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Dans l’ombre du grand Milan AC…

Leader du championnat italien, le Milan a été éliminé de la Champions League dès les huitièmes de finales et ce pour la troisième fois consécutive, cependant cette dernière disqualification face à Tottenham, adversaire novice à la portée du Milan, fait débat. Recrues phares du mercato rossonero, Ibrahimovic, Robinho et Boateng ont vécu une soirée difficile, à l’instar de leurs co-équipiers, la mauvaise performance de trop, car malgré sa légère prépondérance sur le Calcio, les prestations livrées par les rossoneri laissent perplexe plus d’un tifoso. Domination sans partage mais un jeu lent, ennuyeux et affligeant qui n’attise pas les tifosi, c’est l’archétype d’un match milanais cette saison. Trois longues indisponibilités minimisent cette situation angoissante, Pirlo, métronome du jeu milanais, Ambrosini leader inamovible du groupe, et Inzaghi, l’éternel buteur qui libère toujours l’équipe. Dépourvue de ces trois joueurs l’équipe semble perdue, sans identité, et rarement dangereuse, seuls des exploits individuels sauvent la prestation de l’équipe qui parvient tout de même à engranger des points. 

Le Milan version 2010-2011 est dans de beaux draps, le club rossonero qui faisait trembler toutes les équipes du monde il y a quelques années, ne rivalise plus actuellement avec les plus grands clubs d’Europe. Calcio en déclin, joueurs incompétents ou inaptes à la lignée rossonera, AC Milan-Zone vous propose un zoom sur les problèmes du Milan qui hantent nos têtes.

Après deux campagnes de recrutement où Galliani et consorts ont lésiné sur les moyens, la direction de Via Turati se devait de montrer un autre visage sur le mercato cette saison pour renforcer une équipe décimée et viser de nouveau le Scudetto. Changement de politique de recrutement, Galliani dégote donc les belles affaires du moment sur le marché, attirantes certes mais pas toujours convenables au Milan AC, qui avait jusque-là réalisé des recrutements de grande classe. Attractions du mercato estival milanais, IbrahimovicRobinho et Boateng débarquent ainsi en fanfare au Milan pour inaugurer la reconstruction rossonera. Si ces arrivées ravivent la majorité des supporters d’autres expriment leur mécontentement, ils souhaitent ne pas sortir du cycle milanais, qui voit après quelques années de silence le retour d’un Milan plus fort. Ibrahimovic, symbole de cette reconstruction n’entre pas dans la dynastie milanaise, composée de joueurs d’envergure internationale qui ont construit leurs grandes carrières au sein du club lombard et ont marqué les tifosi par leurs nombreux exploits. La carrière du joueur qui était surnommé Ibracadabra par tout le peuple intériste en témoigne. Après des débuts remarqués à l’Ajax Amsterdam, en Hollande, Ibrahimovic encore très peu connu dans le monde du football est recruté par la Juventus, en 2004.

 

Il s’impose rapidement au sein de l’effectif turinois malgré une rude concurrence et devient l’idole des tifosi juventini. Cependant le Calciopoli (affaire de matchs truqués) secoue le football italien en 2006 et semble mettre des bâtons dans les roues du joueur suédois. C’est en tout cas tout ce que pense savoir les tifosi turinois, la relégation de leur club en Serie B ne fera que freiner légèrement l’ascension fulgurante de Zlatan. Le prodige suédois ne l’entend pas de cette oreille, il souhaite continuer sur la même voie et réussir au plus haut niveau. Le public turinois qui n’avait connu qu’un jeune joueur timoré et passionné découvre la face cachée de Zlatan, un joueur au caractère arrogant et insupportable. En dépit de la situation difficile que traverse la Juve, Ibra décide de quitter Turin pour rejoindre la Lombardie, ce départ ne sera jamais digéré par les supporters de la Vielle Dame qui décrient actuellement Ibra comme un grand traître.

Les deux grand clubs de la capitale économique italienne se livrent une bataille sans merci pour la signature du nouveau talent du Calcio et c’est les dirigeants nerazzurri qui coiffent leurs homologues milanais au poteau, Ibrahimovic rejoint ainsi le clan intériste et devient rapidement le leader incontestable de l’Inter. Une aubaine pour les supporters nerazzurri, qui accueillent un grand joueur et voient par la même occasion la rétrogradation en Serie B de la Juventus de Turin, grand rival compétant et dangereux.

Enchainant les exploits individuels, ils contribuent aux nombreux scudetti glanés par l’Inter. Mais après trois ans de bons et loyaux services, Ibracadabra quitte la Lombardie au grand dam des tifosi nerazzurri attiré par une attractive aventure au FC Barcelone. Dans un championnat différent, Ibra s’acclimate bien au jeu espagnol et vit de très beaux jours en Catalogne. Une situation qui ne va pas durer, après un conflit, Pep Guardiola coach barcelonais, décide d’écarter Zlatan. Une décision que le joueur suédois ne comprend pas, alors qu’il s’imposait de nouveau comme un leader incontestable et important. Sa fin de saison avec le FC Barcelone reste mitigée, il n’hésite pas ainsi à livrer un combat à bras-le-corps face à Guardiola et parvient à la fin du mercato à obtenir un bon de sortie.

Sous la houlette de Galliani, le Milan conclut le transfert d’Ibrahimovic qui fait son retour dans le pays de ses exploits, la ville de ses prouesses. A Milan les avis sont très partagés sur ce transfert, la nouvelle est accueillie positivement par certains tifosi rossoneri, négligemment par d’autres, en revanche les tifosi intéristes sont unanimes : Ibrahimovic est un traître. Ibra va même enfoncer le clou et devient l’ennemi légitime des tifosi nerazzurri, 14 novembre 2010, derby milanais sous haute tension, le Milan arrache la victoire face aux cugini grâce à un penalty transformé par…Ibrahimovic. Le combat est lancé. Le numéro 11 milanais vit certainement l’une des meilleures saisons de sa carrière sous l’impulsion de son équipe et d’un public toujours tolérant et satisfait de la nouvelle recrue, et comme l’a précisé Zlatan lui-même, le Milan et ses tifosi sont les meilleurs du monde.

Influant, exigeant, dominateur, autoritaire, égocentrique et même mégalomane, Ibrahimovic est un joueur très particulier, qui a laissé une trace quelque peu négative dans ses précédents clubs, et malgré son talent footballistique inestimable, le caractère du joueur peut avoir des conséquences irrévocables sur le club et l’image qu’il dégage. Robinho et Boateng, les deux autres recrues du mercato estival milanais ont laissé derrière eux une carrière peu flatteuse. Le brésilien tout d’abord qui a fait le tour de l’Europe sans jamais réussir, ce n’est qu’au Brésil, à Santos que Binho retrouve son niveau. De retour en Europe, il signe au Milan pour relancer de nouveau sa carrière après des débuts ratés au Real de Madrid, et une aventure mi-figue mi-raisin à Manchester City. Au Milan, son bilan est assez mitigé, incapable de conclure une action ou de réaliser une passe décisive, le doute subsiste quant à l’utilité de Robinho, qui malgré une activité intensive tout au long du match, ne parvient pas à porter le jeu de l’équipe sur ses épaules.

Boateng possède lui aussi un passé plus ou moins stérile, joueur décrit comme agressif, brutal et bagarreur, il impressionne avec le Ghana lors de la Coupe du Monde 2010 en Afrique du Sud et débarque au Milan. De l’Allemagne à l’Angleterre, le ghanéen était connu pour ses tacles appuyés, violents et souvent inutiles, mais en Italie, Boateng souhaite changer son image et tourner la page. Dynamique et apprécié par de nombreux tifosi, Boateng compte 3 buts à son actif sous les couleurs rossoneri, cependant le poste de trequartista qu’il occupe nécessite une bonne vision du jeu et une capacité à enchainer les passes précises et tranchantes, ce qui ne semble pas entrer dans le registre de Boateng. En outre, alors qu’il avait demandé à ses observateurs d’oublier son passé, Boateng a déclenché face au Napoli l’unique bagarre générale du Milan de la saison, quelle image !

Lors du mercato hivernal, le Milan profite d’une affaire choquante pour recruter Antonio Cassano, le « bad-boy » du football italien, qui a manqué de respect envers son ancien président à la Sampdoria, Riccardo Garrone. Cette énième mésaventure vient s’ajouter à la longue liste de l’italien qui a enchaîné les actions blessantes dans sa carrière. Capable du meilleur comme du pire, l’enfant terrible du football italien n’a plus le droit à l’erreur. Après une courte période d’adaptation bien négociée par Cassano, l’international italien est désormais considéré comme le joueur qui guidera le Milan, la saison prochaine grâce à sa qualité technique impressionnante.

A l’affût de bonnes affaires attirantes, les dirigeants recrutent des joueurs compétents mais inaptes à la lignée rossonera, composée de joueurs ayant vécu une aventure milanaise impressionnante. De Baresi à Maldini, de Pirlo à Ambrosini et de Van Basten à Inzaghi, que ce soit en attaque ou en défense, auparavant, récemment ou même actuellement, le Milan possède une panoplie de joueurs à la carrure incomparable. Baresi et Maldini, deux joueurs pas comme les autres, les deux légendes du club, le premier portait le mythique numéro 6 et le deuxième l’inoubliable numéro 3. Deux chiffres qui évoquent de très bons souvenirs, des exploits, des scudetti, des Ligues des Champions, mais aussi du respect. Ces deux emblèmes du Milan étaient vénérés par tout le monde, tifosi ou adversaires, sur le terrain, ils dirigeaient leurs troupes et montrer l’exemple à suivre, même dans des situations difficiles. Toujours là pour soutenir et aider le club, pour le meilleur et le pire, Franco et Paolo n’ont jamais mis un pied dans un autre club que le Milan, et ont traversé au sein du club les situations délicates, malgré des offres d’autres clubs plus qu’alléchantes. Baresi et Maldini, c’est aussi une multitude de titres collectifs remportés haut la main. Deux exemples à suivre, deux légendes qui ont écrit l’histoire du Milan, les mythes rossoneri.

Leurs parcours milanais sont certainement moins prestigieux, mais ils ont eux aussi contribué à de nombreux succès passés du Milan. Dans l’effectif actuel, on peut trouver, NestaPirloAmbrosiniInzaghi, et encore d’autres joueurs, et l’absence de ces joueurs peut s’avérer très handicapante. Cette saison trois indisponibilités ont réellement défavorisé le Milan, tout d’abord Ambrosini touché depuis l’entame de la saison, Pirlo, victime de rechutes incessantes et enfin Inzaghi, gravement blessé au genou. Le capitaine milanais est incontestablement l’un des joueurs les plus réguliers et importants de l’équipe. Sa présence sur le terrain inspire confiance et sérénité, meneur du groupe, il répond toujours présent pour recadrer ses co-équipiers. Ambrosini ne baisse jamais les bras, motivé du début à la fin du match, il montre l’exemple à suivre tant par ses récupérations décisives que par ses montées offensives incisives.

Pirlo, autre joueur essentiel pour le Milan, est la pièce maîtresse du jeu rossonero, sans lui l’équipe ne brille plus et devient méconnaissable. Ses gestes rigoureux, ses passes millimétrées, et sa vision du jeu exceptionnelle font de Pirlo, le joueur fondamental du Milan, le moteur de l’équipe. Une rencontre récente illustre ce fait : 18 décembre 2010, choc qui oppose le Milan à la Roma, le public de San Siro admire un très bon Milan qui contrôle sereinement le match, mené par un Pirlo des grands soirs, l’international italien enchaîne les passes précises et dangereuses, et ne perd aucun ballon. Le Milan domine le match de fond en comble et inquiète à plusieurs reprises l’adversaire, jusqu’à la sortie sur blessure de Pirlo avant la pause. Le match devient alors ennuyeux, sans rythme, et aucune équipe ne se porte vers l’avant. Le Milan est cueilli à froid par Borriello, l’ancien milanais profite d’une mésentente de la défense rossonera pour pousser le ballon au fond des filets. Le Milan subit sa troisième défaite de la saison, le doute s’installe à Milanello : Que vaut le Milan sans Pirlo ? Au vu et au su de tous, le Milan sans Pirlo n’est que l’ombre du Milan avec Pirlo, une équipe sans identité qui livre une prestation soporifique et insipide.

Le troisième grand absent de la saison ne joue pas beaucoup et n’est pas titulaire, mais quand il entre sur le terrain, tout le monde se met à trembler. Inzaghi, le buteur éternel du Milan, du haut de ses 37 ans, il est toujours considéré comme le libérateur de l’équipe, le joueur qui entre en cours de jeu et qui donne des ailes à ses co-équipiers.

C’est l’exploit qu’il a réalisé face au Real de Madrid cette saison, alors que tout indiquait une lourde défaite des joueurs d’Allegri, Pippo Inzaghi surgit…l’attaqaunt italien fait son entrée en fin de match et inscrit un doublé exceptionnel et inattendu, le public milanais n’en croit pas ses yeux, Inzaghi est bel et bien le meilleur buteur des compétitions européennes. Extraordinaire !

C’est donc trois joueurs indispensables au fonctionnement de la machine rossonera, Ambrosini le meneur des troupes, Pirlo le cœur de l’équipe, et Super Pippo le buteur qui surgit de nulle part. Sur la voie du retour, ces trois joueurs renforceront un effectif qui en a bien besoin pour la course intense au Scudetto. Alors que tout le monde espère compter sur ces trois joueurs la saison prochaine, une situation alarmante alimente les journaux italiens. Les contrats de Ambrosini, Pirlo et Inzaghi arrivent à échéance en fin de saison, et les dirigeants milanais n’ont pas encore débuté les négociations pour prolonger leurs aventures en rouge et noir.

Outre ces trois joueurs, de nombreuses légendes surnagent dans ce championnat, mais une période semble avoir sonné le glas d’une mainmise des équipes italiennes sur le football du vieux continent. Cette fameuse affaire des matchs truqués, qui s’est traduite par une continuelle baisse du niveau du football en Italie et touche actuellement les équipes de plein fouet. Le spectacle offert par les clubs transalpins est plutôt désagréable, une qualité de jeu très médiocre, sans le moindre signe de suspense et de détermination. Les grandes équipes ritales sont eux aussi frappées par cette crise et proposent un jeu lamentable à l’image d’une Vielle Dame agonisante cette saison. Les petits clubs, qui se surpassaient autrefois pour accrocher un résultat positif face aux grandes écuries, se contentent de se regrouper en défense et cherchent avant tout le nul. Le constat est incontestable, la Série A a clairement perdu de sa splendeur d’antan et vit actuellement des jours sombres en attendant la renaissance de ses grandes équipes.

Cette saison, la reconstruction du Milan a abouti à des conclusions hâtives, alors que les supporters espéraient enfin le retour du grand Milan en Europe, l’aventure milanaise en Champions League a tourné au vinaigre. En Italie, son leadership menacé par l’Inter a de quoi embarrasser les tifosi, le Milan a en effet perdu de nombreux points face aux petites équipes et enregistre après 30 journées de championnat, 18 victoires, 8 nuls, et 4 défaites. Le bilan de l’actuel leader du Calcio est inquiétant et montre les temps difficiles que traverse le football italien après une hégémonie sans partage sur le football européen. Le Milan connait une situation plus ou moins similaire, vainqueur de deux Ligues des Champions en l’espace de quatre ans (2003 et 2007), et finaliste – malheureux – en 2005, l’effectif était alors composé de joueurs de grand standing. Aujourd’hui, l’équipe a été bâtie autour de joueurs qui portent derrière eux un passé modeste pour certains, et anti-milaniste pour d’autres.

Le débat est ouvert : Quel Milan pour le futur ?

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