Les mercati se suivent et se ressemblent pour les tifosi rossoneri, habitués depuis quelques années aux achats low-cost. Ce mercato hivernal n’échappe pas à la règle avec des recrues arrivées on ne sait trop comment à Milanello. Mais quand le manque de rigueur et le recrutement pour recruter s’invitent aux côtés des restrictions budgétaire drastiques, les transferts du Milan ne sont plus de qualité et pire, ne font preuve d’aucun respect envers cette illustre institution.
Les dirigeants milanais avaient habitué leur tifosi à des mercato sans grandes dépenses ou compenser par une grosse vente (« Quelqu’un arrive seulement si un joueur part »). Mais la dernière session de transferts, qui vient à peine de s’achever, dépasse tous les records : 4 recrues -5 si l’on compte le retour de prêt de Petagna- pour une dépense totale de 0€. Zéro euro dépensé, deux transferts gratuits (Honda et Essien) et deux prêts avec option d’achat (Rami et Taarabt). Outre la tristesse de ce chiffre et la vérité, même si on la connaissait déjà, qu’il met en lumière (Milan n’a plus les moyens de mettre plus de 5 millions cash sur la table pour recruter un joueur), certains auraient tendance à se dire que ce mercato est un énième coup de génie de Zio Galliani. Avec un budget inexistant, ce dernier arrive une nouvelle fois à ramener des joueurs à San Siro. Mais là où ils se trompent, c’est que la qualité laisse une nouvelle fois à désirer (même si l’on a connu pire). Mais là où le bât blesse véritablement, c’est avec la dernière recrue en date : Adel Taarabt. Un nouveau Bad boy à la grosse tête vêtira le maillot milanais.
« Rejoindre le Milan AC, même si le club n’est pas dans une bonne période, pourrait m’ouvrir les portes de grands clubs comme le Real ou le Barça »
En un an, beaucoup de choses peuvent changer. Les déclarations des joueurs en font parties et Adel Taarabt l’illustre parfaitement. En décembre 2012 déjà, son nom est associé au Milan AC qui souhaite l’enrôler. Le marocain déclare alors « Rejoindre le Milan AC, même si le club n’est pas dans une bonne période, pourrait m’ouvrir les portes de grands clubs comme le Real ou le Barça ». Un an plus tard, et après son arrivé sur le sol italien, son discours a totalement changé « Je suis honoré de pouvoir jouer dans le meilleur club du monde ». Rien que ça. Où sont donc passés les grands clubs comme le Real et Barcelone ?
Voilà donc où on en est aujourd’hui. En plus de recruter un joueur moyen, qui n’a rien prouvé au haut niveau, à prix d’or (ou du moins, à un prix élévé dans les temps actuels pour les rossoneri), le Milan accueille en son sein un joueur qui a critiqué l’image du club et qui le considère comme un club moyen. Certes, sur le fond, il n’a pas totalement tord; le Milan n’est plus le Milan du début des années 2000 mais de là à être un club tremplin quand même. Qui plus est, on accepte que ce joueur prenne le numéro 23. Vous savez l’ancien numéro d’un joueur qui a passé 18 années au club, qui en devenu le capitaine et qui en a été mis à la porte comme un mal propre. Certes pour beaucoup, cela ne veut pas dire grand-chose, on ne va pas refuser de donner tel numéro à tel joueur. Mais pour d’autres, certains numéros reflètent une histoire, un passé, un idéal type de joueur. Alors ils mériteraient d’être transmis à des joueurs qui le méritent, qui ont des valeurs et qui surtout, respectent l’emblème qu’ils défendront chaque semaine. Le Milan est passé de joueurs qui respiraient la classe et le professionnalisme à des pseudos Bad boys. Les temps ont changé, et là est la grosse différence.
Le Milan AC a aujourd’hui perdu ses valeurs. Des valeurs qui en avaient fait l’un des (si pas le) meilleur(s) club(s) au monde et surtout, une institution respectée de tous. Le transfert de Taarabt n’est qu’une preuve supplémentaire de ce tournant pris par le club depuis quelques années. Il est évident qu’il ne peut plus rivaliser sur le plan financier avec des clubs qui disposent de fond quasi illimité, mais cela n’empêche pas pour autant de mettre ses principes de côtés et d’accepter n’importe qui dans le club ou d’y faire n’importe. Recruter pas cher et malin c’est possible, plusieurs clubs l’ont prouvés. Pourtant, Galliani s’obstine à recruter des joueurs indignent de porter un maillot qui a connu tant de gloire et de grands joueurs. Dès lors, les mauvaises saisons que connait actuellement le club ne sont pas des surprises. Lorsque l’on vend ses meilleurs joueurs et qu’on recrute des joueurs low cost sans honneur ni valeurs pour les remplacer, il ne faut pas s’attendre à grand-chose. Beaucoup auraient accepté le projet jeune que le club « avait » instauré, car les joueurs auraient été formé au club et afficheraient un attachement à ce maillot. De plus est, ce n’est pas la qualité qu’il manque dans le vivier milanais, De Sciglio et Cristante le prouvent. Mais les dirigeants préfèrent aujourd’hui, et comme toujours, recruter des joueurs à un âge avancé avec une condition physique incertaine.
Un sentiment amer habite aujourd’hui bons nombre de tifosi rossoneri, à juste titre d’ailleurs. La transition ne s’est pas faite entre l’ancienne et la nouvelle génération qui aurait permis de conserver les valeurs du club. On a l’impression que ce dernier s’y prend trop tard pour rattraper ce qu’il n’a pas fait il y a quelques années, quand les sénateurs ont volé vers d’autres horizons, en essayant de rapatrier les grands joueurs d’antan (comme Seedorf) pour qu’ils inculquent les valeurs qui avaient fait la réputation du club. Mais là encore, le boulot est loin d’être fait de la meilleure des manières. Pourquoi propulser Seedorf entraineur alors qu’il n’a aucune expérience lorsque l’on a Inzaghi qui a appris (et plutôt bien appris) en primavera ?
Pourquoi laisser partir un joueur comme Ambrosini qui pouvait encore apporter son expérience sur et en-dehors du terrain ? Pourquoi offrir le brassard de capitaine à Montolivo alors que d’autres joueurs présent au club depuis bien plus longtemps étaient plus légitimes que lui ? Beaucoup d’interrogations et peu de réponses. On ne peut qu’attendre et voir comment les choses évolueront, comment le club va entreprendre son nouveau tournant (la prise de pouvoir de Barbara Berlusconi au détriment de Galliani). Une transition doit se faire c’est évident, car le club est sur une pente descendante, mais revenir aux bases de son succès pourrait être une solution. Ce qui est certain, c’est que le chemin est encore long et qu’on ne reverra jamais le désormais ancien Milan.