Cet été, le Milan a vu l’arrivée d’un des meilleurs attaquants que la planète football ait connu depuis l’avènement des années 2000 en la personne de Fernando Torres. Malheureusement, le buteur espagnol n’a su tenir son rang que lors de la première décennie du 21ème siècle avant de sombrer dans un certain anonymat. Voilà certainement la raison pour laquelle un attaquant aussi mondialement connu a posé ses valises à Milanello dans un club à la dérive et sans ressources financières pour relever la tête. Torres : surprise ou flop attendu ? Tentatives de réponse….
Fernando José Torres Sanz voit le jour le 20 mars 1984 dans la banlieue madrilène, à Fuenlabrada. Il va toucher ses premiers ballons vers l’âge de 5 ans et, à la façon d’un brésilien, va peaufiner sa technique en participant à beaucoup de tournois en salle. Il va rejoindre l’Atletico Madrid à l’âge de 11 ans pour y signer ensuite son tout premier contrat pro en 1999. Ses premiers pas chez les « grands », il les connaitra en mai 2001 face à Leganes, en Secunda Division. En quatre petits matches seulement, il parvient à marquer son tout premier but face à Albacete. La saison suivante, il sera sacré champion de division 2 espagnole, ce qui sera son seul et unique titre avec son club formateur. Pour sa première saison pleine (36 matches), il a su tromper la vigilance du portier adverse à 6 reprises.
Il découvre donc l’élite du football espagnol à 19 ans et portera par la même occasion le brassard de capitaine de son club de cœur. Pour sa première saison en Liga, El Nino réussira à marquer 13 buts, ce qui constituera son moins bon bilan pour le compte des colchoneros. Son record étant de 19 réalisations lors de la saison 2003/2004. C’est d’ailleurs lors de cette saison qu’il sera appelé pour la première fois en équipe nationale. En cinq saisons de D1 espagnole, Torres aura joué 174 matchs de championnat et marqué 75 buts.
Torres rejoint Liverpool lors de l’été 2007 contre un chèque de 38 millions d’euros, faisant de lui le deuxième joueur espagnol le plus cher du monde derrière Gaizka Mendieta, transféré en 2001 à la Lazio en provenance de Valence pour 48 M€, mais aussi le transfert le plus cher de l’histoire du club de la Mersey. El Niño, devenu The Kid, espère pouvoir étoffer son palmarès en rejoignant les vice-champions d’Europe en titre. Son adaptation (ultra) rapide à la Premier League lui permet de planter 33 buts en 46 matchs toute compétitions confondues pour sa première saison chez les Reds. Il ponctuera sa très belle saison en marquant l’unique but de la finale de l’Euro 2008 remportée par l’Espagne face à l’Allemagne. Il terminera sur la troisième marche du podium du ballon d’or 2008 derrière les deux ogres Messi et Ronaldo.
Malgré des blessures récurrentes, Torres évolue toujours à un très haut niveau. Il inscrira 17 buts pour sa deuxième saison en Angleterre en 38 rencontres. Il commencera la saison 2009/2010 en boulet de canon en marquant 10 buts lors des 11 premiers matchs de championnat avant de se blesser à nouveau. Cependant, à chaque fois qu’il est sur le terrain, le buteur ibérique, alors âgé de 25 ans, montre à tout le monde qu’il est bien un des meilleurs attaquants d’alors. Il ajoutera 8 nouveaux buts en championnat mais n’en aura joué que 11 depuis son début de saison tonitruant.
The Kid est un peu moins impressionnant lors de la saison 2010/2011. Même s’il marque tout de même 9 buts en 23 rencontres de championnat, ses prestations sont en deçà de son talent. Arrivé à Liverpool en quête de titres, il n’aura rien gagné sous le maillot des Reds qui décide de le vendre à Chelsea au mercato d’hiver contre un chèque de 58 M, profitant là d’une nouvelle « folie » financière de Roman Abramovitch.
Hasard du calendrier, son premier match pour le compte de Chelsea sera la réception de Liverpool. Titularisé en attaque aux cotés de Drogba et Anelka, il ne peut éviter la défaite de sa nouvelle équipe et les premières critiques à son égard ne tardent pas à arriver, lui qui avait affirmé lors de la signature de son contrat de «rembourser en buts les 50 millions de livres que Roman Abramovitch a investis sur lui». Il faudra attendre le mois d’avril pour voir El Niño débloquer son compteur but pour les Blues face à West Ham United. Tout le monde espère enfin que ce but – suivi d’une passe décisive 6 minutes plus tard – sera le déclic qui fera que Torres redeviendra le joueur qu’il était. Malheureusement pour les supporters, il n’en sera rien et un seul assist supplémentaire viendra gonfler les petites stats du joueur espagnol cette saison là.
Le Torres version 2012/2013 semble bien plus impliqué dans le jeu de son équipe qu’il ne l’était auparavant. Ses prestations sont plus convaincantes mais il y a toujours un bémol : le buteur ne trouve toujours pas le chemin des filets. Le nouvel entraineur de Chelsea, André Villas-Boas, lui fait confiance malgré tout et il faudra attendre le cinquième match de la saison pour voir Torres marquer son premier but de la saison face à Manchester United. Lors du match suivant face à Swansea, il marque de nouveau un but avant de se faire exclure peu avant la fin de la première mi-temps.
Depuis ce carton rouge et ses déclarations « maladroites » dans la presse au sujet de ses coéquipiers qu’il juge « vieux et lents », le champion du monde espagnol perd sa place de titulaire. Il participera tout de même à 49 matchs (3049 minutes au total) toutes compétitions confondues pour 11 buts – dont un triplé face à QPR et un double face aux champions de Belgique en phase de poules de la Ligue des champions – mais les 16 assists viennent redorer un peu son image. C’est lors de cette saison que Torres remportera ses premiers titres en club avec une FA Cup gagnée face à Liverpool mais surtout une Ligue des champions. Il gagne ensuite l’Euro avec l’Espagne en terminant meilleur buteur de la compétition. A égalité avec Gomez, Balotelli, Ronaldo, Mandzukic, Dzagoev, mais quand même …
Torres reste sur sa lancée de l’Euro 2012 et marque lors du Community Shield face à Manchester City mais ne parvient pas à faire éviter la défaite à son équipe. Lors des quatre premiers matchs de la saison, El Niño marquera par trois fois. Mais l’espagnol sombrera en même temps que son équipe. Di Matteo est limogé au profit de Benitez qui devra faire de nouveau rayonner Torres. L’actuel coach napolitain y parviendra en partie, surtout sur la scène européenne où Torres marquera 6 buts en 9 rencontres d’Europa League dont un en finale face au Benfica que Chelsea gagnera. Il totalisera 11 buts et 22 assists en 64 rencontres. Un bilan bien honorable quand on sait d’où vient le joueur. Sa dernière saison se ponctuera elle aussi avec 11 buts mais 6 assists seulement en 41 matches.
Le départ de Mario Balotelli était inévitable et surtout une bonne occasion pour le club de renflouer quelque peu son compte en banque, en se séparant d’un joueur qui fut difficile à gérer durant deux saisons. Et comme à l’accoutumée, les 20 M encaissés de la part des Reds n’ont pas été réinvestis. A la place de Destro, les supporters ont donc eu droit au prêt gratuit de deux ans de l’ancienne idole de Liverpool. Vu ses dernières prestations, il sera difficile pour l’espagnol d’atteindre le nombre de buts marqués par le fantasque attaquant italien. En 54 matchs sous le maillot rossonero, Super Mario a marqué 30 buts et réalisé 12 assists. En 172 matchs chez les blues, Torres a marqué 45 buts et délivré 35 passes décisives.
Mais le style de jeu de Torres est bien mieux adapté que ne l’est celui de Super Mario dans le rôle d’attaquant pointe dans le 4-3-3 désiré par Inzaghi. Balotelli n’a pas l’instinct de tueur devant le but contrairement à Torres qui, pour être honnête, l’a perdu au jour d’aujourd’hui. Sans parler du professionnalisme exemplaire de l’ibérique, qui est totalement à l’opposé de celui du transalpin. Le nouveau slogan du mercato milanais qui est « nous recrutons des hommes plutôt que des joueurs » tient tout son sens dans cette histoire.
Seulement voilà, cela ne suffit pas. Si Torres montre de l’envie et donne beaucoup de cœur à l’ouvrage, ses prestations sportives ne répondent pas aux attentes. Auteur d’un seul petit but pour sa première titularisation à Empoli, le natif de Fuenlabrada a montré de bonnes choses lors de ce match mais a été fantomatique lors des 40 premières minutes de jeu avant qu’il ne vienne planter son premier pion en rouge et noir d’une magnifique tête croisée. Les supporters ont alors tous espéré que Torres n’avait pas perdu tout son talent d’antan, mais force est de constater que sa bonne performance en Toscane n’ait été qu’un feu de paille à l’heure actuelle.
Même si El Niño n’est pas très présent face au but, on aurait pu croire qu’il aurait eu plus d’impact dans le jeu rossonero car, même s’il ne trouvait plus le chemin des filets à Londres, il a aussi réussi beaucoup de passes décisives. Malheureusement pour l’équipe et les supporters, ce n’est point le cas. Inzaghi a beau crier haut et fort qu’il a toute sa confiance mais lorsque votre attaquant vedette et plus gros salaire du club n’en est qu’à un seul petit but, aucun assist et une présence « fictiv »e sur le terrain en 517 minutes de temps de jeu, ça s’appelle un flop tout simplement. On peut toujours parler d’un temps d’adaptation à la Serie A, mais la vraie question est de savoir si on peut toujours considérer El Niño comme un footballeur de très haut niveau.