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Chronique d’une révolution avortée

La semaine passée, le Milan nous a offert un retournement de situation inattendu, encore plus surprenant que le récent renversement du score face à la Juventus. Ralf Rangnick, qui devait s’asseoir au (triple) siège de directeur technique/directeur sportif/entraîneur pour la prochaine saison, n’a finalement pas signé avec le club lombard malgré des mois de discussions avec Ivan Gazidis et, par ricochet, Stefano Pioli est passé du rôle de traghettatore dans une saison cauchemar à celui de sauveur avec à la clé la prolongation de son contrat jusqu’en 2022. Cette décision a sans conteste chamboulé les plans de l’administrateur-délégué du Milan qui, après avoir évincé Zvonimir Boban, ne comptait pas s’arrêter en si bon chemin vers une énième refonte de l’institution rossonera. Alors, quelles pourraient être les conséquences de ces récents événements sur le futur proche de notre Milan bien aimé ?

La confirmation de Maldini à la direction sportive

Il y a quelques temps, nous vous avions proposé un bilan de l’action de Paolo Maldini au poste de directeur technique. Le disciple de Leonardo devenu tête d’affiche de la direction sportive se retrouvait donc sous le feu des projecteurs et des potentielles critiques inhérentes à ses nouvelles fonctions. Son bilan était ainsi largement terni par le choix de Marco Giampaolo pour le poste d’entraîneur, parti dès le début du mois d’octobre.

En outre, ses dissensions avec Ivan Gazidis n’étaient un secret pour personne. Au côté de Zvonimir Boban, Maldini se sentait court-circuité à plusieurs égards après un mercato hivernal où Ibrahimovic et Kjaer avaient été recrutés pour apporter de l’expérience à un groupe jeune à l’investissement pour le mois fluctuant. Certes ces deux joueurs recrutés n’entraient pas dans les paramètres de choix de Gazidis et son compère Almstadt mais le Sud-africain et l’Allemand pensaient à la suite et au remplacement de Pioli par le fameux Ralf Rangnick, gourou du football chez Red Bull, alors que le Milan était toujours à la traîne au-delà des places européennes.

Des discussions menées sans les deux ex-coéquipiers désormais dirigeants, suffisant pour provoquer légitimement leur courroux. Boban n’y est pas allé par quatre chemins en étalant dans la presse les divergences d’opinions et l’absence de transparence entre les deux noyaux de la direction du Milan, dans une interview qui résonne comme une ode au milanismo perdu. Maldini, beaucoup plus calme en public de son côté, n’en pensait pas moins et son départ semblait acté, une fois cette saison aux circonstances exceptionnelles terminées. Or, avec le volte-face sur le front Rangnick et la prolongation de Pioli, la permanence du légendaire capitaine rossonero prend de l’épaisseur. Publiquement, Gazidis a donc validé le choix de Pioli par Maldini – pourtant fait par défaut après l’impossibilité de recruter Spalletti – et les recrues de Maldini (et Frederic Massara) ont réussi l’épreuve du terrain. Dès lors, comment Gazidis pourrait-il justifier le départ de son directeur technique quand le Milan surfe sur une bonne vague ?

Du trading, oui, mais pas trop

Si permanence de Paolo Maldini il y a (car ce n’est actuellement qu’une hypothèse), il y a fort à parier que la politique de recrutement du Milan ne sera pas exactement celle qui était attendue par Gazidis si Rangnick avait signé. En effet, l’arrivée de l’Allemand avec la triple casquette évoquée plus haut lui aurait permis de contrôler de haut en bas la chaîne de recrutement, sous les ordres d’une « direction économique » Gazidis/Almstadt, et de mettre en place la politique qu’il défendait à Hoffenheim ou plus récemment chez Red Bull, avec Leipzig et Salzbourg. Grossièrement, de club de football, le Milan serait devenu un centre de valorisation et revente de jeunes joueurs, sans visée autre que la rentabilité.

Malheureusement, le football actuel est fait ainsi et, si le Milan veut retrouver les devants, il doit se débarrasser de l’épée de Damoclès que constitue le fair-play financier, le seul moyen étant de réaliser de nombreuses et importants plus-values sur la vente de jeunes joueurs ayant performé sous la tunique rossonera. Or, depuis son arrivée il y a deux ans, Paolo Maldini – tout comme de nombreux anciens joueurs ou simples suiveurs du football italien – clame que le Milan ne peut pas se résoudre à ce simple mode de fonctionnement dont Monaco et Salzbourg ont été les exemples récents les plus criants. Comment s’inscrire dans une démarche sportive lorsque le moindre bon élément peut partir au bout d’un an au simple motif qu’il sera revendu plus cher qu’il n’a été acheté ? Là où un Rangnick n’aurait certainement pas bougé étant un habitué de ce mode de fonctionnement, il est difficile d’imaginer un Maldini stoïque.

Pour autant, l’abandon de Rangnick ne signifie pas que le Milan va retrouver une politique de dépenses digne du début des années 2000 sous la présidence de Berlusconi, loin de là. Simplement, Maldini a toujours défendu l’idée d’une équipe constituée de jeunes talentueux, à façonner (comme Bennacer et Hernandez cette année), chapeautés par des joueurs expérimentés, connaissant les enjeux d’un environnement compliqué comme celui du Milan. La valorisation de ces jeunes est une obligation pour que le club retrouve une certaine santé financière mais ne peut décemment pas être le seul mode de fonctionnement de cette institution et c’est aussi là que le maintien de Paolo Maldini peut être une garantie.

Un affaiblissement de Gazidis ?

C’est sans aucun doute le point le plus hasardeux de notre développement du jour mais la question mérite toutefois d’être posée. Ce rendez-vous manqué avec Ralf Rangnick, que Gazidis voulait au point d’écarter totalement sa direction technique des discussions, n’est-ce pas un désaveu bien trop important pour qu’il s’en sorte indemne ? Dans quelle mesure a-t-il subi la prolongation de Stefano Pioli ? Les interrogations sont nombreuses et il y a fort à parier que rien ne permettra d’y répondre avant plusieurs mois.

Dans un premier temps, c’est par l’intermédiaire de l’agent de Rangnick que l’on a su que les discussions n’allaient pas se poursuivre, celui-ci précisant que les deux parties étaient à l’origine de ce coup d’arrêt. Est-ce le fonds Elliott qui est intervenu pour signifier à Gazidis que les résultats de Pioli étaient suffisamment satisfaisant pour continuer sur la durée avec cet entraîneur et qu’un départ de Paolo Maldini porterait un coup trop important à l’image du Milan, stoppant ainsi tout dialogue avec le dirigeant de Red Bull ? Est-ce Rangnick qui a décliné une offre milanaise revue à la baisse, avec un Pioli confirmé et un simple poste de directeur technique pour l’Allemand ? Est-ce Paolo Maldini qui a su convaincre son supérieur en défendant le bilan post-suspension du championnat de Pioli au point que Gazidis fasse subitement volte-face ?

Peu important la réponse à apporter à toutes ces interrogations, dans tous les cas, l’administrateur-délégué semble ressortir affaibli de cette passe d’armes. La crédibilité de son projet s’est effondrée avec cette annonce alors que le Milan venait tout juste de quitter le terrain de Sassuolo, montrant une nouvelle fois que le club lombard navigue à vue malgré un dirigeant expérimenté à sa tête. Gageons en tout cas qu’à l’avenir, la direction sportive pourra travailler plus sereinement et de bon concert avec Gazidis et sa garde rapprochée. L’unité affichée ces derniers jours sur les canaux officiels  de communication du Milan pour la première fois depuis longtemps n’est sans doute que de façade mais elle mériterait pourtant d’être réelle. Notre club ne peut pas se permettre de vivre de nouveaux épisodes de changements de dirigeants et d’entraîneurs tous les ans, y compris en cours de saison, loin de la Ligue des Champions, de ses revenus et de son envoutant hymne.

  • Joffrey Calligaro

    Au delà du problème du fair play financier d’aujourd’hui et de la pseudo compétence de Gazidis, la gestion des dernières années explique aussi pourquoi on en est là aujourd’hui.
    Aucune politique sportive clair, même avant le départ de Silvio et Galliani, le projet jeune en se basant sur le centre de formation n’était qu’un écran de fumée (Cristante en est l’exemple). Nous n’avons sortie en presque 10 ans qu’un gardien (très bon pas de soucis) et que des arrières droits (De Sciglio et Calabria) qui n’ont jamais confirmé.

    Les mercato depuis 2012 ne sont que des échecs successifs à l’exception de quelque coups. On est un des clubs les plus dépensier en Europe sur les mercato pour arriver en 2020 à une énième saison sans saveur et surtout sans qualification en CL. Depuis l’arrivée des chinois puis de Elliot on a dépensé 500m et regardez l’équipe qu’on a…Aucun joueur digne du niveau CL, aucun joueur cadre dans son équipe nationale…

    Donc aujourd’hui Gazidis est la uniquement pour faire de l’argent et accessoirement avoir des résultats sportif (l’un va pas sans l’autre mais vu notre effectif..). Maldini comprend Et connaît le club mais sera toujours limité par Gazidis.

    Je crois que malheureusement, à part se faire racheter par le Qatar ou une fortune mondiale on aura pas d’autre choix que d’avoir la même politique qu’Arsenal, miser sur des jeunes, faire des paris et espérer qu’on se qualifie par miracle en CL et attirer ensuite des joueurs confirmés.

    La route est encore longue mais on y croit !

  • claude

    Dîtes moi,j’ai une question un peu hors sujet. Où sont passés les chinois qui nous ont contraint à être propriété d’Elliot?A un moment, ils disaient qu’ils iraient en justice pour garder Milan.
    Vous savez,il y a comme une sorte de bonne grâce que des légendes d’un club acquièrent naturellement. Dès lors que vous vous attaquez à eux,tout vous tombe sur la tête. Que Gazidis ne se trompe pas,Maldini est accompagné par une énergie que tous ceux qui aiment ce club et qui l’ont aimé lui transmettent. C’est lui qui partira et non Maldini. On ne s’attaque pas aux légendes. Vous sortez toujours déçu. Forza Milan

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