Depuis le début de ce calamiteux mois de décembre, le silence de la direction sportive du Milan emmenée par Leonardo et Paolo Maldini se faisait pesant. Entre les résultats médiocres, la contestation des tifosi à l’égard du Mister, les rumeurs de départ et la sanction de l’UEFA, il y avait pourtant matière à monter au créneau pour les deux hommes. C’est chose faite aujourd’hui puisqu’ils se sont exprimés depuis Milanello aux journalistes présents et notamment à MilanNews.it, dont voici l’essentiel des propos.
En premier lieu, Leonardo :
« Nous n’avons jamais pensé à changer Gattuso. […] Aujourd’hui, nous sommes toujours en course par rapport à notre objectif. Ce serait une chose extraordinaire de l’atteindre au vu de la période que nous connaissons. Nous devons aller de l’avant. Le pessimisme dont fait état Rino doit être une source de motivation pour une équipe qui doit encore s’ajuster. […] Il faut que tout le monde comprenne notre situation pour travailler et retrouver le haut niveau.
Cela ne passera pas par l’achat de dix joueurs. Il faut prendre des décisions et faire des choix. C’est impossible de penser qu’aujourd’hui, nous pouvons acheter celui-ci et celui-là. Il y a plusieurs raisons à ça et notamment le fair-play financier. Des choix seront faits au regard de la période que nous vivons, période plutôt délicate vus les matches nuls face à Bologne et Frosinone. C’est le moment de donner un signal.
Il suffit de deux victoires pour retrouver notre classement d’il y a un mois. Il faut trouver une stabilité y compris pendant les rencontres. Dès qu’il se passe quelque chose, nous sommes en difficulté. […] En tout cas, aujourd’hui, il n’y a aucun projet en cours : nous n’avons ni appelé ni consulté personne.
Higuain est en prêt et nous avons de très bons rapports avec lui. Il a un rôle très important cette année et il le sait. Il est l’un des rares qui a beaucoup gagné, il a un leadership naturel. […] Etre ou ne pas être en Champions League nous change la vie et il le sait lui-même. Nous n’avons jamais été contacté par Chelsea, il ne nous a jamais demandé de partir et personne ne le lui a demandé, ni à la Juve. La réalité, c’est qu’il a un contrat avec nous mais qu’il appartient à la Juve. Nous, nous ne pouvons ni le vendre ni le prêter. Il n’y a rien, zéro.
Les tifosi doivent comprendre quel moment traverse le Milan. Nous, dirigeants, propriétaires, nous devons expliquer ce que nous sommes en train de faire. Ce n’est pas facile, nous sommes conditionnés par beaucoup de choses. […] L’équipe se construit par des investissements mais aussi par une organisation interne et à ce titre, notre administrateur-délégué est arrivé il y a un mois.
Jusqu’à aujourd’hui, nous n’avons reçu aucune prime des matches d’Europa League, nous avons même eu une amende. Il y a un appel qui a été fait. Il n’y aura aucun coup sur le mercato, nous devons vivre par des opportunités. Le mercato de janvier est déjà compliqué en soi, il faut trouver des opportunités pouvant rentrer dans le cadre du fair-play financier, il faut trouver ce que tu penses être des opportunités car nous n’avons pas reçu de manuel du fair-play financier, nous savons seulement que nous sommes bloqués. C’est une situation difficile.
Pour qu’il y ait des arrivées, il faut des départs. Nous avons 29 joueurs dans l’effectif et 30 avec Paqueta. C’est une situation qu’il faut changer. […] Nous avons pris Paqueta et ils nous ont envoyé une lettre pour nous dire que nous ne pouvions pas le prendre, mais nous l’avons fait quand même. Paqueta arrive dans un Milan en construction, pas comme Kaka qui était arrivé dans le Milan de Paolo Maldini. Dans la lettre, ils ont contesté un tel investissement : il y avait un accord pour janvier et ils ont voulu comprendre la forme qu’il avait.
L’été dernier, il n’y a pas eu un investissement. Nous avons fait des échanges. La seule dépense a eu lieu pour Higuain, qui a été une opportunité insérée dans l’échange Caldara-Bonucci. Il a été le seul vrai investissement, le reste était fait d’échanges. Peut-être que nous avons tout raté mais le mercato a été fait ainsi. Bacca-Castillejo, Caldara-Bonucci, Lapadula-Laxalt, Bakayoko en prêt, André Silva en prêt. Ceux qui ont été achetés, nous les voulions.
Aujourd’hui, le Milan n’a pas de dette. L’idée du fair-play financier était d’empêcher les dettes. C’est logique et intéressant pour assainir les comptes mais c’est difficile d’être compétitif avec ceux qui ont des revenus d’un milliard. La Juve a eu la chance d’avoir son stade, qui lui rapporter trois fois plus que San Siro. Elle est arrivée à ce niveau avec dix ans de forts investissements sans fair-play financier.
La Supercoppa sera une opportunité pour avoir un titre mais demain, il faudra faire une bonne prestation, même en jouant mal. »
Enfin, Paolo Maldini :
« Les objectifs étaient clairs dès le début : nous ne sommes pas partis pour gagner le Scudetto, le rêve étant d’atteindre la quatrième place. Cela peut sembler réducteur pour un club comme le Milan mais nous n’y sommes jamais arrivés ces dernières années. […] Ce mois aurait pu permettre de prendre des points, nous n’y sommes pas arrivés et nous ne sommes pas satisfaits mais nous n’avons pas 15 points de retard non plus.
Je ne cherche pas d’excuses mais nous avons eu des grosses difficultés, nous avons eu beaucoup de joueurs blessés. Malgré tout, nous nous attendions à quelque chose de mieux : l’entraîneur et les joueurs le savent. Il faut arriver à changer cette idée de « nous ne sommes pas en mesure de », c’est notre plus grand défi.
Les rachats d’Higuain et Bakayoko dépendront de la Champions League. Nous avons été clairs avec eux à ce sujet quand ils sont arrivés. Concernant Bakayoko, il est normal d’avoir du mal quand on arrive dans un nouveau championnat. Il a changé de manière incroyable. Nous cherchions un milieu moderne comme lui, avec de la force physique et de la taille.
Les règles du fair-play financier sont rigides, elles ont amené le football à ne plus avoir de dettes mais c’est impossible de les respecter pour une équipe qui veut retrouver le sommet, c’est très pénalisant. Les équipes qui n’ont pas eu à respecter le fair-play financier sont en place et regardent les autres d’en haut. Ce n’est pas un hasard si le Real a gagné les trois dernières Champions League. »