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Les finances du club : focus sur le nerf de la guerre…



Ce n’est un secret pour personne : Milan doit se serrer la ceinture. Les difficultés financières du club ne sont pas désastreuses mais elles sont assez importantes pour que la dirigeance y prête attention. Si le fair-play financier (FPF) n’entrera qu’en vigueur lors de la saison 2014/2015, la première période de surveillance est prévue pour la saison 2013/2014, soit cette saison. Nous allons essayer de comprendre ce qui cloche dans les comptes du club.
 

1. Le Milan paie trop bien ses joueurs !


Avant de rentrer dans le vif du sujet, il est nécessaire de faire quelques précisions sur ce qui va suivre. Tout club de sport de fonctionne comme une entreprise : le Milan génère de l’argent, et en dépense. Les principales sources d’argent sont :
  • La billetterie (la vente de tickets, d’abonnements) ;
  • Les revenus commerciaux (le sponsoring, les ventes de maillots…) ;
  • Les droits TV (nationaux et européens) ;
  • Les ventes de joueurs.
Pour ce qui est des dépenses, on peut citer :
  • Le salaire du personnel ;
  • Les dépenses diverses (location de San Siro, achat de matériel, …) ;
  • L’achat de nouveaux joueurs (amortissement) : l’amortissement est le processus d’écriture des frais de transfert d’un joueur sur un laps de temps. Le taux d’amortissement est calculé selon le rapport frais de transfert / années de contrat. Prenons comme exemple Zlatan Ibrahimovic.  Il est arrivé au Milan pour 24 M et y a signé un contrat de 4 ans. Le taux d’amortissement du joueur est donc de 24 / 4 = 6 M par an.

Assez bavardé,  place aux chiffres ! Le tableau ci dessous montre les 7 derniers bilans financiers du Milan. Il faut préciser que les bilans sont réalisés tous les ans et non toutes les saisons comme dans la plupart des autres clubs. Le premier total indique le montant des rentrées d’argent, le deuxième, les dépenses.

Tableau des rentrées d’argent :

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Tableau des dépenses entre 2006 et 2012 : 

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Tableau des pertes/profits entre 2006 et 2012 : 

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Ce qui frappe dans ce tableau,  c’est que le club n’a su engendrer de bénéfices qu’une seule fois en 7 ans. C’était au cours de l’année 2006 avec un bénéfice de près de 3 M€ (certaines sources augment cette somme jusqu’à 11M€). Cela fait donc 6 années consécutives que le club dépense plus d’argent qu’il en génère. Pire, si nous analysons les trois meilleurs bilans, on remarque que le bon résultat dépend en grande partie de la vente de stars : Sheva à Chelsea en 2006 pour 50 M, Kakà au Real pour 68 M (ainsi que la vente de Gourcuff à Bordeaux pour 14 M) et enfin le pack Ibra-Silva l’année passée, pour près de 60M€.

A noter que l’axe Milan-Genoa a permis aux rossoneri d’empocher 30 M € en 2010 et en 2011 dont 17 M rien que lors de la deuxième année : 9,9 M pour Merkel, 3,3 M pour Pasini, 2 M pour Sampirisi et 1,8 M pour Sokratis, transféré à Dortmund cet été. 

« Mais tous les grands clubs perdent de l’argent ». Ce n’est pas totalement vrai. Cela se vérifie en Italie où Naples est le seul grand d’Italie qui réussi à être bénéficiaire chaque année. Ce qui prouve bien qu’il est tout à fait possible d’obtenir de bons résultats en ayant une bonne gestion financière. Les nouveaux grands clubs d’Europe sont également en déficit, mais le Bayern vient de réaliser 20 années de bilans consécutifs dans le vert par exemple.

La situation financière des clubs allemands est au beau fixe grâce au suivi des dépenses par le fédération allemande de football. Le Real réalise lui aussi des bilans positifs grâce à ses énormes rentrées financières mais sa dette est astronomique : on parle d’un montant de plus de 500 M€ de dettes totales…

S’il y a bien une chose à régler tout de suite (ou du moins, le plus vite possible), c’est la masse salariale qui est intenable pour un club ayant un chiffre d’affaire comme celui du Milan. La masse salariale des rossoneri était de 132 M€ en 2006, et a continué à augmenter pour atteindre son pic le plus haut en 2011 et culminer à 206 M€ alors que le club a engrangé 257 M€ (sans les plus-values) lors de la même année, soit la deuxième plus grande masse salariale de toute l’histoire de la Serie A derrière les 234 M€ de l’Inter lors du triplé historique de 2010. Cela veut donc dire que 80 % du budget a été dépensé dans le versement des salaires aux joueurs.

Heureusement, la masse salariale a diminué de plus de 20 M depuis l’année passée, soit à 183 M€. Pour le budget de 2013, il faudra retirer les salaires des six derniers mois d’Ibrahimovic ainsi que celui de Thiago Silva, soit une quinzaine de millions d’euro d’économies. La baisse s’est ainsi confirmée en 2013, avec la récente publication de la masse salariale pour la saison qui vient de débuter : 105M€ seront dédiés cette saison pour le versement des salaires. Les plus hauts émoluments atteignent les 4M€ annuels, perçus concomitamment par Mario Balotelli, Ricardo Kakà, et Philippe Mexès (sic).

A titre de comparaison, les masses salariales du Real, du Barça sont évaluées à plus de 200M€, tandis que celle du Bayern était de 156 M€. Bien évidemment, ces trois clubs génèrent bien plus d’argent que le Milan. En 2012, le Real a passé la barre des 500 M€ de revenus (512 M€) alors son rival catalan n’a gagné « que » 483 M€. Le champion d’Europe en titre bavarois a quant à lui gagné 368 M€ (sans les plus-values sur les ventes de joueurs).

Autre donnée importante avec l’avènement du FPF, l’instauration d’un pourcentage salarial à ne pas dépasser. En effet, il ne faut pas que la masse salariale du club dépasse 70 % des revenus. Et dans « revenus », l’UEFA exclut les plus-values sur les transferts. Si pour des clubs comme le Real, Barcelone ou le Bayern, ce rapport ne pose pas de problèmes (le rapport est de 54 % pour la bande à Messi et de +/- 45 % pour les deux autres clubs cités), il n’en est pas de même pour le Milan. Si en 2011, les salaires représentaient 80 % du chiffre d’affaires, le pourcentage tombe à 66,6 % pour l’année dernière. Même si le club est en-dessous de la limite des 70 %, il ne faut pas crier victoire trop vite. En effet, pour être vraiment viable, la masse salariale de chaque club devrait représenter la moitié du chiffre d’affaire du club en question.



2. Augmenter les rentrées financières : pas si facile que ça en l’état actuel des choses.


Milan est le club qui possède le plus grand chiffre d’affaire en Italie devant le double champion en titre turinois. Voici le classement des 20 clubs de football les plus riches ainsi que la manière dont se répartissent leurs rentrées financières (source Deloitte) :

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Cependant, cette place de leader en Italie appartiendra (très) bientôt au passé car la Vieille Dame devrait très prochainement dépasser les rossoneri grâce à leur flambant neuf Juventus Stadium. Pour que le Milan puisse réellement augmenter ses recettes, il faudrait que le club devienne propriétaire de San Siro. C’est une nécessité pour faire face au FPF (et aux grands clubs européens). Et pour cause : depuis que le Bayern possède son nouveau stade, son chiffre d’affaire a augmenté de 60 M€. Prenons l’exemple de la Juventus : les turinois ont déboursé 150 M€ pour le construction de leur stade car la plupart des fonds provenaient de sources extérieures.

Milan a signé un bail de 30 ans et paie un loyer annuel de 4 M€ à la ville de Milan pour pouvoir jouer à San Siro. Milan va dépenser 120 M€ sur la même période, et ne sera toujours pas propriétaire de son stade alors que la Juve sera propriétaire, moyennant une rallonge de 30 M€. Galliani a bien essayé de racheter San Siro mais le prix demandé par le conseil de la ville milanaise était trop élevé, de sorte qu’ils ont plutôt tourné leur attention vers la modernisation du stade afin de développer un « stade élite » prêt à accueillir la finale de la ligue des champions 2016.

Sinon, pour ce qui est des rentrées financières au point de vue des droits TV et commerciaux, le Milan s’en sort honorablement par rapport à la concurrence européenne. Mais le bat blesse en ce qui concerne la billetterie où les top clubs européens gagnent deux à quatre fois plus que le Milan. Il aussi dire que les matches en Angleterre ou en Allemagne se disputent dans des stades pleins contrairement à ce qu’il se passe en Italie.



3. La dette du club diminue mais est toujours bien présente.


Tout cet argent perdu chaque année a, bien entendu, permis de faire gonfler la dette du club comme le montre le graphique ci-dessous :

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Le club a réussi l’exploit de doubler sa dette en l’espace de… trois ans uniquement. Depuis 2009, la dette diminue petit à petit. Mais comment est-ce que la dette peut diminuer alors que Milan est déficitaire chaque année ? Et bien, grâce à l’intervention du président Berlusconi. Beaucoup de supporters ont critiqué le président, mettant en cause son absence d’investissement dans le club, mais ce qu’ils ne ignoraient (à juste titre, d’ailleurs), c’est que Silvio Berlusconi a comblé les déficits avec l’argent sorti de sa poche.

L’argent ne servait pas à acheter des joueurs, mais à éponger la dette toujours plus grande du club. Vous me direz, il ne fait ici que réparer les erreurs commises sous sa direction, mais rien ne l’obligeait à sortir près de 150 M€ en deux ans pour combler cette dette. Enfin, on voit aussi que les ventes d’Ibrahimovic et de Thiago Silva ont uniquement permis de diminuer la dette du club, et non pas de recruter. Autre paramètre pour le FPF : la dette du club ne peut excéder 100 % du chiffre d’affaires. Depuis 2012, Milan répond à cette condition.


4. Conclusion…


L’après 2007 a été très mal géré par la dirigeance rossonera. Les prolongations à tire-larigot accompagnées de salaires disproportionnés ont fait grossir la dette du Milan. Ensuite, il y a eu le période « low cost » où le club a fait une indigestion de joueurs gratuits venus de tous horizons (avec le succès que l’on connait). Si les Taiwo et consorts n’ont rien coûté au niveau transfert, ils ont tout de même été grassement payés par rapport à leur apport à l’équipe. Depuis la saison 2007/2008, le Milan n’a remporté qu’un seul scudetto en ayant chaque année le plus grand budget d’Italie. L’argent ne fait pas tout, mais il y avait réellement moyen de mieux faire.

Heureusement, des mesures d’austérité ont été prises, et le club semble à présent sur la bonne voie. Parmi ces mesures, il y a notamment la désir de réduire l’effectif (ce qui n’est pas encore prouvé par des faits) pour augmenter la compétitivité de l’équipe, mais aussi par  l’instauration d’un plafond salarial (qui n’excède pas 4M€ annuels), la prolongation annuelle pour les trentenaires et un rajeunissement de l’effectif.

Néanmoins, le club a l’air d’avoir changé son fusil d’épaule. Après une politique « low cost » à court terme, le club semble se diriger vers un projet à long terme en faisant confiance aux jeunes et avec une envie de former ses propres champions de demain. Reste à voir si le club ne se dirige pas vers une politique « Arsenal style » : former de jeunes joueurs pour les revendre à prix d’or quelques années plus tard ou encore, d’avoir dans quelques années les 3/4 de l’effectif au plafond salarial fixé par le club.



Sources : www.acmilanfinance.com, tifosobilancio.it, www.deloite.com, swissramble.blogspot.be/2012/05/milan-warning-signs.html

  • nesta09

    A part miser sur la formation je vois rien d’autre et surtt recruter tres jeune.le milan est parti sur quelques annee de galère afin de ce refaire financièrement….j’espère au plus vite……forza ac milan a vie.

  • Mika

    Bon article sur les finances, il calmera surement ce qui pensent encore que Milan peut investir des millions sur le mercato et qui balancent des noms a dormir debout, sans savoir la situation du club. Il faut racheter San Siro et miser sur la formation et la jeunesse…Encore bravo pour cette métamorphose du site.

    • Gold

      Racheter San siro c mort on parle d’un investissement de plus de 200M(au moins)
      Et vu les finances c mort mais à long terme ce serait parfait !

  • Cafu

    Top ce site, merci bcp les amies, FORZAAA LA FAMILLIA ROSSOONEERRA

    FORZAAA MIIIILAAANN

  • Andrea

    C’est clair le site est génial mais va falloir que je mis face
    chui un peu pomet là 😉 !!

  • scred54

    C clair vraiment bien merci à tous ceux qui travaillent autant pour nous fournir un site d’aussi bonne qualité

  • Forza Milan à vie! !

    Top le boulot pour le site, bravo aux administrateurs, en espérant que les fouteurs de troubles seront plus facilement localisable. Forza Milan à vie! !

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