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Arrivederci Ambrosini…

Mardi 11 juin 2013, au détour d’une banale déclaration en direction des journalistes, Adriano Galliani annonce l’éviction du capitaine Massimo Ambrosini, entrecoupé par d’habituels poncifs concernant le mercato, donnant l’impression d’une information anodine non soumise à l’émotion…

Comble de lâcheté, ce même Adriano Galliani n’a pas fait part de ses intentions au principal intéressé,Massimo Ambrosini via une traditionnelle discussion courtoise. Non. Il lui a appris son départ par l’intermédiaire de la voie médiatique, comme tout un chacun. Méthode crasse, stratégie de communication désastreuse, le manque de considération envers le capitaine dépasse l’imaginable. Une fois de plus, les dirigeants se montrent maladroits avec une ponte du vestiaire. Dix-huit années d’exclusivité ne méritent à leurs yeux pas de lui offrir une décente sortie, proportionnelle à son statut d’icône. Lui, le dernier représentant des merveilleux de Carlo Ancelotti, lui le brave capitaine successeur de Paolo Maldini, lui qui a tout connu… de la joie immodérée lors de ses nombreux succès en rouge et noir (douze trophées au total), à la violente souffrance d’aujourd’hui, liée à l’ingratitude des hommes pour lesquels il a tout donné, pour lesquels il s’est intégralement dévoué.

Douze titres remportés donc. Très prometteur et talentueux à l’aurore de sa carrière, il connaît une instauration progressive au sein du onze titulaire à la fin des années 90, où il se révèle même être un des héros du scudetto glané en 1999 sous la houlette d’Alberto Zaccheroni en inscrivant un but somptueux et s’avérant décisif d’une limpide frappe pleine lucarne face à la Sampdoria (2 mai 1999 : Milan 3-2 Samp). Ses bonnes prestations et son premier fait d’arme demandent confirmation : la saison suivante débute sous les meilleurs auspices pour lui mais le cauchemar qui le suivra toute sa carrière commence alors : les ligaments de son genou gauche lâchent. Il sera éloigné des terrains plusieurs mois.

C’est ça, Ambro : des promesses, du talent, mais des blessures à répétition tronquant sa progression ainsi que son épanouissement. Un gâchis. La magnifique période Ancelotti (2001-2009) lui vaut alors initialement une double bataille : celle contre la rude concurrence à son poste et celle contre son physique défaillant. LE tournant de sa carrière va s’opérer lors de la saison 2006-2007. Il démarre avec une traditionnelle blessure avant de conquérir une place d’indiscutable.

Sa présence rassure, rééquilibre le collectif, et libère certains de ses coéquipiers (Pirlo et Jankulovski, notamment). Il brille par sa science tactique, sa robustesse, sa hargne, ses qualités dans le jeu aérien, sa capacité à jouer juste, à s’infiltrer entre les lignes et à se projeter judicieusement vers l’avant. Intraitable, solide et imperturbable, ce milieu Gattuso-Pirlo-Ambrosini emmené par Seedorf et Kaka devant eux (le fameux Arbre de Noël), est le point fort du Milan qui décroche la suprême Ligue des Champions 2007… Sa place, il ne la lâchera dès lors plus vraiment.

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Cet Ambro version 2007-2011, quelque peu épargné par les pépins physiques, est à son apogée mais coïncide malheureusement à une fin de cycle générale au sein du club. Sa fin est plus compliquée; âgé et usé pour les uns, mal utilisé par l’entraîneur Massimiliano Allegri pour les autres… Sous ses ordres, il ne foulera les pelouses qu’avec parcimonie et irrégularité. Mais deux caractéristiques ne l’ont jamais quitté : combativité et professionnalisme.

De tous les milieux de terrain de la précédente décennie, il n’est indéniablement pas le plus doué, pas le plus habile techniquement ni le plus essentiel, cependant il est le plus loyal. Le plus fidèle, le plus attaché à l’institution AC Milan. Celui qui la représente de manière optimale et qui transmet au mieux les valeurs de classe, de fair-play, et de sobriété. Il aura marqué les esprits par sa longévité, par son mental inaltérable malgré les obstacles, par sa discrétion dans les médias là où beaucoup auraient réclamé du temps de jeu ou un départ, par son indéfectible soutien au club. Toujours important, toujours précieux. Il faisait parti des meubles et était l’un que l’on retrouvait chaque année avec grand plaisir. En même temps que la page Ambrosini se tourne, c’est tout un épais livre d’histoire qui se clôt : l’époque des «meravigliosi» est révolue et enterrée.

Toute belle chose a une fin, celle-ci est néanmoins définitivement amère, ratée et salie par les nombreux épisodes scandaleux. L’esprit familial tant vanté par les dirigeants n’était que poudre aux yeux, évanoui en même temps que jaillissent au grand jour leur arrogance, leur égocentrisme, leur vulgarité et leur ingratitude. Surtout, quand dans le même temps, l’Inter honnie par tout tifoso rossonero, s’est distinguée en offrant une prolongation de contrat d’un an à Javier Zanetti, âgé de 39 ans, et actuellement blessé. Le comble, quand on sait que le Milan rime avec famille partout dans le monde. Le signe que quelque chose ne tourne décidément plus rond au sein de l’institution rossonera, en laquelle nous n’arrivons plus vraiment à nous reconnaître. Alors, Ciao Ambro, qui emmènes avec toi l’image erronée d’un sport romantique et sentimentaliste, que le Milan semblait incarner. Nous autres simples tifosi devons désormais apprendre à aimer un football sans bandiera…

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