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«ACM-Z analyse» : Du mécénat à la sous traitance : un Milan à perte…

Une errance, un essouflement…la zapette marche à plein pot et la base de l’effectif est partie en fumée. Loin des conflits d’antan et des foires d’empoigne pour décrocher le joueur le plus « valuable » du moment, Milan devient « normal », terme à la mode depuis les élections. Oui vous avez bien lu. Un club comme un autre, banal presque si ce n’est son image à vendre qui reste une assurance tout risque pour éviter l’oubli. Le club lombard a mis fin à son opulence pour entrer dans une ère d’austérité economique. La hantise de la récession, de la crise, du lendemain, de devenir un puit sans fond ? Face aux ogres qataris qui possèdent le PSG ou Manchester City, la peur du vide aussi se dessine…

ACM-Zone a décidé de mettre les pieds dans le plat : pourquoi le club rossonero a-t-il perdu de sa splendeur au profit d’une politique d’économie à tout prix ?

 

A : De l’éclatement de la bulle dorée : recrutement de stars, fin de partie

Elle est belle cette année 1986, synonyme de rachat du club de la capitale économique italienne : alors aux abois et endetté, proche du dépôt de bilan, Silvio Berlusconi débarque en sauveur pour lui réinjecter de quoi tenir bon la barre. Et il en tirera des bénéfices attendus : entre 1994 et 2000, le patrimoine du Cavaliere, dont on sait combien de mystères l’entourent, a bondi de 2 milliards d’euros à 13 milliards. Mais la crise est passée par là et il est aujourd’hui estimé à 4,5 milliards, selon Forbes. Qui dit pertes de pouvoir d’achat, de rentrées dans les caisses, dit forcément restriction. Tel un mauvais payeur depuis 2007, année de sa dernière victoire en Champions League à Athènes, le Milan est entré dans une ère qui lui est inconnu depuis des lustres : comptable, il faut désormais acheter mais aussi vendre pour équilibrer la balance. Loin semblent déjà les années bric à brac du début du XXIeme siècle avec ses valses hésitations coûteuses (Gourcuff et autres Oliveira) ou ces années 2009-2010 où les piges de Beckham, Ronaldinho et Ronaldo en fin de carrière ont tenté de leurrer des supporters en mal de vedettes manipulant des ballons ou de maillots floqués rutilants dans la penderie.

Malgré son 18eme titre de champion acquis en 2011, on est loin du compte. Pour que la banque qui vous accorde des prêts continue à faire des rallonges, il faut montrer patte blanche. Et stupeur on tutoie alors un langage à la limite du supportable pour un club dit de standing : «salaires trop elevés », «dégraissage », «nécéssité d’éviter le krach », « Fair play financier» , d’autant qu’en 2014 l’UEFA va mettre les clubs au pas avec une sanction financière et sportive en cas de non respect des nouvelles règles de bonne discipline financière. Pour « moraliser »….Le ton se durcit, on oublie les coutumes (chers supporters, le divin messie n’arrivera pas). On regarde aussi dans ses rangs : des joueurs qui pour certains sont âgés et d’autres qui ne donnent pas la satisfaction espérée. On écume les possibiltés d’achats, à prix raisonnable, comme pour faire les soldes : Kaka (sans son faramnieux frère Digao)…, Constant, Yanga-Mbiwa….espoirs de Ligue 1 ou banc creux de Liga, c’est la course à l’échalotte au dernier gros lot. Problème éternel : on ne semble pas avoir toujours conscience de la justification exact de ces achats compulsifs, non triés sur le volet et qui s’avèrent devenir des boulets.

Le club lombard a toujours été vu comme « la Rolls »avant de susciter des interrogations internes : »Milan Lab » ce très cher « Medical Center » qui nous plombe mais qui ne soigne pas les recidives, « Milanello » parc d’attraction pour promener joueurs en mal d’air frais, « San Siro »le coeur battant, fervent…mais un peu égaré. Signes avant courreurs d’une perte de vitalité…..

Combien de surcoûts ? De statisticiens, de psychologues, de médecins extérieurs, de chiropracteurs, d’ostéopathes ? De changements de coachs aussi….la gestion mérite vraiment une remise à plat large. La « règle d’or », si chère aux oreilles de notre président, sera t’elle adoptée pour tenter d’assainir tout cela ?

 

B : Quand la vente n’est plus un tabou…

Il fut une époque où l’évocation d’un mécène ou de l’introduction d’investisseurs étrangers aux capitaux faisait sourire ce vieux Silvio. Bah oui quoi : ce gisement de croissance c’est lui qui l’a entre ses mains et personne d’autre. Le grand argentier du football italien aux dents blanches y’en a pas deux. Mais quand à quelques portes de chez vous les américains, les russes, les chinois ou les qataris sortent les liasses pour rameuter les Drogba, les Anelka, les Eto’o ou les Raul vous commencez à vous poser des questions. Le Brésil lui même rapatrie ses stars à la maison, tant son championnat redevient attractif. Le football cette industrie du spectacle permanent doit donner encore sa dose d’enivrement à ses disciples. Alors, on retourne le sujet et on l’effleure plusieurs fois : un site de paris en ligne, une marque auto mais surtout les rois du pétrole à travers leur compagnie d’aviation qui figure sur votre maillot font monter les enchères pour le contrat de sponsor. Puis vous propose une entrée au capital. Petite.

Tout se passe en douceur avant plus ? Pourtant l’incertitude qui règne dans le monde du football rend les choses un peu moins évidentes et un peu plus ambigues. D’autant que le Milan en tant qu’entité n’est pas côté en Bourse (contrairement à la Lazio,la Roma ou la Juve) seule Mediaset, la maison mère l’est depuis 1996 (Don Silvio ayant refusé toute introdction en 2000) : lever des fonds pour espérer une expansion future relève du défi. Hors le club rossonero a une dépendance forte aux sociétés clés de ce cher Silvio dont son fond Fininvest en piètre situation. Trouver de la ressource, prête à prendre des risques dans un monde qui se veut instable et avare de dépenses  : l’urgence au Milan pour concilier passé et présent, culture et continuation, c’est de se stabiliser de nouveau. Seule la très protectrice fédération allemande est frileuse : avec sa clause 50+1 elle empêche des investisseurs externes de prendre la majorité d’un club. Comme quoi les plus libéraux ne sont pas ceux qu’on croit….Notre bon président n’est pas naïf, en bon politique qu’il est : il sait qu’il y aura toujours quelqu’un pour racheter un club de foootball, à n’importe quel prix (ou presque) et que Marina sa fille âinée déjà à la tête de ses intêrets ne se posera pas autant de question si son père venait à disparaître.

C : De l’opulence à la modestie : la transition en souffrant.

De l’inflation des salaires des joueurs (cette fichue masse salariale qui représente à elle seule 85 % du budget du club !) à l’explosion des contrats de droits de diffusion des matchs (58 % du total des revenus) qui enclenchent en chaîne des surrendements à n’en plus finir, le football européen, italien en particulier, et le Milan est au bord d’un gouffre avec pour horizon une révolution ou la condamnation à devenir un championnat « de seconde zone » qui sert de réservoir aux autres. Certes il y a toujours l’exception à la règle du football allemand avec sa Bundesliga qui attire les foules dans ses stades (et ses boutiques) quelque soit les performances de ses clubs et une capititalisation des infrastructures du Mondial 2006. Mais c’est une autre philosophie, plus « nordique », « plus protestante ».

Alors chez les « latins » pour sauver sa tête, on tente le tout pour le tout : on vend plus cher qu’on a acheté (on spécule..ou se fait pigeonner par des agents peu scrupuleux au choix), on s’endette jusqu’à la lie ou on croit à la providence. En attendant une harmonisation fiscale ou une DNCG européenne, on se crée de nouvelles règles et on innove. On multiplie les tournées mondiales et les prestations partenaires en Chine, aux Etats-Unis ou à Doha au Qatar pour quelques deniers de plus.

On en profite aussi pour courrir sur la plage et s’entraîner un peu, tester le stade à la mode, vendre un peu plus l’image du club, de ses vedettes sur papier glacé prêtes à vous signer des autographes…payants. Hop on peaufine une preparation express pour éviter de payer un aller-retour de plus ou une thalasso de trop. Pendant ce temps, on multiplie les cessions aussi : le couple Ibra et Thiago-Silva au PSG qui rapporte ainsi la modique somme de 62 millions au Milan. Symbolique mais signe d’une bascule dans l’oeil de la presse et du tifoso : « mon club ne peut plus concurrencer un club à qui dans les années 90 j’achetais Weah ou Leonardo ». La jeunesse milanaise qui faisait la fierté du club est à l’abandon (fait-il se fier aux promesses faites par le boss qui jure sur tous les toits qu’elle sera le fer de lance de demain ?) : Alberto Paloschi, balotté de prêt en prêt croit-il encore à son futur ? Un soupçon de doute plane sur la ligne choisie par le club…et qui semble bien changeante.

Oui le choc est rude à encaisser mais il va falloir s’y faire et apprendre à vivre avec pour rebondir et entamer une nouvelle spirale positive. Car c’est de la souffrance que naisse les plus belles victoires…..

Désanchantement, rêves perdus, train de vie déroutant : le football paillettes milanais qui a enchanté l’Europe n’est plus. Fini les week-end devant son téléviseur pour admirer la dernière recrue à 50 millions ou à hurler à San Siro au son des tambours à la sous performance du Pirlo qui ne viendra pas. Il ne faut pas moins aimer ce Milan sans idole mais pas sans âme ou sans intérêt, il a besoin dans cette pente descente encore plus du soutien de son douzième homme.

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