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Alors, ce Milan de Paolo Maldini ?

Il y a presque deux ans, Paolo Maldini est revenu chez lui, au Milan. A l’époque, le récent changement de propriétaire du club lombard ainsi que la nomination de Leonardo au poste de directeur sportif avaient permis à l’ex numéro 3 rossonero de voir les conditions à son retour enfin réunies. Or, depuis, le Milan a encore beaucoup changé : certains sont partis ou n’ont pas fait long feu – Leonardo, Gattuso, Boban, Giampaolo – et d’autres sont arrivés ou vont bientôt rejoindre CasaMilan – Massara, Pioli, Rangnick… Alors qu’on ne sait pas encore si la saison 2019-2020 arrivera un jour à son terme à cause de l’épidémie de coronavirus et des nombreux morts qu’elle entraîne quotidiennement en Italie, Maldini est lui aussi dans l’incertitude quant à son avenir dans son club de toujours.

L’exercice en cours est le premier qu’il a dû affronter en tant que directeur technique du Milan, dans un rôle bien plus exposé que celui qu’il avait dans l’ombre de Leonardo, personnage controversé déjà aguerri à la direction d’un club de football. Négociations, choix de l’entraîneur, validation sportive des recrues… Maldini a dû gérer tous ces aspects cette année pour la première fois, avec plus ou moins de réussite.

A l’heure où notre calcio bien aimé est à l’arrêt, AC Milan – Zone vous propose un premier bilan de la gestion ‘maldinienne’ du Milan, entre espoirs suscités et résultats contrastés, qui pourraient conduire prochainement à un nouveau départ du légendaire Paolo.

San Paolo della Madonnina

Le retour de Paolo Maldini au Milan était attendu, ce n’est pas un mystère. Depuis son départ à la retraite en 2009, il avait pu assister – comme nous, simples tifosi – à la déliquescence sans fin d’un club auquel le nom de sa famille est indissociable. Il a longtemps gardé le silence, préférant sans doute profiter de ses premières années de retraité et surveillant les prémices des carrières footballistiques de ses fils. Le capitano avait toutefois su garder son œil critique, comme plusieurs de ses formidables coéquipiers, sur la gestion sportive du Milan comme en témoigne son interview au napalm accordée à La Gazzetta dello Sport en avril 2014.

A différentes reprises, Maldini a été proche de revenir dans son club pour jouer un rôle dans la direction du Milan. Au contraire de Franco Baresi et Daniele Massaro, réduits à un rôle d’ambassadeurs souriant sur les photos avec les sponsors, il voulait un véritable poste opérationnel, où sa voix et son avis auraient eu du poids. Un rapprochement avec Barbara Berlusconi en remplacement d’un Adriano Galliani complètement perdu ? Écarté suite à la marche arrière du Cavaliere. Un poste sous la responsabilité de Massimiliano Mirabelli dans le projet chinois ? Rejeté devant le flou artistique de cette entreprise qui se sera avérée être un naufrage.

Ce qui était clair, c’est qu’il ne voulait pas d’un « rôle de façade ». Finalement, la bonne proposition est arrivée et, au cœur des vacances d’été de 2018, le grand Paolo Maldini est revenu chez lui. Sous l’impulsion de la nouvelle direction et du boss de la partie sportive Leonardo, il est revenu prêcher la bonne parole parmi les siens. Si véhément à l’égard de ses prédécesseurs sur leur gestion et leur défense de l’institution AC Milan, Maldini allait pouvoir faire ses preuves tout en apprenant au côté de l’expérimenté dirigeant brésilien. Il pouvait alors se prévaloir d’un soutien quasiment sans faille de tifosi exaspérés par des années de pseudo gestion à rebours des standards historiques du club. A l’aube de la saison 2018-2019, les espoirs étaient nombreux mais chacun savait raison garder : Leonardo était le patron, Maldini son élève en formation.

Tout cela a finalement basculé l’été dernier. Les recrues du duo Leonardo/Maldini n’ont pas donné satisfaction et le Brésilien a une nouvelle fois claqué la porte, bien content de retrouver son ancien poste au PSG, club habitué à dépenser sans compter contrairement au Milan qui doit surveiller ses comptes de près. On pensait l’aventure de Maldini dirigeant déjà terminée mais après de longues discussions avec Ivan Gazidis, l’ex numéro 3 rossonero avait finalement accepté de rester, prenant le poste de directeur technique.

Se faisant, Maldini mettait ainsi son visage au premier plan et sa réputation en jeu : il devenait alors la caution sportive du projet du fonds Elliott et s’exposait donc au feu des critiques, malgré son statut de légende, en bénéficiant aussi de la venue du conseiller Zvonimir Boban. L’espoir demeurait – aveuglément ? – chez les tifosi : comment imaginer qu’il puisse faillir dans ses nouvelles prérogatives, lui qui avait toujours soumis les bonnes idées et défendu les visions les plus logiques avant son retour ?

Un début d’aventure contrasté

Désormais empli de prérogatives plus larges, Maldini a l’occasion d’accomplir ses premiers faits d’armes à l’occasion du mercato estival 2019. Évincé de l’Europa League, le Milan doit réduire la voilure du point de vue financier; toutefois, il doit parvenir à se renforcer afin d’éviter une nouvelle saison sans coupe d’Europe. Le nouveau directeur rossonero doit ainsi appréhender ses nouvelles fonctions avec cette équation des plus difficiles.

Faisant sienne la logique économique du fonds Elliott, mais également celle de Marco Giampaolo, dont l’arrivée a été manoeuvrée avec Boban courant juin 2019, Maldini flaire un premier bon coup, en la personne de Théo Hernandez. Le néo DT enfilait même le bleu de chauffe, se rendant sur le lieu de villégiature du latéral français afin de lui exposer le nouveau projet rossonero. Séduit, et en quête d’un nouveau challenge après deux saisons sans relief en Liga sous les couleurs du Real Madrid puis de la Real Sociedad, le latéral gauche âgé de 22 ans signe un contrat de cinq ans, moyennant une indemnité de 20 millions d’euros au bénéfice du Real Madrid. Un véritable pari, mais qui s’est avéré ensuite payant, l’ex-madrilène ayant rapidement supplanté le déclinant Rodriguez malgré ses nombreuses lacunes défensives. 

L’arrivée de Bennacer s’inscrivit ensuite dans la même logique, le franco-algérien arrivant d’ailleurs avec un CV des plus prometteurs, suite à une saison aboutie sous les couleurs d’Empoli. Le pari Leao, certes justifié par une logique sportive, relève également pour partie d’une opération financière propre au groupe Elliott (ce dernier étant le bailleur de fonds de Lille); on peut penser que l’aval de Maldini fut accessoire s’agissant de cette opération.

La saison 2019/2020 avait ainsi de quoi débuter sous les meilleurs auspices : un board technique centré autour de deux emblèmes milanisti, un entraîneur aux préceptes de jeu arrêtés, et un zeste de joueurs prometteurs à même de se fondre dans son schéma tactique. 

La suite du scénario fut hélas tout autre. Le Milan a toutes les peines du monde à développer un semblant de jeu, et semble même avoir régressé par rapport à la saison précédente sous les ordres de Gattuso. Pire, Giampaolo se résoud à revenir au 4-3-3 par défaut mis en place par Gattuso, reniant par là même ses concepts de jeu; la pertinence de son arrivée se pose alors déjà en septembre 2019. 

Décidé à ne pas voir le Milan davantage s’engluer dans le ventre mou du championnat, le fonds Elliott tranche sans demi-mesure : Giampaolo est démis de ses fonctions le 8 octobre 2019, après seulement 111 jours à la tête du Milan, soit le plus court mandat de l’histoire rossonera. Premier désaveu pour Maldini, co-instigateur du choix Giampaolo aux côtés de Boban. 

La suite est connue : Spaletti étant paraît-il trop cher pour les finances milanaises, c’est finalement Pioli, pompier renommé du championnat, qui est appelé à l’aide. Avec plus ou moins de succès. L’ex-technicien florentin récupère une formation sans âme, dépourvue de tout véritable buteur (Piatek s’étant finalement révélé être, comme craint, le tube de la saison 2018/2019), et aux cadres indolents (Suso, Calhanoglu, Kessié pour ne citer qu’eux). Point d’orgue de cette première partie de saison à oublier, la débâcle intervenue sur la pelouse de l’Atalanta avant la trêve, sur le score de 5-0. 

La rudesse du métier s’impose alors à Maldini. Contraint de trouver des solutions à moindre coût afin de sauver autant que ce peut cette saison 2019/2020, le DT milanais gère l’arrivée d’Ibrahimovic – un coup médiatique, signe d’un court-termisme aberrant – aux côtés de Boban. Kjaer vient quant à lui renforcer la défense rossonera, apportant également sa dose d’expérience dans un vestiaire en manque de repères.

Les pansements apposés courant janvier commencent alors à faire effet : le Milan termine en effet le mois de janvier invaincu en championnat, avec notamment trois victoires consécutives à la clé. Le mois de février se révèle quant à lui plus difficile avec notamment cette défaite 4-2 face à l’Inter (alors que le Milan rejoignit les vestiaires avec deux buts d’avance !). La saison rossonera s’arrêta début mars sur une défaite 2-1 face au Genoa. 

Que la saison soit ou non appelée à reprendre, un élément est acquis : cette saison 2019/2020 s’est à nouveau révélé décevante, engluant un peu plus le Milan dans un marasme sportif sans fin. De quoi conduire le fonds Elliott à une nouvelle fois faire table rase ? C’est la doctrine qui semble se dégager outre Atlantique, au risque de déjà remettre en doute le poste de Maldini. 

Vers la fin prématurée de ce come-back ?

Côté Elliott, une idée fait sienne depuis le début de l’année 2020 : celle d’un débauchage de Ralf Ragnick, actuel recruteur des New York Red Bulls, et plus largement, tête pensante de la direction sportive du Red Bull Leipzig et du Red Bull Salzbourg. 

Le poids grandissant de cette rumeur a été jusqu’à être la source d’un incident diplomatique au sein de la direction rossonera, peu à peu divisée entre le pôle sportif mené par Boban et Maldini, et le pôle financier mené par Ivan Gazidis, administrateur délégué. Des frictions commencent peu à peu à se faire sentir entre ces deux pôles, qui semblent ne plus partager la vision commune qui fut la leur en début de saison. Point d’orgue de ces tensions, la sortie de Boban à la sulfateuse dans La Gazzetta dello Sport fin février. Le Croate, dans sa verve habituelle, ne manque pas d’égratigner Gazidis, son n+1. Il n’en fallait pas moins pour la direction Elliott pour montrer le chemin de la sortie à l’intéressé; son départ ouvre à ce titre davantage le champ à Rangnick, qui dément timidement ses contacts avec le board décisionnel rossonero. 

Désormais orphelin de son bras droit, Maldini apparaît bien seul face à la direction financière milanaise. En outre, la pertinence de son rôle risque d’être remise en cause en cas d’arrivée de Rangnick, destiné à devenir la tête pensante sportive du Milan. Quelle serait la place de l’actuel directeur technique à ses côtés ? On a bien du mal à se l’imaginer, tant l’intéressé fait de sa liberté d’action la condition sine qua non de l’exercice de ses fonctions. Maldini, appui da Milan de Rangnick, pour qui restera tout à apprendre du contexte milanais, et plus largement, du football italien ? Cela reste possible, mais une réduction des fonctions de l’emblématique défenseur rossonero est à craindre.

L’intéressé ayant longtemps conditionné son retour à l’exercice de véritables fonctions de direction sportive, le passage à un simple rôle de conseiller sportif apparaît difficilement envisageable. Ainsi, l’idée d’un départ en fin de saison semble peu à peu faire son chemin. Comme une suite inéluctable du limogeage de Boban, et de la volonté du fonds Elliott de faire du Milan une nouvelle plateforme de trading de joueurs à fort potentiel, volonté que Rangnick pourrait traduire dans les faits.

 

Le monde du football professionnel est impitoyable et Paolo Maldini pourrait rapidement l’apprendre à ses dépens. S’il fait un bilan de sa première année à la barre du fragile navire rossonero, lui qui ne voulait pas être un pantin, qui voulait que ses décisions aient un impact dans la vie de son club de toujours, sans doute ne sera-t-il pas satisfait. Certes, les deux sessions de mercato gérées sous ses ordres ont été globalement plus réussies que les précédentes – tant dans le sens des départs que des arrivées – mais son échec sur le choix de l’entraîneur avec Giampaolo et les mauvais résultats qui en ont découlés ternissent le ressenti général sur son action. En outre, la politique assumée du fonds Elliott visant à recruter exclusivement des jeunes prometteurs sonne le glas des ambitions sportives du Milan, des ambitions que Maldini avait pour son Milan, alors que le niveau de la Serie A tend à s’homogénéiser aux premières places. L’avenir du légendaire Paolo au Milan semble clairement s’assombrir et il reste donc à savoir s’il partira lui-même de son plein gré, marquant ainsi son désaccord, ou si le fonds Elliott voudra s’en débarrasser après en avoir fait l’étendard de sa crédibilité.

  • Rabah

    Les ami un bakayoko au milieu de terrain avec Bennacer serai magnifique il sont très complémentaires et tous les 2 jeune et on se débarrasse enfin de Kessie et là on sera pas mal

  • Joffrey Calligaro

    Merci à la rédaction pour l’article ça fait du bien d’avoir des nouvelles !

    Par contre pour Maldini, je suis dégoûté parce que c’est lui j’ai admiré étant petit et qui m’a fait aimé le club mais c’est un échec. Il a voulu grandir trop vite dans ce rôle alors qu’il n’a pas encore l’expérience, les idées ni le réseau pour réussir à ce poste.

    Je ne suis pas d’accord quand il est écrit que son bilan mercato est satisfaisant, aujourd’hui l’équipe est encore plus mauvaise que l’année dernière,s es recrues, même si elles sont installées dans le 11 de départ elles n’ont pas le niveau ligue des champions. Etle pire dans tout ça, l’équipe est encore plus « désitalianniser ». Hors dans son interview de l’époque il regrettait les départ des anciens et des bandiere du club, il cite Galli, Tassotti, Inzaghi et Pirlo mais aujourd’hui on a plus aucun « bon » italien hormis Donna et Roma et on ne prolonge pas Jack !

    Je trouve qu’il est complètement dans la contradiction entre ses paroles passées et ses actes présent. C’est un échec et si il part je pense pas que le club soit perdant.

    • Kiichi Miyazawa le Retour

      Je suis d’accord avec toi

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