Le rideau se ferme sur l’année 2015, et par la même occasion sur la première moitié de saison 2015/2016. De fait, de la même manière que notre équipe première, il est temps de faire un premier bilan de notre équipe jeune phare, toujours sous la houlette de Christian Brocchi. Une demi saison marquée par une irrégularité chronique et par des résultats globalement décevants, accentuées par les quelques grosses prestations de nos U19. Retour sur les premiers mois de notre Primavera Rossonera.
A la mi-saison, le Milan pointe a une piètre sixième place (actuellement non qualificative pour les barrages…) avec 21 points en 13 journées. Si les 7 victoires sont honorables, six défaites (un match sur deux en moyenne) ternissent considérablement et rendent cette moitié de saison insuffisante sur le plan comptable.
Au classement des buteurs, Andrea Vassallo obtient la première place d’une courte tête avec « seulement » six réalisations. Il devance d’un but…un défenseur central en la personne d’Ivan De Santis, décidément très prolifique cette saison avec 5 buts. Derrière nous retrouvons trois buteurs avec Cutrone (4 buteurs) et un duo ex eaquo Agnero & Vido avec 3 réalisations.
Si les barrages sont tout à fait atteignables en seconde partie de saison (le Hellas n’est qu’a 1 point, et l’Atalanta a six), il faudra faire preuve de régularité et arrêter les contres performances indignes d’une Primavera de cette trempe.
En outre, la gestion des temps forts/temps faibles fut une des tares les plus gênantes pour une équipe qui n’a jamais su gérer le money time, de même que ses prestations à domicile. En premier lieu, ce rocambolesque Milan – Atalanta qui a vu le club de Bergame mener 3-1 avant de se faire remonter 3-3. On se dit alors que le Milan va assurer au minimum le nul. Que nenni, nos jeunes vont encaisser un but dans la foulée et perdre dans les arrêts de jeu 3-4.
On peut également évoquer les échecs contre des équipes dites « faibles » telles Salernitana (1-0) et Bologne (1-2 à domicile) alors que la victoire était clairement à leur portée et que l’échec fut tout bonnement inexplicable.
Ainsi, avec les six points obtenus face à ces adversaires et le nul conservé par l’Atalanta, cette Primavera inégale serait bien placé a la quatrième place et a quelques points du leader. Des détails qui font mal aujourd’hui à un groupe souvent en cruel manque de confiance.
Pour finir sur une note positive, cette Primavera semble également capable du meilleur, comme cette superbe victoire acquise 3-2 contre Cagliari, longtemps leader de la poule.
Pour expliquer cette moitié de saison délicate, plusieurs raisons peuvent être avancées. Tout d’abord, des problèmes relationnels seraient présents entre les différentes générations de joueurs qui composent l’effectif de la Primavera. En effet, a l’exception des cadres habituels Locatelli & Cutrone (tout deux de 98), des soucis d’entente résideraient entre la génération 98 – provenant de nos anciens Allievi Nazionali – et les soit disant cadres de la génération 1997.
Quel que soit le talent des joueurs, si certains ne peuvent se « voir en peinture », cela se répercute naturellement sur leurs performances sur le terrain, qui plus est avec de jeunes joueurs qui différencient plus difficilement le sportif de l’affect au cours du rencontre. En outre, si aucune preuve n’a été apporté sur cette hypothèse, le mister Brocchi n’a pas non plus démenti celle ci et a plusieurs fois laissé entendre qu’il fallait que son groupe se comporte « en équipe »…
Deuxième point problématique, et malheureusement habituel dans ce club, les blessures à répétition. Comme l’équipe première, comme la Primavera de la saison précédente, les blessures sont une nouvelle fois légion. En début d’exercice, des joueurs cadres comme l’attaquant Cutrone ou le « terzino » Felicioli furent sur le flanc et ont terriblement manqué en début de saison à notre équipe U19. En effet, le bomber Italien a loupé presque la moitié de la saison (7 matchs effectués sur 13 possibles) tandis que le latéral Italien a loupé le premier mois de la saison.
A ces deux blessures s’ajoutent l’énième blessure de Luca Vido, sans doute la plus préjudiciable. Auteur d’un début de saison tonitruant (nous y reviendrons dans la troisième partie), sa grosse blessure contractée lors d’un regroupement avec les U19 Italiens l’a privé de la moindre rencontre depuis le 24 Octobre dernier ! Si l’on ajoute la blessure de Diego Lopez dans l’équipe professionnelle qui a entraîné la promotion du gardien titulaire Livieri (désormais troisième gardien du groupe pro, jusqu’au retour de l’Espagnol) et les énièmes blessures de Mihael Modic ou Marco Iudica (zéro minutes effectués pour ce dernier), cela crée naturellement de grosses difficultés pour l’entraîneur à solidifier et à pérenniser son groupe lorsque celui ci se modifie chaque weekend.
Troisième et dernier problème possible, le manque de qualité. Si le club est persuadé (a juste titre) que ce groupe mérite infiniment mieux que cette piètre sixième place, on ne peut toutefois remarquer certains manques à des postes clés. En effet, si les absences de Modic & Mastalli furent remplacés par la présence d’autres milieux de talents déjà présents la saison précédente, celles de Calabria & Donnarumma le sont beaucoup moins.
Pour le premier, le coach doit opter pour la titularisation de Guido Turano, latéral correct mais qui n’a malheureusement pas le talent et la solidité d’un Calabria (mais les alternatives comme Malberti ou Zucchetti se sont avérées être catastrophiques). Quant au second, si les gardiens actuels ne sont pas souvent exempt de tout reproche, passer après Donnarumma était de toute façon une tache périlleuse et la différence de niveau se fait malheureusement sentir.
– Manuel Locatelli : S’il y en a un qui arrive à tirer son épingle du jeu, c’est bien lui. Deuxième joueur le plus utilisé cette saison, il a tapé dans l’oeil des dirigeants qui ont indiqué qu’il serait dans l’effectif professionnel la saison prochaine. En effet, après de belles prestations en Primavera (mais aussi une belle prestation avec l’équipe de Mihajlovic cet été), il a très bien saisi sa chance lors d’une double rencontre a Bari lors du trofeo San Nicola ou il fut, dixit l’entraîneur Serbe lui même, le meilleur élément de ces rencontres. S’il doit encore gagner en régularité et en simplicité (il a parfois tendance, lorsque l’équipe tourne mal, à se démener en solitaire sans que cela soit productif), il a toutes les cartes en main pour suivre le chemin de Calabria & Donnarumma.
– Alessandro Plizzari : La belle surprise de ce début de saison (ci dessus sur la photo). Privé de gardien indiscutable cette année et privé de Livieri, envoyé chez les pros, Brocchi a pris tout le monde a contre pied en montrant une nouvelle fois qu’il privilégiait le talent à l’âge. Ainsi, alors que l’on pensait voir un des deux classes « 98 » arriver dans les buts (Crosta ou Cancelli), c’est finalement un jeune garçon de 15 ans, né en 2000, qui a les préférences du coach et qui depuis cinq rencontres, garde les buts de l’équipe U19.
Une situation qui n’est pas sans rappeler celle d’un certain Donnarumma, lui aussi titulaire pour la première fois au même âge ! Si Plizzari ne démontre pas autant de qualité que « Gigio », son potentiel est certain et il n’est pas exclu de le voir continuer jusqu’a la fin de la saison dans les buts de la Primavera. Une belle récompense pour l’un des meilleurs gardiens de notre vivier.
– Luca Vido : Soit, il est difficile de le juger sur uniquement six rencontres jouées. Mais il a démontré avoir un tel niveau durant ces rencontres qu’il était difficile de passer a coté, d’autant que son absence se fait terriblement sentir dans l’animation offensive. Avec 3 buts au compteur avec uniquement 367 minutes joués, il a un ratio de buts tout a fait honorable.
En outre, c’est en équipe nationale que l’on a retrouvé le vrai « Vido ». Auteur de 4 buts, dont un superbe triplé lors de la victoire 3-2 en Macédoine, lors du premier tour de qualification pour le prochain Euro, le « petit blondinet » a montré que ses blessures de la saison précédente n’avaient pas fait disparaitre tout le potentiel qui est présent en lui. Malheureusement, une nouvelle blessure a (encore) freiné sa progression et on attend impatiemment son retour.
– Ivan De Santis : Auteur d’une première moitié de saison remarquée, il n’a jamais semblé aussi prolifique que cette saison (ci-dessous sur la photo). Avec cinq buts au compteur, il a montré qu’il pouvait être un des dangers les plus importants sur phase arrêté. Sa demi saison aurait presque pu le ranger dans les tops…s’il ne faisait pas preuve d’autant d’irrégularité sur le plan défensif. Par moment brillant, il peut aussi passer complètement au travers d’une rencontre en faisant preuve de suffisance et/ou en effectuant des interventions trop risquées. S’il reste malgré notre meilleure chance de voir un défenseur central du cru s’imposer en équipe première, cela passera forcément par une régularité a tout épreuve, d’autant qu’il nous a montré aussi être capable de cela.
– Andrea Vassallo : En tant que meilleur buteur Rossonero, sa place ne pouvait être dans les flops. Toutefois, son niveau de jeu n’a pas progressé et on attend plus de celui qui est censé être l’une des armes les plus dangereuses dans l’arsenal Rossonero. Or, trop fréquemment, on retrouve un Vassallo pas brillant et peu inspiré, en manque de confiance et/ou faisant partie de ces joueurs ayant des difficultés relationnelles avec certains de ces coéquipiers. On attend mieux de lui, qui plus est vu la saison dernière.
– Junior Agnero : Compte tenu du fait que nous n’en attendions rien ou presque (pas titulaire indiscutable chez les Allievi 1998 la saison passée), sa moitié de saison est somme toute satisfaisante. Auteur de trois buts, dont certains d’une importance clé (on passe a son but de la victoire contre Cesena), il a démontré être capable de gravir les échelons et de bousculer la hiérarchie. Toutefois, en dépit de tout cela, il reste un attaquant plus « limité » que certains de ces coéquipiers et dont la marge de progression demeure moins visible. Qu’il nous fasse mentir serait la plus belle chose qu’on pourrait lui souhaiter lors de la phase retour.
– Sebastian Gamarra : Ou est passé notre talentueux milieu Bolivien ? S’il n’est évidemment pas le pire joueur de cette phase aller, il en est en revanche l’une des plus grosses déceptions. Le capitaine patit d’une part de la comparaison qui peut être fait avec Mastalli, véritable leader l’an dernier avec ce même brassard. Mais d’autre part, son niveau de jeu demeure trop inquiétant. La Copa America cet été (ou il fut convoqué avec sa sélection) ne lui a semble t il pas fait que du bien et on peine a retrouver le milieu qui nous faisait tant de bien par le passé.
– La génération 1998 : Un flop collectif tant il est difficile de sortir un nom du chapeau. Autrefois considéré comme la meilleure génération de notre vivier, la grande majorité de ces représentants déçoit et inquiète. Si l’on occulte Locatelli et le cas Cutrone (qui revient bien de sa longue blessure), on ne peut que remarquer que la majorité des promesses du club n’ont pas (encore ?) montré suffisamment de talent pour bousculer une hiérarchie et apporter leur contributions aux prestations de l’équipe.
En premier lieu la défense avec Iudica ou Malberti, autrefois considérés comme des valeurs sures et présents en équipe nationale de leur année. Le premier a enchaîné les blessures et ne parvient pas a trouver le rythme pour prétendre ne serait ce qu’a avoir du temps de jeu. Le second continue de stagner et ne parvient pas a devancer un Turano pourtant loin d’être indispensable. Seul Andres Llamas semble globalement au rendez vous, bien que lui aussi déçoit quelque peu au regard de son grand potentiel.
Enfin, on comptait beaucoup sur Cosimo La Ferrara (ci-dessus sur la photo) et Mihael Modic, mais le premier ne parvient pas a retrouver la forme qui était la sienne et le second aligne encore les blessures et commence tout juste a rentrer en cours de matchs. Trop peu quand on connait le potentiel qu’on leur prédisait. Si l’on savait qu’il y aurait des échecs concernant le passage a l’équipe professionnelle, on peut regretter de voir autant de stagnation autour d’une génération qui reste l’une des plus talentueuses en Italie.