ses entraînements avec beaucoup de ballon sont stimulants, cela me plaît beaucoup. »
Vous êtes jeune, italien et vous avez déjà été en azzurro. C’est le portrait-robot de ce que cherche Berlusconi : le projet qu’il portait vous plaît-il ?
« Beaucoup. En Italie, il y a plein de jeunes de talent qui sont pourtant moins protégés que les étrangers. Il manque un peu d’organisation au niveau des secteurs jeunes. Moi, je suis favorable à la création des équipes B. »
Vous nous avez parlé de vos objectifs. Quels sont ceux du Milan ?
« Gagner à nouveau en crédibilité et retrouver l’Europe. Pour le moment, nous utilisons des propos larges, on verra ensuite si cela s’affine. »