Entraîneur de la Primavera du Milan depuis cette saison, Filippo Inzaghi est à la tête de l’équipe qui a remporté le tournoi de Viareggio et qui a pu disputer l’UEFA Youth League cette saison. Sujet à des rumeurs quant à un départ vers la Serie A en janvier dernier, Super Pippo est finalement resté au Milan pour continuer son apprentissage et, qui sait, peut-être devenir le futur Mister de l’équipe une. En compagnie de son frère Simone, vainqueur de la Coppa Italia Primavera avec les jeunes de la Lazio, il était interviewé pour la Gazzetta dello Sport. Extraits.
La Primavera est-elle utile pour les jeunes ?
« C’est un championnat difficile. Cette saison nous avons participé à la Youth League et cela a été une magnifique expérience puisque nous avons pu affronter les meilleurs équipes d’Europe : l’Ajax, le Barça et Chelsea. »
Quels ont été vos entraîneurs de référence ?
« Cella […], Cagni […] et Mutti, Mondonico et enfin Ancelotti. Avec lui, nous avons été ensemble pendant de nombreuses années durant lesquelles nous avons gagné plusieurs trophées. Je me rappelle une chose du groupe de l’époque : nous venions à peine de gagner la Champions League que nous pensions déjà à la Supercoupe d’Europe, une fois celle-ci gagnée, nous avions déjà la tête à la Coupe du Monde des clubs. Maintenant, quand j’y repense, je me dis que nous étions des fous car nous n’appréciions aucune victoire, mais nous avions une faim incroyable. Il y a une différence entre être présomptueux et être ambitieux : être présomptueux ne me plaît pas, mais être ambitieux est une chose fondamentale pour réussir. »
Quel est votre module de jeu ?
« Un entraîneur doit être bon à préférer le module de jeu adapté aux joueurs qu’il a à sa disposition. La saison passée, je jouais avec un meneur de jeu car nous avions un joueur doué pour ce poste. Toutefois, je dirais le 4-3-3. J’aime le football prôné par Guardiola, avec des ailiers comme Robben et Ribéry, mais j’apprécie aussi Ancelotti qui sait se replier quand il le faut. »
Galliani a-t-il eu un rôle important dans votre décision d’entraîner ?
« Si Galliani ne m’avait pas offert la possibilité d’entraîner les Allievi du Milan, j’aurais continué de jouer. J’ai un rapport très privilégié avec lui, avec Berlusconi et avec Barbara. A chaque fois que je venais jouer le Trofeo Berlusconi avec la Juve, le président me disait : ‘Tu dois venir jouer chez nous’. Je me sens estimé par tous. »
Avez-vous des remords de ne pas avoir accepté la proposition de Sassuolo en janvier ?
« Tout d’abord, j’ai remercié le club de Sassuolo pour son offre, mais ce sont Galliani et Berlusconi qui m’ont retenu. J’avais une dette envers eux donc je me suis attaché à respecter leur volonté. Peut-être que s’ils m’avaient dit ‘c’est toi qui décides’, j’aurais choisi autrement. »
Pourquoi il semble qu’il est plus facile de voir des jeunes formés au club évoluer au sein de l’équipe une à l’étranger ?
« En dehors du fait que les clubs étrangers investissent plus sur les jeunes, ces derniers ont aussi moins de pression. A l’Ajax, il est plus facile d’intégrer un jeune au groupe professionnel. J’ai eu la chance en étant joueur de toujours aller de l’avant sans jamais reculer. »
A l’étranger, les équipes de jeunes doivent jouer avec le même module de jeu que l’équipe une. Avez-vous aussi ce genre de contraintes ?
« Nous sommes obligé d’avoir une défense à quatre. Avec Allegri, le module de jeu était le 4-3-3 et donc nous aussi nous jouions avec trois milieux de terrain. En ce qui concerne les postes offensifs, je suis libre de faire comme je veux. »
Après avoir entraîné les jeunes, pensez-vous que votre période d’apprentissage soit finie ? Que vous êtes prêt pour une équipe d’adultes ?
« Il faut toujours étudier les propositions qui te sont faites. Avec les jeunes, c’est un beau banc d’essai. Je me suis découvert beaucoup plus critique envers moi-même que je ne l’étais étant joueur, je n’oublie jamais les erreurs que j’ai commises. »
Donc si Zamparini vous appelle, comme c’est arrivé à Gattuso, vous refuseriez ?
« Gattuso a bien fait d’accepter, j’aurais fait pareil. Comment peut-on refuser une opportunité pareille ? Regardez Liverani et Montella : ils ont bien commencé tout en haut. Je ne sais pas ce qui est le mieux, Simone et moi pensons que ce que nous faisons est le meilleur parcours possible pour nous deux. Toutefois, si tu es ambitieux, tu dois toujours te sentir prêt pour ce genre de poste. »
Néanmoins, entraîner des adultes voudrait aussi dire ne plus avoir à faire avec des joueurs qui vous voient comme une idole mais qui peuvent vous remettre en cause. Avez-vous déjà pensé à comment vous pourriez affronter une telle situation ?
« Les entraîneurs que j’ai eu pourraient m’y aider, mais chacun doit être soi-même. Moi, j’essaierai d’être sincère et de ne pas faire tout ce qui m’énervait d’un entraîneur lorsque j’étais joueur. »
Enfin, citez la plus belle joie de votre carrière et un exemple à suivre dans le monde du football.
« Pour ma plus grande joie, je dirais la nuit d’Athènes avec le doublé en finale de la Champions League, mais aussi les trois finales de cette saison-là. Le tour de la ville avec le bus à impériale avait été incroyable. Quant à un exemple à suivre, j’en ai eu beaucoup, difficile de choisir. »