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Polisportiva Milan : l’unification manquée du sport milanais

Propriétaire et président de l’AC Milan depuis que celui-ci avait été acheté via sa holding Fininvest le 20 février 1986, Silvio Berlusconi abordait sous les meilleurs auspices la dernière décennie du XXème siècle. En effet, ses affaires étaient florissantes et son équipe de cœur avait remporté le Scudetto en 1988 puis la Coppa dei Campioni et la Supercoppa italiana en 1989, affirmant ainsi le Milan comme une des grandes puissances du football mondial.

A l’époque, l’homme d’affaires aux dents longues ne s’était pas encore lancé en politique mais il envisageait de poursuivre la diversification de ses activités, entreprise notamment par l’achat du Milan et la création de chaînes de télévision à l’étranger.

Passionné de sport, Berlusconi avait toujours rêvé de voir un grand AC Milan omnisports régner sur le sport italien voire mondial, à l’image des plus grandes sociétés omnisports que sont le FC Barcelone, le Real Madrid ou le CSKA Moscou. Ainsi, en 1989, il décida de créer la Polisportiva Mediolanum, club omnisports appartenant à la société d’assurance milanaise elle-même détenue par Fininvest.

L’objectif était donc d’unifier sous un même nom et sous les mêmes couleurs la majorité des clubs sportifs milanais afin que ceux-ci puissent triompher et porter l’image des sociétés détenues par le Cavaliere. Si la réussite fût dans un premier temps au rendez-vous, la Polisportiva disparut finalement des écrans aussi vite qu’elle était arrivée.

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Paolo Maldini, Silvio Berlusconi et Ruud Gullit célèbrent le Scudetto 1987-1988

Volley Mediolanum Gonzaga

Au rayon des sports majeurs en Italie, en dehors du football, le volleyball a une place toute particulière. En effet, tant les clubs que la sélection nationale sont habitués aux triomphes internationaux. Dès lors, un tel sport ne pouvait échapper à Berlusconi.

Dès 1988, avant même la création de l’entité Polisportiva Mediolanum, la holding Fininvest avait acheté le Volley Gonzaga Milano, qui avait fini dernier de Serie A1, le plus haut niveau national. Le club issu d’un célèbre institut d’études privées de la capitale lombarde se sauvait de la relégation suite au désistement du PV Mantova.

Ainsi, à l’instar de ce qu’il avait fait à l’AC Milan, Berlusconi s’offrit quelques-uns des meilleurs joueurs en circulation comme Andrea Zorzi (de dos sur la photo de tête), aux 325 sélections en Nazionale, les champions olympiques américains Dusty Dvorak (à droite sur la photo de tête) et Bob Ctvrtlik.

Si les noms sont au rendez-vous, les résultats peinaient à être convaincants. Les rossoneri remportèrent deux championnats du monde des clubs, compétition pour laquelle ils bénéficiaient d’une invitation de la Fédération internationale (!), et une Coupe des Coupes, sans aucun trophée national.

La faiblesse des résultats et les pertes économiques résultant d’énormes dépenses et de revenus quasi inexistants conduisirent Fininvest à littéralement abandonner le club en 1995. Celui-ci se retrouva alors rétrogradé en quatrième division avant de disparaître définitivement en 1999 lorsque l’institut Gonzaga se retira. Ce qui restait du club fut racheté par un entrepreneur local pour devenir le Volley Milano, actuellement en Serie A1.

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Reliques de l’équipement du parfait tifoso de la Polisportiva Milan

Mediolanum Milano Baseball

Fondé – comme son nom l’indique – en 1946, le Milano Baseball 1946 fut le premier club de l’histoire du baseball italien. Importé dans le sillage de l’armée américaine après la libération de l’Italie le 25 avril 1945, ce sport est toujours resté confidentiel, comme partout en Europe. Bien évidemment, cela n’empêcha pas Silvio Berlusconi de s’y intéresser : en effet, il faut se souvenir que l’AC Milan était à l’origine un club de football et de cricket.

Dès lors, il était logique que la Polisportiva Milan accueille en son sein un lointain cousin du deuxième sport favori d’Herbert Kilpin. Ainsi, en 1989, Fininvest acquit le club milanais avant de le renommer Mediolanum Milano et de lui conférer un maillot blanc à parements rouges et noirs. Là encore, les résultats ne se firent pas attendre : sans réussir à accrocher le scudetto, le club rossonero souleva deux Coppa Italia, deux Coupes des Coupes et une Supercoupe d’Europe.

Suffisant, donc, pour assouvir les désirs de gloire du Cavaliere mais pas pour remplir les caisses de Fininvest… Le nom de Berlusconi ne permit pas d’attirer la lumière sur le baseball italien ce qui le conduisit là encore à couper l’alimentation. Vendu par la holding, plus sponsorisé par les assurances Mediolanum, le club se vit rétrogradé en quatrième division dès 1994, loin du pseudo professionnalisme de la Serie A1. Retrouvant son nom et son maillot rossoblù d’origine, le Milano Baseball 1946 se mit à vivoter entre la troisième et la deuxième division.

De 2009 à 2016, le club s’entendit avec celui de Senago, dans la banlieue de Milan, pour créer une équipe première commune. Actuellement, l’un des plus beaux palmarès du baseball italien évolue de nouveau en quatrième division, toujours sous le nom de Milano Baseball 1946.

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Du baseball à Milan… Qui l’eut cru ?

Mediolanum Devils Hockey

L’autre sport très typé Amérique du Nord qui séduisit Silvio Berlusconi dans ses rêves de grandeurs fut le hockey sur glace. La fin des années 80 et le début des années 90 étaient marqués par la présence du populaire HC Milano Saima, club milanais actif en Serie A et vainqueur du Scudetto 1990-1991.

Si ce club aurait logiquement pu être racheté par Fininvest dans l’optique d’être rapidement au haut niveau, ce ne fut pas le cas : la holding berlusconienne racheta le HC Diavoli Rossoneri Milano, club historique de la ville en proie à de très grandes difficultés financières, et le HC Como, qui évoluait déjà en première division, pour en faire une seule entité au plus haut niveau national. Ainsi naquit le HC Devils Milano, bientôt Mediolanum Devils Milano grâce à la mise en place de la Polisportiva.

Comme cela avait été le cas pour le volley, Fininvest mit la main à la poche pour recruter les meilleurs joueurs possibles, notamment chez la Saima, ce qui alimentera le ressentiment à l’égard de Berlusconi de la part des amateurs de hockey milanais. De même, outre de nombreux joueurs canadiens d’origine italienne, la star finlandaise Jari Kurri fut recrutée à prix d’or en NHL, le championnat nord-américain. La sauce ne mit pas longtemps à prendre puisque les Mediolanum Devils remportèrent trois scudetti consécutifs, de 1992 à 1994.

Si les succès s’enchaînaient, le public ne suivait pas : la Saima regroupait environ 4500 tifosi pour ses matches tandis que les Devils peinaient à réunir 900 personnes pour les rencontres jouées à domicile. Ceci précipita donc la fin de l’engagement de Fininvest, qui mit fin à tout investissement en 1995. Le club fût transféré à Courmayeur en 1996, avant de disparaître quelques saisons plus tard.

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Derby entre la Saima et les Mediolanum Devils

Amatori Mediolanum Rugby

Tout comme le Volley Gonzaga Milano, l’Amatori Milano Rugby passa sous pavillon ‘Berlusconi’ en 1988. Le club milanais était alors un des plus beaux palmarès d’Italie pour un sport ayant toujours oscillé entre amateurisme et professionnalisme. Fininvest acheta donc l’Amatori dans le but d’en faire une grande puissance aux couleurs de l’AC Milan, situation assez cocasse quand on sait que l’Amatori était à sa création en 1927 la section rugby de l’Ambrosiana, nom qu’avait reçue l’Inter pendant la période fasciste…

La holding de Berlusconi se retrouva donc en possession d’une place forte de la Serie A1 et en profita pour marquer le coup en s’offrant les services de David Campese, international australien champion du monde, et de Diego Dominguez, demi d’ouverture italo-argentin aux 2966 points inscrits en Serie A1 et qui évoluera ensuite au Stade Français.

Comme dans toutes les autres sections de la Polisportiva Milan, les internationaux s’accumulèrent et les titres ne manquèrent pas avec quatre scudetti et une Coppa Italia en huit saisons. La Polisportiva fût entièrement démantelée en 1995 mais la participation de Fininvest dans l’Amatori dura plus longtemps que dans les autres sections, tant Berlusconi voyait dans le rugby un sport d’avenir en Italie.

Cet engagement prit toutefois fin en 1998 : privée de ses ressources, la section rugby céda sa licence et la plupart de ses joueurs au Rugby Calvisano. L’Amatori retomba dans les championnats amateurs, maintenant essentiellement ses équipes jeunes. Au milieu des années 2000, l’Amatori réapparue dans les divisions nationales avant de disparaître de manière définitive suite au forfait général lors de la saison 2011-2012 passée en Serie B. Le club milanais n’existe donc plus mais avec ses 18 scudetti, il demeure toujours le plus titré d’Italie.

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Un scudetto sur un maillot rouge et noir… version rugby !

Vie et mort de la Polisportiva Milan

Créée en 1989, la Polisportiva Mediolanum ressembla dès le début à un rêve un peu mégalomane de Silvio Berlusconi. En effet, sous couvert de sa réussite toute fraîche avec l’AC Milan, il n’envisagea pas que tout n’était pas forcément fait pour réussir. Si le projet initial était évidemment louable, de nombreuses voix s’élevèrent au fil des ans contre une entité qui changea très régulièrement de nom : de Polisportiva Mediolanum et l’adoption des couleurs rossonere, en passant à Polisportiva Milan puis à Milan Athletic Club.

Dirigeants historiques, joueurs écartés et tifosi pointèrent des dérives auxquelles on assiste régulièrement dans le football des années 2000 : des stars payées à prix d’or étaient recrutées mais rien n’était jamais fait pour pérenniser des sports qui n’atteignaient que très peu le public italien, en dehors du volleyball.

L’objectif, dans chacune des sections, était de conquérir le titre en fin de saison, rien de plus. Les équipes jeunes, la communication, la création d’une base de tifosi (des billets de matches étant distribués gratuitement dans les écoles milanaises pour tenter de remplir les gradins !) n’avaient jamais été au cœur du projet Polisportiva, le long terme n’ayant pas sa place. Le jouet de Berlusconi n’eut quasiment pas le temps de vieillir que le Cavaliere s’en lassa déjà et ce, sans aucun doute, au bénéfice de la seule section viable, le club de football.

  • azzizz marco

    ont il un projet les chinois pour les autres disciplines?

    • Belu

      Non, ça n’a jamais été envisagé. La nouvelle direction va avoir un chantier déjà gourmand financièrement avec l’équipe actuelle et éventuellement un nouveau stade.

  • 7c

    quand le savoir rejoins la passion…
    bel article 😉

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