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El Shaarawy à cœur ouvert

La force tranquille. A vingt ans seulement, non content d’avoir porté à bout de bras le Milan lors de cette première partie de saison, Stephan El Shaarawy a également inscrit son nom dans l’histoire de l’institution rossonera : il est le plus jeune « bomber » du Milan des cinquante dernières années, tout juste derrière Altafini. Il a par la meme occasion dépassé le ratio de celui qui constituait son coéquipier la saison passée, Zlatan Ibrahimovic, avec 14 buts en 17 matchs. Des statistiques « pharaonesques » qui lui permettent d’égaler le ratio de son glorieux aieul, Andrei Shevchenko. Pas de quoi donner le melon au natif de Savona, de sang italien et égyptien, qui met un point d’honneur à garder les pieds sur terre. Humilité, sérieux, et détermination demeurent ses maitres mots. Ce qu’il a tenu à réaffirmer au cours d’une interview au magazine de la Gazzetta dello Sport, SportWeek. Traduction intégralement réalisée par ACM-Z.fr, pour votre plus grand plaisir. 

Dix sept mois après vos premiers mots en tant que rossonero, dans quelle mesure le joueur a changé, tant que l’homme ? 

« Il a beaucoup changé. Et il est certainement meilleur ».

Commençons par le joueur. 

« Comme le dit Allegri, mon entraineur, je dois encore beaucoup apprendre : tant les mouvements sans la balle, que le marquage ».

Et du point de vue humain ?

« J’ai eu le permis, je n’ai donc plus besoin qu’Antonini m’amène à Milanello ! (il rit). Plus sérieusement : je suis plus mature. Ma progression a été favorisée par l’ambiance de travail qui règne ici, tout comme le fait d’etre arrivé dans une grande ville. J’ai connu des champions à Milanello. Ils m’ont transmis beaucoup de choses. Par ailleurs, vivre à Milan te permet de te renforcer, surtout quand tu avais jusqu’à présent uniquement vécu en famille ou dans de petites villes ». 

Qui vous enseigné le plus de choses, au Milan ?

« Je choisis Ibra et Thiago Silva sur le plan technique, Seedorf, Inzaghi et Ambrosini sur le plan humain : ils m’ont donné des conseils pour savoir comment gérer ma vie à Milan, comment me comporter en dehors du terrain, comment choisir et écouter les bonnes personnes. Mais j’ai appris de tout le monde, uniquement en observant leur sérieux durant l’entrainement, leur calme lors des sorties en public, leur tenue vis à vis des supporters… »

Et sur le plan uniquement footballistique, que vous ont transmis Thiago Silva et Ibrahimovic ?

« L’intensité, la qualité à mettre dans son travail de manière quotidienne. Il était difficile pour moi de prendre le rythme au départ, mais je pense m’etre bien habitué (il sourit) ». 

Et Ibra ?

« (il sourit). Il est dévoré par la volonté de gagner. J’ai lu son autobiographie, j’étais curieux de connaitre son parcours de vie professionnel et personnel, pour davantage le comprendre et comprendre son envie démesurée de gagner ». 

Et quels étaient vos rapports avec Gattuso, qui déplorait que l’on ne puisse rien dire aux coéquipiers plus jeunes sans risquer leur réaction irritée ?

« Je peux seulement dire que je ne me suis jamais querellé avec Rino. Je ne pense pas qu’il en ait vis à vis de moi en particulier mais plutot avec les jeunes en général ». 

Par rapport à vos débuts en Serie A, l’approche des matchs est désormais différente ?

« Oui. Je joue plus, et par conséquent, j’ai plus de responsabilités. Mais les 28 matchs disputés la saison passée, tant en championnat en coupe, m’ont beaucoup servi. Je n’ai pas peu joué comme certains continuent à le dire : j’ai joué des matchs qui m’ont été utiles ». 

Vous etes une des idoles de la Curva en ce moment, si ce n’est la principale : cela vous excite ou cela vous préoccupe ?

« Cela m’excite. Cela ne me fait pas peur. Et puis, sentir qu’ils chantent mon nom comme ils l’ont fait avec Kakà, mon idole, me fait frissonner : « Siam venuti fin qua, siam venuti fin qua per vedere segnare Stephan… »

Berlusconi vous a embrassé lors de sa première visite à Milanello avant le déplacement à Naples. Quand vous etes-vous parlé pour la première fois ?

« Après la partie face à l’Udinese, l’an passé. Nous avions gagné grace à mon but et Galliani m’a passé son portable dans les vestiaires, et m’a dit : c’est pour toi, c’est le président. J’étais devenu tout rouge et je n’ai pas réussi à ouvrir la bouche pendant qu’il me complimentait ». 

A Milanello la ligne de partage entre joueurs et principaux joueurs était donnée lors de la place à table lors du déjeuner. Vous, aujourd’hui, vous asseyez-vous aux cotés des sénateurs ?

« Je suis à la table des grands comme l’an passé. Lorsque l’on arrive de la Primavera ou de l’équipe B, comme dans mon cas, il est difficile de créer un lien avec ceux qui sont là depuis des années au club et qui ont beaucoup gagné en proportion. Mais j’ai réussi à devenir proche des « vieux ». Ambro, Abate, Antonini, Bonera : ce sont ceux avec qui j’ai le plus de familiarités dans le groupe ». 

Et dehors, comment cela se passe ?

« J’habite dans la zone de San Siro. L’an passé, j’avais papa à la maison, aujourd’hui c’est maman, et mon frère passe de temps à autre ».

En somme, il y’a toujours quelqu’un qui vous aide en cuisine et pour les taches ménagères…

« Mais je sais faire un plat de pates, et je passe toujours le chiffon ! »

Et lorsque ils sont chez eux ?

(Il rit). Non, ils me laissent tranquille ! »

 

Vos passe-temps ?

« Je reste beaucoup à la maison. Je joue à la playstation, et à la télé, je regarde le football – la seule chose que je me risque à voir à la télé – et je joue au snooker, une spécialité au billard. Je me suis acheté une table de billard il y’a peu ». 

Qu’avez vous vu à Milan ? Le Duomo ?

« Non ».

Le Chateau Sforzesco ?

« Non ».

La Cène de Leonardo ?

« Non. J’ai été dans quelques restaurants ».

Vous avez marqué 10 buts en championnat et gagné le pari avec Ambrosini, qui vous aurait payé les vacances d’été aux Caraibes si vous aviez atteint ce chiffre. Il a décidé quelque chose ?

« Non. Il me paiera pour les buts que j’ai marqué. Pour ces vacances d’hiver, j’irai à la montagne ». 

A qui voulez vous dire merci aujourd’hui ?

« Aujourd’hui, je veux surtout remercier Allegri. Ce n’est pas un de ceux qui m’a le plus parlé, mais, quand il l’a fait, il m’a donné de bons conseils, footballistiques et humains. Après cette série de matchs ou j’ai bien joué, il m’a dit de garder les pieds sur terre parce que je suis jeune et que je dois encore beaucoup démontrer ».

Convainquez ceux qui nous lisent que vous avez suivi le conseil et que vous avez gardé les pieds sur terre.

« Je parle toujours avec ceux qui me sont proches et avec ceux qui me veulent du bien. Je suis toujours le meme avec tout le monde, à commencer par mes amis de toujours de Savona, ou je suis né. Une seule chose a changé aujourd’hui, je suis celui quie paie la pizza maintenant ». 

Cependant, ce surnom de Pharaon n’est-il pas trop lourd à porter ?

« Mais je ne me le suis pas donné ! Ce surnom m’a été donné par le commentateur de Sky lors d’un match entre le Genoa et le Napoli, lors de la finale du championnat de la Primavera il y’a deux années de cela. J’avais marqué et je m’étais mis à genoux, imitant le geste typique des égyptiens, avec les doigts de la main fermés, en éventail. Depuis, je suis devenu le Pharaon et cela me va bien parce que je suis égyptien de par mon père ».

Quand vous vous regardez dans le miroir, vous vous dites : « C’est beau, je suis devenu grand très rapidement », ou au contraire « C’est dommage, je suis passé à coté de certaines choses » ?

« Je me dis la première chose. J’ai beaucoup grandi, mais à la bonne vitesse, car à tous points de vue, j’ai encore tout à apprendre ».

Soyez sincère : vous y avez toujours cru.

« Oui, j’y ai toujours cru. J’ai toujours mis tout ce que j’avais, sans regarder trop loin mais en cherchant à prendre le meilleur dans tout ce que j’avais à portée de main à chaque fois ».

Vous auriez été tout aussi important pour le Milan si Ibra et Cassano avaient encore été rossoneri ?

« Bien évidemment, l’espace a augmenté pour moi, également grace à leurs départs, mais la preuve contraire n’existe pas. En tout cas, j’ai joué un bon nombre de matchs la saison passée durant lesquels j’ai eu beaucoup d’occasions de buts. La différence est que cette année, je les convertit ». 

 

Vous ne dites pas que vous etes un goleador par vocation…

(Il sourit). « Les statistiques le disent. Je suis plus un attaquant de buts qu’un attaquant d’assists ». 

Vous signerez bientot un renouvellement de contrat qui portera jusqu’en 2018. Vous avez confiance en ce Milan, qui redeviendra grand ?

« Le Milan est déjà grand ».

Durant l’entrainement, quel est le numéro qui vous fait le plus rire ?

« Robinho est le spécialiste de certains jeux : nous jouons au « tour du monde » (balle levée à terre qui tourne autour du pied avant de retomber), ou bien nous mettons le ballon en équilibre sur le front ou sur la nuque… »

Le défenseur le plus rugueux que vous ayez affronté ?

« Il est trop facile de citer les noms de Chiellini et Samuel. Je dirais plutot Puyol et Pique du FC Bercelone : ils m’ont impressionné face à nous en Champions l’an passé ».

Et le joueur de notre championnat que vous ne connaissiez pas et qui vous a etonné ?

« L’atalantino Denis : il est fort, technique, et il a le sens du but ». 

Quand pourrez vous dire : je suis arrivé ?

« Jamais, je pense. La force du champion est de ne jamais se contenter de ce que l’on a ». 

Avez vous peur de quelque chose ?

« De temps en temps je pense qu’il ne faut pas grand chose pour chuter ». 

La chose qui ne vous plait pas dans le football ?

« (…) » (il suggère au fond : « les journalistes ! » Stephan rit, les yeux brillants. Et pendant un moment nous revoyons l’impertinent garçon connu une année auparavant à Savona »). 

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