Révélation inattendue de ce début de saison, Gianluigi Donnarumma n’en finit plus de surprendre. A tout le moins, de confirmer la précocité et le talent qui lui sont attribués depuis son arrivée en trombe au sein de la primavera de Cristian Brocchi la saison passée. A tout juste 16 ans et 8 mois, le portier azzurro (sélectionné chez les U21 de Di Biagio pour la première fois la semaine passée) fait mieux qu’assurer l’intérim d’un Diego Lopez en délicatesse sur le plan physique.
En effet, le Milan semble avoir trouvé en le natif de Castellammare di Stabia (dans la province de Naples) SON Gianluigi Buffon. La comparaison est tentante, au regard de la carrière vécue par l’actuel portier bianconero. Toutefois, nulle pression inutile ne pèse sur les épaules du principal intéressé, comme il l’a confié à la Gazzetta dello Sport, qui lui a consacré une longue interview dans son édition du jour. Dont voici l’essentiel…
Gigio, vous rappelez-vous du moment où Mihajlovic vous a dit que vous débuteriez ?
« C’était le jour précédant le match face à Sassuolo. Il m’a appelé dans le vestiaire, il m’a fait un bref discours, et il m’a communiqué son choix ».
Votre réaction ?
« L’émotion a été forte. Au départ, je n’ai pas compris pourquoi il m’a fait jouer. D’habitude, je garde mes émotions, mais ce fut difficile ce jour là. Après l’entraînement, j’ai directement appelé mes parents, qui sont ensuite partis de Castellammare (ndlr, ville de naissance de Donnarumma), pour venir me voir jouer. J’ai ensuite ressenti des émotions particulières dans le bus qui nous emmenait au stade. Puis, je suis entré sur le terrain, et le match débuta ».
C’était votre rêve ?
« J’ai toujours souhaité être gardien. Depuis tout petit, je demandais à être aux buts. J’ai ensuite naturellement souhaité gagner des trophées important, mais mon rêve, je l’ai déjà réalisé ».
Qu’est-ce qu’il vous manque par rapport à Castellammare ?
« La famille et les amis. Et la pizza : quand je retournerai à la maison, j’en mangerai une directement…
Mon père, Alfonso, et ma mère, Maria, viennent quand ils le peuvent à Milan, mais ma soeur, Nunzia, est encore à Castellammare. Ma mère a été triste de me voir partir, comme l’avait déjà fait mon frère Antonio (ndlr, le frère aîné de Gianluigi, passé par la primavera milanaise entre 2005 et 2010, actuellement remplaçant au Genoa). Cependant, ils m’ont laissé suivre ma voie. Ils souhaitent seulement que j’obtienne un diplôme, ce qui est également fondamental pour moi. »
Vous étudiez la comptabilité. Comment arrivez-vous à gérer école et football ?
« Cela dépend des horaires. Si j’ai entraînement l’après-midi, j’ai la possibilité d’aller en cours le matin ».
Vous vivez en internat depuis que vous avez 14 ans. N’avez jamais vous pensé à tout lâcher pour retourner à la maison ?
« Les trois premiers jours, oui. Mais je m’y suis habitué ensuite ».
Quel a été votre premier terrain ?
« Un terrain en terre près de la maison. Y réaliser des plongeons m’a également plu ».
En tant que gardien du Milan, vos stades ont été jusqu’à présent : San Siro, et l’Olimpico de Rome. Samedi, vous irez au Juventus Stadium. La pression existe t-elle ?
« Je ne la sens pas. Certes, San Siro est majestueux, et on peut y ressentir un peu de pression. Il y aura une grande ambiance au Juventus Stadium, mais je ne suis pas préoccupé ».
Comment faites-vous pour ne pas prendre la grosse tête ?
« A 16 ans, ce n’est pas facile, mais mon caractère m’aide. Je suis quelqu’un de tranquille, qui réfléchit ».
Même pas la folie d’un jeune de 16 ans ?
« Je sors le soir avec les amis, nous allons au Duomo. Mais je ne fais aucune folie, je dors encore en internat, et cela me convient bien. On me demande maintenant des autographes et des selfies, mais ça me plait ».
Vous êtes considéré comme le successeur de Buffon, qualificatif qui a déjà été utilisée pour d’autres gardiens comme vous. Cela vous fait plaisir, ou pensez-vous que cela puisse vous porter malchance ?
« Cela me fait très plaisir, même si je ne pense pas au futur à l’heure actuelle : je souhaite seulement travailler et m’améliorer jour après jour ».
Buffon fête aujourd’hui ses 20 ans de carrière en Serie A. Voulez vous lui transmettre un message ?
« Je souhaite avant tout le féliciter pour sa splendide carrière. J’espère échanger mon maillot avec le sien samedi soir. Jouer contre Gigi me donnera une motivation supplémentaire. Mais je souhaite surtout gagner le match. Si possible, sans encaisser de but… »
Où vous voyez-vous d’ici 20 ans ?
« Qui le sait… je dois seulement penser à préserver mon poste dimanche après dimanche. Surtout que j’ai deux grands champions devant moi, comme Diego Lopez et Abbiati ».
Vous pouviez aller à l’Inter, mais vous avez fini au Milan.
« J’ai fait mon choix seul car je suis milanista, et parce que mon frère avait joué ici ».
Quelle a été la difficulté majeure à laquelle vous avez été confronté lorsque vous êtes passé au football des « grands » ?
« Chez les A, le football se pratique différemment. J’ai dû rapidement m’habituer ».
Votre plus belle parade ?
« Celle face à Grossi de l’Atalanta : une parade du pied, pendant que je plongeais de l’autre côté »
La plus belle parade que vous ayez vu ?
« Elle a eu lieu au Juventus Stadium l’an passé : celle de Diego Lopez sur un tir de Marchisio. Incroyable ».
Votre modèle, quel est-il ?
« Neuer : impossible de ne pas l’admirer ».
Vous signerez vous peu votre premier « vrai » contrat. Votre agent est Raiola. Etes vous prêt à gagner beaucoup d’argent ?
« Je n’y pense pas, puis je n’ai pas encore l’âge pour acheter une voiture ».
Berlusconi vous a t-il dit quelque chose en particulier ?
« Il m’a complimenté pour ce que je suis en train de réaliser ».