Depuis près de 120 ans, l’AC Milan rayonne en Italie et dans le monde. Malgré les sombres années connues récemment, la renommée du club lombard ne s’est jamais estompée. Cette renommée a été acquise au travers d’une identité marquée de triomphes et de succès, magnifiée par quelques-uns des plus grands joueurs de l’histoire du football. Le point commun à ces décennies d’existence ? Un maillot aux rayures rossonere qui a laissé une trace indélébile dans les esprits de générations de tifosi et d’amateurs de ce sport. A l’heure où le club tourne la page la plus importante de son histoire, AC Milan – Zone vous propose dix des maillots les plus marquants du riche passé de cette società hors du commun. Cinquième et dernière partie.
Désormais centenaire, l’AC Milan mit les festivités de côté pour tenter de retrouver les sommets de manière constante. Crescendo, les rossoneri entraînés par Carlo Ancelotti gravirent peu à peu les échelons en ce début de XXIème siècle jusqu’à atteindre le graal européen en 2003 pour la première fois depuis 1994, après avoir éliminé l’Inter puis battu la Juventus lors de cette inoubliable finale à Manchester, tout en s’adjugeant une nouvelle Coppa Italia. La saison suivante, le titre national fut reconquis et l’armoire à trophées fut aussi garnie d’une Supercoupe de l’UEFA supplémentaire. En 2005, le Milan se présenta une nouvelle fois en finale de Champions League, s’inclinant face à Liverpool lors de la séance de tirs aux buts. La vielle garde milanaise, symbolisée par Gennaro Gattuso, Filippo Inzaghi, Alessandro Nesta et Andrea Pirlo, fut quant à elle championne du monde avec la Squadra Azzurra à l’occasion de la Coupe du Monde se déroulant en 2006 en Allemagne. Malgré ce tableau idyllique, tout n’était pas rose dans le monde du football italien : en cause, un énième scandale de matches truqués, le fameux Calciopoli. Suite au procès des instances sportives, le Milan reçut 44 points de pénalités au titre de la saison 2005-2006 ainsi qu’une interdiction de disputer la Champions League la saison suivante. Finalement, la peine finale ne comporta aucune disposition concernant la Coupe d’Europe, ce qui permit au club lombard d’apprendre tardivement sa participation au troisième tour préliminaire de la grande compétition. A l’été 2006, le Milan perdit aussi des joueurs importants : Jaap Stam et Rui Costa s’en allèrent libres, tandis qu’Andriy Shevchenko partit pour Chelsea contre 42 millions d’euros. Privé de son buteur, le Milan réagit en engageant Ricardo Oliveira pour 17M€.
Le 23 mai 2007, AC Milan – Liverpool FC à Athènes. Debout, de g. à d. : P.Maldini, N.Dida, M.Oddo, A.Nesta, M.Ambrosini, C.Seedorf. Accroupis : F.Inzaghi, Kakà, G.Gattuso, A.Pirlo, M.Jankulovski.
Ainsi, la campagne européenne du Milan débuta par un tour préliminaire vite expédié face à l’Etoile Rouge de Belgrade (score cumulé : 3-1). La phase de poules, face à Lille, Anderlecht et l’AEK Athènes, fut marquée par trois victoires, un nul et deux défaites. En huitième de finale, contre le Celtic Glasgow, la qualification fut obtenue à l’arrachée au match retour grâce à Kakà, qui inscrivit dans les prolongations le seul but de la double confrontation. Au tour suivant, l’adversaire s’annonça autrement plus coriace avec le Bayern Munich. Au match aller, à San Siro, le Milan pensa obtenir une petite victoire avant que Van Buyten ne vienne égaliser dans le temps additionnel (2-2). Le match retour semblait donc être un obstacle particulièrement important pour le Milan, qui fut cependant surmonté avec maîtrise grâce à deux buts d’Inzaghi et Seedorf en l’espace de cinq minutes. En demi-finale, la tâche apparut comme tout aussi compliquée avec Manchester United. Alors que les rossoneri tenaient le match nul 2-2 à Old Trafford grâce à un doublé de Kakà, Wayne Rooney trouva les filets dans le temps additionnel. Le 2 mai 2007, ce fut un San Siro bouillant qui accueillit les Red Devils, sous une pluie diluvienne. A trois reprises, les Lombards trompèrent le grand Edwin Van der Sar avec Kakà en premier lieu, puis Clarence Seedorf d’une superbe demi-volée et enfin Alberto Gilardino, en conclusion d’une contre-attaque. Pour la troisième fois en cinq saisons, le Milan atteignit la finale de la Champions League et comme il était de coutume, la tenue extérieure blanche fut choisie pour cette rencontre capitale.
82ème minute, le score passe à 2-0 grâce à Inzaghi. La silhouette du Teamgeist se devine sur la manche, tout comme la broderie spéciale de la finale sur la poitrine.
Cette saison-là, Adidas produisit un de ses templates les plus emblématiques : arboré par de nombreux clubs et sélections nationales, ce schéma de maillot rappelait le fameux Teamgeist, le ballon de la Coupe du Monde 2006, dont la silhouette était aussi représentée sur la manche. Pour le Milan, la couleur dominante fut évidemment le blanc, avec parements rouges et bandes rossonere sur les manches. En haut du dos, la simple inscription Rossoneri était brodée en rouge. Sur la face avant, le sponsor Bwin et le logo Adidas situé juste sous le col. Enfin, sur le côté droit de la poitrine, le logo de la Champions League, le lieu et la date de la finale étaient brodés au fil doré. La finale se déroula donc le 23 mai 2007 au Stade olympique d’Athènes. L’adversaire du jour fut Liverpool, comme lors du drame de 2005. Vengeance fut faite par l’intermédiaire d’Inzaghi, qui trouva à deux reprises le chemin des filets : une première fois en reprenant de la poitrine un coup-franc direct frappé par Andrea Pirlo puis une seconde fois en allant tromper Pepe Reina en face-à-face après être parti à la limite du hors-jeu sur un service de Kakà. Malgré la réduction du score de Dirk Kuyt, le cataclysme d’Istanbul 2005 ne se reproduisit pas et Paolo Maldini souleva la septième Champions League du club, sa cinquième à titre personnel. Ce maillot est donc entré dans l’histoire comme celui de la dernière grande victoire du Milan sur la scène européenne, endossé par des joueurs inimitables.
Et de sept pour le Milan ! Le blanc porte à nouveau chance…
Deux ans plus tard, le Milan semblait bien loin du sommet de l’Olympe qu’il avait atteint à Athènes au terme d’une finale à l’air de revanche. En effet, après avoir remporté la septième Champions League de son histoire, la suite des événements ne fut pas particulièrement anticipée par la direction d’alors : les sénateurs furent – à juste titre – prolongés mais les joueurs appelés à les épauler voire à leurs succéder ne vinrent pas. De même, toutes les belles choses ayant toujours une fin, le cycle de Carlo Ancelotti à la tête du Milan semblait se rapprocher inéluctablement de son terme. Ainsi, malgré une victoire en Supercoupe de l’UEFA et une première Coupe du monde des clubs, les rossoneri conclurent leur saison 2007-2008 post-Athènes à la cinquième place en Serie A et avec une piteuse élimination en huitième de finale de Champions League face à Arsenal. Pour tenter de redresser la barre dans un championnat national loin de son niveau du début des années 2000 et pour disputer la Coupe de l’UEFA, Adriano Galliani fut autorisé par Silvio Berlusconi – président absent – à faire les poubelles des grosses écuries du continent, recrutant un Ronaldinho plus désiré à Barcelone (21M€) et se faisant prêter par Chelsea le fantôme de Shevchenko. Les autres gros investissements furent les recrutements de Marco Borriello du Genoa (7,5M€ pour la seconde partie de la copropriété) et Gianluca Zambrotta (9M€), plus en odeur de sainteté du côté du Barça. Au-dessus de ce mercato poussif plana l’ombre de la fin de carrière de Paolo Maldini, 40 ans, souhaitant mettre un terme à sa carrière à l’été 2009…
3 solo per te
Le début de saison manqué n’empêcha pas les hommes de Carlo Ancelotti de se replacer rapidement dans la course à la Champions League. En parallèle, ils ne donnèrent jamais l’impression de vouloir jouer à fond la Coupe de l’UEFA, où le parcours du Milan s’arrête brusquement après la phase de poules après une élimination par le Werder Brême selon la règle des buts marqués à l’extérieur (alors même que le Milan menait 2-0 à San Siro au match retour !). De même, en Coppa Italia, les rossoneri furent éliminés dès leur entrée en lice par la Lazio, malgré un but du revenant Shevchenko. Le mercato hivernal fut marqué par le coup médiatique David Beckham, prêté pour 6 mois par le Los Angeles Galaxy, et par l’achat pour 10M€ d’un certain Thiago Silva, devant assurer la succession de Paolo Maldini. La troisième place en championnat assurée, le club lombard se dirigea doucement vers les adieux de son légendaire capitaine. Le 24 mai 2009, la réception de la Roma pour le compte de la 37ème journée était partie pour être un jour de fête : en effet, il s’agissait du dernier match du Capitano dans son antre de San Siro. A cette occasion, le Milan décida de faire jouer son équipe avec le maillot domicile de la future saison 2009-2010, arborant un patch spécial « 3 solo per te » sur le côté droit de la poitrine en l’honneur de Maldini et « Il club più titolato al mondo » sous l’écusson du club. Ce maillot Adidas comportait onze rayures rossonere ainsi qu’un massif col blanc, où le nom du club était brodé en doré dans le dos, ainsi que le sponsor Bwin, présent depuis 2006. Les 73000 personnes présentes reçurent aussi une écharpe commémorative rappelant le palmarès impressionnant de Maldini.
Ultime tour d’honneur à San Siro
Alors que la fête avait déjà été ‘gâchée’ par la victoire 3-2 de la Roma malgré un doublé de Massimo Ambrosini, d’autres énergumènes de la Curva Sud milanaise décidèrent de passer à la postérité parmi les grands abrutis de l’histoire du football. Devant un stade conquis, le grand Paolo fit un ultime tour de terrain. Passant devant la Curva Sud, il fut interpellé par des sifflets et des banderoles où on lui reprochait de ne pas avoir pris part aux événements organisés par les ultras milanais. Echaudé par ces manifestations inconvenantes, Maldini se laissa aller à un doigt d’honneur adressé à cette brochette d’ignares, avant de continuer à saluer la foule venue l’acclamer une dernière fois chez lui, sur sa pelouse. Une semaine plus tard, pour le tout dernier match de sa carrière, le fils de Cesare fut salué par tout le stade Artemio Franchi de Florence, où sa femme et ses enfants avaient fait le déplacement. Ainsi, c’est donc dans un maillot blanc symbole de trophées et faisant écho à sa classe et à son élégance que l’immense Paolo Maldini tira sa révérence, laissant le Milan orphelin de son grand capitaine et d’un numéro 3 qui fut retiré par le club… en attendant la relève familiale.
En haut, de gauche à droite :
En bas, de gauche à droite :
Finalement, il était peut-être temps que le partenariat avec Adidas prenne fin…