A un peu plus de dix jours de la clôture du mercato estival, c’est peu dire que le mercato concocté par les pontes de la Via Aldo Rossi a déçu bon nombre de tifosi du microcosme rossonero. Alors que quatre nouvelles individualités sont venues se greffer à un effectif toujours aussi fourni (28 noms à la date du 19 août), la consistance du dernier mercato dirigé par Adriano Galliani déçoit et inquiète pour l’avenir.
Ainsi, Leonel Vangioni, Gianluca Lapadula, Gustavo Gomez et dernièrement José Sosa sont les quatre recrues offertes par la dirigeance Fininvest à Vincenzo Montella. Quatre paris à 25 millions d’euros, soit un Bertolacci et demi si l’on souhaite relativiser le coût exposé pour l’arrivée de ces recrues à l’accent sud-américain (ndlr, Lapadula est d’ascendance péruvienne par sa mère). Le baroud d’honneur d’Adriano Galliani laisse indéniablement un goût d’inachevé, ce qui a le mérite de rendre son départ on ne peut plus justifié pour les sceptiques de l’homme à la cravate jaune.
En effet, ces quatre recrues, y compris Gianluca Lapadula – certes auteur d’une saison remarquable sous le maillot de Pescara la saison passée en Serie B, n’offrent pour le moment aucune garantie tangible. Cependant, et dans l’absolu, aucune recrue n’étant pas issue du gratin du football mondial n’est en mesure de garantir son succès sous le maillot de sa nouvelle formation.
Mais, plus que les années passées, l’arrivée de ces quatre recrues n’a pas permis, tout du moins sur le papier, d’enclencher un profond changement dans certains secteurs clés du jeu milanais par rapport à la saison passée, dont un en particulier. Sans surprise, tout le monde aura pensé à l’entrejeu.
Moteur théorique d’un onze, le milieu rossonero a été marqué par une gabégie certaine la saison passée, entre blessures et méformes chroniques. En effet, entre un capitaine Montolivo aux abois, littéralement élevé au rang de tête de turc la saison passée, un inexistant Bertolacci, un Kucka certes combatif mais tactiquement limité, l’entrejeu milanais s’est particulièrement montré indigent.
Une rénovation partielle du onze se devait ainsi d’avoir lieu dans l’entrejeu. Mais force est de constater que cette rénovation n’a pas eu lieu. Le propos est dès lors commun à quelques encablures du lancement de la nouvelle saison milanaise chez les tifosi : ô désespoir, le Milan débutera avec un milieu à trois notamment formé par Bertolacci et Montolivo. Alors que l’on attendait un regista de qualité en mesure de remplacer Montolivo -qui plus est moyennement à son aise lors de la préparation d’avant-saison, les vicissitudes internes du club ont empêché la réalisation de cet objectif, entre finances limitées et transition pré-cession.
L’échec de la piste menant à Badelj, alternative sérieuse évoquée au poste de numéro 6, n’est toutefois pas entièrement liée au Milan, la Fiorentina ayant bloqué tout départ de son milieu vers l’un de ses concurrents directs. Cependant, le manque d’audace et de planification de la dirigeance milanaise aura été criant s’agissant du renforcement de l’entrejeu.
En témoigne l’arrivée en désespoir de cause de José Sosa en provenance du Besiktas, 31 ans, davantage appelé à évoluer dans un poste de numéro 10, soit loin du regista que l’on attendait. Dans un onze appelé à évoluer en 4-3-3, son arrivée questionne, bien que Montella ait forcément avalisé son arrivée. Mais pour un Milan qui espérait mieux cet été au milieu, cette arrivée symbolise à elle seule la période de vaches maigres traversée par le club depuis déjà trop longtemps.
Autre grief que l’on pourra opposer à Adriano Galliani au terme de ce mois d’août, la taille de l’effectif, qui n’a que très peu décru. Mettons cependant au crédit du principal intéressé les non-renouvellements des indésirables et inutiles Boateng, Mexès, Balotelli ou encore Matri. Toutefois, avec deux compétitions à disputer, à savoir le championnat et la Coupe d’Italie, la persistance d’un effectif à 28 joueurs pose problème; le poids de la masse salariale se fera de nouveau sentir cette saison. Corollairement, la difficulté à dégraisser l’effectif est l’un des éléments pouvant expliquer les difficultés milanaises de cet sur le marché des transferts. Sans départs, la marge de manoeuvre financière du club n’a pu véritablement évoluer positivement. Musacchio a notamment été espéré, mais ensuite regretté, pour cette raison précise.
En l’occurrence, Diego Lopez, Bacca, Suso, Luiz Adriano et Honda, annoncés comme partants au gré des rumeurs, débuteront bien la saison sous le maillot rossonero, et sous la peau de titulaires pour certains. Le départ de certains joueurs n’était évidemment pas souhaitable, comme ceux de Bacca, voir de Suso – à qui il sera offert une seconde chance, mais le Milan a été piégé par un cercle vicieux : sans vente, pas d’arrivée. Et ainsi de suite. Et l’arrivée de recrues clés bloquée.
L’officialisation de l’accord trouvé avec un consortium chinois pour la cession du club avait laissé espérer un regain de vivacité sur le mercato début août. Mais comme attendu, le transfert définitif de la propriété du club à ce consortium n’interviendra qu’à la fin de l’année : en attendant, à Fininvest de gérer seul son mercato, avec ses finances, aussi limitées soient-elles pour le Milan.
Néanmoins, on aurait pu espérer un gain de « crédibilité » à défaut de crédits sur le marché des transferts, ce qui aurait facilité des transferts avec option d’achat pour la saison suivante, que pourra (sauf coup de théâtre) financer le nouveau propriétaire du Milan. Cependant, il s’avère toujours difficile de conclure de tels accords dans une période précédant une cession, afin de ne pas alourdir le passif et les engagements contractuels transférés au nouvel acquéreur.
Ainsi, le cocktail constitué par des finances difficiles, une difficulté à procéder à certaines ventes, et la cession à venir du club ont empêché le Milan de véritablement gagner en qualité dans le courant de l’été. Or, les rossoneri devront impérativement décrocher une qualification européenne en fin de saison, une quatrième saison sans Europe étant tout bonnement impensable.
C’est donc derrière un onze sensiblement identique à celui de la saison passée que le microcosme rossonero devra se mobiliser, sauf surprise Gallianiesque de dernière minute, évidemment conditionnée à un ou plusieurs départs.
On ne peut désormais que souhaiter voir la patte tactique de Vincenzo Montella adoucir la peine de certains tifosi qui ont observé cet été, impuissants, les dépenses effrénées de certains clubs du vieux continent…