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Inzaghi : « Une belle leçon »

So Foot a consacré sa dernière édition papier à un style jugé en voie de disparition : les renards de surface. On imagine d’ici la réunion rédactionnelle et le nom en tête de liste, clair comme le fait qu’il doit marquer… Super Pippo, dont la photo est placé au centre de Van Nistelrooy et Raul. Intérroggé Inzaghi aujourd’hui, c’est accepter de le confesser, le téméraire de Piacenza est sur la fin, et c’est un ancien de la maison qui s’en charge, Vikash Dhorasoo.

Tu viens de rejouer quelques minutes contre l’Udinese après dix mois de blessure. Alors ?

« Alors ça a été long et dur. Je n’avais vraiment pas besoin de cette blessure, je me sentais très bien. Je venais de mettre un doublé contre le Real Madrid en Ligue des Champions. Mais voilà, les croisés, les deux ménisques… À mon âge, ce n’est pas simple. Je suis revenu cet été, puis je me suis fait mal à un mollet. Là, mon genou va mieux. C’est mon vrai retour ».

Tu as 38 ans. Tu n’as jamais pensé à arrêter durant cette période ?

« Arrêter, non. Je veux redevenir le Inzaghi que tout le monde connaît. Je crois que le public du Milan mérite de revoir Inzaghi sur le terrain, et je crois que ma carrière le mérite aussi. Et puis, je ne suis pas capable de rester sans football. Si je ne m’entraine pas, si je ne joue pas, je me sens mal, vraiment mal. Je me sens comme un chien. Un exemple comme un autre : la veille de la dernière mise au vert, alors que je ne m’étais entrainé avec l’équipe qu’une seule fois depuis dix mois, je suis venu avec mon sac. J’espérais être convoqué, alors que je savais très bien qu’il aurait été juste que je ne le sois pas. Les gens me disant : « Mais comment tu fais pour être encore comme ça, avec tous tes trophées ? » En fait, c’est comme si j’étais toujours un jeune joueur qui espère ».

Tu crois que tu as encore des choses à apprendre ?

« Je n’ai jamais eu la prétention de tout savoir. Ce n’est pas parce que j’ai 38 ans que j’ai tout gagné et que j’ai marqué tant de buts que… ça, non. Les jeunes d’aujourd’hui, tu sais comment ils sont. Ça marque un but, ça se sent tout-puissant, ça n’a plus envie de s’entrainer, ça sort le soir… Moi, j’ai toujours essayé d’apprendre de chaque entraîneur ».

Comment ça se passe, parce que tu ne rentres dans aucun schéma tactique ?

« Non, c’est vrai. D’ailleurs j’ai joué avec tous les modules possibles. Je crois qu’un bon joueur peut jouer avec n’importe quel dispositif tactique. Et qu’un bon entraîneur fait son module en fonction des joueurs qu’il a à disposition. Le module doit être la dernière chose. Ancelotti était comme ça, Allegri aussi. La différence entre le grand entraîneur et l’entraîneur lambda tient, selon moi, dans sa capacité à comprendre les joueurs, à être psychologue ».

Toi, tu te considères comme un footballeur ou comme un buteur ?

« Je pense qu’un grand joueur est un grand buteur. Je ne sais pas comment dire ».

Un grand gardien peut être un grand joueur.

« Oui, bien sûr. Et il y a aussi des gens comme Zidane, comme Kakà, des champions absolus. Mais selon moi, un grand joueur doit être un grand buteur parce qu’on se souvient d’un joueur surtout pour les buts qu’il met. Et des joueurs comme moi, Trezeguet, nous sommes des grands joueurs car nous sommes des grands buteurs. Nous avons marqué plus de trois cents buts. Parce que nous avons eu la chance d’évoluer dans de grandes équipes, c’est vrai. Mais il y a aussi nos qualités. Il y a une chose incroyable : j’ai été meilleur buteur de Serie A avec l’Atalanta Bergame »

Quand tu rentres sur le terrain, tu penses seulement au but ?

« Avant, oui. Plus jeune, je ne vivais que pour le but. Quand je ne marquais pas, je me sentais mal. Puis, au fil des ans, il m’est arrivé de marquer beaucoup de buts et de ne pas gagner. Je me rendais bien compte qu’il manquait quelque chose. Alors, j’ai commencé à voir les choses différemment. J’ai compris que le plus important, c’était de gagner. Quand tu commences à avoir plus de 30 ans, c’est normal. Tu te rends compte aussi que même si tu ne marques pas pendant trois matchs, les gens gardent une bonne image de toi. Parce qu’ils se souviennent de ce que tu as fait. Parce que ce que tu as fait par le passé reste. Maintenant, je sais aussi qu’Inzaghi a toujours été vu comment celui qui doit toujours marquer. Donc… »

Tu as le sentiment d’être le dernier attaquant d’un certain type ?

« Oui. Tu sais, c’est un jeu difficile, il faut en connaître les règles. En Italie, Gilardino me ressemble sur quelques points, peut-être. Au Milan, nous avons Paloschi. Il est bon, et c’est un bon gars. Il a des mouvements qui ressemblent aux miens. J’espère qu’en murissant, il pourra faire de belles choses. Mais c’est vrai que dans le football d’aujourd’hui, il est difficile de trouver des joueurs comme moi. Peut-être Trezeguet. Tous les deux, nous sommes vus comme des joueurs qui participent peu au jeu. Mais nous sommes fondamentaux dans la surface. Disons le simplement, marquer, c’est ce qu’on sait faire de mieux. Voilà. J’aime avoir le poids de la victoire sur les épaules. Avoir des responsabilités m’a toujours rendu plus fort. Quand tout le monde mise sur quelqu’un, ça veut dire qu’il est fort, et ça me donne encore plus de force. Je ne sais pas comment dire. J’ai toujours aimé les attaquants. Quand j’étais petit, je suivais Paolo Rossi, Van Basten. C’étaient les attaquants de référence. En 82, quand Paolo Rossi est meilleur buteur du mondial… On m’a souvent dit que je lui ressemblais dans ma façon de jouer : renard des surfaces ».

Les attaquants d’aujourd’hui comme Rooney et Ronaldo ne sont plus faits sur le même modèle. Ce sont des joueurs très puissants…

« Oui, c’est devenu une mode. Les joueurs grands, puissants, forts de la tête. Je ne suis pas très grand. Mais bon, sur plus de trois cents buts, j’en ai inscrit entre soixante-dix et quatre-vingts de la tête. Qui peut deviner en me voyant que j’ai marqué presque cent buts de la tête ? Personne. Mais pourquoi ça a été le cas ? Pourquoi ? Je vais te dire, c’est très simple. Je n’ai pas besoin de sauter plus haute que les défenseurs molosses. Parce que j’ai déjà un mètre d’avance ».

A part Trezeguet, tu regardes les autres attaquants ?

« Trezeguet, je le regarde parce qu’on dit de lui ce qu’on dit de moi : il vit pour le but. Mais oui, je regarde les autres attaquants. Van Nistelrooy a toujours été un grand adversaire que j’estime beaucoup. En 2003, quand on a gagné la Champions, on a lutté tous les deux pour le titre de meilleur buteur de la compétition. Je crois que j’ai marqué douze buts, et lui quatorze. Je crois que jamais deux attaquants n’avaient autant marqué dans cette compétition. Maintenant, je crois que le plus grand joueur du monde est Messi. Messi, Cristiano Ronaldo. Malheureusement, je n’ai que très peu joué avec Ibrahimovic. J’ai joué trente minutes avec lui l’an passé contre le Real, j’ai marqué deux buts, puis je me suis blessé. Tous ces attaquants, je les regarde volontiers ».

Tu regardes les matchs ?

« Bien évidemment. Moi, je connais tout le monde. Je sais les qualités et les défauts de tous les défenseurs. Tout ça m’a beaucoup aidé. Si j’ai affaire à deux défenseurs centraux, j’essaie de jouer sur celui qui, selon moi, est le plus faible. Sur celui qui m’accordera une chance de plus que l’autre. On a dit de moi que c’était moi qui marquais le défenseur, et pas le contraire. Ce n’est pas faux. Moi, j’essaie d’exploiter les faiblesses de mes adversaires. J’étudie tout ».

Etudier, ça veut dire quoi ? Tu prends des notes ?

« Non, non. Je connais tout le monde maintenant. Je connais toutes les caractéristiques des défenseurs que je vais affronter ».

Tout le monde te connait aussi…

« Oui, tout le monde me connaît aussi. Au fil des années, ils ont appris à me connaître, et ils me craignent ».

Tu as tes défenseurs préférés, ceux avec qui tu sais que ça va être plus simple pour toi ?

« Postulat de départ : rien n’est jamais facile. Surtout quand tu joues dans le championnat italien, ou en coupe d’Europe. Je ne me suis jamais dit que ce serait facile. Il m’est arrivé de marquer trois buts quand je pensais que ça allait être dur, mais aussi de ne pas marquer face à des équipes plus faibles. N’importe quel but est important. Après, c’est vrai qu’il y a des défenseurs… Quand Nesta et Maldini étaient mes adversaires, quand j’affrontais Ferrara, Samuel, Cordoba… C’est dur de leur marquer des buts. Mais ça m’est arrivé. Tout le monde sait comment je joue alors je sais que c’est à moi d’être fort ».

Tu ne doutes jamais ?

« Quand physiquement je suis bien, non. Je ne doute que quand je me blesse longtemps ».

Baggio disait qu’il était très tranquille quand il recevait le ballon dans la surface, que c’était comme si le temps s’arrêtait. C’est pareil pour toi ?

« Oui, je suis très serein quand je joue, il faut bien le dire. Aucun stade ne m’a jamais fait peur. Quand je me sens bien, je n’ai peur de rien. Je suis conscient de mes forces. Je sais que je peux rater parce que je suis humain. Le fait aussi de bien préparer les matchs la semaine fait que je n’ai aucun regret si je rate un but, parce que je sais que j’ai tout fait à la perfection. Si je rate c’est parce que ça arrive. Ce n’est pas parce que je ne me suis pas entraîné ou parce que je n’ai pas bien fait les choses. Ça, ça aide à être serein ».

Comment as-tu vécu la finale de Ligue des Champions d’Athènes en 2007 contre Liverpool, lors de laquelle tu as mis deux buts ?

« Comme le moment où le rêve que j’avais en tête quand j’étais gamin s’est réalisé. Tu joues une finale de Ligue des Champions, tu gagnes 2-1, et tu as la chance de marquer les deux buts de ton équipe. Quatre ans plus tard, les supporters du Milan me parlent encore de ce match. Ce sera sans doute encore le cas dans dix ans. Il faut aussi avoir un peu de chance pour marquer des buts. Mais la chance n’est pas tout. Moi, j’ai marqué trois cent quinze buts. Si tu marques dans une seule finale, on pourra toujours te dire quelque chose. Mais si, comme moi, cette année-là en 2007, je tu marques deux buts en finale de Ligue des Champions, deux buts en finale de la Coupe Intercontinentale et un but en Supercoupe d’Europe… Tu marques cinq buts en trois matchs. Ça restera pour toujours ».

Après cette finale, Adriano Galliani a dit de toi que tu étais un « immortel du Milan ». Que ce serait à toi de décider où, quand et pourquoi arrêter ta carrière, que le club s’adapterait à ta volonté.

« Oui, ça fait plaisir. Ces victoires m’ont donné du crédit auprès de beaucoup de monde, parfois même trop ! L’an passé, j’ai gagné le scudetto alors que je n’ai presque pas joué. Avec moi, les gens ont été… Pfiouuuu… C’était super impressionnant. Ça me rend fier. Je suis une idole. Quand je me lève à San Siro, il y a toujours un vacarme incroyable. Même mes adversaires me complimentent souvent : ils me disent qu’ils aimeraient avoir quelqu’un comme moi dans leur équipe. Et les supporters de la Juve me témoignent encore de l’affection. Récemment, le Milan était en Chine. Moi je n’ai pas pu y aller, mais tout le monde m’attendait là-bas. Galliani me racontait dernièrement qu’en Chine, au Japon, j’ai des tonnes de fans ».

Pourtant, ton style ne plaît pas à tout le monde : en France, tu en énerves plus d’un.

« Oui, oui (rires). Que dire ? J’ai toujours joué comme ça, et à 38 ans, je suis toujours sur le terrain. Je suis un exemple pour beaucoup. Je ne plais pas à d’autres. Bon. Il faut accepter la critique. Mais je vais te dire, la plus belle chose, c’est qu’il s’est passé ce qui s’est passé. Les mots s’envolent, les Ligues des Champions restent. Ce qui reste aussi, c’est ma lutte contre Gerd Müller et Raul. Les dépasser en termes de buts, entrer contre le Real et changer le cours du match avec un doublé à 37 ans. Ça, ça reste ».

Une des choses qu’on dit souvent, c’est que tu mets beaucoup de buts moches. Par exemple, ton premier but contre Liverpool lors de la finale d’Athènes : tu contres la balle sur un coup-franc de Pirlo.

« Oui, j’ai un peu de chance sur ce coup-là ».

Et contre Lyon, en Ligue des Champions 2005-2006, 87ème minute de jeu. Le ballon touche deux fois les poteaux sur une frappe de Shevchenko, toi tu tombes, tu te relèves, et tu le pousses au fond. Encore la chance ?

« Ah oui, je m’en souviens. Poteau, poteau, but. Personne d’autre que moi ne serait allé vers le ballon. Moi, je savais qu’il allait y avoir poteau, poteau. Tu rigoles, mais c’est vrai. Sinon, je n’aurais pas couru vers la balle. C’est vrai que j’ai marqué des buts que les gens considèrent comme des buts faciles. Mais ces buts-là, je suis le seul à les mettre. A la limite, Trezeguet aussi. Mais pourquoi ? Parce que nous avons ce que les autres n’ont pas. Ce qui ne s’apprend pas. Ce qui ne s’enseigne pas ».

Le flair ?

« Plus que de flair, je préfère parler de compréhension du jeu et de timing. Ce n’est pas facile de savoir se déplacer sur la ligne du hors-jeu. Croire en certains ballons, ne pas croire en d’autres. Savoir partir au bon moment… Je ne sais pas comment te dire. Tu vois, je n’arrive même pas à l’expliquer, c’est pour ça qu’on ne peut pas l’enseigner. Tu l’as, tu ne l’as pas. Souvent, très souvent, je me suis effrayé tout seul en marquant des buts parce que j’avais déjà tout vu avant que ça n’arrive vraiment. Je me disais « Le ballon va arriver par là ». Et effectivement, c’est ce qu’il se passait. Tu peux améliorer des choses. Mais il y a d’autres choses, tu dois les avoir en toi. Et remercier Mère Nature ».

Qu’est-ce qu’on peut améliorer ?

« La connaissance des autres : ceux qui sont contre toi, et ceux qui sont avec toi. Moi, je connais à la perfection mes adversaires, mais aussi mes coéquipiers. Je sais que si Untel déborde, neuf fois sur dix, il va la mettre à tel endroit. Et que si c’est un autre qui déborde, cinq fois sur dix, le ballon va arriver à tel autre endroit. Concrètement, combien de fois j’ai marqué au premier poteau sur des centres de Serginho ? Il me la mettait toujours au même endroit, très fort. Rui Costa, combien de buts il m’a fait marqué, lui aussi ? Lui, il savait que je joue toujours en première intention. Et Kakà. Avec Kakà, nous avons tout gagné. Parce qu’au bout d’un moment, on se connaissait par cœur. Il savait ce que je voulais, et inversement. Avec l’âge, j’ai aussi évolué. J’ai essayé de doser mon énergie et de choisir mes appels. Avec le rôle qui est le mien, ce n’est pas facile ».

Pour marquer, tu as besoin d’être en forme physiquement ?

« Pour n’importe quel joueur, c’est primordial. Mais encore plus pour quelqu’un comme moi, car mon jeu repose sur des départs arrêtés. Je me dois d’être toujours aux aguets. Si physiquement tu n’est pas là… Si l’an passé, à 37 ans, presque 38, j’ai réussi à être important pour le Milan, à marquer deux buts contre le Real Madrid, c’est parce que je sais me gérer. On a souvent parlé de mon régime : pâtes et bresaola. Pour moi, ce sont des choses normales. Ne pas sortir le soir, ne pas se bourrer la gueule, ce n’est pas un sacrifice. Ce sont des choses normales. Souvent, quand tu vieillis, tu as tendance à penser que tu peux en faire moins qu’avant. C’est exactement le contraire. Quand tu es jeune, tu peux te permettre quelques excès. Quand tu es vieux, non. Si tu manges bien, si tu te comportes bien, si tu t’entraînes bien, alors le football te donne des joies (il ferme les yeux)… qui sont incroyables ».

C’est quoi ton rapport avec la ligne de hors-jeu ?

« Etre dans les temps. Tu peux te retrouver deux fois en position de hors-jeu. Mais la troisième fois, tu roules tes défenseurs dans la farine. Là encore, mes coéquipiers sont extrêmement importants. Avec Cassano, par exemple, je peux jouer à cheval sur cette ligne imaginaire, je peux faire le funambule, parce que je sais qu’il va me passer la balle en première intention. Quand j’étais seul en pointe avec deux milieux derrière c’était incroyable… Tout le monde jouait pour moi. En 2003, j’ai marqué trente buts ».

Ferguson a un jour dit de toi que tu étais né hors-jeu.

« (Rires) C’était une blague, qu’il m’a expliquée par la suite. Il voulait dire que je suis un obsédé, et que je suis toujours dans l’attente. L’attente du moment où les défenseurs vont bientôt se faire berner, et où je vais pouvoir marquer. Heureusement que cette règle du hors-jeu est là. Sans elle, je n’aurais pas pu exister, tous les défenseurs m’auraient attendu dans la surface… Et je ne suis pas un colosse, je n’aurais pas pu lutter, ni me battre dans les airs ».

Tu veux entrer dans l’histoire ?

« Non, non, enfin… »

Enfin quoi ? Tu veux dire que tu es déjà dans l’histoire ?

« Non… Oui… Oui, si. C’est beau, non ? C’est beau parce que je n’avais pas ce qu’avaient Ronaldinho ou Ronaldo. Mais j’ai marqué plus de buts que tout le monde. C’est une belle leçon ».

Tu as des regrets ? La sélection italienne par exemple ?

« Des regrets ? Comment pourrais-je en avoir ? Avec la sélection, j’ai marqué vingt-cinq buts en cinquante matchs, dont vingt seulement en étant titulaire. Très honnêtement, j’aurais dû jouer plus. Si j’avais plus joué, là aussi, j’aurais sans doute battu le record. Avec la Nazionale, il s’est passé des choses bizarres. Comme à la Coupe du Monde 2006, je n’ai pas compris. J’étais sans doute l’attaquant le plus en forme. Je sortais d’une saison formidable. Pareil en 2008, je venais de marquer seize, dix-sept buts avec le Milan. Je n’ai pas été appelé. Vraiment, il s’est passé des choses bizarres ».

Tu te sens champion du monde ?

« En 2006, j’ai joué vingt-cinq minutes, j’ai marqué, un but décisif, j’ai vécu une joie incroyable, puis je n’ai plus rejoué. Des choses étranges, encore. Tu sais, quelqu’un comme moi, quand il joue peu… La coupe du monde est un peu moins à moi qu’à d’autres. Mais oui, quand même, je suis champion du monde. Ça me va très bien comme ça ».

Tu n’en as plus pour très longtemps. Tu y penses ?

« Je n’y pensais pas jusqu’à l’année dernière, parce que jusqu’à ma blessure j’étais très bien. Je n’avais pas de problème. Maintenant, oui, j’y pense ».

Le jour de ta conférence de presse d’adieu, tu diras quoi ?

« Je ne sais pas, je ne sais pas… Ce sera un moment très difficile. Ne plus marquer me manquera énormément. Ne plus jouer au football me manquera énormément. Mais la vie continue, et elle continuera. Je devrai m’inventer un autre métier, mais je resterai dans le football. J’espère au Milan, car mon nom est très lié au club. J’ai un excellent rapport avec Berlusconi et Galliani. La marque Milan m’a donné énormément. Le Milan a été important pour Inzaghi, et Inzaghi a été important pour le Milan. Continuer ensemble serait beau. Je pense que je peux beaucoup donner, surtout aux jeunes. Comment vivre en tant que footballeur, comment devenir un grand professionnel, comment devenir un grand joueur. Ce genre de choses. Après, c’est sur que c’est difficile d’apprendre à devenir Pippo Inzaghi… »

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