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Almstadt, nouvelle pièce du dispositif Gazidis

Alors que l’Italie reprend peu à peu vie après plusieurs semaines de confinement suite à l’épidémie de coronavirus, le Milan se prépare à une énième révolution. L’échec de Marco Giampaolo et les dissensions entre Zvonimir Boban et la politique économico-sportive du fonds Elliott sous la houlette d’Ivan Gazidis devraient prochainement aboutir aux départs de Paolo Maldini, Frederic Massara et Stefano Pioli. Un an et demi après son arrivée en provenance d’Arsenal, l’administrateur-délégué du Milan entend bien mettre entièrement sa patte sur les destinées sportives du club. Exit donc les compromis avec les anciennes gloires, cherchant à conjuguer jeunesse et expérience dans le respect des valeurs rossonere, bienvenue au scouting à outrance, où le trading de jeunes joueurs sera roi.

Pour ce faire, Gazidis entend confier le costume d’entraîneur au curieux Ralf Rangnick, chantre du gegenpressing et gourou de la filière football chez Red Bull, grâce à laquelle le RB Leipzig s’est fait une place en Bundesliga et en Champions League, comme le RB Salzbourg en Europa League. L’Allemand à la carrière instable mais diablement intéressante devrait voir un de ses compatriotes jouer un rôle majeur dans le Milan qui se dessine. En effet, selon plusieurs médias italiens, Gazidis envisagerait d’étendre les prérogatives de son actuel bras droit Hendrik Almstadt jusqu’au poste de directeur technique.

A 47 ans, Almstadt ne dispose clairement pas d’un CV correspondant à la gestion de la direction sportive d’un club de football. Diplômé des prestigieuses London School of Economics et Harvard Business School, il travaille d’abord en gestion de capital-investissement et en fusion-acquisition chez des grands noms comme General Electric et Goldman Sachs. Il rejoint par la suite Gazidis à Arsenal, club dans lequel il s’occupe de la gestion des budgets et performances économiques ainsi que de l’analyse de données. Il a aussi un pied dans le sportif puisqu’il est à la baguette dans la gestion des recrutements et l’établissement des contrats. Il devient ensuite directeur sportif d’Aston Villa, qu’il quitte en mars 2016 après quelques mois seulement, alors que le club est relégué en Championship. Cette expérience désastreuse lui a permis de rebondir au Tour européen PGA, circuit de golf professionnel, se chargeant des relations entre les joueurs et les organisateurs de tournois.

Almstadt atterrit finalement au Milan dès janvier 2019, un mois seulement après la nomination de son ancien patron Ivan Gazidis au poste de directeur général du club lombard. Son arrivée ne bénéficie d’aucune annonce publique et son rôle demeure ainsi relativement flou. Il semble être le lien entre les directions financière et sportive du Milan, appréciant l’opportunité du transfert d’un joueur au regard des données économiques et sportives. Il y a quelques semaines, MilanNews.it rapportait que ses prérogatives avaient été élargies à l’été 2019, une fois Leonardo parti. Le départ du Brésilien à la personnalité parfois encombrante n’a pas pour autant facilité les relations entre les deux pôles de la direction du Milan. Avec Gazidis, Almstadt aurait notamment donné un avis négatif sur le recrutement de Luciano Spalletti, que Maldini avait approché pour remplacer Giampaolo : en effet, pour obtenir la venue de cet entraîneur, le Milan aurait dû payer un certain montant afin de le libérer définitivement de son contrat avec l’Inter, ce que Almstadt n’aurait pas jugé intéressant. De même, au mercato hivernal, plusieurs profils avancés par Maldini et Boban n’auraient pas reçu la validation de l’ex DS d’Aston Villa.

D’après La Gazzetta dello Sport, Almstadt a donc depuis plusieurs mois un pouvoir quasi décisionnaire sur la politique sportive du Milan, alors qu’avant cela, il ne faisait ‘que’ tenir les cordons de la bourse. Sa position aussi proche de Gazidis aurait donc grandement handicapé Maldini et Boban dans leur travail et pourrait bien être – entre autres – à l’origine de la fracassante interview du Croate de février dernier, où il parlait notamment des « différences culturelles », des « divergences de vues et d’opinions » à l’origine d’un grand schisme dans la direction rossonera. Boban fustigeait aussi le manque de lisibilité quant à la marge de manœuvre dont il disposerait sur le mercato et appelait à ne pas tomber dans « une désitalianisation et une démilanisation du club, ce qui serait comme perdre notre âme ». Depuis, le Croate a été évincé et Maldini semble lui aussi se diriger vers la sortie, alors que Gazidis aurait pris le parti de son poulain allemand.

Avec le fonds Elliott – qui, rappelons-le, n’est pas propriétaire du Milan pour verser dans le sentimental – en arrière-plan, le Sud-africain entend bien poursuivre sa stratégie en confiant les rênes de la direction sportive du club à son bras droit Almstadt, comme le rapportait Sky Sport le mois dernier. Cette promotion inattendue a tout de même de quoi inquiéter les tifosi, au regard de la maigre expérience de l’Allemand dans le football, son seul poste de DS ayant abouti à un échec cuisant. Almstadt pourra toutefois compter sur Geoffrey Moncada, responsable du scouting du Milan depuis décembre 2018, qui bénéficierait lui aussi de ce remaniement de la direction sportive lombarde en voyant son pouvoir augmenter. La révolution semble donc lancée au Milan, avec une nouvelle hydre à trois têtes – Almstadt, Moncada, Rangnick – dont la tâche sera de valoriser économiquement des jeunes joueurs pour stabiliser la situation financière du club.

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