Demain soir, le Milan retrouve officiellement la petite Coupe d’Europe en se rendant en Ecosse pour y affronter le Celtic dans le cadre de la 1ère journée du groupe H de l’Europa League. Pour jouer cette rencontre qui était il y a quelques années encore une affiche de C1, les hommes de Stefano Pioli ont dû disputer trois tours de qualification – heureusement en match sec – contre le Shamrock Rovers, Bodø/Glimt et Rio Ave. Ouf, le Milan a évité la honte d’être éliminé par une de ces équipes, ce qui aurait pu faire tache pour une équipe jouant un football lui permettant d’obtenir des résultats plus qu’intéressants depuis la fin du confinement en mai dernier.
Est-ce pour autant une bonne chose ? La question est légitime puisque la saison 2020-2021 risque d’entrer dans l’histoire à plus d’un titre. Les reports et décalages de compétitions conséquences de la crise sanitaire mondiale ont tendu des calendriers de matches déjà très chargés et le Milan sera un des nombreux clubs concernés. Le respect de l’Europa League et de la qualification acquise sur le terrain est-il ainsi compatible avec l’objectif annoncé du club d’atteindre une des quatre places qualificatives à la prochaine Champions League, qui nécessite inévitablement un parcours réussi en Serie A ?
Ce genre de discours n’est pas nouveau. Le Milan privé de la plus prestigieuse des Coupes d’Europe depuis 2014 a récemment pris part à deux campagnes d’Europa League, qui ont toutes fini en eau de boudin dans une configuration assez similaire : le club rossonero retrouvait les joutes européennes mais devait surtout assurer le coup en championnat afin de terminer dans les quatre premiers. Et, on ne l’a pas oublié, l’élimination plus ou moins prématurée en C3 ne s’est pas conjuguée avec une qualification en C1 à l’issue de la saison. Tout d’abord, en 2017-2018, pour le seul Milan sous pavillon chinois, les rossoneri se sont faits proprement sortir au mois de mars par Arsenal en huitièmes de finale, alors que le club londonien n’était pas dans la forme de sa vie. L’équipe construite de toute pièce à l’été 2017 avait pêché par son manque d’expérience européenne avant d’échouer à la sixième place de Serie A.
Cette place offrait ainsi au Milan – devenu américain entre temps – l’opportunité d’enchaîner une deuxième saison en C3 et cette fois-ci sans passer par les tours de qualification dans les stades de l’Europe périphérique. Là, la sortie fut autrement plus ridicule puisque les joueurs de Gennaro Gattuso donnaient à leurs tifosi d’être couverts de honte avec une élimination dès la première phase un triste soir de décembre, dans un groupe où se trouvaient l’Olympiakos, le Bétis et Dudelange. Risée de l’Europe, comme si tout le reste ne suffisait pas, le Milan ne profitait même pas d’un calendrier prématurément allégé et manquait une nouvelle fois sa campagne nationale en terminant 5ème de Serie A alors que ses concurrents directs n’avaient pas mis la barre très haute pour finir dans les quatre premiers.
L’année semble être la bonne pour que le Milan remette en cause sa fâcheuse habitude de ne pas profiter de ses propres sorties de route et plusieurs points sont à prendre en compte. Tout d’abord, comme cela a déjà été dit plus haut, l’Europa League va ajouter ses matches presque toutes les semaines dans une saison où les calendriers des diverses compétitions ont été compressés au maximum, d’autant plus qu’à l’heure actuelle, l’Euro 2020 prévu en juin et juillet 2021 est toujours maintenu. Or, deuxième point, le Milan ne semble pas posséder un effectif à même de tenir plusieurs fronts en même temps. Le onze titulaire qui performe depuis plusieurs semaines maintenant est tout de même sujet à différentes interrogations dans la mesure où il semble dépendant de la forme d’Ibrahimović mais aussi des cas positifs de Covid-19, qui peut décimer temporairement des effectifs complets.
Est-ce bien utile d’épuiser cet effectif à l’équilibre précaire avec une C3 qui n’est pas une promenade de santé lorsque les clubs reversés de la Champions League entrent en jeu et qui, en plus, n’est pas particulièrement lucrative financièrement ? Car il ne faut pas se voiler la face : si le Milan vise à tout prix une des quatre premières places de Serie A, c’est bien évidemment pour retrouver les dotations de la C1, qui lui permettrait d’améliorer ses finances et son sex appeal sur le mercato. En proportion, l’Europa League ne rapporte pas (sans compter l’absence de revenus de billetterie avec les matches à huis clos ou presque) et sera finalement plus une perte de temps et un risque supplémentaire de blessure et de fatigue pour des organismes qui sont déjà très sollicités depuis début juin.
Finalement, cette Europa League ressemble plus à un caillou dans la chaussure du Milan qu’à une bénédiction. Jouer sur tous les fronts semble impossible au regard de la profondeur de l’effectif, du contexte sanitaire et surtout de l’objectif majeur fixé par la direction du club. Mais maintenant qu’ils sont qualifiés, les rossoneri – surtout le plus compétiteur d’entre eux – ne peuvent que difficilement offrir à leurs tifosi une nouvelle figura di m… après de trop nombreuses désillusions sportives ces dernières saisons. Quoi qu’il en soit, si qualification pour la C1 il y a en fin de saison, toutes ces considérations et une éventuelle piteuse élimination en Europa League seront vite oubliées !