Qui de mieux au monde pourrait s’exprimer sur les malheurs du Milan que le grand Paolo Maldini ? Avec cette période noire que traverse « son club », la Gazzetta a su récolter en exclusivité ses pensées et, comme à son habitude, l’ancien numéro 3 rossonero n’y va pas avec des pincettes et critique, à juste titre, l’absence de projet et l’administrateur délégué du club Adriano Galliani :
« Cette situation dramatique a commencé lorsque plusieurs joueurs avec une mentalité de gagnant ont fait leurs adieux au club. La dirigeance semble penser au jour le jour et pas ce qui se passera demain. Les achats doivent être réalisés en fonction de la spécificité de jeu. Les achats à paramètre zéro, ça peut passer une fois mais pas deux.
Il n’y a pas de directeur sportif dans ce club. Lorsque Leonardo a poussé pour que je devienne directeur sportif, Galliani lui a répondu que c’était une idée dépassée. Il n’y a plus de bandiere, hormis Filippo Galli et Mauro Tassotti et l’adieu probable de ce dernier serait un dommage incroyable. Mon impression est que le club a jeté à la poubelle tout le travail effectué lors des dix dernières années. Voir tout ce travail détruit me rend fou »
Il enchaîne ensuite en déclarant que le gros problème au Milan est de nature structurel, où Galliani se sent tout-puissant et sans volonté à s’ouvrir à l’arrivée de collaborateurs qui dans le passé ont fait la fortune du club. Pourtant, il était à deux doigts d’enfin rejoindre son club de cœur mais en vain :
« J’ai parlé deux fois avec Barbara. J’aurais du être le successeur de Galliani. Mais je n’ai plus eu de nouvelles par la suite. Galliani est un excellent dirigeant mais le Milan à besoin de personnes qui travaillent au niveau du sportif. Par exemple, lorsqu’un entraineur dit qu’un joueur comme Pirlo n’est plus utile à l’équipe, vous devez avoir des gens qui soutiennent l’idée que Pirlo est un patrimoine du club et qu’il est impensable de s’en passer d’un point de vue sportif. Tous les succès du club ne sont pas uniquement dus à Galliani. Il ne doit surtout pas oublier qu’il y avait un groupe qui savait tenir un vestiaire. »
Il a par ailleurs évoqué l’avenir de ses deux anciens compagnons de jeu, à savoir Seedorf et Inzaghi, mais aussi évoqué le cas Balotelli, pris en grippe par les supporters :
« Seedorf ? Il y a un gros risque qu’il se brule les ailles. Inzaghi ? Il fait un excellent boulot au niveau du secteur jeunes et c’est bien là le principal. Balotelli ? Comme Pato, il n’est pas encore un champion. Mais il est faux de faire reposer toutes les échecs sur lui. S’il jouait dans une équipe plus structurée, ce serait une autre histoire. Il pourrait faire ce saut de qualité dans un équipe comme la Juve où il existe un projet spécifique. »
Le légendaire numéro 3 rossonero s’est ensuite exprimé sur le cas Galliani, au travers d’une analyse particulièrement criante de vérité :
« Les résultats ne dépendent jamais d’une seule personne. Galliani est l’élément central du club, que ce soit sur le plan sportif ou non. La différence est qu’avant tout, au Milan, il y’avait un groupe fort qui savait gérer le vestiaire. Si quelqu’un ne filait pas droit, nous arrivions à le remettre dans le droit chemin. Vous pouviez penser à juste titre qu’il y’avait seulement Galliani, mais il y’avait une synergie d’hommes avec de bonnes compétences, plus que les investissements de Berlusconi. Le départ de beaucoup de joueurs qui avaient une mentalité conquérante a fait que tout s’est écroulé par la suite ».
Un départ de Galliani ? Une question à laquelle il répond positivement, en filigrane :
« Ce n’est pas à moi de le dire, je pense que quand on se sent omnipotent, on ne comprendra jamais que les résultats que l’on a obtenu l’ont été grâce aux autres également. Pour gagner, il faut des idées, un projet, et une grande passion. Au Milan, seule la passion est restée. Et cela ne suffit pas ».
Enfin, il conclut son entrevue avec la Gazzetta par quelques mots à propos de Berlusconi :
« La situation actuelle nous fait comprendre qu’il n’est pas très impliqué. Le Berlusconi que j’ai connu nous donnait diverses indications sur le plan sportif ».