Milan possède la troisième meilleure attaque de Serie A avec 20 buts derrière la Juventus (25 grâce à son carton du week-end 7-0 face à Parme) et la Lazio (21 buts inscrits). On pourrait croire que le seul problème de l’équipe réside dans sa partie défensive où le Milan est le plus mauvais élève de la classe au sein de la première partie de tableau, mais le problème est bien plus profond que cela. Le Milan est trop perméable défensivement, possède un milieu de terrain qui ne produit pas assez de jeu et une attaque qui ne marque pas.
Au total, 12 buts ont été marqués par des attaquants. Ou plutôt, parlerons-nous de joueurs dits offensifs car plus de 90 % l’ont été par des ailiers : 6 pour Honda et 4 pour Menez (dont 3 penalties). Un seul but a été l’œuvre d’un vrai numéro neuf : celui de Torres face à Empoli. Le dernier but est l’œuvre d’El Shaarawy qui a de nouveau goûté à la joie de marquer un but samedi passé à Gênes, chose qui ne lui était plus arrivé depuis le derby milanais de… février 2013, soit 621 jours sans but.
Niang et Pazzini n’ont toujours pas trouvé le chemin des filets, mais il faut dire que les deux joueurs ne semblent pas rentrer dans les plans d’Inzaghi : le français n’est toujours pas rentré une seule seconde et l’italien ne totalise même pas un match entier de temps de jeu. Il faut remonter 202 jours dans le passé pour retrouver trace d’un but d’Il Pazzo en compétition officielle, face à Livourne en avril dernier. Son but lors du Trofeo Berlusconi a certainement du lui faire du bien mais cela n’a pas fait changer l’avis du Mister à son sujet.
En réalité, le problème du numéro neuf ne date pas d’hier. Après la retraite d’Inzaghi qui avait collectionné 300 présences sous la liquette rossonera en plantant 126 buts, les trois derniers « numéro 9 » du club ont connu bien moins de réussite : Pato, Matri et Torres ont ne collectionnent à eux trois que quatre petits buts en plus de 30 matchs. Mario Balotelli avait repris le rôle de bomber du club dans un style quelque peu différent, mais ne parlons pas des absents.
Mais parmi les trois noms cités, il y en a un qui commence à revoir le bout du tunnel : il s’agit d’Alessandro Matri. Révélé à Cagliari, Matri fait le grand saut vers un grand club de la botte en 2011 en rejoignant la Juventus. A Turin, il a la lourde tache de remplacer David Trezeguet. Si ses premiers mois sont réussis, il en sera tout autre de la fin de son expérience chez les bianconeri. Milan va donc rapatrier le joueur passé par son centre de formation contre un gros chèque de 12 millions d’euros, qui avait déjà fait jaser à l’époque.
Avec un but en quinze rencontres et le retour de blessure de Pazzini, Milan décide de se séparer de son attaquant six mois à peine après son retour dans son club formateur. Il rejoindra sous forme de prêt la Fiorentina où il ne laissera pas une trace indélébile de son passage en Toscane avec 5 buts en 18 rencontres. Il ne fera qu’un détour éclair par Milanello avant de repartir, de nouveau sous la forme de prêt, au Genoa.
Et c’est sous les ordres de Gasperini que Matri va retrouver le sourire. S’il n’est pas un titulaire indiscutable au Genoa, cela ne l’empêche pas de totaliser cinq titularisations en onze journées de championnat et un nombre de buts identique. Ce ne serait pas la première fois qu’un attaquant du Milan ait besoin d’un passage au Genoa pour retrouver une certaine confiance.
Souvenez-vous de Marco Borriello qui, barré par Inzaghi, Shevchenko ou Gilardino sans parler de son histoire de dopage à la cortisone, est vendu sous la forme de copropriété au Genoa lors de la saison 2007-2008. Après une saison qui le verra scorer 19 fois, il retourne au Milan où, après une saison passée à l’infirmerie, réalisera sa meilleure saison en rossonero sous Leonardo après avoir marqué 14 buts en championnat.
Quoiqu’il en soit, avec le probable départ de Pazzini qui ne devrait pas se voir proposer une prolongation de contrat vu le peu d’intérêt que le joueur suscite au sein du staff d’Inzaghi, on pourrait imaginer que Matri reçoive une seconde chance de percer dans son club formateur en absence d’offre concrète pour l’attaquant qui est lié au Milan jusqu’en 2017 et qui perçoit un salaire de 2.7 M€ par an. Une solution low cost en somme, comme on a trop l’habitude d’en voir ces derniers temps du coté de la via Aldo Rossi. Mais est-ce un bon choix d’un point de vue strictement sportif ? Pas sur.
En attendant, la problématique du pur numéro 9 reste un casse tête au Milan depuis plusieurs années déjà. Que Torres (tout du moins pour le moment), Matri et Pazzini (handicapé par les blessures et un niveau en berne depuis plusieurs mois déjà) n’ont pas su régler jusqu’à présent. A en penser que l’ombre de Shevchenko plane toujours au dessus de San Siro depuis juin 2006…