La nuit dernière, le président de l’AS Roma James Pallotta s’est distingué par des déclarations acerbes au sujet du Milan. Dans une interview accordée à une radio new-yorkaise, l’Américain a critiqué le fonctionnement du club rossonero :
« Le mercato du Milan ? Je n’ai pas la moindre idée de ce qui se passe. Ils sont en train de dépenser beaucoup pour des joueurs et ils en payeront les conséquences à un moment donné. Ils n’ont pas l’argent pour acheter une équipe puisqu’ils ont emprunté 300 millions d’euros à des personnes que je connais à Londres, avec un taux d’intérêt élevé. Ils disent que c’est fait pour se qualifier en Champions League mais ça ne sera pas suffisant. Quand les salaires égalent les recettes… je ne sais pas ce qui se passera.
Ce sont les seuls en Serie A à perdre la tête ! Peut-être qu’ils ont un grand plan que nous découvrirons un jour mais les autres équipes sont rationnelles. Si vous pouvez m’expliquer le Milan, parce que moi, je n’y comprends rien… »
Face à ces déclarations, le Milan n’est pas resté de marbre et c’est Marco Fassone lui-même qui a répondu aux sous-entendus de Pallotta dans une vidéo publiée sur le compte Facebook du club :
« Je dois dire que j’ai été très surpris quand j’ai lu ces déclarations ce matin. En premier lieu, je suis surpris par le style : c’est inhabituel en Italie qu’un club attaque de manière aussi directe et avec ces termes un autre club. Deuxièmement, je suis surpris par les imprécisions contenues dans ces déclarations. Entendre dire que les propriétaires du Milan n’ont pas l’argent pour acheter le club, quand tout le monde sait que n’importe quelle opération de ce genre est faite avec beaucoup de contrôles… De plus, les chiffres évoqués sont totalement faux. Désormais, tout le monde sait que l’argent relatif au fonds auquel le président Pallotta fait référence – c’est-à-dire le fonds Elliott – est de 180 millions sur une valeur du club de 740 millions. Je répète : des imprécisions d’une part et un style très discutable d’autre part.
Je ne sais pas à quoi il fait référence quand ils dit ‘ils en payeront les conséquences’. Je ne sais pas si c’est une menace ou non. Tout le monde le sait, nous avons émis des obligations égales à 50 millions d’euros qui sont totalement dédiées à financier le mercato de cet été. Actuellement, nous sommes très loin d’en avoir dépensé l’intégralité. Il y a des plans pluriannuels qui, outre le fait d’avoir été présentés à un conseil d’administration composées de personnes compétentes comme Paolo Scaroni, Marco Patuano, Roberto Cappelli, devraient être pour tous les tifosi et pour n’importe quel italien des garanties suffisantes. Ces plans ont été présentés à l’UEFA dans l’optique du voluntary agreement. Tout le monde le connaît, il est publique et le président Pallotta pourra le consulter. Donc ce sont des menaces – si elles en sont – que je renvoie à leur expéditeur.
Moi, je ne suis pas comme lui à penser que les salaires du Milan puissent un jour être égaux aux recettes. Tout notre plan prévoit que les salaires restent sous le seuil des 50-60% des recettes du club. Cette année, c’est aussi le cas. Nous sommes partis d’un seuil très bas car sous la précédente direction, les salaires étaient en-dessous d’un seuil très compétitif et j’en reviens au discours sur l’endettement. Le niveau d’endettement du club est de 120 millions d’euros. Par rapport au chiffre d’affaire du club, il est extraordinairement meilleur que celui de la Roma, qui a le problème d’être cotée en bourse et donc avec un bilan publique. Moi, je ne me permets pas de le commenter mais n’importe qui peut aller voir et vérifier le niveau d’endettement.
Cela ne m’intéresse pas que le président Pallotta ne comprenne pas comment le Milan peut dépenser, cela m’intéresse plus quand il nous accuse de ‘perdre la tête’. Nous, dirigeants, nous cherchons à être rationnels et froids. Nous ne sommes pas des tifosi, chaque investissement est calculé et fondé sur le fait qu’il faut l’amortir avec les recettes que cet investissement apportera. Je lui serais gré de tenir compte du fait que les joueurs que nous avons acheté jusqu’à aujourd’hui sont des joueurs qui rentrent dans l’actif du club et le président Pallotta le sait très bien puisque c’est son métier. On regarde les actifs à disposition et dans notre cas, les actifs sont uniquement des joueurs. Ceux que nous avons achetés sont jeunes et avec un grand avenir et nous pensons qu’ils nous apporteront des résultats sportifs à court terme et des résultats économiques à moyen terme.
Le Milan va de l’avant. C’est vrai que les déclarations du président Pallotta m’ont dérangé. Je renouvelle mon invitation : quand il voudra, je suis en Italie et je travaille 20 heures par jour pour le Milan, je suis à sa disposition pour discuter de nos bilans respectifs. Si je dois apprendre quelque chose, je suis disponible pour l’apprendre mais les critiques faites de cette façon me dérangent un peu. »
Une mise au point qui a le mérite d’être claire et sans équivoque.
MISE A JOUR – 17h45
Suite à la réponse apportée par Marco Fassone, le président de la Roma s’est senti obligé de publier le communiqué suivant sur le site officiel de son club :
« Je m’excuse si j’ai eu des informations imprécises. Je tiens beaucoup au football italien et à son retour au sommet. A ce sujet, je m’attends à ce que tous les clubs apportent leur contribution vers un championnat plus fort et durable, comme nous sommes en train de le faire nous, à l’AS Roma. Je souhaite au Milan et à ses nouveaux propriétaires la meilleure chance et j’espère avec plaisir que sa direction collabore à nos côtés et de manière forte pour le développement de la Serie A. »