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Het is fijn in Italié te zijn

Février 86. Le Milan est au fond du trou. Privé de titres depuis le Scudetto ’79 de la bande à Liedholm, le même Niels Liedholm ne peut cette fois-ci plus rien faire. Englué une nouvelle fois dans la moitié de tableau de la Serie A, empêtré dans les dettes, c’est lorsque le Milan est au plus mal que Don Silvio arrive en chevalier blanc. Epongeant les dettes et arrivant avec dans ses valises, un autre businessman-politicien, je nomme Adriano Galliani, le Milan imposait de nouveau la crainte, celle de revenir au sommet du football. Un premier mercato marqué par les arrivées de Donadoni et Massaro, néanmoins les résultats ne suivent pas, Liedholm toujours aux commandes n’a plus la flamme et en paye le prix.

Berlusconi veut marquer le coup et le Milan s’ouvre à la Hollande. Ruud Gullit en devient le porte drapeau. Arrivant du PSV Eindhoven à l’âge de 25 ans, il est de loin le meilleur joueur du championnat hollandais et devient de plus en plus indiscutable avec les Oranjes. Pour un peu plus de 13 milliards de lires, il devient le footballeur le plus cher de l’histoire, et suscite ainsi une énorme attente.
Il est suivi par un joueur en quête de rachat, Marco Van Basten. Le gamin d’Utrecht a beau être devenu en l’espace de 5 ans, le sixième meilleur buteur de l’histoire de l’Ajax, et être consacré à quatre reprises, meilleur buteur du championnat hollandais, il connait déjà des pépins physiques et va être chipé à la Viola pour finalement s’envoler en Lombardie, le tout pour la modique somme de 900 000€. Avec pour les gérer, la venue d’un Arrigo Sacchi, le Milan allait devenir la plus grande équipe du monde.

Autour d’un catenaccio remanié, Sacchi révolutionne le football, et ses joueurs, allaient le marquer. Une première année ou les Rossoneri n’avaient aucune compétition européenne à jouer, et allaient s’en donner à cœur joie dans le Campionato, où ça allait rapidement devenir un duel face au Napoli de Maradona et Careca. Si Van Basten était invisible à l’époque, du à une cheville récalcitrante, Pietro Paulo Virdis avait encore des jambes et Ruud Gullit impressionne. San Siro voit rapidement en Gullit, un personnage à part dans le football, la « Tulipe Noir » est un grand gabarit, doté d’une forte personnalité et d’une classe inimitable, avec des qualités athlétiques hors-norme et une énorme pointe de vitesse balle au pied, un toucher et une conservation de balle, des gestes de génie et un instinct de tueur, le Diavolo Rasta révolutionna le poste de numéro 10, et n’allait même pas attendre de gagner le Scudetto pour être nommé Ballon d’Or par le jury France Football.

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Victime d’un début de saison assez cauchemardesque, les Rossoneri prenaient définitivement forme sur l’année civile 88, une première bataille les opposant au Napoli à San Siro, et une trace indélébile laissée par Ruud Gullit. Le Ballon d’Or en titre va offrir une leçon de football à Maradona, avec un but et une passe décisive au compteur, sortant de San Siro sous les ovations des Tifosi. Grignotant match après match, l’avance que s’était construite les Partenopei, le Milan s’affirme de plus en plus comme la grande équipe de la série a. Lors du derby della Madonnina, Gullit lui-même débloque la situation et c’est excentré, qu’il catapulte le ballon dans les filets de Walter Zenga alias meilleur gardien du monde. Avec ce résultat, le Milan revient à un point du leader avant un match synonyme de juge de paix à San Paolo.

A deux journées de la fin, toute l’Italie du football avait ses yeux rivés sur la télé, si ce n’est les 80 000 privilégiés qui ont pu assister à l’affrontement final. C’était plus qu’un match à l’extérieur, c’était dans les lignes ennemies que onze milanais devaient se battre pour reconquérir l’Italie, avec en toile de fond un duel entre Maradona et Gullit, les deux enfants terribles du Calcio. Un début de match ou l’enjeu dépasse clairement le jeu, le jeunot Maldini offrant presque le but à l’adversaire. Et dans ce genre de rencontre ou le premier but peut faire la différence, le Milan va prendre une grosse option sur le titre. Alberigo Evani provoque et tire un coup franc détourné, Pietro Paulo Virdis sent bien le coup et ouvre la marque devant un San Paolo incrédule. Le Milan domine tactiquement et étouffe Maradona. Mais le dieu de tout un peuple peut s’en remettre aux coups de pieds arrêtés et d’un splendide coup franc, remettre les compteurs à zéro. Tout est à refaire. Sacchi décide de changer ses plans et fait rentrer Van Basten, en mal de confiance et de condition physique à la place d’un Donadoni fantomatique.

Maradona lui, n’y arrive toujours pas, un pressing terrible à la sauce Sacchi qui l’incommode, Gullit lui est bien présent. Tenant le choc physique imposé par les Partenopei, il va faire une splendide action pour offrir un caviar à Virdis, qui conclut un doublé de la tète. Gullit toujours lui, enchaine et assomme totalement le match au terme d’un rush formidable, il prend le gardien à contre pied en offrant le but à son compère Van Basten. Ca sera un 3-2 dont le Napoli ne s’en remettra jamais et malgré un triste nul à Como lors de la dernière journée, le Milan sera bien sacré.L’été qui suit et dans l’euphorie du Scudetto, Gullit et Van Basten allaient apporter sur un plateau d’argent l’Euro au peuple hollandais. Van Basten va même se refaire un nom, scorant un triplé dont l’Angleterre se souvient encore, et offrant à la 88ème minute, la victoire en demi finale contre l’Allemagne de l’Ouest. Gullit va tout simplement ouvrir la marque en finale contre l’Union Soviétique, avant que Van Basten double la mise, ce dernier sort de l’aventure renforcé, et avec un titre de meilleur joueur de l’Euro, on se doutait bien que le Milan partait avec le titre de grandissime favori pour tout gagner la saison à venir. L’Italie reconquise, c’est donc, à l’Europe de gouter à la sauce rossonera.

Et comme on ne change pas une équipe qui gagne, c’est le seul Frank Rijkaard qui débarque en petit nouveau dans les rangs lombards. Rijkaard rejoint ses potes de la sélection, et permet tout de suite aux medias de ré-identifier le Milan. Face à la Germanique Inter et le Napoli version Sud-Américaine, c’est trois hollandais qui emmènent le diavolo. Le pote de Van Basten arrive en pleine confiance, fort de l’aventure de l’EURO, Rijkaard formait avec Ronald Koeman, une barrière infranchissable, et après un passage peu concluant à Saragosse et les appels du pied des potes, il ne va pas hésiter à rejoindre notre club adoré. Mais la carrière de cet honnête défenseur va prendre une autre tournure, lorsque Sacchi décide de le replacer en milieu récupérateur, ce qui permet au club de continuer à faire jouer sa ligne Baresi-Galli. Ce replacement de Rijkaard allait se révéler à court terme, comme un coup de génie.

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Toujours reconnu pour son agressivité, Rijkaard avait toutes les qualités pour exercer un superbe pressing. Fort de ses années en tant que défenseur, il avait la qualité du placement mais également une capacité rare à se porter vers l’avant. Couplé à cela, la confirmation du talent de Van Basten, et on obtient un Milan conquérant. Une formation intraitable, qui impressionne l’Europe. Van Basten va succéder à Gullit au palmarès du Ballon d’Or, lorsque Gullit arrive deuxième et Rijkaard troisième… Performance inégalée. Le monde entier connaissait et reconnaissait le trio Milanais, un sur chaque ligne clé des actions offensives, chaqu’un devenant des superstars.

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Mais c’est Gullit cette fois-ci qui sera gêné par les blessures. Il ne pourra jouer que par intermittence dans un championnat que va largement dominer l’Inter. La bande à Sacchi a le don de frustrer ses supporters en championnat, mais de les pousser à l’extase en Coupe des Clubs Champions. Le chemin du Milan est alors poussif. Victorieux à l’arraché de l’Etoile Rouge de Belgrade du jeune Dejan Savicevic, en passant par les tirs au but, c’est par un simple 1 à 0 que le Milan passe l’obstacle Brème pour se retrouver en demi finale. Opposé au Real Madrid, et après un 1-1 à Bernabeu, le Milan allait rentrer dans la légende du football. Le Real a vu 11 joueurs dérouler, les surpassant dans tous les domaines du jeu, et c’est avec un éclatant 5-0 que les rossoneri décrochaient un ticket pour la finale. Un certain Carletto Ancelotti avait ouvert le score, avant que la notion de trio prenne tout son sens, lorsqu’une ouverture de Rijkaard suivie d’une déviation de la tète de Gullit, offrit à Van Basten, le 4-0. Les mêmes Rijkaard et Gullit qui avaient aggravé le score auparavant…

C’est dans une ferveur hors du commun que le Milan était en route pour conquérir une troisième Coupe des Clubs Champions, face au Steaua Bucharest. Devant près de 90 000 tifosi, Barcelone avait l’impression d’être italienne, le temps d’une finale. Ce qui reste aujourd’hui comme le plus grand exode de supporters dans l’histoire, va offrir un avantage dont le Milan n’avait peut être, même pas besoin. Tant dominateur dès le coup de sifflet, on comprit vite que le sort de cette finale était joué d’avance. Gullit qui s’est transcendé durant toute la compétition, va encore prouver l’adage des grands joueurs faisant la différence dans les grands matchs. Il se montre tout de suite comme le plus dangereux avant de placer deux têtes victorieuses, qui précèdent un doublé de Van Basten, le Milan est le plus grand club du monde.

L’apogée des trois hollandais allait venir en 1990, lorsque le Milan à deux doigts de décrocher le Scudetto, se faisant griller la politesse par un Napoli revanchard, allait malgré tout remporter une seconde Coupe des Champions consécutive, se payant le luxe d’éliminer le Real dès le second tour. Mais il faut attendre la saison 90-91 pour voir jouer ensemble sur toute la saison ou presque, le trio hollandais. Trois, puis quatre ballon d’or à eux trois, lorsque Van Basten remporte une troisieme fois le titre en 93, c’était bien à San Siro qu’il fallait se tourner si on voulait voir du grand football. La défense auquel participait les Maldini, Baresi, Costacurta formés au club, ainsi que les Tassotti et Galli évoluant déjà au club depuis près d’une décennie, le tout dans un marquage de zone, couplé au travail sans relâche de Rijkaard et Ancelotti, à la vivacité de Donadoni, au génie de Gullit et au sang froid et à la vista de Van Basten, faisaient du Milan l’équipe la plus forte, et encore pour de nombreuses années.

Lorsque Sacchi, en héros national, prend les reines de la Squadra Azzurra, le jeune Capello prend sa place et achève des années de règne sans partage. Mais ça sera brusquement en 1993 que tout s’arrête pour nos trois hollandais. Comme si cette année était propice à la malédiction. Gullit va payer les arrivées de Savicevic et paradoxalement de Gianluigi Lentini, qui devient à son tour le joueur le plus cher de l’histoire du football. La roue tourne également pour Frank Rijkaard qui retourne finir sa carrière chez sa tendre Ajax, tandis que des blessures au genou auront raison de la carrière de Van Basten, à seulement 30 ans. Cette époque de domination tactique va marquer le football moderne, la grande moitié des Milanais de l’époque deviennent des légendes, et quasiment tous entraineurs, avec plus ou moins de réussite. Ce Milan la sera pris en exemple par toute une génération tant de footballeurs que d’entraineurs. Redonnant ses lettres de noblesse au Milan, mais en la plaçant surtout comme une innovatrice, c’est cette période qui fera rêver beaucoup de jeunes, qui ont par la suite marqué le football à leur tour, le tout caractérisé par trois joueurs.

Ce qui a fait également marcher ce trio, c’est sa complémentarité sans faille. Gullit était un personnage charismatique qui attirait les lumières, la grande star de la fin des années 80, capable de chanter la paix et de tuer les adversaires, avec fair-play et classe. Van Basten est plutôt introverti, et ainsi très discret, alors que Rijkaard était passionné et souvent trop engagé y compris sur un terrain. Lorsqu’on rajoute à des stars et recrues triés sur le volée, des jeunes du centre de formation, le tout autour d’une stratégie innovatrice, on obtient une philosophie que beaucoup de jeunots actuel pensent être né à Barcelona, et c’était bien 20 ans plutôt sur les terres Catalanes, que le monde entier n’a pu qu’applaudir et admirer.

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