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Les « vieux » à Milan : Tout un art…

– Ciao, on m’a dit que vous cherchez des joueurs

– Exact, quel est votre poste ?

– Milieu de terrain, quand est ce que je passe un essai ?

– Quel age ?

– 34 ans
– Hum… vous recevrez une lettre. 
Si on était sociologue, on pourrait dire que le monde du football est comme la société. Marche ou crève, tu n’as pas le droit a l’erreur, et tu vas là où il y a le plus d’argent. Un autre phénomène se présente, le problème de l’âge. Si à partir de 50 ans, ta vie est considérée comme finie pour bon nombre d’entre nous, dans le football, la barre fatidique est placée selon les mœurs, le plus souvent à 30 ans. Peu importe ton talent véritable, ce que tu as pu apporter humainement et surtout sportivement à ton équipe et à tes supporters, l’inconscient fait qu’on a peur d’un joueur âgé. Va-t-il se blesser, va-t-il tenir 90 minutes, ne va-t-il pas être trop lent pour ses adversaires. Même si ce cliché s’appuie légitimement sur ce qu’on peut constater, le fait est qu’on généralise et surtout qu’on veut d’une manière peu élégante, virer tout les gars qui dépassent un certain âge, jusqu’à considérer que le véritable talent d’un footballeur, est son âge.

Trêve de pamphlet, concentrons-nous sur le Milan et l’âge, car ceci est une part de notre identité, que ses tifosi le veuillent ou non. Rare sont les joueurs cadres du Milan, devenu indésirables et bradés avant la fin de leurs contrats. Ainsi, on préfère, si leurs niveaux déclinent, les garder en qualité de remplaçant, plutôt que de les remplacerimmédiatement par des jeunes, et cela jusqu’à leurs retraites. Ce fut le cas des Mauro Tassoti, Daniele Massaro, Serginho, voir même Alessandro Costacurta.
Si les « vieux » conservent un niveau objectif de titulaire, on les conserve également, à l’instar des Maldini et Baresi ou même d’un Cafu.
Mais comme le rappelle souvent Adriano Galliani, « on ne retient jamais un joueur qui veut partir. ». Rentrent dans cette catégorie des joueurs qui avaient souvent envie de défis dépaysants, Roberto Donadoni, Marcel Desailly, Zvonimir Boban ou alors de finir à la maison, avec des Frank Rijkaard et Rui Costa. Et ce fut également le cas dans notre histoire moderne avec trois joueurs. Ruud Gullit, Andriy Shevchenko et Kaka. Pour les tenants et aboutissants de ces derniers, évitons de radoter…

Cette version un peu « humaniste » du management s’applique aussi aux joueurs blessés, de très longue durée. Un Fernando Redondo, qui reste un nom amer pour les tifosi milanisti, recruté à son apogée pour près de 20M€, n’a jamais pu disputer un match entier sous les couleurs rouge et noir. Multipliant les blessures, la direction ne va néanmoins pas le lâcher et laissera à sa disposition, le Milan Lab, jusqu’à ce que le génie argentin se fasse une raison et s’aperçoive 4 ans plus tard, qu’il ne reviendra jamais à son niveau, cette histoire rappelle quelque peu celle de Dejan Stankovic.

Les deux ont eu le droit à de bons adieux, tout comme Zvonimir Boban, qui a reçu l’éloge d’un San Siro garni pour lui rendre hommage tandis qu’il a pris sa retraite…sous les couleurs du Celta Vigo.

Pour Ibrahim Ba, l’histoire est encore plus touchante. Recruté à prix fort pour le débaucher de Bordeaux, l’ailier ne va jamais convaincre sportivement. Après avoir beaucoup bourlingué, c’est au cours de l’année 2007 qu’il reprend des contacts avec la structure Milanaise, qui l’accueille ensuite pour un ultime contrat d’une saison, en jouant une ultime fois pour le diavolo au cours d’un match de Coppa Italia. Silvio Berlusconi l’appellera même son « porte-bonheur ».

Revenons en maintenant à aujourd’hui, à l’heure ou certains tifosi demandent drastiquement le départ de tous nos cadres ayant dépassé leur âge de péremption. Qui sont les joueurs spécialement visé ? Giuseppe Favalli, Clarence Seedorf, Gennaro Gattuso, Pippo Inzaghi, et la paire Oddo-Zambrotta. Certains vont même plus loin en disant que Christian Abbiati, âgé de 32 ans, doit être remplacé pour préparer l’avenir. C’est vrai qu’il sont minables… ces gardiens de plus de 30 ans.

Sur le plan strictement sportif, que peut-on reprocher au jour d’aujourd’hui à ces joueurs, hormis Oddo-Zambrotta et Gattuso dans ces circonstances? Favalli a réussi malgré ses 38 printemps, à tenir la baraque de manière plutôt convaincante sur ces dernières journées. Pour rappel, ce fut également le cas l’an dernier, lorsque la paire Maldini-Favalli allait en seconde partie de saison, corriger les errements défensifs de la paire Maldini-Kaladze de la première moitié, pour se reclasser deuxième meilleure défense de la Série a… (14 buts encaissés en seconde partie du championnat). Clarence Seedorf, malgré une endurance déclinante, continue d’imposer sa patte et surtout d’être décisif, ou concrètement, il débloquera des situations compromises face au Bologna ou plus récemment contre le Chievo. C’est lui aussi, qui, au terme d’un match de très grande classe, permit au Milan de repartir de Marseille avec les 3 points en Champions. Pippo Inzaghi si décrié pour son âge, prouve que si on lui fait confiance, il peut toujours marquer. Les partenopei pourront en attester. 
Au final, rien d’extraordinaire, ils font simplement leur boulot. Certes, aucun de ces joueurs là ne sera classé dans les 30 pour le Ballon d’Or, mais qu’est ce qu’on en a à faire? Le mythe de la jeunesse est là pour faire le malin dans les bistrots, se la raconter devant les potes, et l’utiliser en argument pour dire que son club est meilleur que celui du voisin. Mais au delà du fantasme sur le futur, un grand club est un club qui obtient des résultats au présent. Et malgré nos soucis économiques et nos erreurs sportives, nos vieux nous permettent de jouer le campionato, tandis que les blessures (pas nécessairement des vieux joueurs), et les choix loufoques de notre coach nous ont conduit à la perte en Champions. Bien entendu, on ne peut pas baser toute une équipe sur des joueurs chevronnés et en perte de vitesse physiquement parlant, mais on ne peut également se baser que sur des joueurs jeunes, comme en atteste le cirque qui se réunit toutes les deux semaines à l’Emirates Stadium. 
L’amalgame jeune- « vieux » est la savante solution qui permet aux grands clubs de perdurer dans la performance et surtout de remporter des compétitions. Ainsi, faisons preuve d’un peu plus de maturité et de classe, quand aux joueurs de plus de 30 ans et regardons les comme les autres. Car un joueur comme Robert Pires nous prouve encore que c’est le mental et l’envie, qui, mêlé au talent indéniable fait un grand joueur, et non les deux chiffres numériques sur sa carte d’identité.
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