Élément clé du « semi-renouveau » entamé par le Milan au cours du dernier mercato estival, Sinisa Mihajlovic a vécu un début d’aventure sur le banc rossonero semé d’embûches. Particulièrement attendu, le technicien serbe, transfuge de la Sampdoria, a pour mission de franchir un palier à un Milan qui se cherche depuis plusieurs années à présent, après les passages infructueux de deux anciens de la maison rossonera, à savoir Clarence Seedorf puis Filippo Inzaghi.
Une mission qu’il essaie de mener à bout tant bien que mal, avec des résultats pour le moment décevants : en témoigne l’actuelle 6ème place des rossoneri, qui disposent de 28 points à la trêve, soit 3 de plus à peine qu’Inzaghi à la même période de la saison l’an passé. Retour sur cette première étape de Mihajlovic sur le banc rossonero au travers de cet article.
Sinisa Mihajlovic est un homme indépendant, et il aime le faire savoir. L’homme fort du banc milanais l’a sans cesse martelé durant ses conférences de presse : personne ne lui dicte, et ne pourra lui dicter la marche à suivre au sein du club. Encore moins Silvio Berlusconi, réputé pour mettre son grain de sel dans la gestion tactique de ses hommes. Mihajlovic clame haut et fort son indépendance : un état d’esprit appréciable, qui n’est pas sans rappeler celui de Clarence Seedorf sur le banc milanais entre janvier et mai 2014 (ce qui avait a peut-être coûté la place du néerlandais sur le banc rossonero). Néanmoins, à la différence de ce dernier, Mihajlovic ne comptait guère modifier son état d’esprit : c’était à prendre ou à laisser pour la dirigeance milanaise. Cette dernière s’en accommode visiblement bien (tout du moins, en façade).
Point de chouchou ou d’indiscutable avec Mihajlovic. Apport notable du serbe au sein du Milan, et corollaire du précédent argument, l’indépendance de l’entraîneurdans la gestion de ses joueurs. Alors que l’on pouvait par exemple reprocher à Allegri une dépendance discutable à l’égard de certaines individualités (Muntari, Boateng, Emanuelson pour ne citer qu’eux…), Mihajlovic a su prendre le recul nécessaire pour mettre en place son onze.
Honda et De Jong pourront en témoigner… le premier, intégré dans le onze en début de saison, a rapidement cédé sa place à Cerci en raison de prestations indigentes, tandis que De Jong a été sacrifié au profit de Montolivo pour apporter une nécessaire touche technique dans l’entrejeu. Les hommes font le onze et non l’inverse avec Mihajlovic. L’intronisation de Donnarumma dans le onze titulaire témoigne également de cet état d’esprit, chose qui ne serait peut-être pas arrivée sous la gestion d’Allegri et d’Inzaghi : on repense notamment aux cas Cristante et Saponara, qui auraient pu être gérés d’une manière différente, surtout s’agissant du second, actuellement épanoui à Empoli.
4-3-1-2, 4-3-3 puis 4-4-2 à plat : ces dispositifs tactiques ont été successivement mis en place par Mihajlovic, qui a prouvé ne pas être arc-bouté sur ses choix tactiques. Ce qui peut apparaître comme une qualité au premier abord n’est pas forcément le signe d’une pleine maîtrise du jeu de son équipe, qui tâtonne encore après cinq mois de compétition. Pour un club censé au départ jouer les premiers rôles, cela n’a rien de positif.
Le technicien milanais dégage en cela une impression de flou, renforcée par le manque de cohérence dans le jeu que l’on a pu constater ces dernières semaines. Le jeu collectif milanais peine encore à se dessiner (alors que l’on nourrissait de véritables espoirs au sortir de la belle victoire acquise face à la Lazio début novembre), dans la mesure où seules des individualités sont parvenues à tirer le Milan vers le haut jusqu’à présent, et non un bloc collectif bien défini. Certes, Mihajlovic n’a pas été aidé par les blessures de plusieurs joueurs clés ou pouvant prétendre l’être (Bertolacci, Balotelli, Ménez…), mais le temps est venu de faire du Milan une équipe au jeu collectif huilé. Sous peine de faire de Mihajlovic un entraîneur aux qualités fort limitées, à la gestion tactique insuffisante.
La flexibilité dont fait preuve le technicien rossonero dans son approche tactique des rencontres ne s’est que peu manifestée lors du déroulement de ces dernières. En effet, sauf blessure, Mihajlovic n’opère ses premiers changements qu’après l’heure de jeu, et ce indépendamment du sort de la partie, notamment lorsque son équipe est menée. Il en ressort ainsi un manque de réactivité préjudiciable à son équipe, qui n’apparaît pas en mesure de basculer le cours d’une partie mal entamée, au regard de l’apathie de son coach.
Par l’arrivée de Mihajlovic, la dirigeance rossonera entendait engager un entraîneur à la trempe reconnue, capable de mener son vestiaire sans difficulté (défaut qui semble t-il aurait été reproché à Inzaghi). Et par la même occasion, insuffler un esprit conquérant à son effectif et plus spécifiquement à son onze titulaire. Or, où est le Milan combatif que l’on attendait ? On l’a entrevu à quelques reprises, mais bien trop peu pour constater son existence réelle. Ainsi, c’est un Milan davantage amorphe auquel on a eu à faire face en cette première partie de saison, lisse, d’où un esprit combatif, qui devait se montrer présent en présence de difficultés, n’a guère émergé. Le Milan, une équipe capable de sonner la révolte quand il le faut ? Pas tout à fait encore.