En avril dernier, le Milan est passé sous pavillon chinois suite à son rachat par le mystérieux homme d’affaire Yonghong Li. Initialement, il devait être à la tête du consortium Sino-Europe Sports, qui avait finalement disparu, le laissant seul à la barre de ce projet avec la société luxembourgeoise Rossoneri Sport Investment créée à cette occasion. Pour assurer l’efficacité de ce périlleux rachat, deux emprunts pour un montant colossal de 303 millions d’euros avaient été contractés par la société AC Milan, à hauteur de 123M€ rémunérés à 7,5%, et par Rossoneri Sport Investement, à hauteur de 180M€ rémunérés à 11,5%. Outre ces taux d’intérêts particulièrement élevés, ces deux prêts comportent un terme en octobre 2018 : à cette date, s’ils ne sont pas remboursés au fonds d’investissement américain Elliot Management Corporation qui les a prêtés, le Milan passerait des mains de Yonghong Li à celles d’Elliott. Il semblerait d’ailleurs que cette hypothèse soit fortement envisagée par les dirigeants du fonds Elliott…
En effet, Calcio e Finanza nous apprend aujourd’hui que ces derniers avancent déjà leurs pions au cas où Yonghong Li n’honorerait pas ses engagements. Rappelons que depuis plusieurs semaines, la direction lombarde cherche à se ‘débarrasser’ de ces emprunts en cherchant un partenaire financier susceptible de refinancer sa dette, en obtenant des prêts plus longs et moins coûteux. A ce titre, le fonds d’investissement Highbridge, filiale de JPMorgan Chase, serait le candidat le plus sérieux. Or, d’après le très sérieux site italien, plusieurs poids lourds de la finance mondiale comme les banques Merryll Lynch ou Goldman Sachs ont choisi de ne pas faire affaire avec le Milan à ce sujet, estimant que les sommes en jeu étaient beaucoup trop importantes et représentaient un risque élevé. Ainsi, du côté du fonds Elliott, le scénario du défaut de paiement de Yonghong Li est clairement envisagé.
La première hypothèse dans le cas où le Milan en viendrait à devenir américain via Elliott serait que le nouveau propriétaire mette immédiatement le club en vente, afin de ne pas s’encombrer d’une société guère connue pour générer des revenus importants (comme la majorité des clubs sportifs) et de retourner à ses habituelles activités spéculatives. Les dirigeants du fonds créé par Paul Singer, dont la réputation de requin de la finance n’est plus à faire (voir cet article du magazine Challenges ici), ne seraient pas inquiets sur le nombre de candidats au rachat du Milan. Enfin, la seconde solution serait celle d’une permanence du club lombard dans le portefeuille du fonds américain. Toujours selon Calcio e Finanza, Gordon Singer, fils de Paul Singer et responsable des bureaux londoniens d’Elliott, envisagerait sérieusement cette hypothèse. A ce titre, il aurait déjà mandaté un cabinet de recrutement et de ‘chasse de tête’ américain pour trouver différents profils pouvant être amenés à prendre les places de Marco Fassone et Massimiliano Mirabelli en octobre 2018.
Pris entre les feux croisés de l’UEFA dans le cadre du voluntary agreement et du fonds Elliott en ce qui concerne l’opération de rachat du club, Yonghong Li va bientôt pouvoir sérieusement commencer à se faire du souci pour la viabilité de son investissement. En attendant, gageons au moins que le volet sportif devienne plus réjouissant que ces dernières semaines, même si le cas Donnarumma a récemment refait surface.