A la veille d’une rencontre décisive pour la prochaine saison du Milan, Gennaro Gattuso s’est présenté devant la presse pour une conférence de presse lunaire. Littéralement désabusé, le Mister a offert à l’audience une leçon de spleen que n’aurait sans doute pas renié Charles Baudelaire, qui avait su magnifier ce douloureux état avec ses remarquables Fleurs du Mal. L’entraîneur rossonero ne feignait même pas une quelconque confiance, tant il apparaissait ne plus rien attendre de son équipe.
« Demain, nous jouerons pour le maillot, la carrière des joueurs et tout l’univers Milan. Nous jouons gros. Nous venons d’une mauvaise passe et toutes les critiques que nous recevons sont justifiées. Demain, nous affronterons une équipe qui rappelle l’Atalanta, elles ont des caractéristiques similaires. Nous avons le devoir de mieux faire.
Dans les moments difficiles, nous avons toujours eu un supplément d’âme mais aujourd’hui, nous ne l’avons plus. On peut mal jouer mais retourner la situation avec de l’investissement et du coeur mais aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Pour retrouver ce supplément d’âme, il faut intégrer la nécessité d’être unis et de tous donner quelque chose en plus. Il faut raisonner ensemble et ne pas se regarder le nombril. J’entends trop de choses sur mon futur et celui des joueurs : il faut arrêter avec ça, nous pensons seulement au futur du Milan.
Nous pourrons retrouver le sourire en cas de victoire contre le Torino mais il restera encore quatre matches. Eux, ils sont en pleine forme. Nous devons démontrer ce que nous valons sur le terrain, avec envie. En ce moment, nous sommes éteints, dans tous les sens du terme. Je pense que parler ne sert à rien. Ce qui sert, ce sont les actes et les résultats. Je ne pense pas que ce soit un problème physique car nous sommes toujours prêts et nous courons toujours, mais il faut revoir l’attitude. Ce qui fera la différence pour avoir la Champions League, c’est la résistance à la souffrance. Toutes les équipes ont des difficultés, y compris lors de matches faciles. L’équipe qui ira en Champions League sera celle qui n’aura pas baissé les bras.
Moi, je pense savoir gérer le vestiaire. Jouer et entraîneur sont deux choses complètement différentes et mon rôle a changé. Quand je dis que je suis le premier responsable, c’est parce que j’assume mes responsabilités. Je vois une équipe qui donne le bâton pour se faire battre, qui réfléchit trop. Il faut arriver à remettre tout le monde dans de bonnes dispositions car certains joueurs ne vont pas bien et nous le payons cher.
Les joueurs sont conscients de ce qu’est le maillot du Milan, tout le reste, ce sont des discussions de comptoir. Ils savent tous quels sont les enjeux de la quatrième place. […] Nous avons des défauts, c’est vrai, mais il faut respecter ces joueurs car ils donnent tout et cela arrive d’avoir des moments difficiles. […] Le leadership, ça ne s’achète pas. Tu ne peux pas aller au supermarché et dire ‘vends-moi 10€ de leadership’. Il faut du temps. »