Vendredi dernier s’est cloturé un mercato plein de rebondissements pour le Milan. S’il est toujours possible d’évacuer quelques éléments indésirables jusqu’au 31 août, vers des championnats dont la fenêtre mercato ne s’est pas encore fermée, nous connaissons la totalité des joueurs qui composeront l’effectif de l’AC Milan pour la saison 2018/2019, au moins jusqu’à l’ouverture du mercato hivernal en janvier prochain. L’heure est donc au bilan de ce mercato, avec son lot de satisfactions, de doutes, de craintes mais aussi d’espoirs pour la saison à venir. Pour cela, AC Milan – Zone vous propose un bilan sous forme de quelques points estimés positifs par la rédaction, mais également des éléments plus négatifs résultant de cette fenêtre de transferts.
Les satisfactions…
Depuis le départ de l’agaçant mais tout aussi génial Zlatan Ibrahimovic en 2012, le Milan peinait à se retrouver un buteur de très grande qualité, une pointure mondiale. En enchaînant des coups plus ou moins réussis (surtout moins) avec les recrutements de Giampaolo Pazzini, Fernando Torres, Mattia Destro, Luis Adriano, Jeremy Menez, Mario Balotelli ou plus récemment Carlos Bacca et Nikola Kalinic, le Milan s’est offert cet été une garantie : la fiabilité d’un buteur en capacité de marquer entre 20 et 30 buts par saison avec le recrutement de Gonzalo Higuain.
Nous reviendrons ultérieurement sur le deal qui aura permis de recruter un tel joueur, mais nous allons d’abord nous attarder sur le joueur lui-même. Gonzalo Higuain, ce n’est jamais moins de 23 buts (son total de l’an passé) toutes compétitions confondues par an depuis son arrivée en Italie, le tout suppléé par quelques passes décisives (sept la saison précédente). D’une manière générale, depuis sa dernière saison espagnole (un épiphénomène tant il a pu marquer au sein du Real Madrid, en atteste les trois saisons où il aura culminé à plus de 25 buts), il a toujours répondu présent avec un total de buts tout à fait excellent. Si on a souvent pu lui reprocher ses prestations décevantes lors de matchs à enjeu (finale de la Copa America ou de la Coupe du Monde notamment), on est forcé de constater qu’en terme de régularité, il est difficile de trouver mieux pour un club comme Milan.
L’an passé, là où nos principaux concurrents affichaient un numéro neuf de grande qualité (Dzeko, Icardi, Immobile, Mertens… et justement Higuain) alors que nous devions nous « contenter » d’un gamin formé au club et de deux déceptions, cette année, nous pourrons au moins regarder droit dans les yeux nos adversaires avec la présence d’un neuf de talent. Si l’on peut légitimement se poser la question du nombre de (bons) ballons qu’il recevra, notamment au regard des faiblesses dans le jeu collectif milanais depuis des années, il reste malgré tout une assurance nous permettant de convertir nos occasions.
Déjà présent dans les satisfactions du mercato, rare sont ceux qui auraient pu prédire un tel scénario et, mieux, que son départ puisse se retrouver dans les satisfactions du mercato 2018. En effet, après un an sous nos couleurs, il semblerait que l’appel de la Juventus soit trop fort pour notre ex capitaine et il a très vite montré des envies de départs, peu important les raisons qui l’avaient poussé à quitter Turin et Allegri. Avec un club en total reconstruction, dont la direction venait d’être modifiée et avec son capitaine souhaitant un départ, le club avait tout pour être fragilisé par cette prise de position du numéro 19. Pourtant, mené habilement par le revenant Leonardo, ce dernier a réussi à préserver les intérêts du club et a largement contribué à rendre ce deal satisfaisant pour le Milan.
Le but n’est pas ici de démontrer que le Milan sort gagnant du deal vis-à-vis de la Juventus, mais de constater simplement que le club a parfaitement réussi à se dépêtrer d’une situation fort complexe en récupérant un défenseur central ultra prometteur et donc en récupérant un top buteur européen, le tout dans le cadre d’une opération financière qui n’impacte pas énormément le bilan financier du club.
On peut sans doute regretter, voire contester l’attitude de Bonucci – visage d’un nouveau Milan en sus du brassard de capitaine – qui quitte le navire après une année seulement. Toutefois, avec des contreparties comme Caldara et Higuain, les tifosi n’ont guère pleuré le départ de l’ancien capitaine et n’avaient surtout qu’une hâte, voir enfiler le maillot rossonero par nos deux nouvelles recrues.
Problème majeur l’an passé dans la mission commando organisé par Gattuso, le mercato estival 2018 offre davantage de cartouches à notre Mister, grâce aux ventes des indésirables et aux recrutements de quelques joueurs intéressants. Nous reviendrons sur la qualité de ces éléments en détail plus tard, mais le Milan s’offre tout de même des joueurs prêts à l’emploi et différentes options tactiques possibles. Tout d’abord la venue de Tiémoué Bakayoko permet à Gattuso d’avoir (enfin) ce qu’il souhaite depuis le début, une alternative à l’Ivoirien Franck Kessié, tout en comblant le vide laissé par le départ de Locatelli puisque le Français peut faire office de six, dans un style toutefois purement défensif, loin du « regista » que l’on connait bien en Italie.
Ensuite, le club à recruter l’ailier de Villareal Samu Castillejo. S’il est un ailier droit de base, avec des caractéristiques proches de Suso, il semble plus rapide que notre Espagnol et sa polyvalence lui permet d’être une solution de secours pour différents postes. Enfin, l’Uruguayen Diego Laxalt permet au club et à Gattuso d’avoir une réelle solution de rechange au poste de latéral gauche (notamment après le départ d’Antonelli et le grave soucis médical de Strinic), tout en s’offrant la possibilité de le faire évoluer un cran plus haut.
Ajouté à cela la venue de Pepe Reina, doublure crédible d’un Donnarumma qui ne pourra plus se reposer sur son statut de titulaire indiscutable concurrencé préalablement par un Storari vieillissant et son frère au niveau douteux, ou celle d’Alen Halilovic, réel pari mais dont la capacité à évoluer sur bien des postes offensifs pourrait nous être utile, le club s’offre donc davantage la possibilité de tourner avec des joueurs (Bonaventura, Calhanoglu, Kessié) qui pourraient ne plus être sur-utilisés par Gattuso tout au long de la saison. Si l’on pourra toujours reprocher que ce n’est pas assez, que ce n’est pas suffisant, il faut reconnaître que nous aurions tous signé pour un tel mercato au moment de l’annonce de l’exclusion européenne et du flou entourant la direction chinoise.
Que c’est bon de revoir des têtes connues dans l’organigramme rossonero ! Après le cuisant échec chinois, le fonds Elliott a effacé toute trace ou presque de ce qui composait ce fameux Milan chinois, avec en tête de liste les dirigeants Mirabelli et Fassone. Exit donc les ex interisti, dont beaucoup leur reprocheront les nombreuses erreurs au cours de la dernière année civile.
Pour les remplacer, le fonds Elliott, incarné par l’homme d’affaire Paul Singer, a frappé fort et à tout d’abord fait revenir Leonardo. Personnage contesté depuis son passage à l’Inter en 2011, l’ex joueur et dirigeant milanais restait une pointure dans le milieu et était l’assurance de le voir être pertinent dans « son » club. S’il n’a pas eu faire des miracles avec un laps de temps aussi court, il a tout de même multiplié les rencontres, les rendez-vous et les tractations, avec comme meilleur résultat le fameux duel avec la Juventus suite aux volontés de Bonucci.
Mieux, il y a quelques semaines, le club a réussi à nous ramener MONSIEUR Paolo Maldini. La légende vivante du club rouge et noir revient donc au club, neuf ans après sa retraite. Alors que l’on se désespérait de voir à nouveau Maldini au sein du Milan, avec un rôle de dirigeant, le fonds Elliott a réalisé ce rêve avec le retour de l’enfant prodigue. Si des flous subsistent sur son rôle réel au sein de la direction, nul doute que le bon Paolo a bien étudié le dossier avant d’accepter un tel poste, lui qui insistait sur le fait de vouloir un poste à responsabilité et non une simple tête d’affiche pour le club.
Mais aussi quelques doutes…
C’est certain, le Milan 2018-2019 apparaît comme plus solide que la saison passée, notamment de part les possibilités sur le banc. Néanmoins on peut se poser la question de la pertinence de certains choix au regard de certains manques du club. L’arrivée de Bakayoko va permettre à Kessié de souffler, mais n’aurait il pas été préférable de chercher un titulaire à l’Ivoirien, très décevant tant tactiquement que techniquement l’an passé malgré une volonté débordante ? De plus, Castillejo apportera sans doute un plus à l’effectif, mais un ailier gauche de qualité n’aurait il pas été plus utile plutôt qu’un ailier droit de formation ?
Plusieurs questions subsistent sur les profils ciblés, notamment par Gennaro Gattuso. En effet, si l’effectif est plus intéressant, l’équipe type elle, ne semble pas radicalement modifiée, exception faite du cas Higuain. Nous observons les mêmes limites au milieu, le même contre emploi pour Calhanoglu sur son aile gauche et des prévisions qui laissent planer certains doutes sur la capacité du Milan à créer du jeu.
Bien évidemment, la marge de manœuvre du club était restreinte, le changement de la direction n’a pas aidé et il est difficile d’incriminer le club vu les rebondissements qu’il y a pu avoir au cours des derniers mois. Toutefois, nous pouvons regretter certains joueurs au vue du marché des transferts. Au milieu de terrain, il est difficile de ne pas regretter l’absence de Milan Badelj (ci-dessous sur la photo), laissé libre par la Fiorentina et qui aurait apporté une concurrence plus intéressante que Bakayoko, avec notamment davantage de qualités techniques. En outre, on peut regretter l’absence d’intérêt pour le jeune milieu Niccolo Barella (Cagliari). Si une telle opération n’aurait pas été sans risque d’échec, l’intérêt en début de mercato du club sarde pour Locatelli associé à la capacité des « petits » clubs de lâcher leurs meilleurs éléments pour des prêts payants avec option d’achat (comme Sassuolo avec Politano à l’Inter) aurait pu permettre au Milan d’accueillir un joueur qui, sans être le « rêve » Milinkovic-Savic, aurait apporté bien plus de qualités footballistiques que Kessié (ou bien même le Bonaventura difficilement revenu de sa grave blessure de janvier 2017 de la saison passée).
Sur le coté gauche, nous avons certes évité Bernard et ses prétentions salariales abracadabrantesques, mais la venue d’un ailier droit nous ferait presque regretter la non-nenue du Brésilien. Sans remettre en question les qualités de Castillejo, certains ailiers auraient pu permettre au club de se renforcer. Nous en avions parlé : Diego Perotti fut, pendant un temps, sur le départ de la Roma qui souhaitait faire de la place pour un ailier droit. Toujours au sein du championnat, avec 3 ex joueurs de l’Atalanta version 2016/2017 (4° du championnat), il n’aurait pas été inintéressant de se positionner pour Papu Gomez. L’inconvénient de l’absence de plus value possible pour ce joueur aurait été compensée par la venue d’un ailier intéressant et surtout adapté au Milan et à ce qu’il lui manque depuis un an : percussion, jeu en profondeur, vitesse d’exécution. Toujours au niveau des ailiers, annoncé pendant un temps, Quincy Promes semblait plaire aux dirigeants et aurait été un recrutement de choix vu les facultés de l’ailier de 25 ans, resté finalement en Russie. D’autres noms pouvaient être cités, l’essentiel étant ici de montrer que le club a sans doute privilégié la facilité avec le fait de se « débarrasser » d’un Bacca au salaire trop encombrant en incluant un joueur de Villarreal dans la transaction, au détriment des besoins réels de l’effectif. Dommage…
Si cette donnée pourrait être modifié d’ici le 31 août prochain, à l’heure ou nous écrivons ces lignes, l’effectif rossonero est encore imposant, tant au niveau du nombre de joueurs que de la masse salariale qui en découle.
30 joueurs, 32 si nous comptons également les probables promotions de Raoul Bellanova et Emmanuele Torrasi : c’est trop pour un effectif qui ne peut se permettre d’avoir autant d’éléments sous contrat. Avec notamment quatre portiers, sept latéraux (bien que la situation de Strinic puisse justifier le choix de Laxalt) ou encore six centraux, cela fait beaucoup de monde pour peu de places et il serait opportun de continuer le ménage entrepris par un Leonardo dépassé par tant de contrats à dispositions, même s’il a tout de même réussi à se défaire de Bacca, Gomez, Silva, Kalinic, Gabriel, Vergara et Antonelli en peu de temps.
Difficile ici d’incriminer la direction, tant cette situation résulte avant tout des erreurs passées. Néanmoins, nous ne pouvons qu’espérer que cette situation se régule prochainement, avec notamment les départs d’un gardien, de Stefan Simic ou bien encore de José Mauri, éternel lofteur au sein du club.
L’objectif du club est tout aussi clair qu’il est difficile. Le Milan souhaite ardemment retrouver la plus grande des compétitions européennes, une compétition à laquelle il n’a plus participé depuis Février 2014 au soir d’une élimination madrilène face à l’Atlético. Cela fera donc cinq saisons que la coupe aux grandes oreilles n’offre pas de billet d’entrée au club aux sept victoires, une éternité pour le Milan.
Toutefois, passé ce sentiment de nostalgie, la question est de savoir si ce Milan est en capacité d’accrocher le top 4 et ainsi faire son retour pour la saison 2019-2020. Rien n’est moins sûr.
La Juve paraît hors d’atteinte avec son recrutement XXL, les rivaux interisti montrent certes depuis des années une certaine irrégularité mais ont eu un mercato de très grande qualité pour leur permettre d’accrocher la Champions League chaque année. Quant aux dernières places, il faudra donc au Milan de passer devant deux équipes parmi la Lazio, la Roma et le Napoli.
Mission difficile, très difficile. La Roma a eu un mercato assez agité, avec quelques jeunes promesses mais aussi des départs inquiétants, tandis que le Napoli a misé sur la stabilité mais ne s’est guère renforcé (perdant même son talentueux regista Jorginho, embarqué pour Londres par Sarri). Toutefois, outre la qualité de ces effectifs, sans doute supérieurs sur cette fameuse donnée qui est « sur le papier », il faudra devancer des clubs qui, depuis la chute des deux clubs milanais, enchaînent les podiums à la pelle (cinq sur les six dernières éditions pour les deux équipes !) et ont l’habitude de parvenir à cet objectif. Les plus optimistes y croiront, de notre coté nous vous avouons nos craintes quant à l’idée de doubler au moins un de ces deux concurrents qui présentent des qualités supérieures aux nôtres et qui profitent en plus de cela d’une culture du résultat qui échappe au Milan depuis tant d’années.
En outre, nous n’oublions pas le fait de devoir maintenir au minimum le niveau de la saison précédente, mais également de doubler la Lazio, équipe trop souvent sous-estimée par les différents médias alors qu’elle vient de terminer une deuxième saison consécutive à la cinquième place et n’a quasiment pas perdu de joueurs au cours du mercato estival. Si l’effectif laziale présente moins de certitudes et de qualités, il ne faudrait pas sous estimer une équipe parfaitement organisée par Simone Inzaghi et qui restera un adversaire redoutable.
Messieurs les joueurs, à vous de nous faire mentir !