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Allegri, vers la rédemption ?

Dimanche 11 novembre 2012, 16h56. Le Milan concède une sixième défaite cette saison, au terme d’une énième contre-performance à San Siro, face à la Fiorentina. La coupe est pleine pour le microcosme rossonero, et pour les tifosi en premier lieu. Il faut du changement; de fait, une tête doit tomber.

Celle du président Berlusconi ? Impossible. De toute façon, Berlusca s’est déjà quelque peu « auto-exclu » de la gestion du club, de par son absence et son quasi-abandon de la présidence du club, ce dernier aiguisant alors les armes du redoutable animal politique qu’il est. Celle de l’omnipotent Galliani ? Fantasme. Il reste donc un nom, le plus à même de porter le poids de ce piètre début de saison, le pire depuis 41 ans : celui de Massimiliano Allegri. Maintes fois confirmé à son poste, après la défaite face à l’Udinese fin septembre, puis après la défaite face à la Lazio, son avenir semblait quasi-scellé après ce nouveau revers, qui plus est face à un prétendant au podium. Mais les temps sont durs du coté de Via Turati; s’acquitter d’une poignée de millions pour indemniser le licenciement du technicien livornese, en période de vaches maigres, ou le low-cost est roi, sans façon.

Puis ce n’est pas dans l’esprit de l’institution de chambouler l’organisation au plus près du terrain en milieu de saison, malgré la jurisprudence Ancelotti, arrivé après le départ de Fatih Terim en novembre 2001, avec le succès que l’on sait. C’est donc finalement très logiquement que Massimiliano Allegri est reconduit dans ses fonctions la matinée du 12 novembre, après une réunion nocturne du board rossonero, composé de Berlusconi, Galliani, et point important, d’Allegri. Un consensus est trouvé pour une collaboration effective jusqu’en fin de saison, car il ne fait alors plus de doute; Allegri cédera sa place au profit d’un autre technicien en fin de saison, si possible « da Milan », le nom de Guardiola n’étant qu’un simple songe. Dès lors, autant jouer la carte de l’apaisement, et du renouveau, en mettant pour cela de coté les casseroles des trois premiers mois de la saison.

Les résultats de cette confiance renouvelée en Allegri sont pour le moins probants. Au pied du mur, le technicien au sourire carnassier n’a plus le choix; il faut oser, et trancher dans le vif. Et offrir une vraie tactique permettant à ces individualités de former un collectif soudé, prêt à tirer dans le même sens. Malgré un certain déficit sur le plan technique. Cela est tout d’abord passé par l’instauration du 4-3-3, qui a apporté une certaine stabilité tactique, et posé les bases d’un jeu à la fois équilibré sur le plan offensif, et défensif, après l’échec du 4-3-1-2. Cet état d’esprit conquérant s’est reflété le week-end suivant la débâcle face à la Viola, sur le difficile terrain du Napoli. Le Milan est cueilli à froid au San Paolo, mais à force d’abnégation, et de persuasion psychologique, le Milan décroche finalement le nul. Le onze rossonero se découvre alors une nouvelle vertu jusqu’alors inexistante : la combativité, la grinta.

Une grinta qui a, la semaine suivante, permis au Milan de décrocher une victoire salvatrice face à la Juventus ! C’est bien là point de départ du retour rossonero en championnat. Point de départ également des progrès tactiques affichés par Max Allegri, qui a su offrir une vraie opposition à la Juve alors irrésistible de Conte. Cette victoire galvanise les troupes rossonere, et Allegri par ricochet, soutenu par la volonté de ses joueurs, et de la dirigeance. Cependant, le Milan peine encore à dominer face aux formations de seconde partie de tableau, et en vient la plupart du temps à arracher sa victoire dans la douleur, par le biais de ses individualités et très peu par le résultat d’un onze « huilé ». Et cela inquiète tout naturellement. On ne revoit alors qu’avec parcimonie le Milan séduisant des rencontres au sommet. Puis ce n’est pas la Roma du Zeman fringant d’alors qui fut effrayée par son adversaire lombard, qu’elle terrassa d’une simplicité enfantine avant les fêtes de fin d’année. On se dit alors que le Milan a une nouvelle fois rechuté, et que le coup face à la Juventus n’était finalement qu’une histoire de chance, à l’image du seul but de la soirée signé Robinho.

Cependant, à défaut de jeu attrayant, les pensionnaires de Milanello gagnent. Et remontent au classement, sans faire de bruit. Le travail d’Allegri y est pour grande partie responsable, ce dernier ayant demandé à ses hommes d’évoluer enfin libérés. Arrive le fameux match face au FC Barcelone, dont la victoire est déjà attribuée au Barça par les bookmakers, le monde du football, mais également bon nombre de tifosi milanistes. Et ce, à juste titre : le grand Barça face au balbutiant Milan, David contre Goliath.L’ex homme fort de Cagliari, dans l’ombre, travaille son match, et y croit secrètement. Logique venant d’un entraineur. Mais on est surtout tentés de penser qu’il ne s’agit là que d’un simple discours convenu de conférence de presse. Mais à la surprise générale, c’est finalement le si décrié Allegri qui sort gagnant de la soirée du 20 février dernier. Les projecteurs, au delà des principaux acteurs de la soirée, sont plus inhabituellement tournés vers l’entraîneur, exploit oblige. Car Il Mister a de nouveau déjoué les pronostics face à un adversaire sur le papier bien supérieur, en mettant en place une tactique équilibrée, tant sur le plan défensif, qu’offensif. De fait, le milieu barcelonais a été totalement neutralisé, à l’image de Messi, totalement passé au travers de son match. Et le jeu de passes du Barça passé à la moulinette.

Qui l’aurait pensé ? Pas grand monde… bon nombre de supporters du Milan ayant surtout parié sur la mise en place un jeu essentiellement défensif, qui aurait peut etre permis d’inscrire un petit but, mais surtout permis de limiter la casse avant le match retour. C’est en cela qu’Allegri a marqué des points précieux quant à son avenir en rossonero, et quasiment convaincu la dirigeance rossonera de laisser de coté la recherche d’un nouvel entraîneur, entamée jusqu’alors. Même Berlusconi, sceptique à son égard, se serait finalement rallié à la cause de la direction sportive rossonera, Galliani en premier lieu, qui milite par voie de presse pour la confirmation d’Allegri pour la saison à venir. Politique axée sur l’intronisation progressive de jeunes, rigueur tactique enfin trouvée… des ingrédients qui permettront à Allegri d’enfin susciter l’unanimité ? Peut-etre. En attendant, sang froid et mesure sont nécessaires, afin d’établir un bilan positif à l’endroit d’Allegri en mai prochain. Car question désillusion, le tifoso rossonero connait depuis plusieurs saisons…

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