C’est quoi ce titre ? Pourquoi pas tête de gondole ? Parce que l’épaisseur du référent, à savoir Ricardo K., tout autant que la vie qui entoure notre bon club nécessite des réactions à la mesure de celui-ci. Un coup bancal, un coup admirable, on se passionne pour cette saga intime qui fait appelle aux malédictions ou aux forces passées. A quel prix ? L’inconstance ou le péril…bref jamais dans la demi-mesure même à la Une !
Long plan séquence : un homme au balcon brandit un maillot noir et rouge. Communication ultra huilée ou peu reluisante ? Non juste un plagiat d’une image datant de 2003. Consternation ou larmes à l’œil c’est selon : en cette fin d’été 2013, c’est un souvenir qui vient se rappeler à nous.
Depuis son départ pour la modique somme de 65 millions en 2009, le brésilien à l’ancien déhanché affolant, arrive du Real libre de droit et…bourré de fêlures pour un nouveau contrat de 2 ans. Hantise oui face à un joueur qui changé de statut (de 10 à 4 millions d’euros de salaire annuel plus bonus) et qui se cherche désespérément à l’orée du Mondial 2014 à domicile pour lequel il recherche un temps de jeu qu’il ne trouvait plus. Alors toute déclaration d’amour ou de rachat caricatural envers le club ne peut guère que provoquer l’indifférence.
Accablé par son exil c’est pourtant un retour en majesté pour le numéro 22 après avoir été accusé du crime de lèse et qui se permet un état de grâce 10 ans après son premier paraphe : fidèle à lui-même, Ricky n’est plus emmuré dans un Real Madrid digne d’un château fort bien trop haut pour lui qui au lieu de lui faire lever ses incertitudes, lui en a révéler bien des nouvelles.
Gérer l’urgence, oui celle d’un joueur qui ne sait plus trop où se situer tout en sachant que l’avenir est déjà là qu’on ne peut plus attendre. Se projeter au péril du syndrome de « l’absentéisme » a mis à mal tant de corps (dont le sien déjà à mal une vraie !) et d’esprit les saisons précédentes. Alors que le Milan n’est qu’un adepte des révolutions de salon, le genre qui donne l’illusion de consécration à venir.
L’urgence, le surgissement : la personnalité étrangement clivante et rassembleuse de Kakà a suscité des réactions controversées. On décline de ci, de là des superlatifs comme au bon vieux temps, on se rappelle qu’il a été une des forces majeurs d’un collectif d’exception aux côté des Seedorf, Pirlo et autre Inzaghi. A contrario on met aussi sur le tapis ses excès, son étalage spiritualo-mediatique, la gestion branlante de son image, les basses manœuvres de son agent qui nous a refourgué son frangin Digao loin d’être un cadeau tant au niveau du jeu que des comptes.
Bref entre manque de confiance et volonté de regagner ses galons il y a un drôle de parfum qui souffle sur ce come-back. On troque une tunique pour une autre et on promet la lune comme pour faire mieux digérer la pilule un peu amer d’un ancien top player devenu low-cost…à prix high cost.
Ce qui réunit encore le Milan et Ricardo ? Le sentiment de déclassement sans doute. On cherche des deux côté à se réinventer, à sortir d’une crise qui a mis à l’épreuve les corps, les esprits et les porte monnaies. Alliage de paumés qui se sont longtemps survendus et qui au bord du précipice cherchent la compassion. Froissés, détrônés, on fait alliance de circonstance pour surmonter des peurs millénaires. Celles d’une époque non plus « football samba » mais « paillettes, net et fric ». Angoissant, insurmontable en apparence pour éviter de se retirer du monde ou de perpétuellement fuir dans le passé, on imagine à nouveaux des années fastes.
De quoi demain sera fait, on ne le sait guère mais les mythes « force de la nature » ou redécouverte d’un specimen en voie de disparition sont le genre de spectre éloigner d’office. Le millefeuille milanais à la gestion douteuse va devoir confirmer que cet investissement un poil « vétuste » fasse encore l’affaire pour donner le tournis à ses adversaires. Pour s’affranchir d’un passé qui décidément joue les prolongations…