L’endiguement milanais
Surprise, exploit, miracle, le Milan a vaincu le FC Barcelone sur le score de deux buts à zéro lors du match aller des huitièmes de finale de la Ligue des champions, le 20 février dernier. Un succès acquis haut la main par l’équipe rossonera devant son public face à une équipe adverse fébrile, sans solution contenue par un bloc milanais imperméable.
Une rencontre préparée et une tactique préméditée d’une main de maître, car en effet l’enseignement fondamental que l’on peut tirer de ce match est la maitrise et la justesse tactique de l’équipe d’Allegri. Ce dernier a fomenté subrepticement et intelligemment le plan anti-Barça, à l’abri des projecteurs et de la pression des médias, et affranchi du statut de favori. C’est peut-être le match tactique le plus abouti de l’ère Allegri, car face à un adversaire si puissant considéré comme la meilleure équipe d’Europe, le groupe d’Allegri n’a encaissé qu’un seul et unique tir cadré, une frappe lointaine et sans danger d’Iniesta facilement capté par Abbiati. Offensivement aussi et lors des phases de possession, les joueurs d’Allegri ont maîtrisé leur sujet. Deux buts ont été marqués et le jeu mis en place par les rossoneri s’est révélé efficace. Un match référence pour Allegri qui sort vainqueur de son duel face à l’entraîneur barcelonais, mais aussi un match qui lui permet d’acquérir un mérite et une notoriété. Cette victoire, c’est avant tout la sienne et avant le début du match, rares sont ceux qui auraient déclarés haut et fort une victoire rossonera.
L’analyse tactique dudit match s’impose ainsi : comment le Milan a-t-il réussi à venir à bout de Barça ?
La variante dans la tactique d’Allegri s’observait notamment dans les phases défensives de l’équipe. Un repli défensif rapide, rigoureux et ordonné était effectué par les onze joueurs milanais qui se plaçaient selon le schéma tactique indiqué. Un placement adéquat et perspicace comme le montre la photographie ci-dessous. Deux rideaux de fer sont apparents fermant ainsi les espaces aux joueurs barcelonais. Cela permet de ce fait de surveiller de manière permanente les techniciens et dribbleurs barcelonais et effectuer si besoin un marquage ou une prise à deux.
Les deux rideaux formés par les joueurs rossoneri
Par ailleurs, le pressing exercé sur l’adversaire est aussi révélateur de la dextérité de la tactique d’Allegri. Face au Barça, connu pour son jeu propre et technique, le pressing agressif et haut peut se révéler comme une possible solution, néanmoins ce pressing implique une grosse perte d’énergie et un risque à l’exposition à l’arrière-poste en cas d’échec de la technique. Allegri a en conséquence opté pour une autre forme de pressing, un pressing plutôt bas mais qui permet à l’équipe de renforcer les rangs en défense et empêcher l’adversaire de se montrer dangereux. Le porteur du ballon dans sa moitié de terrain est rarement pressé par les joueurs milanais mais ne trouve pas de solution ou de combinaison.
Xavi ballon aux pieds, n’est pas pressé par les attaquants milanais mais ne trouve pas une solution de passe intéressante.
La tactique défensive adoptée par le Milan s’est montrée efficace puisqu’elle a posé de gros problèmes aux joueurs adverses incapables de trouver une solution intéressante en attaque et de créer le danger, seulement un tir cadré en 90 minutes pour les joueurs barcelonais.
Outre l’aspect défensif, le travail offensif du Milan a aussi été admirable. Le Milan est parvenu avant tout à se projeter rapidement en contre-attaques. Le deuxième but en est la preuve. Les contre-attaques ont été une clé du jeu offensif milanais qui dépendait des ailiers, en l’occurrence El Sharrawy et Boateng. Ces deux derniers ont bien joué leurs rôles en appelant la balle à plusieurs reprises dans leurs flancs pour écarter la défense adverse et amener le danger. Pazzini quant à lui a occupé le rôle du pivot, de nombreux ballons aériens sont passés par lui et son travail de conservation du ballon face à Puyol notamment est à souligner.
Face à l’ogre barcelonais, le Milan s’en est bien sorti à domicile notamment grâce à une tactique intelligente et subtile respectée par onze acteurs impliqués et déterminés sur le terrain. Néanmoins, à Barcelone, un nouveau match commencera et le défi sera donc d’assurer sa place en quarts de finale.
