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Fassone : « J’ignore d’où est venu l’argent »

Revoilà Marco Fassone ! Evincé l’été dernier de son poste d’administrateur-délégué du Milan suite à la prise de pouvoir du fonds Elliott, l’Italien s’est fait discret depuis (à raison ?), n’oubliant toutefois pas d’intenter une action en justice contre le club eu égard à la révocation de son mandat. L’ex dirigeant de la Juve est donc sorti de son silence aujourd’hui à l’occasion d’une interview accordée au quotidien économique Il Sole 24 Ore, où il défend bien évidemment son bilan.

Monsieur Fassone, c’est la première interview que vous accordez depuis votre départ. Pensez-vous avoir commis des erreurs à la tête du club ?

« Je pense que le Milan a été géré par un très bon conseil d’administration. Je n’étais pas le seul administrateur, il y avait aussi comme conseillers l’avocat Roberto Capelli, Marco Patuano et Paolo Scaroni. Ces deux derniers sont d’ailleurs présents dans l’actuel conseil d’administration. Toutes les décisions ont été prises à l’unanimité. Nous n’étions pas amis mais presque. »

Le seul bilan du Milan sous la gestion chinoise, même s’il a été approuvé à l’arrivée d’Elliott, met en évidence une perte totale de 126 millions d’euros. Les dépenses totales ont augmenté de 22,7% par rapport à l’exercice précédent.

« La vérité est que sous ma gestion, par rapport à 2016-2017, nous avons eu 20 millions de revenus supplémentaires et 50 millions de marge en plus. La perte de 126 millions comprend 45 millions de dépenses extraordinaires, faites intégralement par Elliott et dues pour 22 millions à la dépréciation des joueurs comme Kalinic ou Bacca, pour 17,5 millions à des provisions pour moi et 5 millions pour les managers qui ont quitté le club.

La partie restante de ces 126 millions devait être utilisée pour payer les joueurs de l’équipe B – qui a été abandonnée – et pour anticiper une éventuelle amende de l’UEFA. Sans les 45 millions de dépréciations et de provisions, j’aurais conclu un bilan avec une perte de 81-82 millions, qui aurait été meilleure de 10 millions par rapport à ce qui était prévu au business plan initial. »

Toutefois, la masse salariale a augmenté.

« Les dépenses ont augmenté pour les salaires des joueurs achetés et pour les déplacements en coupe d’Europe, qu’il n’y avaient pas l’année d’avant. Mais les autres coûts généraux ont diminués de 6 millions. Dans tous les cas, la valeur de l’effectif aujourd’hui est bien supérieur à celle de l’effectif de juin 2016. »

Vous avez parlé de business plan : ne croyez-vous pas que le plan du Milan chinois était trop optimiste ?

« C’est certain, les valeurs rapportées dans les plans relatifs aux entrées en provenance du marché chinois étaient trop optimistes. Le président Yonghong Li était convaincu de réussir à atteindre cet objectif. Puis, comme on a vu, la Chine n’a rien rapporté, mais nous avons tout de même réussi à compenser avec les revenus du stade et les plus-values sur les transferts : 35 millions lors de la campagne estivale de l’été dernier, en cédant Niang au Torino et Lapadula au Genoa. Et puis il y a eu 6 millions supplémentaires de revenus mineurs. En définitive, en dehors de la Chine, le résultat a été significativement meilleur que ce qui était attendu. »

Pourtant, l’UEFA n’a pas cru à vos chiffres.

« Le Tribunal Arbitral du Sport a démonté l’hypothèse de l’UEFA. Il a souligné que les prévisions du business plan étaient atteignables et que la gestion avait été correcte. »

Vous avez cité Yonghong Li : avez-vous des nouvelles ?

« De lui, non. Parfois, il m’arrive d’être contacté par son bras droit David Li. »

Mais savez-vous si l’argent était le sien ? Savez-vous qu’une enquête est ouverte par le procureur de Milan pour déterminer la provenance de cet argent ?

« J’ignore d’où est venu l’argent de l’opération, si c’était le sien ou des prêts. Pourtant, dans l’opération avec Fininvest, des conseillers prestigieux étaient présents : de Lazard à Rothschild, et le cabinet Gianni, Origoni, Grippo & Capelli. De quoi pouvais-je douter ? »

Mais trouvez-vous cela logique que M. Li ait coulé pour 32 millions non versés, après en avoir mis 88 ? Qu’il soit ensuite disparu sans poursuivre Elliott avec une perte totale de 400 millions ?

« Dans le conseil d’administration, il avait été décidé que si l’argent chinois ne venait pas, M. Li aurait du faire une augmentation de capital de 120 millions. Le temps passait et cet argent n’arrivait pas. M Li avait mis 88 millions, il en manquait 32 pour arriver aux 120, qui ont été pris en charge par Elliott comme convenu. A ce moment, M. Li a préféré faire défaut. Cette décision m’a beaucoup surpris. »

Venons-en à vous. Vous contestez votre indemnité de départ : il paraîtrait que le club vous ait proposé 2 millions mais vous en demanderiez 10.

« Au Milan, j’étais administrateur-délégué et président. Je ne veux pas commenter les chiffres mais si j’avais accepté ce que le Milan m’a proposé, tout en sachant que les accords initiaux étaient différents, j’aurais donné l’impression de m’en être allé en ayant quelque chose à cacher. C’est donc le juge qui décidera. »

Simple curiosité sur la saison que vous avez passé à la tête du Milan : il paraît que M. Li avait fait pression sur vous à l’été 2017 pour signer Ronaldo du Real Madrid. Est-ce vrai ?

« Oui, M. Li voulait Ronaldo car il pensait qu’il aurait eu un impact énorme sur le marché chinois. Le joueur voulait partir du Real Madrid. Nous nous sommes vus en juillet 2017 avec son agent Mendes pour s’enquérir des coûts et de la volonté du joueur. Finalement, j’ai convaincu M. Li de laisser tomber car cela coûtait trop cher. »

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