Il ne reste plus qu’un seul objectif pour l’AC Milan pour tenter de sauver les meubles : accrocher une place qualificative pour l’Europa League. Pour cela, l’équipe devra terminer au minimum sixième du championnat : un objectif encore réalisable, bien qu’ardu, à huit journées de la fin. Le Milan doit donc réussir un parcours presque parfait dans cette dernière ligne droite pour pouvoir jouer l’Europe. Est-ce vraiment une nécessité pour le club de participer à cette « petite » coupe d’Europe ? Tentative d’explications.
Deux défaites injustes face à l’Atletico et au Juventus Stadium, une baffe au Vicente Calderon, une défaite face à Parme, logique au vu du contexte, face à une des bonnes surprises de la saison, un nul obtenu dans la douleur à Rome face à la Lazio et une victoire contre la Viola. Tel est le bilan des hommes de Clarence Seedorf lors de ces dernières semaines. Avant la rencontre face à la Juve, les rossoneri n’étaient qu’à cinq points de la dernière place qualificative pour l’Europa League.
Mais avec ces 4 points obtenus depuis la défaite face à la bande à Pirlo, les milanais ont vu l’écart avec la sixième place grandir à vitesse grand V. A huit journées de la fin, la dernière place qualificative est à huit unités, et est actuellement occupée par les parmesans qui comptent une rencontre de moins (match qui verra l’équipe de Donadoni affronter la Roma). Mathématiquement, tout reste possible mais les chances d’accrocher le top 6 diminuent de journée en journée. Est-ce qu’il serait préférable de disputer l’Europa League ou bien de la mettre de coté pour se concentrer uniquement sur le championnat ?
Une coupe d’Europe qui manque…
L’ex-club le plus titré au monde a gagné 18 titres européens et mondiaux : 7 ligues des champions, 5 supercoupes d’Europe, 3 coupes intercontinentales, 2 coupes des coupes et 1 mondial des clubs. Toutefois, pas de trace d’une coupe de l’UEFA dans ce joli palmarès. Le Milan ne s’est jamais vraiment intéressé à cette coupe, se concentrant uniquement sur la C1. Depuis la saison 1985/1986, l’AC Milan a toujours participé à une coupe d’Europe. A cinq reprises, le club a du se contenter de la coupe de l’UEFA. En fait, sur l’histoire du club sur la scène européenne, le Milan n’a pris part à cette compétition qu’à neuf reprises.
Le meilleur résultat étant une demi-finale que le club a su atteindre par deux fois : la première en 1971/1972 pour leur première participation et la deuxième en 2001/2002 éliminés respectivement par Tottenham (défaite 2-1 avec un but de Benetti à Londres et partage 1-1 en Lombardie avec un but de Rivera) et par Dortmund (défaite 4-0 en Allemagne et victoire 3-1 à San Siro avec un doublé d’Inzaghi et un but de Contra). Au total, Milan a disputé 68 matchs pour un bilan de 35 victoires, 15 nuls et 18 défaites pour une différence de buts de +42.
La dernière participation remonte à la saison 2008/2009 où l’équipe, encore entraînée par Carlo Ancelotti, s’est lamentablement faite éliminer au stade des seizièmes de finale par le Werder Brême. Après un match aller en Allemagne qui s’est conclu sur le score de 1-1 (but d’Inzaghi), le Milan n’a su faire mieux qu’un match nul 2-2 partout alors que les rossoneri menaient 2-0 à la mi-temps grâce à des buts de Pirlo (penalty) et de Pato.
De quoi laisser transparaitre un certain désintéret à l’égard de la C3, à l’instar de la plupart des autres clubs italiens. C’est d’ailleurs en partie à cause de ce peu d’intérêt de la part des clubs transalpins que le coefficient UEFA des clubs de la botte est au plus bas. Mais là, nous nous écartons du sujet.
Financièrement, pas intéressante ?
Milan a su récolter un peu moins de 90 M€ lors de ses deux dernières participations à la lucrative ligue des champions. A titre de comparaison, si un club désirait gagner cette somme en C3, il devrait réaliser un peu moins… d’une dizaine de parcours consécutifs, sans faute. En effet, un parcours sans faute en Ligue des Champions permet de gagner 37.4 M€ alors qu’en Europa League, cette somme n’est que de 9.9 M€. A titre de comparaison, la prime octroyée pour une participation à la phase des poules de la Ligue Europa est de 1.3 M€ alors qu’une simple victoire en Champions rapporte 1 M€. Il est toutefois à noter que toutes ces sommes ne prennent pas en compte les droits TV qui gonfleront encore un peu plus la somme perçue par les clubs.
Si l’on compare les financial memorandum des deux compétitions (c’est-à-dire le document qui révèle les gains possibles versés par l’UEFA aux clubs qualifiés pour la phase de groupes), les recettes commerciales de la C3 de cette année s’élevaient à 208.75 M€ (125.25 M€ en gains fixes et 83.5 M€ en fonction des parts de marché télé) alors que la somme totale déboursée par l’UEFA aux 32 clubs ayant participé à la Champions League 2012/2013 était de 904.6 M€ (dont 409.6 M€ en fonction du market pool). Le tableau ci-dessous compare les différentes primes perçues par les clubs en fonction de leurs performances sportives dans les deux coupes d’Europe :
Tour |
Montant prime C1 |
Montant prime C3 |
Phase de poules |
8.6 M |
1.3 M |
Victoire en poules |
1 M |
0.2 M |
Nul en poules |
0.5 M |
0.1 M |
Qualif 16èmes |
XX |
0.2 M + 0.4 M si premier + 0.2 M si deuxième |
Qualif 8èmes |
3.5 M |
0.35 M |
Qualif quarts |
3.9 M |
0.45 M |
Qualif demies |
4.9 M |
1 M |
Finaliste |
6.5 M |
2.5 M |
Vainqueur |
10.5 M |
5 M |
Parcours sans fautes |
37.4 M |
9.9 M |
Une participation à la C3 permettrait donc au club rossonero de grappiller quelques millions d’euros qui ne seraient pas négligeables eu égard ses finances en berne depuis plusieurs années. L’autre facteur favorable à une participation à la Ligue Europa est à rechercher du coté du ranking UEFA du club. Une année sans coupe d’Europe serait une grande perte pour le Milan au niveau de son ranking UEFA, lui qui est déjà dans le pot 2. Un an sans coupe d’Europe et le club pourrait se voir versé dans le pot 3 lors d’une future participation à la coupe aux grandes oreilles. Ce qui serait synonyme d’un tirage plus difficile pour l’équipe. Imaginez un peu ce Milan actuel dans le même groupe que celui qu’ont eu les napolitains (Naples était dans le pot 4) avec Arsenal, Dortmund et Marseille…
Enfin, la visibilité du club au niveau mondial est également à prendre en compte. Une des bases de la stratégie commerciale du club est de renforcer son image à l’étranger. En cette période difficile sur le plan des revenus disponibles, pouvoir exporter la marque Milan à travers la coupe d’Europe semble être une nécessité pour le compte en banque du club. Les récents partenariats commerciaux signés avec Braun ou Huawei en sont de parfaits exemples.
Pas que des avantages à participer à la C3
Après les bons cotés, il y a les possibles désavantages d’une participation à l’Europa League. Le premier point négatif est… la Coupe du monde. Un des plus grands événements sportifs de la planète pourrait complètement fausser la donne. L’effectif du Milan compte plusieurs internationaux qui participeront au mondial brésilien. Ce qui signifie que les joueurs convoqués devront faire l’impasse sur la première période de vacances et auront donc une période de récupération plus courte.
Si le Milan termine à la sixième place, il devra passer par le troisième tour préliminaire que se déroulerait fin juillet-début août. Un problème pour la préparation en vue de la saison prochaine. L’idéal serait de terminer cinquième pour participer directement aux barrages qui se joueront à la fin du mois d’aout. Soit un objectif difficilement atteignable à l’heure actuelle.
Enfin, ne pas participer à une coupe d’Europe peut être une bonne chose pour un club en pleine reconstruction. Prenons notamment pour exemple la Juventus : avant la suprématie de la Vieille Dame sur la Serie A, n’oublions pas qu’elle sortait d’une piètre saison où elle avait terminé hors des places qualificatives pour l’Europa League. Par ailleurs, cela fait deux ans que la Roma ne joue plus de coupe d’Europe, mais le club de la Louve a su patienter pour créer une équipe compétitive et être le plus proche poursuivant de la Juventus cette saison.
Enfin, tout au long de cet article, nous vous avons parlé de la sixième place. Il ne faut pas oublier que cette sixième place ne sera qualificative pour la C3 que dans certaines conditions. En effet, en début d’exercice, cette sixième place n’était pas qualificative, mais dans la mesure ou la finale de la coupe d’Italie opposera la Fiorentina et le Napoli, soit deux équipes occupant des places qualificatives pour l’Europa League, la sixième place est automatiquement devenue qualificative. Mais si un (ou les deux) des finalistes venait à rater sa fin de saison, Milan devrait alors aller chercher le top 5…