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« ACM-Z anciens » : Pirlo, celui qui savait faire reluire les clubs…

« Utopique », « Fini »,  » « Blasé » : les mots ne manquaient pas lorsqu’il s’agissait d’evoquer le futur ou le moral de l’ex-numéro 21 du Milan. Pion pourtant essentiel du jeu pendant 10 ans, tombé dans la disgrâce, le joueur de 32 ans ne pouvait plus compter que sur la seule croyance en son talent restant. Et sur la confiance qu’il pouvait encore inspirer à des équipes en quêtes d’un « vieux encore potable et pas trop cher ». Peu importe, « la cheville ouvrière » croit à sa destinée.

Loin de l’agitation médiatique, l’enfant de Flero veut retrouver l’essentiel : ses bases, sa science du jeu. De la guerre psychologique lombarde à la plénitude turinoise, c’est une nouvelle mission à laquelle Andrea se plit : celle d’accompagner, de guider comme il a toujours su le faire, ses coéquipiers vers les sommets. Loin des théories foireuses qui lui prédisant le pire, irrésistiblement l’élégance et le style rétro du milieu ont séduit. Pour mieux donner des regrets à des milanisti dont le jeu est devenu certes plus rapide mais beaucoup moins fluide et riche.

Pour ne pas changer ses habitudes en 2012, ACM-Z va regarder en arrière et se pencher sur l’avant et l’après Pirlo : qu’est-ce qui a changé depuis que le meneur nous a quitté.

A : Plebiscité, engagé à corps perdu : stratégie d’une ascension non-improvisée.

Andrea ou le travail pour moteur. Quasiment un rituel. Innovant, frais, loin des automatismes qui ont court dans le jeu actuel, la gloire des années 2000 du Milan prolonge un peu son rêve et nous permet de revenir en arrière. Ce Milan griffé Ancelotti puis Leonardo où le meneur de jeu se sentait comme un poisson dans l’eau, cet Arbre de Noel remis à plat puis désacralisé par Max Allegri. Jamais dans la démesure, le lombard s’accroche, se bat, veut s’imposer pour qu’à nouveau le salut de son équipe passe par lui. Mais le début du XXIème siècle et son ère numérique, celle du consommable, celle du tout va trop vite, celle des vidéos postées sur internet du dernier but de la dernière folie de la journée, a de plus en plus en plus de mal à cohabiter avec la douceur et l’apparente inertie d’un gamin de plus en plus décalé.

L’homme des mille aventures à l’apparence underground, n’a pas passé une année sans agir : il donne de sa personne dans le titre de 2003 et frappe des coups franc de légende comme face au Benfica ou à la Corogne, trouve Pippo Inzaghi lors de la mythique dernière finale de Champions League à Athenes dans un 4-3-2-1 qu fera date. Mais la reconnaissance ? Au sein même de l’équipe, il fait l’unanimité : c’est un jeune introverti qui s’émancipe et qui très vite s’affirme en leader des vestiaires. Au delà de ça, il reste l’éternel prétendant : au podium du Ballon d’or, au prix en tout genre…. catalyseur de compliments d’anciennes gloires, il reste dans une espèce de contre-contrant qui intrigue. Le « wonderboy » aura fait tomber tous les barrages et réveillé les mémoires : un miracle tant on venait à bouder les prestations individuelles de joueurs devenus de simples encaisseurs de salaires ou de véritables robots obeissants à leurs coachs sans voire plus loin.

Jeune, talentueux : il a alors le Milan a ses pieds

B : Trouble-fête d’un Milan trop parfait ?

Impasse, embrouille : en ce mois de mai 2011, rien ne va plus Via Turati. Alors que cela aurait semblé inconcevable voilà qu’on remet en cause un peu plus tous les ans les fondamentaux d’un club qui recherchait à nouveau la voie du succès et finit par le trouver avec un 18ème titre, jusqu’à l’arrogance. Comme toute bonne entreprise avant de réinvestir on supprime une part de son effectif. Le génial inspirateur n’aurait jamais dû avoir de faiblesses, mais hélas cette saison est celle de toutes les blessures et de toutes les interrogations. Le « petit meneur » sait qu’il n’est pas un « produit » mais qu’il attise la convoitise de certains. Andrea sait en effet que depuis quelques années il est désiré à l’étranger. Depuis son coup d’éclat du Mondial 2006, où il a éclaboussé les pelouses allemandes de toute sa classe, le Barça et même le Real le courtisent. Il s’est montré sourd aux appels même s’il a toujours répondu par médias interposés que c’était un honneur pour lui de voir de tels clubs s’intéreresser à lui. Le temps est passé et Carlo Ancelotti s’en est allé. Il a traversé la Manche pour Chelsea. Inquiétude, possibilité d’en faire de même de le rejoindre. Silvio Berlusconi aime dès 2009 à jouer le chaud et le froid : « Trop cher pour son âge », « Transférable », «Reste avec nous »…..

Pendant ce temps Pirlo lui voit deux nouvelles recrues arriver (Ibra et Robinho en 2010) et se fend d’un « Le président a retrouvé la passion »… surtout un poste avant de quitter la politique. Il se sait intimement condamné. Et jamais la dirigeance ne cherchera à le retenir ou à lui proposer une prolongation digne de ce nom (la rumeur allait même jusqu’à dire qu’on lui avait susurré un « 1 an sans assurance de plus »). Et pourtant il aura tant espéré pendant 10 ans et moult dialogues avec son agent et Adriano Galliani. Quand il est contacté par la Juventus Turin en début d’année au milieu de toutes les attaques qu’il a esquivé depuis des mois et des incidents en séries, c’est presque une surprise. Ni dans le secret mais pas encore non plus dans la transaction ; le mois de mai 2011 scelle cet accord qui le voit passer bianconero jusqu’en juin 2014. 3 ans pour se donner une chance. Loin de vouloir être spectateur et restant droit dans ses bottes,  voilà le nouveau défi qu’il attendait non dans le club de son coeur mais dans celui de son rival avec pourquoi pas une fin de carrière qu’il espère rennaissante…

Vers où menait son regard ?

C : Pactole en vue pour la Juve.

La faillite ? Ce n’est pas pour demain qu’on va l’officialiser dans les grandes écuries du football mais encore moins quand on a un appétit féroce. La Juve l’a eu en toute intelligence en faisant venir le citoyen Pirlo qu’elle imagine toujours aussi habile. De la bouche de Max Allegri, Andrea « joue dans une équipe qui exploite au mieux ses qualités….En ce moment il est le champion de la Juve ». Au départ périlleuse, la mission d’intégration du milanais au sein du 11 turinois a parfaitement réussi. On adhère que plus facilement au discours de Max Attak datant d’octobre quand on voit le coup-franc et les deux passes décisives délivrées ce week-end encore par l’ancien rossonero aux pieds d’or contre Catane. Son premier but, un signe de plénitude pour un garçon qui est prêt à lutter pour le titre contre le club avec lequel il en a gagné 2. Pas de quartier mais de réglément de compte non plus Il fait de la résistance celui qu’on avait rangé un peu vite au rang des « joueurs périmés ou ayant dépassé la date limite de consommation».

Il revit, resplendit. Depuis qu’il porte le maillot de la Juventus, c’est toute l’équipe qui bénéficie de son rayonnement et se sent pousser des ailes. Comme un Zidane en son temps, dont il suit les traces. Il redevient cet homme qui pèse dans les débats, celui qui peut être le faiseur de miraces, qui influence…Il multiplie les passes, est vu à nouveau comme « l’homme du match » qui conquiert le coeur des supporters. Quand le garçon réussit tout ce qu’il fait sur le terrain, il parait inarrêtable. La fameuse « Pirlo dépendance » va t-elle affecter la Vielle Dame ? En tout cas, il est devenu un cadre indispensable une fois de plus, qui touche juqu’à 147 ballons…Loin d’être angoissé le garçon vit le moment présent et absorbe telle une éponge les habitudes et les remarques de ses partenaires.  Figure de proue d’une nouvelle ère dans le Piémont, il pourrait aussi y marquer son passage par un nouveau titre…

 

La vie en noir et blanc…

D : Croire en un avenir en Bleu

C’est aussi pour cet objectif que Pirlo n’a jamais renoncé : il veut rester le capitaine à la barre d’une équipe italienne en voie de rajeunissement. Depuis l’Euro 2008, c’est un changement d’ère et une mue que vit l’équipe de la Botte qui se cherche une nouvelle identité, de nouveaux héros pour succéder à ceux de Berlin et un vrai collectif capable de faire rêver de nouveau. Problème : à chaque fois que le meneur n’a pas été appelé par les sélectionneurs qui se sont succédé, la Nazionale a fait pâle figure et a cherché le déclic pour se sortir de ce mauvais pétrin. Coupable de dépendance, l’équipe nationale se voit perdue et doit vite venir chercher son sauveur pour rétablir l’ordre surtout en vue des qualifications pour un Euro 2012 qui s’annonce difficile. Face au doute, le nouveau souffle de l’ancien exilé porte ses fruits et permet à ses jeunes coéquipiers d’atteindre leur but plus aisément.

Mission accomplie et retour en grâce pour celui qui au cours de ces élminatoires aura profité du port du brassard pour renforcer sa crédibilité et son assise sur le groupe. Idéal pour voir l’avenir sous un ciel radieux, en leader qu’il est. De Lippi à Conte en passant par Prandelli ou Ancelotti qui le voit « jouer comme ça juqu’à 40 ans » qui font ses louanges, Andrea a encore de beaux jours devant lui en azzurro. Que la concurrence se tienne prête, il ne lâchera pas prise comme ça ! Au moins le temps de tenter de remporter ce qui lui manque : un Euro en Ukraine et en Pologne pour un défi à la hauteur d’un joueur qui n’aura pas oublié qu’en Suisse et en Autriche, il a vu le quart face à l’Espagne des tribunes victime d’un carton de trop. L’elimination même aux tirs aux buts n’aura pas eu raison de ses larmes. Pour que l’été ne soit pas à nouveau pourri et faire dementir les bookmakers, rendez vous en juin …et pourquoi le Brésil ? Mais 2014 c’est déjà loin….

 

La rage en Bleu !

Avec son label « Bien sous tout rapport mais dangereux » on frémit déjà des confrontations à venir avec l’ancien meneur de jeu, balladé de clubs en club,  mais à nouveau fixé après 10 ans en Lombardie. Ivre de victoires, il va se démultiplier sur le gazon dans le silence pour flinguer ses anciens coéquipiers et rouvrir d’anciennes blessures qui font mal à Milanello…

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