« Andrea Petagna et Bryan Cristante feront partie de l’équipe première la saison prochaine » dixit Adriano Galliani à l’intersaison. Ces propos ont été émis bon nombre de fois par le numéro deux rossonero. Les tifosi voyaient en ces mots le début du vrai « projet jeune » que le club disait vouloir mettre en place à l’été 2012, peu après les départs d’Ibrahimovic et Thiago Silva. Les observateurs étaient tous unanimes : ces deux jeunes ont le football dans le sang et sont promis à un bel avenir. Quelques mois plus tard, c’est un tout autre son de cloche. Petagna a du partir du coté de la Sampdoria pour faire de la place à l’investissement de l’été rossonero, à savoir Matri. Le primaverino grignote quelques minutes par-ci par-là à la Samp, mais en tout cas, il a davantage de temps de jeu que Bryan Cristante, qui chauffe le banc depuis le début de saison.
Alors que pour être honnête, tout le monde attendait l’explosion, ou tout du moins une incorporation progressive dans l’équipe du jeune talent italien après ses débuts chez les A à seulement 16 ans lors du match de Ligue des Champions face à Plzen en décembre 2011. Mais nous atteignons quasiment à la trêve hivernale, et il n’en est rien. Cinq minutes : voilà le temps de jeu de Cristante depuis le début de saison. C’était lors de la grande performance au Chievo Verone conclue par un petit 0-0. En dehors de ces quelques minutes, Cristante n’a connu que le banc de touche et même la tribune en ce qui concerne la Ligue des Champions où il est même redescendu en Primavera pour donner un coup de main à l’équipe d’Inzaghi en UEFA Youth League pour affronter Barcelone. Il a tout de même su inscrire deux buts en 180 minutes.
En attendant de savoir où sera prêté Cristante (ou pire, vendu en copropriété ?), une question peut se poser : vu le manque de qualité dans le milieu rossonero, n’aurait-il pas pu avoir une place plus importante dans cet entrejeu, ou Muntari et Montolivo, moyens depuis le début de la saison, parviennent à évoluer en tant que titulaires ? Quand bien même une place de titulaire ne soit pas envisageable dans la difficile période actuelle, une incorporation progressive dans le onze à travers des entrées en jeu plus fréquentes aurait du être envisagée par le technicien rossonero.
Quand l’équipe va bien, il apparaît normal de ne pas bousculer l’équilibre de cette dernière, mais quand l’équipe se cherche, offrir une chance à des espoirs qui ne souhaitent que se révéler au plus haut niveau s’avère nécessaire. Ce discours pourrait d’ailleurs également s’appliquer à l’endroit de Riccardo Saponara, bien que ce dernier n’ait pas bénéficié d’une préparation optimale en raison d’une pubalgie, qui explique peut-être le peu de temps de jeu dont il a bénéficié jusqu’alors.
La dernière rumeur en date fait état d’une possible « super affaire » mettant en jeu la milieu de terrain parmesan Parolo et les deux joueurs milanais Cristante et Saponara (le second étant détenu à 50% par Parme notamment). Cependant, l’agent de Bryan Cristante, Giuseppe Riso, interviewé par la rédaction de ParmaLive.com, dit ne pas être au courant d’un intérêt parmesan pour son jeune poulain, tout en rappellant la nécessité pour son protégé d’obtenir du temps de jeu : « Bryan doit jouer, c’est un fait. Nous rencontrerons le Milan pour discuter de ce qui est le mieux pour le joueur. Je n’ai reçu aucun appel de la part de Parme, je ne peux donc pas confirmer (ndlr, la rumeur). Parme est une grande équipe, un club où on joue bien au foot. Mais sans appel téléphonique, il est difficile de parler en ce sens. »
Par ailleurs, le Milan doit rester vigilant sur ce dossier, car d’autres écuries italiennes et européennes suivent de près sa situation. En Italie, il y a notamment la Roma qui aimerait le chiper, tout comme l’Atletico Madrid, ainsi que plusieurs clubs allemands comme le Vfb Stuttgart et le Bayer Leverkusen. Il ne faudrait pas que le Milan fasse la même erreur que son cousin interiste en laissant partir de jeunes promesses italiennes en Bundesliga. Les vice-champions d’Europe U21 Luca Caldirola (à gauche sur la photo ) et Giulio Donati (à droite sur la photo) ont respectivement été cédés au Werder Breme et au Bayer Leverkusen où ils disposent de temps de jeu, temps de jeu qu’ils n’auraient jamais eu en Italie. Caldirola a connu seize titularisations (1434 minutes) et Donati neuf titularisations et trois entrées en jeu (858 minutes). Et quand on sait qu’un autre vice-champion formé à l’Inter en la personne de Matteo Bianchetti est suivi de près par Dortmund alors que le « gamin » n’a que 200 minutes de temps de jeu au Hellas Verone, il y a de quoi se poser des question.
Ce cas, associé à celui des jeunes pousses rossonere évoqué plus haut, est révélateur de la mentalité des dirigeants italiens qui ne veulent (ou n’osent pas ?) lancer de jeunes joueurs italiens, car du talent, il y en a en Italie. L’équipe espoirs italienne a d’ailleurs atteint la finale du dernier euro espoir avec un gardien et quatre défenseurs évoluant en Serie B (dont les trois interistes cités plus haut avec le gardien Bardi formé lui aussi à l’Inter et qui réalise sa toute première saison en Serie A cette année). Les stars italiennes lors de cet Euro se nommaient Verratti et Florenzi alors que du coté des vainqueurs espagnols, quasiment tous les joueurs avaient déjà connu la coupe d’Europe; les stars s’appelaient Isco, De Gea, Thiago Alcantara, Koke, a qui il faut ajouter « la classe biberon » catalane comme Montoya, Bartra ou Tello.
D’un coté, nous avons des joueurs qui évoluent au plus haut niveau dès leur plus jeune âge et qui apprennent leur métier aux cotés de joueurs renommés à l’image de Xavi ou Iniesta, et de l’autre, des joueurs qui ne connaîtront le haut niveau qu’à 23/24 ans. Ces espoirs n’auraient pas le niveau pour jouer dans un grand club italien, mais ils l’auraient pour aller jouer en Bundesliga, soit un championnat bien plus supérieur à la Serie A actuelle ? Cherchez l’erreur…