Dix mois. Dix mois que le nom de Bee Taechaubol est associé à celui de notre club de cœur. Après les avancées rapides des premières semaines, conclues par la séance photo commune entre le Thaïlandais et Silvio Berlusconi au sortir d’un prestigieux hôtel milanais, tout s’est (presque) arrêté. Alors que le ‘closing’ de la vente de 48% des parts du club pour 480 millions d’euros devait intervenir en septembre, puis finalement à la mi-novembre, tout compte fait en décembre, AC Milan-Zone profite de la fin de l’année pour faire le point sur les derniers bruits de couloir à ce sujet.
L’optimisme et les sourires initiaux ont rapidement laissé place au doute. En effet, alors même que Mr Bee et le Cavaliere se congratulaient mutuellement pour leur futur deal au cours de l’été, les très sérieux Financial Times et The Economist mettaient déjà en lumière l’incapacité du broker thaïlandais à réunir la somme colossale de 480M€, notamment eu égard à ses fonds propres et à ceux de ses sociétés. Quoiqu’il en soit, les émissaires de Fininvest (la société détenant le Milan) et ceux de Taechaubol ont eu l’air de se fournir suffisamment de garanties pour que le président accorde à son éternel lieutenant Adriano Galliani une belle enveloppe destinée à renforcer profondément une équipe médiocre, à la plus grande joie des tifosi.
Dès lors, tout le monde attendait avec impatience le mois de septembre pour voir l’AC Milan sous pavillon italo-thaïlandais. Finalement, sous prétexte de garanties supplémentaires devant être apportées aux banques chinoises partenaires de Taechaubol, l’affaire fût renvoyée une première fois, ce qui pouvait être acceptable étant donnée la rapidité du processus initial. Bref, rien d’alarmant, rendez-vous à la mi-novembre.
Là encore, cette entrée massive de capitaux étrangers au sein d’un des plus grands clubs au monde – tout du moins à une époque, diront certains nostalgiques – a une nouvelle fois pris du plomb dans l’aile. Entre rencontres à Arcore chez Berlusconi ou à Hong-Kong chez Taechaubol, l’affaire ne s’est une nouvelle fois pas concrétisée, repoussant à décembre la conclusion de cette vente tant attendue ! Déjà que ce nouveau renvoi devenait un peu plus inquiétant que le premier, c’est une ‘bombe’ qui a explosé au début du mois : le fonds d’investissement China Media Capital Holdings et la banque CITIC Capital, partenaires chinois de Bee Taechaubol dans son opération milanaise, ont dépensé 377M€ afin d’entrer à hauteur de 13% au capital du City Football Group, holding fondée en 2008 par le Cheikh Mansour bin Zahed Al Nahyan et propriétaire notamment de Manchester City et du New York City FC…
Que penser de cet événement ? Mr Bee a-t-il perdu ses principaux soutiens qui auraient vu en Manchester City une entreprise plus rentable que ce Milan moribond ? CMC Holdings et CITIC peuvent-ils aussi s’associer au Milan malgré leur récente dépense ? Difficile de répondre à ces questions si l’on ne fréquente pas les hautes sphères du monde impitoyable de la finance. Qui plus est, le principal quotidien financier de Thaïlande a dévoilé il y a deux jours que Taechaubol n’aurait pour le moment réussi qu’à regrouper 140M€, dont 20 issus de sa fortune personnelle, sur les 480 prévus l’été dernier !
Désormais, les rumeurs fusent de toute part : entre autre, La Repubblica rapporte que Bee se rendra de nouveau en Italie en janvier prochain afin de conclure pour le mois de mars et le South China Morning Post de Hong-Kong révèle que Bee serait le bénéficiaire d’un pacte de préférence arrivant à son terme en mai 2016 – date à partir de laquelle Silvio Berlusconi pourrait décider de trouver un autre investisseur – le contraignant donc à réunir rapidement la somme manquante.
Ce qui est déjà sûr, comme l’a affirmé Galliani, c’est que le mercato hivernal du Milan ne verra pas de grosses dépenses et qu’un dégraissage de l’effectif (Suso, Nocerino…) sera l’objectif principal. En définitive, malgré les difficultés que rencontrent Taechaubol, il semblerait difficile de croire que Berlusconi, politicien et businessman avisé, n’ait pas reçu suffisamment de garanties avant de dépenser environ 90M€ sur le mercato l’été dernier… A moins qu’il ne soit tombé sur plus manipulateur que lui. Et si, finalement, Taechaubol était un imposteur ?