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Milan Lab

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Année 2000. Redondo est acheté au Real Madrid pour environ 25 millions d’euros. De suite, tous les médias, bien poussés par une direction rossonera fiers de son acquisition, s’accordent à dire que le transfert ne peut être que le coup de la prochaine décennie en Europe. Lors de la saison précédente, il avait aidé Madrid à gagner la Champions League, ce qui a accru l’excitation autour de sa signature (et de son prix).

Vous vous rappelez du troisième but madrilène à Old Traford de Raul, réalisé après la désormais fameuse Redondo ? C’est lui qui annihilera toutes les tentatives de Roy Keane au milieu du terrain et reste le grand précurseur de la victoire de la maison blanche. Et là, une arrivée à Milan va tout changer : seulement 16 matches en 4 ans passés au club. Milan est voué à ne plus dépenser d’argent sur un joueur en attendant de ne pas avoir les infrastructures suffisantes adéquates à un club de cette trempe.

Ce sont les débuts du MilanLab est c’est ainsi que Milan se forgera une réputation précoce mais ancrée dans les mœurs italiens : celle du meilleur centre médical de la péninsule, voire de l’Europe… Et pourtant… MilanLab High Tech est le Centre de recherche scientifique mis en place par l’AC Milan avec une forte motivation, opérant depuis Juillet 2002, et est basé à l’intérieur du Centre sportif Milanello. Le but de cette installation de pointe est d’optimiser la gestion de la psycho-physique des athlètes, en confiant cette tâche à MilanLab, qui représente la combinaison « idéale » de la science, la technologie, l’informatique, la cybernétique et de la psychologie… Belle entrée en matière isn’t it ?

En se concentrant sur les attributs psychologiques et physiques des joueurs, le Lab préserve l’idée que chaque joueur est unique et qu’il doit avoir un suivi très précis sur sa période rossonera, ainsi que ses antécédents. Organisé autour d’un chiropracteur et un praticien belge de la kinésiologie appliquée, les objectifs du laboratoire sont de réduire les dommages que peut encourir un footballeur par une analyse complexe de chacun de ceux-ci. De quelle manière ? En choisissant tout sur le joueur, y compris son type des chaussures et de vêtements qu’il porte. Chaque détail fait la différence et selon une entrevue faite au Financial Times, un membre de l’équipe du MilanLab estime qu’il y a eu une réduction des dommages psychologiques de 90%.

Le laboratoire de Milan a une influence énorme sur les investissements futurs (en terme humain) et sur le choix du peloton. Nombreux sont les choix qui se décident quant à la philosophie de MilanLab (si tant est qu’elle en ait une !). Mais il représente aussi un coût énorme pour le Milan AC qui doit toujours plus renflouer les comptes du MilanLab qui ne demandent que ça pour être à la pointe du moment. Les données sont si détaillées nous dit-on qu’on peut prévoir le jour exact à partir duquel un joueur doit se reposer pour éviter une blessure.

Et la majorité de ces informations sont rentrées dans les ordinateurs du laboratoire grâce à quelques petites sessions lors de l’arrivée du joueur effectuées par des logiciels – créés en association avec Microsoft -. Dès lors, on peut se demander jusqu’où on peut repousser l’intimité des joueurs dans ses derniers retranchements, avec un suivi qui en devient grotesque quand blessure il y a ?

Mais si vous regardez les âges du premier peloton d’équipe, la physio- salle a sûrement joué un rôle dans le maintien au « top » pour la plupart de l’équipe, et de tous les joueurs pas si jeunes que ça… Un système qui se veut préventif par sa précision de tous les risques hypothétiques de blessures et de pépins physiques soient évincés. L’information recueillie est donc accessible à travers la création de « tableaux de bord de contrôle » qui lorgnent sur l’état de l’équipe et de celui individuel du footballeur. Le centre de recherches nécessite donc des systèmes de logiciel à la pointe tout le temps, qui permettent de recueillir ponctuellement une analyse de toutes les données des athlètes. C’est surtout cet aspect là qui coûte énormément d’argent : la mise à jour des logiciels de Microsoft…

Prenez Ronaldo par exemple, avant ses problèmes atroces, le Brésilien a semblé être sur le chemin du renouveau pondéral et de la forme physique qui lui permettraient de récupérer probablement sa pleine condition. Milan a découvert que Ronaldo a eu l’hypothyroïdisme qui cause une quantité insuffisante des hormones créées par la glande thyroïde. En français ça donne quoi ? Milan a découvert pourquoi Gronaldo portait si bien son nom. En 5 mois, Milan l’avait aidé à perdre 5.5kgs.

Est-ce que ceci prouve l’efficacité du laboratoire lombard ? Naturellement non. Au cours des dernières saisons, Serginho, Ambrosini, Maldini, Kaladze, Borriello et Nesta ont subi de très longues blessures, ainsi où Milan se retrouve sans ses installations alors ? Si le logiciel complexe était si performant, pourquoi ce genre d’accident ne seraient pas prévus à l’avance ? Car on parle bien de blessures « indirectes » qui ne sont pas dues à un choc particulier avec un adversaire (cela étant bien entendu imprévisible).

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Vous l’avez compris, ce laboratoire mise aussi bien sa gestion des joueurs sur leur physique que sur le mental (bien que l’un et l’autre apparaissent tous deux liés finalement). Mais alors, en quoi consiste vraiment ce Lab ? Car tout n’est pas artificiel, il y a bien une partie fonctionnelle. Vous avez raison de poser la question, et voici une partie de la réponse.

À la base de Milanlab il y a une volonté de compréhension de la vision qui domine la santé comme un état total physique, mental et social, le bien-être qui dépend de l’équilibre des trois niveaux fonctionnels : (neuro) structurels, biochimiques et mentaux.

  • Domaine (Neuro) structurel : c’est basé sur l’approche chiropratique qui met l’accent sur la capacité intrinsèque de l’organisme de récupérer sans intervention chirurgicale. La chiropratique est l’art de soigner avec les mains et se concentre sur les systèmes nerveux et musculo-squelettique.
  • Domaine biochimique : le corps est considéré comme un physio-chimique-biologique, en mettant l’accent sur la biochimie qui se produit dans l’organisme au cours de l’exercice. Termes techniques qui ne sont pas évidents à définir : en gros, pilules, gélules, et autres médicaments (non douteux, du moins on l’espère) sont intégrés dans cette partie des soins made in MilanLab.
  • Domaine mental : l’étude et le suivi de l’état psychologique de l’athlète, en profitant de « la salle de l’esprit » comme on la surnomme (non non, nous ne sommes pas dans Fantômas), un bijou dans l’installation qui permet de détendre les joueurs et de soulager le stress. La formation mentale dure 20 minutes et a lieu après chaque session de formation. Le programme permet à un maximum de huit joueurs en même temps de faire usage de confortables sièges ergonomiques en affichant des images alors que la détente du joueur est surveillée par les psychologues par l’intermédiaire d’électrodes miniatures posés sur la tête des athlètes d’envoyer un signal à partir du cuir chevelu à un ordinateur. Le « Monstre » qui fait subir ce traitement aux joueurs se nomme Docteur Bruno Demichelis, sorte de Professeur Miloch dans Blake et Mortimer, le psy milanais est le maitre des lieux de l’installation pour améliorer le taux de récupération des joueurs entre les matchs et leur offrir des possibilités de surmonter le stress négatif. Imaginez « Il Capitano » jouer dans Matrix et vous vous retrouvez en l’espace d’un instant au MilanLab…

La première semaine pour un nouveau joueur est une formalité : un dentiste, un kiné, un podologue, des tests d’allergie… et autres exercices de souplesses. Et puis, plein d’images. Toutes les deux semaines : résistance à un test mental, avec une observation du mouvement de l’œil (le temps de réaction, sens de l’espace, la reconnaissance des couleurs), la réponse musculaire à la stimulation du nerf, le test labyrinthe. Toutes les quatre semaines: tests de dextérité, exercices physique et un peu de vélo !

Le psy explore chaque tendon, chaque fibre musculaire, et son ordinateur lui donne les zones sensibles pour éviter une blessure. La cuisine, c’est même l’ordinateur. Eh oui, au XIXème siècle, c’est plus la cuillère à soupe mais la souris optique. Chaque acteur a une clé électronique, qui contient toute la vérité sur son corps. Mettez-le dans le gymnase avec un appareil le contrôlant : si c’est vert, vous pouvez circulez, sinon, direction le poste pour plus ample connaissance.

Le moindre joueur milanais assiste donc à des sessions avec un psychologue afin d’évaluer le niveau de motivation, la maîtrise de soi, l’agressivité, etc… « On peut quand même nous mentir. On peut déterminer l’expression du visage du joueur, mais pas son ressenti intérieur» explique Bruno Demichelis qui semble un peu déçu. Heureusement qu’une certaine intimité est conservée. Quand un joueur quitte l’équipe, il a le pouvoir d’exiger la destruction de leurs données.

MilanLab bénéficie des dernières avancées et des logiciels de technologie de pointe actualisés en temps et en heure. C’est sans doute une des particularités les plus curieuses de ce complexe. En conclusion, le système d’intelligence artificielle collecte et traite les informations sous forme d’un mécanisme automatique qui possède la capacité «d’apprendre» à travers le processus de mémorisation de données, les facteurs qui peuvent provoquer une blessure à un joueur. MilanLab se veut être un complexe multi-disciplinaire de recherche et de développement qui doit être tourné vers l’avenir, en tirant parti des données tirées des expériences passées.

Dans ce cadre, Milanlab a développé des partenariats de recherche avec les plus prestigieux centres de recherche internationaux: SENSEable City Lab du Massachusetts Institute of Technology (MIT) à Boston (USA); Le ministère de la bio-ingénierie de l’Université de Louvain-la-Neuve (Belgique) et le Centre de recherche en épistémologie et l’application des connaissances (CRESA) de l’Université Vita-Salute San Raffaele.

Les noms, pas besoin de retenir, mais quand on voit ça, on est en droit à se demander si le Lab ne vire pas du bord sportif à un autre plus inconnu et risqué pour les intérêts du club. L’humain et le sport doit retrouver son importance. D’autant plus quand on voit la liste des blessés à Milan, alors qu’on n’arrête pas d’accueillir à Milanello des joueurs de toute l’Europe (Espagne notamment). Une notoriété à conserver, elle qui fut acquise en étant centre de soin de la Nazionale en plus de celui de Pise depuis son ouverture…

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