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Pirlo : « Mon départ : un signe du destin »

Pour le quotidien turinois « la Stampa » et juste avant le Trofeo Berlusconi, l’ancienne gloire du milieu de terrain milanais revient dans une longue interview sur son départ de Lombardie, ses ambitions. Paroles d’un numéro 21 dont les mots ne changent pas mais qui ose contredire son ex-direction. Que du plaisir.

Dix ans en une nuit. Andrea dans quel état d’esprit serez vous ce soir à San Siro avec le maillot de la Juve?

« J’éprouverai beaucoup d’émotion mais tôt ou tard cela devait arriver que j’affronte le Milan. Mieux vaut que ce soit maintenant. »

Il a y eu une entrée à Bari, jeudi soir. Comment cela s’est passé ?

« J’avais l’impression de rester à Milanello pour un match d’entraînement. Pour lever l’embarras nous l’avons botté en touche. »

Aucune nostalgie ?

« Les rapports avec les amis ne se brisent pas avec un déménagement. »

Un départ du Milan ne réussit jamais à personne : Shevchenko et Kakà sont restés muets depuis. Pourquoi en être arrivé là ?

« Parce que je devais changer : chaque jour était toujours devenu le même et j’avais besoin de quelque chose qui me redonne une motivation. »

En février on disait que le Milan allait faire table rase de ceux qui étaient en fin de contrat. Vous, Seedorf, Inzaghi, Nesta. Au final, les autres sont restés et vous non. Galliani ne vous a pas dit pourquoi vous ne rentriez plus dans les plans de jeu d’Allegri ?

« Quand j’étais disponible j’ai joué. Simplement, je ne suis pas aller au siège pour discuter de mon renouvellement : j’avais choisi de partir »

Quand l’idée de la Juve est-elle née ?

« En février. Ma dernière blessure a renforcé ma décision : je n’avais jamais eu de problèmes et soudain il m’arrivait une blessure après l’autre. Je l’ai pris comme un signe du destin »

Pourquoi la Juve, sans les Coupes vous pouviez jouer moins ?

« J’ai été ravi qu’elle soit en Coupe d’Europe : c’est une belle cause de s’user à y jouer chaque trois jours. »

On s’attendait à ce que vous choisissiez l’étranger et pas une vieille ennemie du Milan. Est-ce que cela vous effraye une expérience hors de l’Italie ?

« Non, il y a deux ans j’étais sur le point de partir à Chelsea et j’y serais allé sans problèmes avec ma famille. Berlusconi m’a bloqué. »

Cette fois il n’a pas essayé de vous arrêter ?

« Il m’a téléphoné mais la situation était différente : à la fin du contrat je pouvais me décider. Il a compris et m’a souhaité bonne chance. »

Quel Milan-Juve vous a le plus marqué en tant que rossonero ?

« La finale de Manchester, le sommet de notre confrontation. La Juve était forte mais je savais que nous avions 50 % de possibilité »

Et le match que vous n’auriez pas voulu jouer?

« Celui du but de Trezeguet à San Siro qui donne le titre de champion. Nous sortions d’une demi-finale face à Eindhoven, nous étions cuits. »

Vous croyez que le rapport de force puisse se rééquilibrer en un an ?

« Passer de la septième place au titre de champion est un immense challenge cependant on doit essayer de le faire. De toutes les manières. »

Pendant les années dorées, au Milan vous vous vantiez de gagner avec le spectacle pendant que la Juve gagnait avec la solidité.

« Maintenant les tendances se sont inversées. Allegri tâche de construire une équipe forte comme l’était la Juve de Capello et Conte choisit la qualité technique et du jeu, comme Ancelotti le voulait. »

Peut-être avec trop d’ouverture ?

« Si les deux pointes et les deux extérieurs courent je ne vois pas le problème »

Pour vous, il y a la perspective de travailler le double.

« Ce n’est pas la première fois que je reste dans un milieu à deux. Ce fut aussi le cas en Nazionale avec le 4-2-3-1, même si jouer avec une pointe ou avec deux change les choses. »

Avoir à ses côtés Gattuso ou ne lui pas l’avoir doit faire la différence aussi. Vidal peut s’approcher de lui ou c’est un joueur à la Perrotta ?

« Il me semble être un compromis : il joue aussi comme milieu plus extérieur »

Votre Juve en trois définitions ?

« Organisée dans les mouvements répétitifs jusqu’à l’ennui. Toujours prête à faire le jeu. Forte dans la possession de balle. »

Le défaut actuel ?

« Conte répète que la vitesse des échanges ne doit pas devenir une obsession qui porte à la faute. La maitrise technique va régler cela. »

Quel type d’homme est Conte ?

« Dans la philosophie il me rappelle Ancelotti, dans les attitudes il est très semblable à Lippi : pour lui l’équipe est un bloc qui doit rester compact aussi vers l’extérieur. »

Est-ce que ce mercato modifiera la hiérarchie du championnat ?

« Ca changera peu parce qu’il n’y a pas eu de grands chamboulements : les grands joueurs vont ailleurs parce qu’ici il y moins argent. Je pense que le Milan prendra encore un milieu et l’Inter quelqu’un qui remplacera Eto’o. »

À la place d’Eto’o , vous accepteriez pour l’argent de vivre à Moscou et de jouer dans une des contrées les plus dangereuses et oubliées d’Europe?

« Des propositions semblables j’en ai eus aussi mais c’est ce n’est pas le football. Je préfère à nouveau me mesurer dans le football professionnel, et puis 20 millions par an, alors que beaucoup ne gagnent pas 2 lires ici. »

Enfant vous vous inspiriez de Platini et Baggio, deux grands de la Juve. Vous n’étiez pas un tifoso bianconero?

« J’étais interista cependant Platini c’était le modèle auquel je voulais ressembler. Puis Zico, Baggio, Maradona. J’étudiais leurs coups-francs. »

Toujours des numéros 10. Est-ce intimement votre rôle ?

« On peut me faire jouer partout mais je me sens un 10, l’homme par lequel passe l’action. Pourtant je ne l’ai jamais porté et pas parce qu’il « pèse ». J’ai commencé avec le 21 à Brescia et je n’ai plus voulu changé »

Vous restez toujours dans l’ombre. Un hasard ou un choix ?

« Mon périmètre est le terrain et le vestiaire. Le reste ne m’intéresse pas : les interviews ne me plaisent pas, je ne fais pas de publicité et d’émissions télé. Je ne fréquente pas Facebook, je ne « chat » pas sur Twitter, je n’ai pas de site Web même s’il y en a qui s’ouvre à ma place et avec ma photo. Les gens deviennent fous maintenant. Je suis allé chez un avocat pour me défendre mais il semble que ce soit peine perdue. »

Lippi a dit : « Pirlo ne parle pas, il laisse ses pieds parler pour lui. »

« C’est la meilleure description que j’ai eu. »

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