Le 3 Juillet dernier se déroulait le traditionnel retour à la compétition des troupes, à coup de déclarations officielles, premiers entraînements et autographes pour un public venu comme chaque année en masse. Sous cette agitation médiatique, plusieurs informations se sont glissées, en toute discrétion, au sein des déclarations de nos dirigeants. Parmi celles-ci, l’une d’entre elle est arrivée est tout droit de la bouche de notre président Silvio Berlusconi.
En effet, entre des déclarations autour de nos recrues et des probables partants, il a également ajouté une petite phrase au sujet de l’un de nos plus grands espoirs de la génération 1996, Davide Calabria. Ce dernier a eu l’honneur d’être qualifié comme le symbole des jeunes talents Primaverini. Une petite place qui soulève de nombreuses questions. Qui est vraiment Calabria ? Que vaut il ? Aura t’il sa chance dans ce nouveau Milan ou n’est il qu’une énième déclaration du président dont il ne faut pas prendre note ? Nous essayerons de répondre a ces questions dans ce dossier.
Au cours de l’été 2007 le jeune Calabria, pas encore onze ans, se lie pour la première fois avec l’AC Milan. A cette époque, nous étions loin d’imaginer que notre club de coeur, tout juste auréolé de son septième titre Européen grâce a un doublé de Pippo Inzaghi, allait subir de telles années de souffrance. C’est donc à une époque ou le Milan brillait sur les terrains Européens (mais ne se montrait guère enclin a la formation de jeunes pousses et au renouvellement cyclique de joueurs) qu’arrive ce jeune ailier qui tapa dans l’œil des recruteurs par sa vivacité et sa capacité a se projeter vers l’avant.
Milieu droit en premier lieu, il se forme peu a peu au poste de latéral droit au final des années pour y briller sous le maillot Rossonero. Toutefois, ses premières années sont difficiles. De petite taille, doté d’un physique modeste en comparaison de ses coéquipiers et adversaires, Calabria a du mal a s’imposer dans le collectif et doit compenser sa petite taille par d’autres atouts que ses adversaires n’ont pas (vitesse, anticipation, application au moindre geste).
L’adolescence aura finalement eu un effet bénéfique sur le joueur. Avec quelques centimètres en plus et un physique plus en adéquation avec les collègues de sa génération, le jeune Calabria va monter d’un cran, passant d’un simple joueur de cette génération 1996 à un des meilleurs éléments de celle-ci. C’est a partir de 16 ans que le joueur va devenir un véritable cadre, sous la houlette de Pippo Inzaghi et accompagné d’Alessandro Mastalli ou Davide Di Molfetta.
Positionné le plus souvent comme latéral, il va briller par son jeu complet. Offensivement très présent en participant fréquemment au jeu de l’équipe, il va en outre montrer de grosses qualités défensives en étant le meilleur défenseur de son équipe.
Titulaire de la Primavera du même Pippo Inzaghi, il récidive cette année (pour sa dernière saison chez les jeunes) en étant tout bonnement indéboulonnable sur son coté gauche, sous la houlette de Christian Brocchi. Avec ce dernier, Davide va continuer sa progression au point de devenir le meilleur élément de l’équipe. Il marque également sa très belle saison par quelques coups d’éclats mémorables, avec en premier lieu un but sublime face aux U19 du Real Madrid en finale d’un tournoi à Dubai.
En sélection, après avoir mis un certain temps à s’imposer chez les jeunes Italiens de sa génération, il va progressivement intégrer la génération 96 la saison dernière (alors U18) pour ne plus quitter la sélection et devenir un titulaire indiscutable avec les U19.
Considéré comme le latéral le plus talentueux du championnat, c’est en toute logique qu’il prend part a la reprise officielle du groupe professionnel (après avoir obtenu quelques minutes lors du dernier match de la saison précédente), avec a la clé de beaux compliments des dirigeants à son égard. Tout en discrétion, il s’offre une première titularisation lors du premier match amical face à Allions. Si les conclusions d’un tel match sont évidemment a relativiser, Calabria s’est mis en évidence sur chaque coté de la défense (il a en effet effectué une mi temps en tant que latéral gauche et une en tant que latéral droit) avec en prime deux passes décisives pour Cerci et Niang.
Hier, après avoir débuté la rencontre face à Legnano sur le banc, il est préféré a Mattia De Sciglio pour remplacer le capitaine Ignazio Abate, sorti sur blessure. Rebelotte, le jeune « terzino » nous offre une nouvelle prestation de haute volée avec une aisance offensive qui ne prend pour autant pas le pas sur son implication défensive. Salué dans la presse ce matin, il a vu également Adriano Galliani dire qu’il intégrait officiellement l’équipe première cette saison.
Présent dans le groupe à l’occasion des prochaines tournées estivales servant de préparation pour les échéances a venir, Davide Calabria aura sans doute l’occasion de montrer ses qualités face à des équipes plus relevées. En outre, avec un relatif faible nombre de latéraux dans le club (on ne compte qu’Abate, De Sciglio et Antonelli comme joueurs présents en toute logique la saison prochaine) et un physique fragile parmi ces concurrents, nul doute que le joueur classe 96 aura des opportunités sur la saison a venir.
Qu’attendre donc de ce joueur et que pouvons nous espérer pour l’avenir ? La question reste et restera malgré tout sans réponse car liée à un certain nombre de paramètres qui vont jouer sur la suite de la carrière du jeune homme.
Au petit jeu des comparaisons, si le jeune Calabria n’a évidemment pas le talent d’un Maldini au même âge, il semble en revanche en avance sur De Sciglio au même âge et devrait bénéficier de plus de temps de jeu que Mattia à 18 ans (qui n’avait réalisé que trois bouts de matchs en championnat). Plus polyvalent, meilleur défenseur et très bon centreur, Calabria a donc toutes ses chances pour suivre un chemin encore plus prometteur qu’un De Sciglio.
Néanmoins, cette progression sera conditionnée à son temps de jeu, lequel pourrait s’avérer trop mince. En effet, en Italie, il est monnaie courante d’avoir une certaine frilosité au sujet de nos jeunes éléments, que l’on préfère laisser sur le banc au profit de joueurs parfois médiocres mais plus expérimentés, voir en les prêtant a des clubs de Série B dans l’espoir qu’ils reviennent plus confirmés. Ainsi, si le prêt ne semble pas être d’actualité dans ce cas, la question du temps de jeu devra se poser. S’il passe légitimement derrière le cadre Abate ou la recrue hivernale Luca Antonelli, il sera intéressant d’observer l’attitude de notre nouvel entraîneur en cas de pépins physiques de l’un de ces deux éléments. Si Mattia De Sciglio présente l’avantage d’avoir quelques saisons dans les jambes (et d’être également jeune, il faut le reconnaître), la forme de ce dernier pourrait permettre a Calabria de passer devant son aîné de quatre ans et monter dans la hiérarchie…en théorie.
Quoi qu’il en soit, s’il paraît peu prudent au regard des nouveaux objectifs du club, de tout miser sur un jeune de 18 ans, il serait tout aussi incohérent de préférer constamment Mattia De Sciglio (si celui ci confirme sa méforme) ou du bricolage avec par exemple Andrea Poli, plutôt qu’un jeune talent comme celui-ci. Avec une progression constante, progressive et sans pression inutile (a l’inverse d’un De Sciglio ou l’on a trop attendu de ce jeune, et trop vite), Calabria pourrait vraiment être une très belle surprise et s’installer durablement dans le collectif Rossonero, pour de nombreuses années.
Place désormais a la confirmation sur le terrain, Davide.