On va pas se le cacher, et de toutes façons on pourrait pas : le Milan vit une période très merdique. Le club est devenu une équipe de coiffeurs qui se traîne dans le ventre mou du classement, ne joue plus de coupe d’Europe, et surtout n’attire plus les grands joueurs. Pourtant, il y a un paquet de bonnes raisons de signer au Milan. Allez, on en a retenu dix.
Manu a complètement raison, bravo. Fort de son partenariat avec la célèbre marque Dolce&Gabbana, le club peut se vanter d’avoir un style irréprochable et très classe, à l’italienne. C’était encore plus vrai à l’époque de Paolo Maldini, Massimo Ambrosini, Filippo Inzaghi et Alessandro Nesta. C’était moins le cas ensuite avec des tromblons comme Ménez, Essien ou El Shaarawy. En tout cas, c’est pas de la merde D&G fabriquée en Thaïlande et revendue sur Picasa pour les kékés de 17 ans qui traînent en nightclub. C’est du costard sur-mesure, dessiné par les deux fashion tourtereaux Domenico Dolce et Stefano Gabbana. Sapés comme jamais. C’est quand même mieux que le survêt’ macron des mecs de Cagliari, lol.
Au-delà de la lignée des Maldini qui évoluent traditionnellement au Milan, depuis Cesare jusqu’à Daniel, en passant par Paolo et Christian, le président défend les valeurs patriarcales du club avec ferveur. C’est sans doute le pire homme politique depuis Mussolini mais Silvio Berlusconi est un vrai papa-poule pour ses joueurs, pétri de bonnes intentions. Berlu est en effet parrain de la mafia du premier fils d’Andriy Shevchenko, Jordan, et il a aussi payé les frais d’hospitalisation du père de Sheva à l’époque du transfert du joueur vers Milan. Silvio a même glissé sa fille Barbara dans le lit de Pato pour empêcher le gamin d’aller jouer ailleurs. Une famille en or.
Capitale de l’Empire romain d’Occident, centre de la Résistance italienne pendant la Seconde Guerre mondiale, siège de la Bourse italienne, capitale de la mode, etc. Milan est clairement l’une des villes les plus importantes d’Italie et d’Europe. C’est pas Auxerre ou Sochaux, y a pas moyen de te faire chier. Tu peux prendre l’aperitivo aux Navigli, chiller au Parco Sempione, te faire prendre en photo avec un pigeon devant le Duomo, claquer tout ton blé dans les boutiques de luxe Via Monte Napoleone. C’est aussi une ville où tu peux faire la teuf bien salement. Demande à tes gars sûrs Ronaldinho ou Adriano.
Comme toutes les équipes qui jouent dans le même bled qu’une autre, a fortiori dans le même stade, le Milan dispute chaque année des derbies intenses. Encore plus quand les deux rivaux s’affrontent au sommet du championnat ou en coupe d’Europe. Shevchenko s’en souvient, il a encore la trace des crampons de Materazzi dans le dos. Dida s’en souvient aussi, après avoir été presque éborgné par un fumigène. Dans le même match, les tifosi de l’Inter avaient aussi balancé un scooter depuis les tribunes. Et dire que tu te crois chaud quand tu fais passer une bouteille d’eau en scred au stade.
Difficile d’imaginer des boutiques de coiffure avec des noms plus à chier que chez nous (« Dinstinc’tif », « Hair Pur », « Millen’hair », « C Dans L’hair »…) mais on peut être sûr que les coiffeurs de Milan sont rodés en terme de coupes débiles. Avec tous les terroristes capillaires qui ont sévi au club ces dernières années, de Ménez à El Shaarawy, en passant par Mexès, Boateng, Balotelli et consorts, les tauliers de salons de coiffure sont créatifs et savent répondre aux exigences de leurs clients les plus casse-couilles.
Bon, faut pas se leurrer. L’équipe a un niveau pourri depuis quelques années. C’est pas très excitant mais c’est aussi une opportunité pour les joueurs. Un mec comme Kucka n’aurait jamais été titulaire il y a dix ans. Et un jeune comme Donnarumma aurait été envoyé en prêt dans toute la Calabre avant de finir au Chievo à 30 balais. Et puis, à côté de Taiwo ou Rami, Zapata ressemble à Beckenbauer. C’est bien pour l’ego.
Quand tu joues pour un club légendaire comme le Milan, tu as forcément pas mal de célébrités qui viennent te voir en match. À San Siro, tu peux donc croiser Novak Djokovic, Kobe Bryant ou Felipe Massa, tous de féroces tifosi rossoneri. Ça a quand même plus de gueule que le PSG avec Nicolas Sarkozy, Nagui ou Francis Cabrel en tribunes.
Le poids de l’Histoire, c’est intimidant. Quand tu joues au Milan, tu te dois de défendre les couleurs portées par Marco Van Basten, Dejan Savićević, Gianni Rivera, Manuel Rui Costa, Andrea Pirlo, Christophe Dugarry, Franco Baresi, etc. C’est sans doute cette pression sur les épaules qui transforme De Sciglio en poulet sans tête sur le terrain.
Quand tu joues à Milan, tu vas t’entraîner au vert, à Milanello. Ça ressemble à un country club, c’est propre, c’est tranquille. Et puis il y a MilanLab. Un concentré de prouesses médicales, la pointe, le turfu. Regarde Gourcuff, le mec s’est pété la jambe une dizaine de fois depuis qu’il a quitté le club mais il était plutôt safe à Milan. Bon, depuis la machine est cassée. Ou les mecs sont moins réceptifs. Saloperie de maladie des os de verre, hein Pato ?
Le Milan, c’est une famille, on l’a déjà dit. Quand ta carrière est finie, tu peux encore te faire embaucher au club comme les anciens joueurs devenus entraîneurs : Cesare Maldini, Giovanni Trapattoni, Nils Liedholm, Carlo Ancelotti, etc. Et dernièrement les mecs se font tourner le poste comme un joint, entre Seedorf, Inzaghi et Brocchi. Par contre y a toujours pas de poste vacant pour Paolo Maldini. Un petit stage au service reprographie, Paolo ? Sinon à lui de se démerder pour sa reconversion, comme Abbiati qui gère une concession Harley Davidson, Muntari qui a ouvert un garage de tuning ou Mathieu « le boucher de Highbury » Flamini qui s’apprête à faire fortune dans la biochimie. Oui, ce Mathieu-là.