A mi-parcours et après exactement vingt-deux journées de championnat disputées, Inzaghi et les siens pointent à une huitième place décevante à plus des égards. A dix points de la fameuse et souhaitée troisième place, synonyme de qualification pour la prochaine édition de la Ligue des Champions, le Milan s’est clairement compliqué la tache en vue de la phase retour qui aura pour but d’atteindre ce troisième rang. Dans le flot des critiques s’abattant sur ce Milan moribond de ce début d’année 2015 (deux victoires, un nul et trois défaites), celles visant expressément Filippo Inzaghi demeurent présentes.
L’entraîneur, de par son exposition médiatique intrinsèquement liée à son poste (il est l’un des garants du jeu produit par son équipe) est voué aux critiques plus ou moins acerbes de la vox populi. Et ce, indépendamment de circonstances qui seraient plus ou moins à même d’atténuer son bilan, au regard de son statut de dépositaire des résultats sportifs du club dont il a la gestion sportive, tout du moins la gestion sportive quotidienne. Les durs contours de la vie d’entraîneur n’épargnent donc pas le plus novice d’entre eux, que constitue Pippo, arrivé sur le banc rossonero en juin dernier.
Conscient de l’envergure de la tache qui lui a été confiée (les adjectifs tels que « patience », « rigueur », « dévouement », « professionnalisme » sont les éléments prééminents du champ lexical de l’ancien numéro 9), Inzaghi se heurte aujourd’hui aux premières difficultés de sa toute jeune aventure milanaise. En dépit d’une volonté d’innover sur le plan des idées – avec un précepte qui est la capacité à pouvoir modifier son module de jeu quasiment en temps réel à la manière d’un Guardiola -, l’instauration d’une certaine forme de méritocratie, et l’accentuation des valeurs rossonere (travail et humilité), force est de constater que la mayonnaise prend difficilement. Pourtant, le tableau semble cohérent, et parait pouvoir remettre le Milan sur de bons rails.
Mais à l’instar de ses prédécesseurs, Inzaghi n’a pas été épargné par les pépins physiques subis par ses hommes. Ainsi, Diego Lopez, Alex, De Sciglio, Abate, Mexès, Rami, Bonera, Montolivo, Van Ginkel, El Shaarawy, Muntari ou encore Essien ont tour à tour visité les locaux de l’infirmerie de Milanello plus ou moins longuement. A partir de là, il apparaît difficile de compter sur un onze type sur la durée, ne serait-ce qu’en championnat. Le facteur stabilité, éminemment important en football, a ici fui Inzaghi à de multiples reprises.
Le forçant ainsi à jongler entre les départs et les retours d’infirmerie, les suspensions (avec sept cartons rouges récoltés par les siens depuis le début de la saison sans compter les suspensions faisant suite à un trop grand nombre de jaunes !) et l’état physique chancelant de certain de ses éléments. De fait, à l’heure actuelle, il apparaît difficile de dégager un onze type à mi-saison, ce qui se compliquera davantage avec les six récentes arrivées au cours du mercato hivernal (qui seront source de pression supplémentaire pour Inzaghi pour qui leur arrivée doit se traduire par une seconde partie de saison compétitive).
C’est également oublier que l’ancien numéro 9 rossonero n’est qu’à l’aube de sa carrière d’entraîneur. A la tête d’un groupe professionnel depuis moins d’un an, le principal intéressé a encore tout à apprendre des ficelles du métier d’entraîneur, en dépit de l’expérience engrangée sur le terrain avec un Ancelotti par exemple. C’est d’ailleurs à juste titre que référence a été faite à Sir Alex Ferguson par Inzaghi himself au terme de la défaite face à la Lazio en Coupe d’Italie. Car des débuts difficiles du bâtisseur moderne de Manchester United ne restent que les multiples titres glanés sur la scène interne et européenne, et non les difficultés entrevues au début de son long mandat, et notamment une relégation évitée de justesse à la fin des années 80.
Bien évidemment, les choix réalisés jusqu’alors par Inzaghi ne sauraient uniquement recueillir l’approbation générale. La volonté de persister sur le schéma en 4-3-3 ainsi que la frilosité (certes compréhensible à certains égards) à insérer des éléments de la Primavera dans le groupe professionnel afin de leur offrir quelques minutes de jeu ci et là peuvent susciter quelques critiques. Mais d’une part, Inzaghi souhaitant stabiliser son schéma tactique, on ne peut que comprendre la volonté de persister dans ce schéma de jeu.
Mais les arrivées hivernales laisseront assurément entrevoir quelques changements de ce point de vue là. D’autre part, le contexte difficile dans lequel est plongé le Milan, qui souhaite à tout prix renouer avec des résultats en adéquation avec ses objectifs est de nature à freiner l’émergence dans un cadre sain de jeunes éléments de Brocchi tels que Calabria ou Modic pour ne citer qu’eux. Lesquels pourraient toutefois bénéficier à moyen terme de temps de jeu sous les ordres d’Inzaghi.
Auquel doit à l’heure actuelle être assuré un soutien sans faille pour enfin bel et bien entamer une nouvelle ère nécessaire pour le retour de l’institution rossonera aux avants postes du football italien et européen.