C’était le grand jour, celui que tout un peuple, toute une ville attendait. Mieux, ce derby était pour la première fois depuis des années marqué par un enjeu autre que la suprématie de Milan. Troisième au classement, un point devant le rival interiste, le Milan disputait un match au très net parfum de Ligue des Champions tant le résultat de la rencontre pouvait être décisif pour les deux équipes. Mieux encore, la défaite romaine contre la SPAL rendait ce choc doublement décisif, avec un écart significatif sur le cinquième pour le vainqueur de ce duel. Malheureusement, pris par l’enjeu, la qualité des joueurs adverses ou par un plan tactique plus cohérent, le Milan s’est logiquement incliné (une nouvelle fois) dans ce derby, lui qui ne l’a plus remporté en championnat depuis trois longues saisons. Retour donc sur les individualités qui auront marqué, en mal, ce derby della Madonnina.
Les notes de cette rencontre* :
Donnarumma – 5.5 : Habituellement impérial, Gianluigi nous a rappelé qu’à 20 ans, on pouvait aussi être rattrapé par l’enjeu de la rencontre. Une bien mauvaise entame marquée par une belle erreur d’appréciation sur l’ouverture du score. Il ne peut rien sur les deux buts suivants mais semble tout de même moins serein, notamment dans son jeu au pied, pourtant en nette amélioration sur ses dernières sorties.
Calabria – 4.5 : Il peut s’estimer heureux de ne pas être en première ligne sur le banc des accusés sur les buts encaissés, tant sa prestation fut pour le moins désastreuse. Des erreurs d’inattentions impardonnables à ce niveau-là, associées à une passivité gênante défensivement font que Davide a réalisé un derby des plus mauvais. Si son concurrent direct ne semble pas remis de sa longue absence, il va falloir très nettement s’améliorer si il veut garder cette place dans le onze de départ.
Musacchio – 6.5 : S’il y en a un à sauver sur le match d’hier en défense, c’est bien lui. Malgré les catastrophiques prestations de ses coéquipiers, il s’est bonifié au fil des minutes et à été le meilleur milanais. Buteur, il nous offre également un sauvetage miraculeux sur un excellent Martinez et ce alors qu’il semble pourtant battu au départ. Belle prestation de l’Argentin.
Romagnoli – 5 : On peut dire que le capitaine a très mal choisi son moment pour redevenir humain. Prestation à oublier pour Alessio. S’il n’est pas le seul fautif sur le premier but (quelle passivité générale !), il perd en revanche son duel face à De Vrij en début de seconde période, ce qui conditionne totalement la suite de la rencontre. On connaît tous son niveau mais c’est aussi dans ce genre de rencontre qu’il peut le montrer aux autres. C’est raté pour cette fois.
Rodríguez – 4.5 : Rodríguez fait une bonne saison, Rodríguez est solide. Oui mais quand Rodríguez rate son match, il ne le fait pas qu’à moitié. Tout a été de travers dans cette rencontre, de sa qualité de passe à son placement défensif. Comme pour la grande majorité de nos joueurs, prestation à oublier. Remplacé par Cutrone, auteur d’une entrée intéressante et pleine de combativité, il aurait même pu offrir l’égalisation en toute fin de rencontre.
Kessié – 3.5 : Catastrophique de A à Z, à tous les niveaux. Défensivement, il prend l’eau comme tout le milieu en première période, ne réalisant aucune action salvatrice pour l’équipe. Offensivement, il n’a absolument rien apporté et semblait littéralement perdu sur le terrain. Son bref passage en latéral droit s’est avéré tout aussi peu concluant et c’est en toute logique qu’il cède sa place. Il arrive toutefois à être encore plus mauvais une fois sorti, par une attitude honteuse pour un joueur du Milan vis-à-vis de son coéquipier Biglia. Remplacé par Conti, qui aurait pu prendre son carton rouge qui ne souffrait d’aucune contestation. Reviens vite à ton meilleur niveau, s’il-te-plaît.
Bakayoko – 6.5 : Docteur Jekyll et mister Hyde. Très difficile de noter le Français tant il a été horrible en première période et excellent au retour des vestiaires. Sur la première période, son placement hasardeux contribue grandement au trou énorme dont a bénéficié Vecino, qui n’a jamais été embêté sur les 45 premières minutes, sans oublier les manques techniques avec une qualité de passe toujours aussi limitée. Un des plus désastreux après 45 minutes, il devient le meilleur joueur milanais de la seconde période et se réveille de la plus belle des manières par son but. Dans un rôle de double pivot, il a été essentiel au Milan à ce moment du match, profitant d’une baisse de régime des cousins pour mettre à mal leurs offensives. Il est d’ailleurs dommage de n’avoir vu Bakayoko que sur cette période, tant il nous aurait évité de prendre l’eau en première mi-temps en évitant son pressing ridicule et en solidifiant davantage le milieu. 0.5 point de plus pour l’attitude, l’un des rares qui semblait savoir qu’il jouait un derby.
Paquetá – 4.5 : Comme ces deux autres coéquipiers du milieu, il a totalement pris l’eau. Croqué par l’entrejeu de l’Inter, il n’a quasiment jamais su se mettre en avant, hormis sur quelques actions en une touche de balle. Il doit d’ailleurs davantage jouer de la sorte car il a perdu quelques ballons très dangereux lorsqu’il ne le ressortait pas vite. Remplacé par Samu Castillejo – 6 : Comme à son habitude, l’ailier est difficile à analyser et à noter. Il n’est pas sans rappeler Deulofeu chez nous de par sa percussion et sa vitesse. Son action où il déborde par un grand pont Borja Valero est appréciable tant il est rare de voir un milanais profiter de sa vitesse pour dépasser un adversaire. Par contre, comme souvent, il confond vitesse et précipitation et manque cruellement de lucidité. Le penalty concédé n’est que le reflet de cet excès d’engagement qui flirte avec fréquemment avec un cruel manque de lucidité.
Suso – 4.5 : Nouvelle prestation insipide de l’Espagnol. L’un de nos meilleurs joueurs sur la phase aller est en train de devenir un des pires. Que cela soit du à la réflexion sur sa prolongation (la mérite-t-il seulement ?), à un pépin physique ou à un problème dont nous n’avons pas connaissance, le fait est qu’il fait peine à voir. La comparaison avec Politano en face fait mal tant nous avons vu un ailier droit offensif, percutant et imprévisible alors que nous avons eu droit à l’habituel Robben du pauvre.
Piątek – 5.5 : Difficile de lui reprocher quoi que ce soit, tant sa note doit refléter le nombre de ballons qu’il a eu au cours de la rencontre. Il avait De Vrij ou Skriniar sur le dos (quand ce n’était pas les deux) et n’a quasiment jamais été bonne position. Il a du se sentir très seul ce soir.
Çalhanoğlu – 6.5 : En difficulté en première période, il aura été en revanche très important pour l’équipe une fois repositionné dans l’axe. Il a apporté de la qualité technique et une certaine vision du jeu, offrant une bonne et surprenante association avec Bakayoko dans le 4-4-2 hybride offert par Gattuso en seconde période. Par contre son misérable corner en fin de rencontre, plus jamais. Prend également un petit bonus, comme pour Bakayoko, pour son attitude sur le terrain.
Gattuso – 4.5 : C’est comme s’il nous avait rappelé ses propres limites, celles de ses joueurs et de son effectif en une seule rencontre. Il ne réussit donc pas la passe de six victoires consécutives en championnat et de quelle manière. Dépassé et battu par la tactique interiste, il n’a pu que se réajuster en fonction du score. Son approche du derby est mauvaise, son organisation au milieu a été lamentable (quel intérêt de positionner Bakayoko très haut alors que le milieu prend facilement l’eau ?). On peut toutefois lui reconnaître une approche plus offensive et risquée en seconde période, marqué notamment par l’entrée de Castillejo. Pas assez toutefois pour remporter un derby qu’il perd logiquement. Son objectif reste à portée de main et il faudra qu’il maintienne cette 4e place. En revanche, il faudra montrer davantage de jeu la saison prochaine (si l’objectif est atteint bien évidemment).
* Moyenne italienne à 6/10